Presque Poudlard

Chapitre 1 : le trou dans le mur.

Autrefois, seule dans sa grande chambre du manoir, elle avait prié pour pouvoir devenir comme ces filles pauvres issues d'une famille aimante, pouvoir échanger ses murs dorées contre des murs en bois qui la tiendraient au chaud tout l'hiver.

A présent son rêve exaucé, elle maudissait la naïveté de la petite fille qu'elle avait été. La blonde serra un peu plus fort la bouteille remplie d'eau chaude qu'elle maintenait sur son estomac. Les temps étaient durs, le prix du chauffage cinglant, on faisait avec les moyens du bord. Ses doigts parcourent rapidement le clavier de son ordinateur, avant de se saisir de la souris située à côté. Un instant de silence avant que la quiétude du lieu soit interrompu par un clic de la souris. Le dernier mail en date s'afficha sur l'écran, lui apprenant le non-renouvellement de son contrat avec la superette où elle bossait. Elle ferma l'onglet et en ouvrit un autre. "Recherche d'emploi étudiant" tapa-t-elle dans le moteur de recherche.

Son téléphone vibra à côté d'elle. Un message de son père. Elle contempla un instant l'engin avant de s'en désintéresser. Sa priorité restait assurer sa survie, et ce n'était pas son frigo vide après la dernière venue de ses amis, rentrés d'une soirée, qui allait l'aider dans sa tâche.

Il était loin, le temps où son soucis principal était l'absence de ses parents. Elle le regrettait presque, accablée par le manque d'argent, de nourritures, de chauffage et de concierge sympathique prête à attendre un peu pour le loyer... "Eh bien tu n'as qu'à me rayer de la famille !" Avait-elle lancée à Jude, un soir d'extrême fatigue. Et il n'en avait pas fallu plus pour qu'elle se retrouve locataire d'une petite chambre dans une pension en ruine, enchaînant les petits boulots pour tenter d'assurer une indépendance dont elle ne voulait pas vraiment. Le bruit d'un meuble tapant contre son mur frénétiquement interrompit ses pensées. Elle leva la tête, curieuse. Le bruit se répéta encore et encore, suivit bientôt de cris et de paroles trop intimes pour être entendues à travers les murs trop fins. Furieuse, Lucy se leva et attrapa un balai dans le coin de la chambre. Elle se servit du manche pour taper contre son mur répétitivement.

"La ferme, y en a qui essaient de rester en vie ici !"

Au 4e coup, elle mit peut être un peu trop de rancoeur, le manche s'enfonça dans le mur, y laissant un petit trou juste assez grand pour lui réveler une scène qu'elle aurait vraiment préféré ne pas voir. Le rouge lui monta aux joues alors que ses voisins s'interrompaient pour constater qu'ils n'étaient plus aussi seuls qu'ils croyaient l'être. Avant de reprendre de plus bel sous les soupirs agacés de leur voisine. Elle se saisit de sa veste et quitta l'apartement, préférant ne pas assister à ce qui se déroulait dans la chambre B9. Son esprit se mit à fonctionner à toute vitesse, calculant le coût que représenterait la réparation de la cloison. Elle contempla son téléphone, songeant l'espace d'un instant à faire appel au porte monnaie bien rempli du paternel, avant de soupirer et de se diriger vers la superette la plus proche pour un bol de ramen bien mérité.

*

Après avoir cogité un moment sur quel parfum prendre, elle se décida pour un curry rouge. Tout ce que son portefeuille lui permettait actuellement était cette nourriture absolument pas saine et recommandée par son coach fitness au Center Park, mais comme tous les autres, il l'avait lachée dés lors qu'elle avait résilié son contrat avec la salle de sport. Lui qui avec qui elle avait pris l'habitude de partager des Green tea latte demi-surcré les mercredis après-midi...

Elle déposa sa trouvaille devant le caissier et chercha dans ses poches de quoi la payer. Ce fut plus long que prévu, l'arrêt du sport et le régime ramen avait fait rétrécir drastiquement ses jeans. Elle avait du mal à faire passer sa main dans une poche afin d'y trouver la pièce de la bonne taille, bien qu'elle soit sûre de l'avoir.