♦ Prologue ♦

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C'était un temps pluvieux.

Le soleil ne s'était pas montré depuis déjà une bonne semaine. Les oiseaux avait cessé de chanter. Les fleurs du jardin s'affaissaient doucement, les unes après les autres, sous le poids de l'eau ruisselant sur leurs pétales. L'extérieur était comme mort : les jardiniers s'étaient arrêté de travailler à cause du mauvais temps, et aucun domestique ne mettait le pieds dehors.

L'ambiance du manoir n'était pas plus chaleureuse que les trombes d'eaux qui se déversaient sur la région depuis quelques-temps. Si cela avait été possible, il aurait certainement plut entre les murs du manoirs, sur ses différents occupants.

Un oiseau, sans doute le plus courageux et le plus déterminé, tentait de braver le déluge : un corbeau. Voletant vers le manoir, il chercha refuge vers le toit, avant de finalement venir se poser sur le rebord d'une fenêtre, en partie protégé par la toiture qui dépassait. 

2ème étage du manoir, au niveau d'une chambre de domestique.

Malheureusement, l'endroit était mal choisi.

La fenêtre s'ouvrit brusquement de l'intérieur, et submergé par la fatigue, il n'eut pas le temps de s'envoler ni de se débattre. Une main aux ongles longs l'attrapa violemment, lui brisant le cou immédiatement.

~~

Penchée à ma fenêtre ouverte, j'étais occupée à détailler l'environnement extérieur des yeux. J'observais attentivement la grande forêt s'étendant en face de moi, à la limite de la propriété d'Oscar, le regard lourd. Depuis une semaine, je n'avais pas cessé de réitérer cette opération, et depuis une semaine rien de nouveau n'était arrivé. La pluie m'atteignait méchamment au visage, et trempait mes cheveux; je n'y prêtais aucune attention. 

Après une bonne demi-heure, je reculais légèrement pour attraper mon crayon et mon carnet, posés sur la banquette sur laquelle j'étais assise, juxtaposée à la fenêtre. Je tournais rapidement les pages pour en trouver une vierge, où j'écrivis : 

7h38 - Aucun vampire aperçu. La barrière semble toujours en place, et rien ne semble anormal dans la propriété. Vérifier son état avec plus de précision dans la journée.

Sur ce, je refermais le carnet et le jetais sur la banquette. Le crayon dans la bouche, je repris ma position initiale, immobile. 

Je n'attendais qu'une chose : qu'il se montre.

C'était à cause de lui, qu'elle était devenue ainsi. Ou tout du moins, j'en étais persuadée : il me fallait un coupable, et il était le mieux placé.

Si seulement nous avions agit à temps...

Mon poing s'éleva pour frapper violemment le mur à ma droite, dans un élan de rage.

~~

- Monsieur ! 

Oscarveld redressa immédiatement la tête de son bureau.

- Entre Méline ! Que se passe t-il ?

La porte s'ouvrit doucement, laissant place à la vielle femme aux cheveux gris et aux traits tirés, affolée. Elle semblait avoir dernièrement reçu quelques coups au niveau des bras, où se dessinaient de légères marques bleues.

- Nous avons besoin de vous... elle s'est encore détachée... dit-elle en haletant, témoignant du fait qu'elle s'était hâté de venir le prévenir. 

A ces mots, il ouvrit l'un des tiroirs de son bureau, et en sortit un couteau en argent. Il se leva précipitamment, et rejoignit Méline au pas de course, en la bousculant légèrement au passage.

- Ne perdons pas de temps !

En moins de deux, il avait parcouru la totalité du couloir du 1er étage, et s'engageait déjà dans l'escalier menant au second. Des cris se firent entendre petit à petit lors de sa rapide ascension, ainsi que des sortes de grognements. Il se précipita vers une des portes et l'ouvrit avec force.

Quelques domestiques étaient présents, et tentaient de maîtriser la situation, des armes diverses à la main. 

-Écartez-vous ! s'écria Oscarveld en entrant, son couteau brandit en avant avec assurance. L'un des domestiques avait été touché, et gisait au sol, inconscient. Du sang coulait le long de sa tempe. 

Il s'avança vers la créature, debout contre le mur. 

L'un de ses poignets était toujours retenu par la menotte encastrée dans le mur qui avait été installée, mais l'autre s'était libéré, et son entrave était au sol, brisée en deux. La fenêtre était ouverte, et la femme était en train de déguster avec bruits un corbeau, faisant craquer ses petits os sous ses dents. Du sang coulait doucement sur le sol, en fines gouttelettes. 

Ses cheveux détachés lui tombaient devant les yeux. Ceux-ci, fixaient avec démence et défi les domestiques en face d'elle, avant de rencontrer le regard dur d'Oscarveld. De grosses veines violettes s'aillaient dans son cou, sur sa poitrine, et sur ses bras. Le gris de ses yeux s'était intensifié, et brillait de manière anormale.

Sophie était méconnaissable.

Avec agilité, Oscarveld se précipita vers elle et lui saisit le poignet qu'elle avait réussi à libérer. Elle hurla, en crachant le cadavre du corbeau sur le sol, et usa de sa force démesurée pour se dégager. L'homme fut propulser au sol. Il se releva sans mal, et prit le temps d'étudier la situation. Il jeta un coup d'œil au domestique étendu par terre non loin de lui, qui semblait ne plus donner signes de vie.

Sophie était dans une colère soudaine, et poussait des bruits bestiaux en essayant de libérer son deuxième poignet.

Après quelques minutes, Oscarveld annonça, dans le plus grand des calmes :

-   La transformation a été plus rapide que nous le pensions, nous ne sommes pas préparés. Ça ne peut plus durer, elle devient trop dangereuse. On ne peut pas se permettre de la laisser séjourner ici un jour de plus.

- Quelles sont vos options ? demanda Cédric en haletant. Il était debout, tout transpirant, une dague dans chaque main, au milieu du groupe de domestiques.

- Je n'en vois qu'une seule : il faut la tuer.

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⏰ Last updated: Nov 17, 2018 ⏰

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La forêt des vampires   -  Tome 2Where stories live. Discover now