Chapitre 12

Depuis le début
                                    

    Je pris une limonade, puis décidais de passer vers ma chambre. Je restais ainsi l'oreille collée contre ma porte, n'entendant étrangement aucun bruit.

— Tu es déjà décédée ? demandai-je.

    Bon, récapitulons. Elle ne peut pas se doucher, elle n'a aucun vêtement ; je pense qu'elle a aussi la flemme de remettre les anciens. Elle ne peut pas dormir, c'est bien trop tôt. Et elle ne doit pas se trouver sur le balcon, car il n'y a rien à faire et on s'y fait plutôt chier à entendre les oiseaux siffler. Bon. Que fait-elle alors ?

— Chérie, ça va ? questionnai-je, encore étonné de ne rien entendre.

    Même si j'avais employé ce surnom mielleux pour espérer la faire se révolter, Violette n'avait toujours pas répondu. Le silence était le seul à me répondre. M'ouais. Au pire pas grave. Elle doit juste le faire exprès ou peut-être tricoter un truc en silence. Allez, je retourne regarder mon match.

    Une heure du matin était passée. Je décidais finalement d'aller me coucher. Même si Violette ne s'était pas manifestée en plus de cinq heures, je voulais néanmoins reprendre mon lit douillet. Si elle était encore en vie, je la virerais dehors, sinon je cacherai le corps dans le grenier. Enfin, ça m'étonnerait qu'elle ne soit plus de ce monde. Elle doit être vivante.

Elle fait juste exprès de ne plus répondre, c'est sûr.

    Plus tard, je retirais donc la chaise et le balai que j'avais installés, pour rentrer dans ma chambre. J'allumais les lumières puisque je ne voulais pas risquer de tomber au sol à cause d'un corps qui traînait par-là. Mais heureusement pour moi, rien de bizarre ne traînait par terre. Au contraire, on pouvait dire que la petite Violette s'était très bien installée chez moi Endormie sur mon lit, comme je ne sais quoi, je sentais déjà une odeur de gel douche voler dans l'air. Et pas n'importe lequel, je vous en prie. Elle avait utilisé mon gel douche ; quel culot !

    Non mais le pire en plus, c'est qu'elle dort sur mon lit ! Avec mon sweat qu'elle a chopé dans mon armoire ! Elle va peut-être porter mon caleçon tant qu'on y est ! Oh. Mais c'est fort possible, en fait. Je me dépêchais de me rapprocher d'elle, surélevant sans gêne mon sweat qui lui arrivait aux genoux. Et là. C'était encore un choc pour moi. Un grand choc.

    Mon gel douche. Mon sweat. Mon caleçon.

    D'un geste rapide, je commençais à la secouer par les épaules, voulant à tout prix qu'elle se réveille de son monde tout rose et tout sucré. Heureusement pour moi et après un satané râle, Violette se réveilla.

— Oh... Tu as déjà abandonné ? murmura-t-elle à moitié endormie, tandis que je soufflais.

— Tu t'es crue chez ta mère ? la questionnai-je directement, avant de la voir bailler et s'étirer les bras.

— Oh mais oui... c'est toi maman. Excuse-moi, j'avais oublié que tu t'étais teinte les cheveux en bleu hier. Ça te va bien et tu es magnifique, sache-le.

Calme Ciel, calme...

— Ah tiens, dit-elle en jetant un regard en bas. J'avais aussi oublié que tu avais tant de poils sur les jambes. Il faudrait peut-être penser à te raser, maman.

— Écoute la gamine ; tu as assez profité de moi, alors ouste maintenant. Tu pars de mon appart et plus vite que ça.

    Violette tourna aussitôt sa tête sur la droite pour regarder l'heure qui était affichée sur le réveil. Elle haussa un sourcil, puis revenait ensuite me fixer de ses yeux bleus.

— Ah parce que tu comptes sérieusement me mettre dehors à cette heure ? me demanda-t-elle. Sachant que j'ai perdu mon sac lorsque l'on s'est enfui de ce braquage ?

— Oh oui. Sans aucun scrupule, avouai-je avec un sourire machiavélique.

— Tu rêves. Je reste ici pour cette nuit et que ça te plaise ou non. Il ne fallait pas me faire perdre mon sac et mes affaires, dit-elle avec fermeté, visiblement un peu trop déterminée dans ses choix.

— Il me semble que c'est à moi d'en décider aux dernières nouvelles. Je suis le propriétaire et toi juste un simple cafard qui s'est perdu en route.

— Le petit cafard veut juste passer la nuit ici, tu sais. Et il compte bien rester là ; il sera sage et tout gentil. Au fond, c'est super mignon un cafard, reprit-elle avec un sourire tout mignon.

    Oula. Mon cœur fit un drôle de saut dans ma poitrine. OK. Il faut sérieusement que je prenne un rendez-vous chez mon médecin. Ça ne va pas du tout. Reprenant mes esprits, je l'attrapais dans mes bras, pour me diriger vers la porte d'entrée. La gamine commençait bien évidemment à crier, alors que je la déposais sur le seuil comme un vulgaire sac de poubelle.

— Sois heureuse que je ne t'ai pas jeté par terre. Allez bonne nuit sale cafard, dis-je rapidement, avant de fermer fait la porte et de rentrer chez moi.

    Bien entendu je l'entendais déjà taper contre ma porte. Bon je la laisse comme ça quarante minutes et après on verra si elle est toujours là.

— Ciel ouvre moi ! Il est déjà super tard et il fait noir ! Je n'ai pas de portable ! cria-t-elle dans le couloir, tandis que je me dirigeais vers la cuisine.

    Ah ouais. C'est vrai que l'ampoule du couloir avait grillé. Un jour j'appellerai le technicien. Enfin, si j'ai le temps. Plus tard je pris un paquet de chips et un truc à boire, m'apprêtant donc à regarder quelques vidéos sur internet pour m'occuper. Je laisse s'écouler quelques minutes et j'irai jeter un coup d'œil discret.

    Une heure plus tard, je décidais finalement d'ouvrir ma porte d'entrée. Je baissais la poignée et mes yeux croisaient déjà ce corps adossé contre le mur. Elle s'endormait vraiment de partout, c'est fou ça.

— Trop d'émotions pour ce petit corps, c'était sûr, murmurai-je, avant de m'abaisser vers elle.

    Encore une fois, comme si c'était une vieille habitude, je la pris dans mes bras, la ramenant donc dans mon appart. Je la déposais sur mon canapé, puis lui jetais une couverture en pleine face. Je me retournais ensuite, heureux de pouvoir regagner mon lit après toutes ces péripéties. Rester éveiller tard pour elle et juste pour faire tout ça. Non mais sérieux, quelle fille... On se connaît à peine et voilà ce que nous vivions déjà. Quel coup du destin, je vous jure.

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