Prologue

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Jamais je n'avais poussé un tel cri. Ma bouche s'était ouverte comme la cheminée d'un volcan et, désormais, de la lave auditive en jaillissait. Ma gorge était en train de s'embraser et je savais que le lendemain j'aurais mal d'avoir hurlé ainsi mais demain, demain, je serai morte. À ce moment précis, je venais de perdre la vie.

Quelques heures auparavant je souriais pourtant.

Emportée par un culot astucieux, je viens d'attacher mon collier de perles autour de mon poignet pour en faire un bracelet. Ce soir lancerai-je une nouvelle mode au Tylistan ? Se pavaner dans le palais royal est sans aucun doute le meilleur moyen pour y parvenir.
D'ailleurs les citoyennes pourraient être amenées à se vêtir comme moi : courte robe avec un imprimé mosaïque et bottines grises avec si possible, pour plus de charme, de la terre sur les lacets. La guenille deviendrait tendance !

Marial va me détester mais j'atteins mes limites de féminité. Bien que je vive dans la capitale depuis trois ans maintenant la mode Tyar m'échappe - à l'instar des manières tyarines - contrairement à Marial qui elle a su s'adapter et quitter ses bottes de campagnardes. Seuls quatre ans nous séparent et pourtant, physiquement, elle me dépasse d'au moins sept points. Comme moi, ma soeur possède des yeux noisettes, des cheveux bruns et de grosses joues sauf que sur elle ces caractéristiques ont été améliorées. Il y a elle, l'oeuvre, et moi, le prototype.
Au niveau de la personnalité, Marial est d'une bonté incommensurable et c'est la raison pour laquelle elle est autant appréciée du peuple et de l'élite du Tylistan. Toutefois, elle conserve une part de mystère ce qui intrigue plus d'un, moi la première. Elle me connaît par cœur tandis que je ne vois d'elle que la partie la plus belle - également la facette la plus présente.
Personnellement, je ne dirais pas que je suis l'inverse de Marial mais sa version incomplète. J'essaye d'être gentille mais mon égoïsme dicte beaucoup de mes actes. Mon éducation m'a conduit à être très brute et franche ce qui repousse la plupart des gens. J'aurais aimé être comme Marial. J'aurais aimé avoir été éduquée comme elle. J'aurais aimé avoir l'amour de ma mère.
S

ur cette pensée mélancolique, je détache le collier-bracelet de perles et le jette sur mon lit avant de descendre. Pour ma sœur, je me dois de n'être que bonne humeur ce soir.

En arrivant dans le salon, je tombe sur Marial qui se reluque dans le miroir accroché à la porte d'entrée. Lorsqu'elle se tourne vers moi ses lèvres peintes d'un rose bonbon m'éblouissent. Elle porte une splendide robe bleu foncé que lui a offert le roi à l'occasion de la cérémonie. Trop longue, elle a dû l'accompagner de talons argentés assortis à la parure qui lui habille le cou. Elle est magnifique et je me dois de le lui dire.
《 Pardon, Mademoiselle, c'est deux rues plus loin la maison close.
- Vous m'y accompagnerez une fois le crotin de Topinambour ramassé ! 》 Avec des manières de pimbêche elle se contemple de nouveau dans le miroir en se dandinant langoureusement avant d'éclater de rire. 《 T'as l'air d'une fille de ferme !
- Non, un garçon de ferme. 》
Sortie de son rôle, elle passe une main dans mes cheveux coupés en carré. C'est la première fois que je les porte aussi longs.
《 Une fille Ryan, me corrige-t-elle avec une tristesse palpable dans le regard, tu es une fille, et une belle !
- Je risque de te voler la vedette ce soir, rétorqué-je.
- Pas si on arrive en retard ! 》

Ce soir a lieu la cérémonie d'ouverture de l'Aventure Zodiaque. Ce jeu a été conçu pour récompenser les deux races les plus meritantes des douzes qui composent la périphérie du Tylistan.
Autrefois, l'ile de Tylistan n'était pas divisé en treize domaines, les humains vivaient parmis natifs mais ils leur étaient soumis. En effet, ces êtres, apparus mystérieusement il y a 300 ans, sont dotés de dons liés aux signes astrologiques qui les rendent plus puissants que de simples humains. Un jour, Rode Raganarge s'est révolté, déclenchant la rébellion humaine contre les natifs et une vérité surgit : les humains sont dix fois plus nombreux que les natifs. Rode Raganarge - abrégé Roge - chef de cette révolution, chassa les natifs du centre des terres et c'est alors qu'apparut une autre vérité : les natifs ne peuvent pas procréer entre eux, ils ont impérativement besoin des humains. En comprenant ce système, Roge ériga des murailles autour du Tylistan pour empêcher toutes interactions avec les humains et asservit ainsi les natifs.

L'Aventure ZodiaqueWhere stories live. Discover now