Chapitre XXVII

Depuis le début
                                    

Les deux maestros n'échangèrent aucun contact amoureux, l'ainé ayant peur de contaminer celui qu'il chérissait plus que tout, à qui il s'accrochait pour garder la tête en dehors de l'eau.

Malheureusement, dans les jours qui suivirent, l'état d'Antonio se dégrada, ses quintes de toux de plus en plus fréquentes et sa température corporelle anormalement élevée suffirent à alerter Mozart qui courut de nouveau chercher un médecin déjà débordé. Une épidémie de grippe s'était déclenchée à Vienne et des décès avaient déjà été enregistrés, parmi eux des courtisans et quelques musiciens, ainsi que des pauvres traînant dans les rues. Une seule crainte animait l'Autrichien : Celle de perdre celui qu'il aimait. Alors il resta à son chevet alors même que le médecin lui avait conseillé de partir, quittant la pièce sans avoir prescrit quoi que ce fut à Antonio. Parfois, lorsque le latin dormait un peu trop longtemps, le jeune homme le réveillait, simplement par peur de le voir s'éteindre dans son sommeil. Il n'en dormait presque plus et faisait tout pour que son comparse se rétablisse, lui faisant prendre des bains chauds réguliers, aérant la chambre pour faire circuler l'air contaminé, étant à sa totale disposition, pourvu que toutes ces attentions le sauvent.

Un soir, complètement désespéré, le blond fondit en larmes en serrant Antonio contre lui, la tête dans son cou, tremblant de peur. Fatigué, l'Italien caressa ses cheveux et l'enlaça par la taille.

«Wolfgang, calme toi... S'il-te-plait... Ça....ça va a...aller... Je... Je vais guérir....

-J'ai..j'ai si peur.. On a tout fait, mais rien ! Et ça fait trois jours que tu es malade ! Je ne veux pas...je ne peux pas te perdre...

-Wolfgang.. Je te promets...que je vais guérir...

-Ne me mens pas.. Tu n'es même pas sûr de...de survivre...

-Je...j'essaye simplement....d'être positif pour ne pas..t'inquieter... Soupira l'homme en le regardant tristement

-Antonio... je suis déjà inquiet, je n'en dors pas.. Je refuse de perdre celui que j'aime ! Tu n'imagines pas à quel point je..

-Je sais...ce que ça fait de perdre..ceux qu'on aime.. Ne l'oublie pas...

-Pardon, je...je...»

Puis plus rien. Le cadet avait éclaté en sanglots, le corps tremblant, incapable de parler, étouffant ses larmes contre le torse de son amant, mouillant sa chemise. Pour le calmer, le plus âgé lui caressa doucement les cheveux, frictionnant également son dos. Une idée lui traversa l'esprit, le faisant doucement sourire. Il suggéra cette idée à son aimé dont le visage s'illumina presque immédiatement, faisant faiblement rire le latin. Le compositeur germanique quitta la chambre puis la maison pour aller chez lui. Il profita de cette escapade pour rassembler toutes ses affaires qui rentraient dans trois grosses valises qu'il porta difficilement jusqu'à la demeure de l'ainé. Une fois de retour dans la chambre de celui-ci, il ouvrit son armoire et y installa ses vêtements, en gardant certains dans l'une des valises. Le Maitre de Chapelle le regarda faire, son regard noisette pétillant légèrement, malgré le voile sombre qu'avait installé la maladie. Une fois sa valise prête et le reste de ses vêtements installés aux côtés de ceux de son conjoint, il se tourna vers celui-ci, venant timidement embrasser son front.

«Tu veux que je te prépare la tienne..?

-S'il-te-plait.

-L'Empereur va se demander si nous désirons vraiment rester ses compositeurs, à force de voyager !

-Il ne nous passe plus commande...

-Mais tu restes Maitre de Chapelle..

-Je vais bientôt démissionner de ce poste, je pense..

MaestroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant