Chapitre 11

Depuis le début
                                    

— En quel honneur ai-je droit à de si beaux sourires aujourd'hui ? Tu reviens de voir Monsieur de Lorraine, c'est cela ?

— Non, réponds-je légèrement embarrassée. Monsieur Lully. En personne.

— On a reconnu ton talent..? comprend-il, posant une main sur sa bouche. Oh j'en étais persuadé ! Oh Élie ! Je te félicite.

— Ce soir, tu auras tout le loisir de m'entendre jouer. Comme toute la Cour, par la seule volonté du Roi.

Il en étire un grand sourire, et s'exclame :

— C'est merveilleux ! Donc il t'a écoutée ?

— Oui, il m'a complimenté et... Nous nous sommes entretenus, disons. Jules, il connaissait mon père, et il a laissé entendre que le fait que nous ayons de telles dettes soit douteux.. Je pense que j'ai à parler avec mon oncle.

— N'est-ce pas ta mère qui est en charge de vos biens ?

— Nullement, elle n'y entend rien, et n'a pas le cœur à cela.

— Mais toi, tu m'as toujours été utile en économie, pourquoi..? Oh question sotte, jamais ta mère ne te laisserait toucher à ces choses-là.. Cependant, elle n'est pas là, je te conseillerai de te pencher sur le sujet.

Il a sans doute raison.

— Les nuages semblent se lever, que dis-tu si je t'aide à finir tout cela, et qu'après ensemble nous irions faire une promenade ? lui proposé-je joyeusement.

— C'est d'accord ! Et tiens cela tombe bien, j'ai quelques papiers relatifs à des rachats de domaines, mon père en a fait l'acquisition pour un neveu. Tu peux ainsi replonger dans le milieu de l'économie.

Il me tend alors la plus grosse pile de feuilles.

— Ahah, formidable !

— Merci, Élie.

— Toujours à ton service, tu le sais bien, dis-je gaiement en m'asseyant, prête à travailler.

Après avoir conclu mes lectures complexes d'actes notariaux, nous voici donc, mon bras sous le sien, à nous balader au milieu des bosquets, où nous sommes abrités du vent, l'air y est donc délicieux.

Nous parlions de tout et de rien, qu'un silence s'installe, il semble hésitant.

— Élie. J'ignore comment te dire la chose..

Intriguée, j'attends qu'il s'exprime.

— J'ai l'esprit souvent pris.. Enfin, je crains que cela ne touche plutôt le cœur..

Il a un sourire particulier.

— Oh, qui est-elle ? Elle est brune, je suis certaine ! m'exclamé-je.

— Ahah, oui... d'un châtain adorable. Elle se prénomme Laure, de Beaujeu, de la haute noblesse bretonne. Nous nous sommes à peine entretenus, seulement..

Le voir ainsi, agité par les prémices de cette si belle maladie nommée amour, j'en suis toute émue.

— Cela suffit amplement. J'ai hâte de pouvoir la rencontrer.

— Je tiens à ce que vous soyez amies, que tu t'enquiers à mon sujet auprès d'elle !

J'en contiens un rire, j'opine :

— Cela va de soi. Je ne lui dirais que du bien de toi.

Le transport est tel, j'en suis si heureuse ; brusquement il s'arrête dans notre marche et m'interrompt.

Il hasarde un regard dans l'intérieur du bosquet de l'Encelade.

— Élie... Me crois-tu ? Elle est là ! Oh, ne paraît-elle pas adorable ?

La comtesse de Lisière [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant