Chapitre 10

Depuis le début
                                    

« Pendant que tu roupillais (elle fronça les sourcils), on est allés voir Ryker pour qu'il nous en dise un peu plus. Du coup, on apprit que le bunker appartenait à son père, un riche scientifique qui travaillait dans l'immeuble, et qui a eu assez de présence d'esprit pour agrandir le bunker qui se trouvait déjà là, en prévision de ce qui se passerait.

- Qu'est-il devenu ? Si le bunker est à lui, pourquoi il n'est pas là ? » demanda Noa, le cou tendu pour tenter d'apercevoir dans la foule un homme pouvant ressembler au leader du groupe, en plus vieux. Elle se doutait de la réponse, mais elle était au moins contente d'apprendre d'où sortait cet immense endroit. Le type devait vraiment être plein de ressource pour aménager un ancien bunker, et être capable de l'agrandir autant.

« Il était à des centaines de kilomètres quand les explosions ont frappées, d'après Ryker, impossible pour lui d'avoir survécu », répondit Joshua d'un ton neutre. Avant que Noa ai pu dire quoi que ce soit, il enchaîna aussitôt : « Ce que nous avons appris est encore mieux, alors écoute bien. »

Il se pencha en avant, comme pour confier un secret, l'air grave, et Noa se demanda pourquoi prendre un air aussi présomptueux. Qu'il en vienne au fait !

« Ryker nous a dit hier que l'air était totalement infecté dans le monde entier, mais ce n'est pas exactement vrai. Une seule petite partie du monde y a échappé ; l'Australie. Tout le sud du pays est sain, le nuage radioactif qui a été produit l'a miraculeusement évité, ne causant que quelques malades. Aujourd'hui, c'est considéré comme une terre sainte. »

Il s'arrêta, laissant Noa enregistrer ce qu'il avait dit. L'Australie... une Terre Sainte, où des milliers de gens vivent encore, mangent sainement, vivent leur vie à peu près normalement... Cela paraissait fou, mais c'était réel, et ça représentait une infime lueur d'espoir, pour eux, le groupe des « étrangers cryogénisés ».

Joshua reprit donc :

« - Ils ne l'ont su qu'il y'a deux ans, lorsque des militaires d'Australie ont débarqués dans la ville, leurs engins remplient de vivres. Apparemment, ils faisaient le tour des villes les moins touchées pour voir s'il restait des survivants, et depuis ils viennent tous les 6 mois avec de la nourriture et du matériel de survie, tout en emmenant deux chanceux avec eux, direction la Terre Sainte. Pas mal, hein ? Si on pouvait rejoindre ce pays, on pourrait peut-être retrouver des proches, et même recommencer une nouvelle vie, plutôt que d'errer sans savoir où on va... »

Noa n'écoutait plus, son cerveau s'étant déconnecté des paroles du grand blond après avoir appris tout ça. Il existait donc, à des kilomètres d'ici, un endroit, l'Australie, qui se trouvait être le refuge de toute une humanité meurtrie par ses propres actions. Par delà les mers et les continents, leur porte de sortie et peut-être, leur porte menant tout droit vers la vérité concernant leur histoire. Une aubaine, pensa-t-elle, une partie du monde épargnée, dont les terres sont encore capables de produire assez de nourritures pour plusieurs camps de réfugiés. Justement, il n'avait pas qu'un seul pays touché, il y'en avait des centaines d'autres...

« - Joshua, appela-t-elle soudainement, faisant détourner pendant un instant les regards vers elle, comment un seul pays peut-il approvisionner plusieurs continents ? Ils n'ont pas assez d'hectares pour ça, c'est impossible. »

Cette fois-ci, c'est Alex qui lui répondit, prenant de court celui qui avait l'habitude de tout expliquer aux autres :

« - Eh bien... Ils doivent faire des sacrifices, forcément... De ce que nous savons, les hommes d'Australie favorisent les zones les moins touchées du monde, et après, ils font le tri en fonction de ça. Ils ont tout laissé tomber en Europe et en Asie, les plus touchés, et se concentrent essentiellement sur les autres continents, enfin surtout ici en tout cas. Et les rations sont petites, c'est très peu mais ça suffit à survivre. »

Personne ne répondit, Noa avait sa réponse même si elle continuait de trouver cela bizarre. C'était des continents, pas des villes quand même !

En parlant de ville...

« Vous étiez de l'Utah, vous ? », lança-t-elle soudainement, se rappelant de la surprise de Damien lorsqu'ils avaient appris leur localisation. Elle-même avait eu du mal à le croire, n'ayant jamais mis les pieds dans cet état du pays. Comment avaient-ils pu bouger jusqu'ici sans s'en souvenir ? On a été sûrement drogués, c'est la seule solution. Ou un effet secondaire de la cryogénisation, alors...

« Non », répondit aussitôt Emma dans un souffle, ses mains jouant nerveusement avec sa fourchette « Je suis du Maryland, à l'autre bout. Et j'ai jamais mis les pieds ici, alors j'vois vraiment pas comment j'ai pu atterrir là.

- Pareil », s'exclama aussitôt Alex, « Je viens du Minnesota. »

Là-dessus, Damien, Joshua et Evan enchaînèrent pour proclamer qu'ils venaient respectivement du Mississippi, de Géorgie et du New Jersey. Et seul Joshua était déjà allé à Salt Lake City, la capitale de l'état, pour des vacances. Pour sa part, Noa venait de New York, où elle avait toujours vécu, et qui était synonyme de prison pour elle là où d'autre voyait Manhattan et Brooklyn comme des destinations à faire dans une vie, avant tout ça. L'Utah... encore un mystère à résoudre.

Alors que les autres repartaient sur la discussion initiale de « comment rejoindre l'Australie ? », le regard de Noa fut attiré par ce qui s'avérait être une pendule, accroché au mur, et qui affichait l'heure. 12h34. Enfin, une chose était claire, elle avait maintenant un repère de temps dans ce dédale de choses incompréhensibles que la vie avait voulu leur imposer. Tout n'était pas perdu, en fin de compte, ils avaient toujours ça. Le temps, cette entité qu'on leur avait pris comme s'il ne s'agissait que d'une traînée de poussière que l'on pouvait souffler d'un vieux meuble, était de nouveau là, réel et concret, face à eux, et étrangement, cette perspective la rassura. On devait être le 13 novembre, et, en revanche, elle n'avait aucune idée du temps qu'elle avait pris pour dormir, ce qui ne revêtait pas d'une grande importance tout compte fait. A présent, ils devaient savoir où aller, par où commencer, combien de temps stagneraient-ils ici, à regarder les autres mourir à petit feu dans cette cave donnant l'illusion parfaite. Elle était là, le regard planté dans l'objet de ses pensées, touchant à peine à ce qu'il y'avait dans son assiette lorsque l'appel d'Alex la sortie brusquement de sa rêverie alors que les mots qu'elle prononçait sonnaient comme une piqûre de rappel :

« - Bon, est ce qu'on va pouvoir parler du tatouage oui ou non ? »

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Voilà pour la reprise 2019, un chapitre qui ne bouge certes pas beaucoup, mais qui est, je l'espère, quelque peu informatif ! Il y'aura plus de mouvements dans les prochains qui suivrons ;) 

N'hésitez pas à commenter, cela m'aide beaucoup de connaître vos avis ! ^^ 

RadioactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant