1 - Lou

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Cette photographie! Ce grand cadre noir ornant le mur blanc de mon bureau. Une image à couper le souffle qui développe mon imagination et mes souvenirs depuis quelques semaines, mais qui rend tout aussi pensif le spectateur qui aurait la chance de croiser le regard de l'animal.

Un grand caribou en pleine forêt enneigée qui nous fixe durant une poignée de seconde. Moment si fragile et d'une rareté exceptionnelle qui nous a permis de pouvoir immortaliser cet instant magique.

Le Canada, notre voyage de noces, tous ces moments exceptionnels passés avec Alec à entrer en communion au sein de la nature pure. A chaque fois que je me plonge dans cette photographie, c'est comme si je basculais toute entière dans les méandres de mes souvenirs.

Cet animal majestueux ravive tellement d'émotions, d'effervescence, de joie, mais aussi d'amertume.

Je nous revois partir en sac à dos de Palma, prendre multiples avions pour atteindre le Canada. Atterrir à Yellowknife pour finalement repartir le lendemain dans un nouvel avion portant des skis et s'engouffrer dans le grand nord en quête de nature et d'aurores boréales. Cela avait toujours été mon rêve d'aller admirer la splendeur du ciel produire un tel phénomène chimique si envoutant.

Nous avions passé un séjour en totale immersion dans la nature enneigée et nous avions eu la chance de pouvoir observer l'immensité que les Territoires du nord-ouest canadien avait à offrir. Nous logions dans un chalet au fin fond de la nature. Et un matin alors que l'on s'apprêtait à aller faire promenade en chien de traineau, Alec posa son bras sur ma poitrine pour m'empêcher d'avancer. Intriguée je relevai la tête et suivant son regard, je me figeai face à l'imposant animal se situant tout au plus à cinq mètres de nous. Nous étions sans voix, les bois ornant sa tête étaient tout simplement immenses et recouverts de neige. Alec eut tout juste le temps de sortir délicatement son portable pour figer l'instant que l'animal reparti s'engouffrer dans les profondeurs de la foret.

Cette photographie est une des choses qui résulte de ce voyage fantastique.

Une semaine de coupure totale qui nous avait d'autant plus rapproché que nous l'étions déjà à l'époque. J'avais touché des doigts la réelle définition du bonheur à l'état pur, une sensation de légèreté et de pardon avec moi-même.

Nous étions rentrés soudés comme jamais, fiers de notre union et de notre amour sans faille.

Mais nous étions désormais à trois années de notre mariage. Trois années extraordinaires, pleines de passion, de rire et de joie. Émotions que nous savourions uniquement depuis notre rencontre.

Il avait fait s'apaiser en moi la haine qui avez toujours nourri mes tripes. Alec avait su m'aimer telle que j'étais et nous nous complétions en se soutenant de manière permanente. Dès lors que l'un sombrait dans la noirceur de son esprit, l'autre bataillait pour faire régner un climat de rire jusqu'à ce que la tristesse s'estompe et laisse place à la tranquillité. Nous avions cet accord tacite de se soulager l'esprit l'un l'autre.

Mais depuis quelques semaines nous avions pris des distances sans même le vouloir.

Je constatais l'amour incommensurable dans ses yeux lorsqu'il admirait un enfant et je sentais sa souffrance de ne pouvoir en avoir émaner de son sourire triste.

Et bien évidemment en contrepartie, je souffrais des séquelles qui me privaient de ne pouvoir donner la vie.

Nous avions certes des amis formidables qui nous laissaient nous occuper librement de leurs enfants. Ce qui d'ailleurs leur permettait de se retrouver aussi en tant que couple et pas uniquement parents. C'était un échange de bon procédé qui nous avez tous comblé pendant de longues et belles années.

Bad girls need love too - 2nd roundWhere stories live. Discover now