À double tranchant

Chapitre XX - Tisser des liens

– C'est parce qu'il restait loin de nous, acheva le Weasley avec sagesse.

Le bruit des valises roulant sur l'asphalte, des conversations devant eux et les moteurs des voitures passant à côté de leur étrange cortège se fit plus intense. Leur manque de coopération semblait avoir mis Potter de mauvaise humeur et Granger fut la première à reprendre la parole.

– Je pense que Harry a raison, dit-elle à contrecœur. Ron, on ne peut pas laisser Malfoy seul. S'il est vraiment de notre côté, les Serpentards risquent de se retourner contre lui.

– Et qu'est-ce que tu comptes faire ? répliqua Draco d'un ton sarcastique. Te transformer en garde du corps et me suivre jusque dans ma salle commune ? Rater les cours que nous n'avons pas en commun pour me protéger ? Je préfère encore être seul. J'ai vu bien pire qu'une poignée de Serpentards.

Les voyageurs chargés de bagages qui commençaient à se presser autour d'eux leur indiquèrent que la gare de King's Cross se rapprochait. Bientôt, leur surprenant cortège franchit le mur menant aux voies 9 3/4. Draco s'éloigna aussitôt d'eux, peu désireux de s'afficher en leur compagnie ou d'assister à leurs adieux larmoyants.

Il grimpa le premier dans le wagon des préfets. Malheureusement, il ne put profiter longtemps du calme avant que la porte coulisse à nouveau. Ernie Macmillan, de Poufsouffle, lui tendit solennellement la main en assurant qu'il honorerait le rôle qui lui avait été confié. Hannah Abbot, vint ensuite. Elle salua maladroitement Draco et rejoignit l'autre préfet de Poufsouffle. Ceux représentant Serdaigle étaient un certain Anthony Goldstein et une Padma Patil.

La porte du wagon attendit le sifflet du train pour s'ouvrir enfin sur un visage familier, l'autre préfète de Serpentard, Pansy Parkinson... En croisant le regard de Draco, ses yeux méchants s'agrandirent, mais elle ne tenta rien devant les autres.

– Préfet ? lui glissa-t-elle alors que Granger et Weasley entraient à leur tour. Crois-moi, tu auras au moins besoin de ça.

Le préfet et la préfète-en-chef chargés de leur délivrer les instructions tardaient, les obligeant à patienter dans une atmosphère tendue. Seul Ernie Macmillan semblait imperméable et se contentait de patienter, droit comme un soldat attendant les ordres royaux. Finalement, le préfet et la préfète-en-chef daignèrent se montrer.

– Ah, bien, vous êtes tous là, dit celle-ci après les avoir comptés du regard. Ne vous inquiétez pas, ce sera rapide. Nous allons seulement vous donner quelques explications et ensuite vous serez libres de retrouver vos amis dans leurs compartiments.

– Ce qu'on attend de vous est relativement simple, reprit le préfet-en-chef. Durant le trajet, vous ferez quelques rondes dans les couloirs pour veiller à son bon déroulement. Une fois à Poudlard, vous conduirez les premières années jusqu'à votre salle commune, et ensuite vous aiderez les professeurs à maintenir l'ordre. Si des élèves se conduisent mal, vous avez le droit de leur donner une punition. C'est à peu près tout. Des questions ?

Aucun des nouveaux préfets et préfètes ne se manifesta.

– Bien... ah, avant que vous ne partiez, dit la préfète-en-chef en sortant deux enveloppes qu'elle tendit à Granger et à Draco.

Il examina la sienne et vit un sceau de cire frappé d'un serpent, symbole de la maison Serpentard.

– Il s'agit des mots de passe de vos salles communes respectives, expliqua-t-elle avant de se tourner vers les préfets de Poufsouffle et Serdaigle. Pour rejoindre les vôtres, les sécurités sont un peu différentes, mais vous savez déjà quoi faire, n'est-ce pas ?

Les quatre acquiescèrent et le préfet-en-chef leur annonça joyeusement qu'ils étaient libres de partir. Draco ne quitta pas le compartiment tout de suite, préférant leur laisser le temps de disparaître de son chemin. Pour s'occuper, il ouvrit l'enveloppe et découvrit un morceau de parchemin où deux mots étaient inscrits.