Un type ordinaire s'avance vers moi, la main tendue.

— Salut, petite ! Je suis le coach Smith...

Il a exactement une tronche à s'appeler comme ça... il attrape mes doigts gentiment.

— Je ne savais pas que les gymnastes s'entraînaient ici. Tu es excellente, mais ce terrain n'est pas fait pour tes acrobaties.

Je prends l'air le plus confus possible afin de justifier ma présence.

— Je suis désolée... je dois passer une audition pour entrer dans la Cheer Team. 

— Les auditions c'est toujours le vendredi, tu t'es trompée de jour, s'étonne le coach.

Sûrement pas ! La salope de voltigeuse s'est carrément foutue de moi... c'est bien ma veine.

— En tout cas, je parlerai à la coach Taylor ! Elle va être ravie d'engager quelqu'un comme toi.

Le coach Smith semble attendre patiemment que je me casse... il est très poli cet homme. Je m'apprête à ramasser mes petites affaires, quand je le vois. Je reconnaîtrais entre mille ce visage aux traits fermes et sensuels, cette bouche sexy. 

C'est le connard ! 

Les yeux noisette me détaillent eux aussi, illuminés par une lueur sarcastique et suffisante. 

Il se prend pour qui ce crétin prétentieux ? 

Mon cerveau se met soudain à cogiter un plan extraordinaire.

— Coach Smith !

Le bonhomme réagit et me contemple, l'air interrogateur... je lui souris de toutes mes dents.

— Je me demandais si je pouvais obtenir un autographe d'un joueur.

— Alors comme ça tu aimes le basket ! répond-il en se  marrant. Tu veux que Jake, mon capitaine, t'écrive un petit mot rien que pour toi ?

— Je suis plutôt fan de celui-là, dis-je en désignant discrètement l'Amérindien.

— Jay ! C'est un bon joueur... et un sacré emmerdeur.

Entièrement d'accord ! e n'est pas moi qui vais contredire le brave coach Smith. 

Il fait signe à l'intéressé de se pointer.

— Viens par ici, mon garçon...

Le fameux Jay se rapproche avec l'allure d'un grand fauve dans un cirque, quand il a pris un coup de baguette du dresseur... je savoure l'instant avec voracité.

— La demoiselle... au fait, c'est quoi ton nom, petite ? s'enquiert le coach Smith.

— Sterenn MacRury.

— Un bien joli nom...

Il se tourne vers son joueur et ajoute avec autorité :

— Elle veut que tu lui signes un autographe... dépêche-toi. On va commencer l'entraînement dans quelques minutes...

Le coach Smith s'éclipse en levant son pouce pour moi, en signe de victoire certaine.

— Tu crois que j'ai juste ça à foutre ?

Sa bouche s'est ouverte comme le couvercle automatique d'une poubelle, prête à me déverser les ordures de la semaine sur la gueule. Je reste calme... je vais lui faire bouffer sa merde sans qu'il s'en rende compte. Je me retourne et farfouille tranquillement dans mon sac pour dégotter mon petit carnet de courses. J'ai l'impression désagréable que ce vicieux a maté mes fesses, ou alors c'est que je suis vraiment nerveuse.

— Tu signes bien ton nom dessus, s'il te plaît.

Les yeux noisette me fixent comme s'il s'apprêtait à m'étriper... puis il laisse échapper un soupir excédé et s'empare du carnet en faisant bien attention de ne pas toucher un seul de mes doigts. Pendant qu'il griffonne, j'en profite pour le regarder de plus près... autant bien connaître un ennemi apparemment mortel.

Il a le teint un peu clair pour un Amérindien, j'en conclus qu'il est sans doute métis. Je dois reconnaître avec écœurement qu'il est vraiment très beau... une enveloppe de perfection qui cache un affreux salopard.

Il s'est aperçu que je l'observais.

— Dis donc, espèce d'allumeuse, ne prends pas tes désirs pour des réalités !

Je crois rêver, ce type est un grand malade.

— Ça ne va pas bien dans ta tête, tu te penses irrésistible ou quoi ?

Un large sourire étire sa putain de bouche hyper craquante et une stupéfiante douceur éclaire d'un seul coup les prunelles de félin. Ce n'est pas possible... cet enfoiré cherche à me faire du charme. Le pire, c'est que mes hormones n'ont strictement rien à foutre des appels au calme que lancent les parties les plus évoluées de ma cervelle. Je reste les lèvres entrouvertes, avec l'idée tenace qu'il va bientôt faire tournoyer vigoureusement sa langue contre la mienne. 

Ce mec est l'incarnation du diable, cruel et séduisant... il le sait parfaitement.

— Ne t'affole pas autant, je n'aime pas beaucoup les rouquines.

La douceur des yeux noisette a totalement disparu pour faire place au mépris, à l'ironie méchante. Il a finalement déversé toute la benne à ordure, et pas seulement sur ma tête, mais aussi sur mon corps tout entier. Je voudrais que le sol s'ouvre sous mes pieds, pour me cacher définitivement dans les profondeurs de la Terre.

Il est parti sans un mot de plus... je lis le nom inscrit sur mon carnet.

Il s'appelle Jay, Jay Bird !

***

Katelyn Ohashi une superbe gymnaste américaine.


Danse dans mon coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant