Nous entrâmes dans un vieux bâtiment miteux, une case. On me donna de l'eau. On me nourrit. Les autres et moi. Je pus regarder Satsuki une fois que je fus plus ou moins rassasié. Elle avait tant maigri... ses yeux semblaient se noyer dans ses cernes...
Mes poings se serrèrent. Qu'ils s'en prennent à moi autant qu'ils veuillent, mais qu'ils osent toucher ma sœur... J'avais tenté de réagir au début, de la défendre... elle en avait souffert autant que moi... Et je m'étais affaibli...
Je secouai la tête pour m'arracher à mes horribles souvenirs. Ma vie actuelle me semblait irréelle... Tout avait basculé si vite... Un jour je m'étais éveillé libre, et endormi prisonnier...
"Dormez."
Cet ordre brutal provoqua mon effondrement immédiat dans un sommeil profond et calme. Enfin un peu de liberté...***
À mon réveil, femmes et hommes furent séparés. Je me rebellai un peu, me fus brutalement rappelé à l'ordre... et les forces me manquaient. Mais j'avais promis de protéger Satsuki. Alors qu'un caravanier m'attachait aux autres hommes, je balançai un violent coup de genou dans son ventre et tentai de m'échapper. Je courus vers la rose, les mains toujours liées. Ils durent se mettre à cinq pour me maîtriser. Je hurlais... Je les insultais... J'en pleurais de rage. Mais non... Le regard de mon amie, se voulant rassurant, me brisa un peu plus le cœur...
Tous les hommes se retrouvèrent sur une estrade, alignés. Nous étions attachés les uns aux autres par une corde nous lacérant les poignets. Le bruit me frappa soudain. Non, je ne courais pas vers la pendaison qui me paraissait évidente depuis trois semaines maintenant... J'allais être vendu...
Un esclave... Je crois que je m'étais enfoncé la tête dans le sable de peur de le réaliser... L'humiliation me dévorait un peu plus... Elle finira par m'avaler tout entier...
Un homme, en pagne, un ventre rond et bronzé, le crâne chauve et les yeux maquillés de khôl, prit la parole, gueula plutôt. Et le peuple répondit à sa harangue et s'avança. Les enfants s'avancèrent et se moquèrent de nous, nous imitèrent avec cette pointe d'apeurement des jeunes gens. D'autres étaient simplement curieux, nous détaillaient simplement. Et il y avait les intéressés qui grimpaient sur l'estrade improvisée et étudiaient chaque corps un à un.
Quelques clients s'arrêtèrent à ma hauteur, m'observèrent, me calculèrent, me jaugèrent. Je haïssais ce regard. Puis un adulte, suivi de son scribe s'attarda devant moi.
"Un caravanier, encore ?
-Oui, monsieur, répondit le marchand.
-C'est ennuyeux... Mais il me paraît parfait..."
Il déposa une main sous mon menton et me força à redresser le visage.
"Oui... Regarde-moi ces yeux, Imhotep, une vraie panthère...
-Pensez-vous qu'il se montrera docile ? Il m'a l'air bien hargneux...
-Je saurais l'éduquer, ne t'inquiète pas. Seules ses origines me chagrinent. Après tout, se rend-il seulement compte de l'opportunité que nous allons lui offrir ? Ce barbare ne mérite rien...
-Mais nous devons bien reconnaître qu'il a le physique à son avantage.
-Cela est certain... — Combien me le vends-tu ?"
Vendu...On me détacha des autres.
"Suis-moi."
J'obéis silencieusement, remarquant que le scribe ajoutait une somme importante à son ardoise ; mon prix...Sans rien me dire, on me mena vers le palais. Je ne fis même pas attention à la splendeur environnante...
"Bien, entre dans cette chambre. De l'eau et de la nourriture t'y attendent. Dors, nous te retrouverons demain pour t'expliquer."
Je ne répondis rien et obéis docilement.Un lit de paille m'attendait, ainsi qu'une corbeille de fruits et une cruche. Je bus, mangeai, puis me couchai immédiatement. Le sommeil me happa encore une fois immédiatement.
***
Cela faisait si longtemps que je ne m'étais éveillé naturellement... Je me sentais bien... Et j'avais mis de côté quelques dates pour garder le ventre plein. Je m'assis et grignotai tranquillement, en tentant d'appréhender ma situation. J'étais dépassé par les événements.
La porte s'ouvrit peu après. Un homme se tenait dans l'entrée, le crâne rasé encore une fois. J'espère que ce n'était pas ce qui m'attendait...
"Suis-moi."
Je me levai et laissai l'adulte me mener dans une autre salle, plus lumineuse. Avais-je dormi une journée entière ?"Bien. J'ai quelques questions tout d'abord. — Ton âge ?
-17.
-Et tu es caravanier ?
-Étais," soufflai-je.
Il lâcha un ricanement."Bien. Tu auras deux tâches. Comme tu l'as remarqué, tu as le privilège d'être esclave du palais. Pendant les repas, tu serviras le vin de Pharaon. Uniquement Pharaon. Ton second travail sera d'aider à l'entretien du jardin. Nous t'apprendrons tout. Pour l'heure, attends ici, une habilleuse ne devrait pas tarder."
Il s'éclipsa, vite remplacé par une femme, une quadragénaire assez pulpeuse au sourire éclatant, suivie de sa troupe.En s'extasiant sur mon corps, la jeune femme me fit déshabiller de mes lambeaux et me vêtit d'un pagne de lin blanc cassé et d'une paire de sandales. Une jeune fille tailla vaguement mes cheveux pour les égaliser et une autre vint tracer sur mes yeux, deux traits de khôl larges puis pointus.
Me voilà déguisé en parfait serviteur.
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Voilà c'est fini pour ce premier chapitre ! Personnellement ça me fait bizarre de voir tout aussi espacé, mais dites-moi ce que vous en pensez ! Et rendez-vous demain pour la suite avec un petit point de vue Kaga qui me manque déjà trop ! Bye, Kagamine ❣️
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Saphirs du désert
FanfictionAokaga ! Aomine, jeune caravanier, est vendu comme esclave au palais de Pharaon, mais le fils de celui-ci le remarque aussi tôt, et ne lui est pas indifférent... Bonne lecture !
Chap. 1 Liberté
Depuis le début