— Laisse, je m'en charge, m'adresse-t-il avec un sourire.

Dans d'autres circonstances, j'aurais certainement rétorqué quelque chose et j'aurais pris ma valise comme une grande, mais je n'ai pas envie de me « battre » pour si peu. Je compte accepter sa gentillesse durant la semaine, plutôt que d'être sur la défensive à chaque fois. Comme tout le monde, j'ai besoin de prendre des vacances et j'ai besoin de mettre ma tête en mode off surtout. Laisser mes soucis derrière moi et juste penser à l'instant présent. J'ignore si je vais y arriver, mais mettre des mots sur mes soucis, c'est déjà un grand pas.

— Tu veux bien faire sortir Nautilus ? me demande-t-il en refermant le coffre.

Je hoche de nouveau de la tête avant d'ouvrir la portière et de laisser la bête sortir. Ce dernier semble très heureux de pouvoir enfin se dégourdir les pattes et de ne plus être enfermé. Il me montre d'ailleurs sa gratitude en me sautant dessus et je me mets à rire alors que je m'accroupis pour l'affubler de quelques caresses. Comparé aux humains, je n'ai jamais eu de problèmes à montrer mon affection aux animaux. Eux, ils me le rendent bien.

Jake est déjà à la porte de la villa et j'arrive à ses côtés, Nautilus sur mes pas.

— Tu as combien de maisons, dis-moi ? demandé-je, un peu sur le ton de la plaisanterie.

— J'ai celle-ci, celle de Los Angeles, j'ai un appartement à New York, à Paris et à Rome. J'ai également une maison en Espagne et...

En voyant mon regard, Jake s'arrête soudainement de parler. En posant cette question, je ne m'attendais pas vraiment à une réponse... Pas aussi précise en tout cas et surtout pas aussi vaste. C'était surtout pour le taquiner après avoir vu ces trois voitures.

— J'en fais un peu trop j'ai l'impression, suppose-t-il, un peu honteux.

— Non ! le contredis-je avant de reprendre d'une voix gênée, j'ai posé la question, alors je plaide coupable. C'est juste que... je ne m'attendais pas à ce que tu en aies autant. Elles aussi, elles ont une fonction différente ?

Ma dernière phrase fait rire Jake et ce dernier ouvre la porte. Ouf, et un moment embarrassant que j'ai réussi à éviter, un !

— On peut dire ça, répond-il en poussant les deux valises dans le hall d'entrée. Comme pour la voiture, certaines résidences ne sont pas connues du grand public.

— Celle-ci déjà.

Je laisse Nautilus entrer après moi et je ferme la porte derrière moi.

— Ainsi que celle d'Espagne et les appartements en Europe.

— Est-ce qu'elles te servent réellement toutes ? Sincèrement ?

— Pas vraiment, avoue-t-il, attristé. Je n'ai pas le temps qui convient. L'année dernière, je n'ai pas pu aller une seule fois dans mon appartement à Paris par exemple. Entre les tournages, les mondanités, les interviews et tout ce qui va avec mon métier, c'est parfois un peu compliqué. Mais quand tu commences ta carrière, que tu voies autant de chiffres sur ton compte, tu en perds un peu la tête et, très rapidement, tu te mets à dépenser sans trop réfléchir, parce que c'est amusant.

Jake laisse les valises dans l'entrée avant de m'inviter d'un geste de la main à le suivre.

— Je dois te montrer quelque chose, m'annonce-t-il très fièrement. Je pense que cela va te plaire.

Je fronce les sourcils tout en ayant un sourire un peu perplexe et le suis. Nous traversons le salon et la salle à manger, j'ai à peine le temps de réellement voir à quoi ces pièces ressemblent. Jake s'arrête devant une baie vitrée qu'il fait glisser avant d'arriver sur une terrasse où transats, tables et chaises en bois se tiennent compagnie. Devant, la vue que j'ai quittée il y a à peine quelques minutes, est encore plus époustouflante que jamais.

— Je vais finir par dormir sur la terrasse, blagué-je avec une pointe de sincérité.

— Ça m'est arrivé quelques fois, avoue mon interlocuteur d'une voix calme et pleine de chaleur.

— Vraiment ?

Son regard est posé sur l'horizon, l'air sérieux, mais j'ai l'impression de déceler quelque chose de plus.

— Mais pas pour l'océan ou la plage, m'apprend-il sur un ton un peu rêveur.

— Pourquoi alors ? Tu aimes prendre un coup de froid ?

— Non, dit-il en rigolant, je fais ça seulement pendant les nuits chaudes et je fais ça à cause de ceci.

Il accompagne ses paroles d'un geste de la main et m'indique le ciel.

— Le soir, il m'arrive simplement de m'installer sur un transat et de regarder les étoiles. Si tu es admirative de l'océan, attends de voir à quoi ça ressemble lorsque le soleil se couche. Je ne pense pas avoir vu meilleur ciel ailleurs qu'ici. L'endroit est dénué d'avions, de bruits, d'éclairages abondants. C'est paisible et beau, alors tout naturellement, il m'arrive de m'endormir sans m'en rendre compte. Cela m'apaise.

Scènes Coupées | Tome ☆ : Silence ! [/en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant