Chapitre 1

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Je n'ai qu'un prénom et qu'un nom de famille et ils sont connus dans le monde entier : je m'appelle John Johnson. Vous ne pouvez pas imaginer les difficultés provoquées par ce nom. Je haïrais bien mes parents mais ils ne sont pas mieux lotis avec Cindy et Jack comme prénoms... Lorsque je me présente je ne rencontre que deux types de réactions :

1. "C'est un pseudo ?" Hélas non... J'aurai pris Smith sinon

2. "T'es américain ?" J'aurai bien aimé, à la limite j'aurai pu me la jouer avec un accent américain au lieu de ça je me traîne l'absence d'accent la plus totale caractéristique des parisiens...

Je suis en classe préparatoire sans vraiment savoir comment j'ai finis ici... Je me suis toujours traîné des notes si moyennes que je n'espérais même pas être accepté en fac ! Forcément, ça ne manque, j'ai clairement pas le niveau même en faisant de terrible sacrifices sur ma vie extra-scolaire. Adieu soirées Netflix ! Adieu bar adoré ! Adieu instants d'ennui profond, en PLS sur un canapé en ayant pas la force de me lever pour combattre cet ennui... En fait non, le dernier je le garde, il a juste changé de lieu, maintenant c'est assis à mon bureau la tête reposant sur une pile de manuels.

Ma vie est une suite sans fin de médiocrité. J'ai un physique banal : le classique cheveux-yeux bruns, type caucasien, 1m80, et je vous épargne mon poids... J'ai essayé un temps la salle de sport pour avoir un physique d'athlète mais la flemme l'a vite emporté. Non seulement je ne suis pas spécialement beau mais en bonus mes cheveux tendent naturellement vers une coupe au bol dès que j'oublie de les couper (ça arrive souvent). Un physique aussi passe-partout devrait avoir des avantages mais non. Je ne peux même pas m'accorder le luxe de l'invisibilité. Les profs ont tellement peur de mal prononcer les noms des autres qu'ils finissent toujours par s'adresser à moi. Je vois bien dans leurs yeux l'instant de "yes ! ça c'est facile !".

Les journées se déroulent toujours de la même façon : levé 7h après le quart d'heure réglementaire d'apitoiement sur mon sort où je calcule si ça vaut vraiment la peine de me lever, pain-confiture-lait au petit-déjeuner, puis je me dis que je vais essayer d'arriver à l'heure mais je me retrouve quand même à courir et louper le métro, puis par miracle j'arrive juste à temps (par un coup de bol magistral je prévois généralement de l'avance les jours où les rames sont bloquées), je me fais engueulé quand je me loupe mais sans conséquence, je dors en cours avec quelques mini-crises cardiaques quand on m'interroges (je ne m'y ferais jamais), puis je rejoins mon "groupe" de "potes" à la cantine (je ne suis pas sûr qu'ils aient remarqué ma présence... ça fait un an que je les suis), idem l'après-midi et je rentre chez moi sans traîner (ce qui prend quand même 45min puisque la chance du matin semble toujours se retourner contre moi le soir). Je suis la définition du métro-boulot-dodo.

C'était un jour maussade de novembre. Je regardais dehors en essayant de prendre un air mélancolique mais je sais très bien que mon absence totale de réflexion se voyait à mon regard vide. C'est à ce moment qu'un des types que je stalk à la cantine s'est approché de moi.

"Hey John ! Avec les copains on va à un concert ce week-end et Thibault s'est désisté, tu veux venir ?"

J'ai mis une dizaine de seconde à comprendre que c'était bien à moi qu'il parlait. Je me renseignai aussitôt sur le type de musique. C'était un groupe de pop anglaise apparemment super connue mais dont je n'avais jamais entendu parlé. J'ai hésité un moment. À son air enthousiasme et visiblement ravi, je sentais bien qu'il s'agissait d'un truc énorme alors j'ai accepté.

Pour la première depuis le lycée je n'ai pas passé mon samedi écrasé dans un coin à sentir la vie me quitter. J'avais réussi à obtenir qu'ils m'emmènent pour ne pas avoir à prendre le métro (la salle de concert était loin de la bouche et puis il me fallait presque deux heures pour traverser Paris et j'avais vraiment pas envie). On s'est payé les bouchons sur le périphérique. On a été encore été ralenti par le contrôle des sacs à l'entrée. J'aime pas les contrôles. J'aime surtout pas ce sentiment de culpabilité injustifié qu'on ressent devant toute figure d'autorité... Heureusement ils avaient été prévu le coup et on est arrivé juste après la première partie. Ils m'ont entraîné avec eux dans la fosse (j'ai surtout pas lutté). Le bruit m'a surpris. Je croyais qu'il y avait des normes sur les niveaux sonores ! Encore du métal j'aurai compris mais là c'était de la pop ! Alors pourquoi mettre les basses aussi fortes ?! Pour rien arranger j'étais juste à côté des caissons. La sensation de la cage thoracique qui tremble c'est assez curieux. Mes potes avaient l'air de beaucoup s'amuser et criaient avec les autres. Je n'avais pas que les poumons à trembler. J'ai vite senti mon estomac se révolter. Dès la fin de la premier musique j'ai courut aux toilettes, tentant de fendre la foule aussi vite que possible. J'ai bien cru que je n'y arriverai jamais. Inutile de dire que je n'ai jamais recommencé.

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⏰ Last updated: Nov 04, 2019 ⏰

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