Mon retour au Cameroun 🇨🇲

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À 22h30, j'embarquais en business class sur le vol 135 de la Bruxelle  Airlines en provenance de Malaga. Oooh, Malaga, un petit coin de paradis dans l'enfer des humains... J'y avais passé trois ans de ma vie à faire des études de commerce, mais aussi à consommer de l'alcool dans des clubs branchés, à manger les meilleurs plats d'Europe et à apprécier les saveurs locales, dans tous les sens du terme...

Maintenant, je voyais mon paradis s'éloigner de ma vue et retournais dans ce pays pour lequel j'avais de si grands projets, un bachelor en pochette, à la conquête de l'inconnu. Je ne voulais pas y penser, est-ce que je trouverais mes frères au domicile familial ? Pourquoi, Jena et l'avocat m'avaient-ils laissé croire une telle chose ? Serait-ce autre qu'un mensonge ? Ma mère, cette petite femme forte comme une armée de romains, elle tient toujours à tout contrôler.. C'est certainement comme cela qu'elle a bâtie l'établissement bancaire le plus important d'Afrique Centrale. Et oui, comme vous avez dû le constater, j'ai bénéficié d'une situation confortable tout au long de mes 20 années de vie. Entre les meilleures écoles privées du pays et les universités internationales, je suis un étudiant trilingue. Mon père quant à lui est retraité depuis cinq ans, au terme d'une brillante carrière politique de près de 35 ans.. Il se consacre à l'entretien de ses propriétés et à son épanouissement personnel. S'agissant de mes frères, je ne les ai plus revu depuis mon départ, aux dernières nouvelles, ils seraient éparpillés au quatre coins de l'univers, en quête de nouvelles épopées.. Ça ne se peut donc logiquement pas, il doit bien y avoir une raison... Peut-être une mauvaise blague afin de m'attirer dans cette foutue famille, cela fait quand même trois ans que je leur échappe.

06h plus tard...

"Chers passagers, le commandant de bord vous informe que l'atterrissage s'effectuera bientôt, veuillez attacher vos ceintures s'il vous plaît ".." pinpinpin". Mon casque est bientôt à plat, je m'étais profondément endormi, si bien que je n'ai même pas vu le temps passer, Ouf !
Ce bon vieux Douala, j'ai abandonné cette ville à l'époque avec une grande joie, laissant ainsi de nombreuses copines épleurées, 50 dollars de dettes et ma jolie moto d'amour. Je me souviens de l'avoir acheté lorsque j'ai gagné mon premier million, million de francs cfa, krrkrr.. J'aurais bien mis cette moto dans ma valise si je l'avais pu. Malheureusement, ce n'était envisageable. Me voici donc arrivé, et certainement personne n'est venu me chercher, je dois me trouver un taxi.

Ça aussi, c'est une particularité Camerounaise, parce qu'il est clair que les chauffeurs de taxi de mon pays sont uniques au Monde. Généralement, ventripotents, avec toujours cette arrière odeur de bière sur les vêtements, ils attendent patiemment leurs proies aux abords des aéroports et des grands immeubles, toujours prêts à abuser les étrangers. Oui, les taxis, comme les gens de mon pays sont spécials, nées d'un alliage entre l'alcool et la fourberie, mariage fatale... (quelques minutes plus tard) :
"--piiip piiip, boss, entrez je vous amène .
-- je vais descendre à la résidence Maka, s'il vous plaît.
-- d'accord, c'est 15000f
-- le dépôt ne coûte plus 2500f ?
-- Je croyais que c'était pour tout votre séjour, grand.
-- Qui a dit ça ? Pfff. "

Ce petit avait essayé de voler son chef.. Hihi.. Sans succès.
C'est ainsi que je prenais la température de cette ville haute en couleur. Douala, poumon économique du Cameroun où règne impunément corruption, vice, trafic de drogue et crime organisé. En voici une ville comme je les aime. Il suffit d'avoir de l'argent ici pour devenir généralissime .

Je reconnais cette route, on se rapproche de la maison. Je sens mon sang qui se fige peu à peu, et les battements de cœur se font grandissants, la peur m'envahit, et si ce n'était pas une mauvaise blague ? Et si papa, maman, Eric, David, James, Nathan et Alice étaient vraiment...?

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