Petit ami et Compagnie - Partie 2 (Terminée)

Chapitre 5

Vendredi soir, étant donné que Maxime ne passe pas à la maison et que nous sommes le 30 décembre, je décide de faire la chimiste et m'enferme dans ma salle de bains.

Tout en soupirant à cause de la taille trop grande des gants, je relis pour la énième fois la notice d'utilisation de ma décoloration puis vérifie l'allure de mes cheveux dans la glace. Nous sommes la veille du Nouvel An et j'ai bien l'intention de briller pour celui-ci !

Bon, c'est vrai que c'est essentiellement sur un coup de tête que j'ai décidé de me faire blonde, enfin plutôt châtain clair. Comme je déteste aller chez le coiffeur depuis que l'on m'a coupé le double que ce que j'avais demandé et que je sais qu'obtenir un rendez-vous avant la date fatidique sera impossible vu la période, je me suis dit que j'allais faire ma couleur moi-même. Beaucoup de mes collègues et amies l'ont déjà fait alors je me suis dit, pourquoi pas moi ?

Il suffit juste de suivre les indications notées sur la boite, c'est bien plus facile qu'une coupe.

Facile ouais... Malheureusement, à peine dix minutes plus tard, l'inquiétude commence à me gagner car mes racines virent bizarrement. Je me souviens que ma mère m'a dit un jour de ne pas me fier à la couleur du « pendant » car elle était rarement représentative du final. Seulement c'est plutôt difficile de ne pas stresser à cause du jaune qui a fait son apparition sur notre crâne.

— Allez ma vieille, m'encouragé-je en regardant l'heure sur mon portable, encore quelques minutes de pause et tu seras magnifique !

Pourtant vingt minutes plus tard, ce n'est pas un sourire charmeur que j'offre à mon miroir, bien au contraire. Le visage crispé, j'attrape une touffe de cheveux et mes yeux s'écarquillent.

Oh Seigneur, je suis de garde demain soir ! Je vais effrayer tout le monde dans le service, c'est une catastrophe, après Annabelle la femme au pantalon trop petit, voilà Annabelle la punk ratée !

— C'est pas possible, c'est pas possible. Réveille-toi, c'est qu'un cauchemar, réveille-toi.

Mais il s'agit bien de la vérité. Mes cheveux sont à moitié jaune poussin et orange poil de carotte et mes boucles font la gueule. C'est une horreur capillaire, à deux cents pour cent !

Je me couvre la bouche avec ma main et mon inspiration fait ventouse avec ma peau. Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'une musique démarre dans ma tête. Il s'agit d'Entry of The Gladiators, le morceau que l'on attribue aux clowns dans les cirques. En ce moment, j'ai la tête parfaite pour les accompagner. Je ferais rire beaucoup de gens je pense, sans oublier que j'ai la maladresse requise pour ce boulot aussi.

En y pensant bien, j'aurais peut-être mieux fait de m'orienter vers cette branche, j'ai frôlé la perfection professionnelle !

Je sors de ma salle de bains et traverse mon couloir en courant. Je dérape à l'entrée de ma chambre pour aller chercher un bonnet mais je réalise rapidement que même en couvrant ma tête, le désastre reste bien présent. Il est donc inimaginable que je me rende dans un magasin pour m'acheter une nouvelle coloration pour tenter de rattraper les dégâts.

Tout en essayant de rester calme malgré la situation, j'attrape mon téléphone et compose le numéro de Maxime. Cependant le souvenir de la soirée en amoureux au restaurant qu'il a prévue pour fêter l'anniversaire d'Alice me revient en tête et je raccroche aussitôt. Je ne peux pas les déranger les pauvres.

Je sais déjà que si j'appelle Irina, Madison ou Zoey pour leur demander de l'aide, elles ne pourront pas s'empêcher d'en parler à l'ensemble du service et je pourrais dire adieu à mon image valorisante.