3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 7

Sinon... Il ne m'embrasserait pas dès qu'une opportunité se présenterait à sa porte. Il ne serait pas inquiet pour moi, pour ma santé. Il ne serait pas jaloux. Il ne serait pas... Dimitri. Et il ne pleurerait pas en me brisant le cœur. Pourtant... Quand j'ai dit ces mots, censé nous rapprocher à tout jamais... ils nous ont éloignés, plus vite que n'importe quel bateau m'emmenant loin du port. Il m'a dit me protéger, il m'a dit vouloir le mieux pour moi. Mais ne se protège-t-il pas lui-même en gardant ses sentiments pour lui ?

Non, vraiment... Son explication ne tient pas debout. Et... il va falloir qu'il me fournisse plus d'informations, une raison suffisante pour que je lui tourne définitivement le dos. Parce que même s'il me fait souffrir en me repoussant, il n'a pas été clair sur une chose : ses sentiments. Tant qu'il ne m'aurait pas hurlé un « non » retentissant, je continuerais à croire qu'il y a de l'espoir pour nous deux. Car... je crois en nous, parce que nous sommes des âmes sœurs, parce que nous avons un lien.

Et surtout, parce que je l'ai senti déchiré. Je l'ai vu. Derrière la colère et la fureur traînant de la tristesse et de la culpabilité. Savoir pourquoi il se tourmente ainsi est la première chose que je compte bien découvrir. Seulement, il va falloir laisser passer quelque temps. Actuellement, je ne pense pas pouvoir lui parler sans risquer de lui en coller une ou de pleurer tout mon soûl, écourtant alors rapidement la conversation.

Mon étalon ronfle brusquement, attirant mon attention, et je me tourne vers lui, tout en scrutant les alentours. Il me faut un moment pour comprendre l'agitation du cheval, ou, du moins, apercevoir la raison de son énervement. Trouver Dérius dans un désert blanc revient à jouer à « où est Charlie » en pleine ville. L'immense loup, reconnaissable à sa fourrure immaculée, descend une fine crête en soulevant la poudreuse et vient nous rejoindre au petit trot.

Ce n'est pas la première fois que je le découvre sous sa forme à quatre pattes, étant donné qu'il nous accompagne souvent lors des patrouilles, mais je m'émerveille toujours devant pareille créature. Un loup-garou est forcément impressionnant à regarder, et Dérius ne fait pas exception. Le prédateur s'avance vers nous, véritable fantôme dans ce décor pâle, et sort la langue à son approche, sa façon à lui de montrer patte blanche.

Ça ne suffit jamais pour Duman. Comme à chaque fois qu'un loup s'approche d'un peu trop près, l'étalon relève la tête et abaisse ses oreilles en arrière, signe évident de contrariété. Sa queue fouette l'air et il vient même lever un antérieur. Le message est clair et n'a pas besoin de mots. Avance et meurs. Le caractère impétueux des mâles est décidément le même, toute race et espèce confondue. Dérius, ne voulant pas fâcher davantage Duman, s'arrête à mi-chemin et reste à une distance prudente, observant le cheval en s'asseyant sur son arrière-train. Tu ne me fais pas peur, semble-t-il lui dire.

Je les laisse à leur joute visuelle, me contentant d'admirer l'animal sauvage. La pâleur de sa chevelure, sous sa forme loup, se révèle en une fourrure duveteuse et splendide, qui rendrait dingue n'importe quel chasseur de trophée. Bonne chance à celui qui tentera de mettre la main sur Dérius. En plus d'être fils d'un alpha puissant, et par ricochet, amateur de différents styles de combat, il est aussi un hybride. La première fois que je l'ai découvert sous cette forme, j'avoue en mon for intérieur avoir été déçu de ne voir en lui qu'un simple loup-garou. Je pensais que la nature l'avait doté d'attributs visuels stupéfiants. Et c'est le cas.

Durant nos longues chevauchées, il a ainsi pu m'expliquer avoir trois formes bien distinctes. La première, la plus flagrante, est sa forme de bipède. Là, il a tout d'un humain, si ce n'est que des canines de vampires peuvent lui pousser et que sa force est bien supérieure à n'importe quel loup. Sa deuxième forme, celle d'un loup-garou, a, elle aussi, une particularité. Là où tous ne revêtent que crocs et fourrure, lui perd la place face à un loup. Un vrai.