Petit ami et Compagnie - Partie 2 (Terminée)

Chapitre 1 partie 3 : Le sauveur du soir

Bien vite, les gens autour de moi commencent à taper dans les mains en criant mon prénom. Mes amies, quant à elles, n'en démordent pas et me poussent toujours en direction du comptoir.

— Les filles, arrêtez !

Mes semelles glissent sur le sol tandis que le jeune interne, descendu du bar pour laisser place à un nouveau candidat, me pousse comme un simple carton de livraison. Je regarde autour de moi et remarque que mes collègues, qui m'ont relâchée, tapent dans les mains. Maintenant, on dirait ces gens qui encouragent les bagarres dans les rues sombres.

Je regarde trop de films, je sais.

— Et maintenant, voici Matthew Allen, du service de cardiologie !

A l'entente de cette annonce, mon corps se fige. Est-ce que cela veut dire que le service de cardiologie est là aussi ?

Évidemment, bécasse, c'est tout l'hôpital qui fait la bringue ! réplique la petite voix dans ma tête, plus que blasée.

Parce que je suis désormais angoissée à l'idée que Jales soit là et que je résiste moins contre David, ce dernier en profite pour me soulever et le temps que je réalise que mes pieds ont quitté le sol, je suis déjà à quatre pattes sur le bar.

— Annabelle ! Annabelle ! Annabelle !

Les gens font tellement de bruit que l'on n'entend presque plus la musique. Pourtant, cette dernière est forte, mais les « devil inside » de Michael Hutchence ressemblent plus à des murmures désormais.

D'une main, j'essaie de me cacher le visage, car cette subite célébrité ne me met pas particulièrement à l'aise, et de l'autre, je pousse David et Matthew, toujours là, pour faire un tour des lieux afin de voir par où je pourrais redescendre sans me tordre la cheville, parce qu'il est évident que je ne compte pas rester sur ce bar.

— Et voici ma boisson spéciale anniversaire !

C'est Arthus qui, un verre à la main et le micro dans l'autre, me tend sa potion. Gênée à l'idée de blesser mon collègue, j'accepte la boisson et j'entends aussitôt des « cul sec ! » en chœur.

— Allez Anna, lâche-toi ! hurle Irina.

Mes yeux se posent bien vite sur cette dernière. Après m'avoir offert un clin d'œil, mon amie abandonne le bar pour s'élancer parmi la foule.

Puis parce que les gens continuent de crier mon prénom et que je me sens un peu prise au piège, je regarde ma boisson. Il n'y a pas grand-chose, aussi, je décide de m'enfiler le fond du verre d'une traite. Autant dire que je le regrette aussitôt.

C'est vraiment la chose la plus immonde que j'ai jamais bu de toute ma vie ! Ça me brûle les lèvres, la langue, la gorge et même la poitrine. C'était quoi ce truc ?

Ma tête tourne rapidement. Mais même si je commence à me sentir étrange, cela ne m'empêche pas de remarquer qu'Irina vient de s'arrêter devant notre anesthésiste coréen, Thomas. Ma collègue lui dit quelque chose que même lui ne semble pas comprendre, puis se jette sur ses lèvres.

Est-ce que ça se passe pour de vrai ou est-ce une illusion due à l'alcool que je viens d'avaler ?

Zoey, qui m'a rejoint sur le comptoir sans même que je ne m'en rende compte, éclate de rire tandis que le pauvre Thomas remue les bras, piégé par l'étreinte de notre amie. J'en conclus alors que tout ceci est vrai. A moins que même l'intervention de la blonde soit un délire de mon cerveau. En tout cas, son rire me donne mal à la tête.

Les doigts du nouveau strip-teaseur du bar, à qui je bloque le passage, me font comprendre qu'il est temps pour moi de bouger.

Pas très à l'aise sur mes pieds, je me décale. J'ai l'impression que tout tourne autour de moi. Tellement que je suis vite obligée de m'agenouiller. Avec la foule noire de personnes autour du bar, je ne vois pas le sol. A moins que ce soit encore un effet de la potion que j'ai avalée cul sec. Quoi qu'il en soit, je décide de poser mes fesses sur le bar. Assise ainsi, je me sens un peu plus stable.