Chapitre 8

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Le lendemain matin, c'est les bras croisés sur ma poitrine que j'attends l'arrivée de Terrence devant l'hôpital.

Je suis fatiguée de ma sortie en discothèque. Je suis fatiguée de ma nuit en solitaire et je sens une marmelade d'émotions tourbillonner à l'intérieur de mon corps, tellement que j'ai l'impression que je vais exploser d'une minute à l'autre.

Lorsque j'aperçois le neurochirurgien, je fonce vers lui.

J'ai en partie retrouvé mes esprits, je me suis motivée et avec une bonne dose de courage, je lui attrape le bras pour dévier sa trajectoire. Il semblerait qu'il ne m'avait pas vue puisque la surprise recouvre désormais son visage. Je l'attire vers le côté droit de l'entrée puis regarde autour de moi pour vérifier que nous ne soyons pas épiés.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je sur un ton plus dur que je ne l'aurais souhaité.

— Bonjour à toi aussi, ravi de te revoir Annabelle ! réplique ce dernier d'un ton ironique.

— Tu te fous de moi ? m'emporté-je. Ravi de me revoir... Comme si j'étais celle qui était partie du jour au lendemain !

Terrence est déstabilisé à cause de mon comportement. Il faut dire que celle qu'il connaissait ne s'énervait que rarement. Mais j'ai changé. Tout d'abord car des années sont passées et deuxièmement car Jales fait naître une nouvelle moi depuis quelque temps.

— Pourquoi es-tu ici ? Pourquoi es-tu dans mon hôpital ?

Contrairement à la veille, je n'ai pas peur d'affronter ses yeux clairs et même ses longs cils blonds ne parviennent pas à dompter ma colère. Enfin... presque !

Terrence passe une main dans ses cheveux et mes sourcils autrefois froncés, se détendent. Je réalise soudainement que je me suis un peu emportée et que je passe littéralement mes nerfs sur lui.

Déjà adolescent, il était ainsi, à me laisser reporter les torts sur lui. Déjà adolescent, il savait comment se comporter avec moi. Déjà adolescent, il était la sagesse incarnée.

— Suite à une affaire judiciaire et faute de moyens financiers, le chef de mon service a démissionné. Beaucoup ont suivi son exemple et mon pôle a fermé. J'ai aussitôt postulé partout dans le coin, et c'est l'hôpital d'Ottawa qui a répondu le plus rapidement. Apparemment, ils avaient besoin de personnel.

Il me regarde avec attention et je fronce les sourcils.

— J'avais prévu de récupérer la maison de mes parents, mais j'ai entendu dire qu'elle avait été louée à deux reprises et qu'elle était actuellement occupée.

Je réfléchis à ce qu'il dit et me gratte la tête. La journée n'est même pas encore commencée que j'ai déjà mal au crâne ! Je soupire avant de fermer les yeux pour me les frotter.

— Pourquoi l'Ontario ! insisté-je en prenant enfin un ton convenable.

Je sais que j'ai plus ou moins déjà posé la question, mais c'est plus fort que moi.

— Comme je t'ai dit, j'ai postulé pour l'Ontario, le Maine, Le Vermont, le Québec... Et c'est ici qu'on m'a répondu le plus vite. Mais c'est vrai que retrouver la ville de mon enfance ne me déplaît pas. Je me rends compte que le coin et ses habitants me manquaient.

C'est vrai que Waheatown et ses environs ont un charme fou. Un charme que l'on ne peut que souhaiter revoir un jour.

— L'autre raison pour laquelle j'ai sauté sur l'offre de ton hôpital, c'est que je voulais m'éloigner de Montréal depuis que mon père est décédé.

Petit ami et Compagnie - Partie 2 (Terminée)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora