Chapitre 12 partie 4

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Une heure plus tard, tout en faisant les cent pas, je passe une main dans mes cheveux et remue cette dernière pour défaire mes doigts emprisonnés dans mes nœuds. Je donne ensuite un énième coup d'œil vers le couloir où Jales s'est dirigé il y a désormais une éternité. Personne n'est venu me donner de nouvelles après son départ et je ravale ma salive difficilement en réprimant un tremblement. Il semblait si perturbé que je suis hantée par le souvenir de son visage. Et ne pas savoir ce qu'il se passe me plonge dans un état de stress extrême. J'ai l'impression que tous les problèmes du monde nous tombent dessus ces derniers temps.

Peut-être n'est-ce pas qu'une impression d'ailleurs !

Fatiguée de tourner en rond, je finis par m'asseoir sur une chaise et fixe les carreaux du sol. Le silence qui m'accueille est désagréable. Il me tue petit à petit.

De longues minutes passent durant lesquelles je sens que le sommeil m'attrape mais lorsque j'entends une porte s'ouvrir, je me redresse aussitôt sur le qui-vive. Ma demi-somnolence prend la poudre d'escampette. J'aperçois le collègue de Jales, celui qui avait assisté l'opération de mon père et mes yeux cherchent désespérément mon petit ami.

Quand ce dernier arrive d'un pas essoufflé et que j'aperçois son visage abattu, mon cœur se brise. Je souhaite aller à sa rencontre mais mes pieds ne m'obéissent pas. Mes doigts le survolent lorsqu'il passe à mes côtés pour se laisser tomber lourdement sur une chaise.

Le regard vide, Jales semble à des lieux d'ici. Il se prend la tête entre les mains et mon front se plisse douloureusement. Je prends place à ses côtés mais reste silencieuse. Je le survole une nouvelle fois sans le toucher.

C'est la première fois qu'il semble plongé dans un autre monde, emporté par ses démons.

— Jales ? soufflé-je doucement en me penchant pour voir son visage.

Il relève la tête et en voyant ses yeux rougis, je sens une boule se former dans ma gorge. Mon cerveau fonctionne au ralenti. Le voir dans cet état me bouleverse.  Car je comprends qu'il a pleuré. Oui, Jales a pleuré et ce constat fait aussitôt saigner mon cœur.

— Jales, répété-je, inquiète.

Sa mâchoire se crispe. Je l'attire à moi doucement. Il pose sa tête sur mon épaule et je l'entoure de mes bras. De la main, je caresse ses cheveux et ses doigts attrapent fermement mon pull. Je me mords les lèvres en regardant le fond du couloir, je ne le verrai plus jamais de la même manière.

— J'ai su que je voulais être chirurgien cardiologue à douze ans, souffle-t-il au bout de quelques minutes de long silence.

Je tourne la tête pour le regarder mais je ne perçois que ses cheveux.

— J'ai vu cet homme secourir ma camarade de classe lors d'une sortie scolaire. Elle s'était effondrée par terre et il a agi si rapidement et avec tant de professionnalisme que j'ai été bluffé.

Sa voix est si lointaine et brisée que je ne sais pas quoi dire.

— Il était cardiologue, et en seulement quelques minutes, il est devenu mon modèle. Un jour plus tard à peine, j'annonçais à mes parents que je voulais sauver des vies. J'allais souvent chez lui et il me parlait de ses patients avec tellement de passion que je me disais que j'avais découvert le plus beau métier. Alaric était mon exemple, comme un deuxième père pour moi. Durant toute ma formation, j'ai toujours été parmi les premiers et il n'a jamais cessé de m'encourager. Je voulais devenir un bon chirurgien, comme lui, lâche-t-il toute la peine du monde résidant dans sa voix.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? l'interrogé-je, sentant qu'il a besoin de se confier.

— Alaric a été transféré ici car il avait demandé à ce que ce soit moi qui le prenne en charge. Il était cardiologue et malade du cœur, c'est ironique n'est-ce pas ? Au final, je l'ai perdu. Mort subite cardiaque, crache-t-il amèrement.

Petit ami et Compagnie - Partie 2 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant