Petit ami et Compagnie - Partie 2 (Terminée)

Chapitre 23 partie 2

Je regarde le serveur qui semble avoir du mal à comprendre ce qui est à séparer parmi ma commande et mon discours pour mon beau-père. Je lui lance un petit sourire en espérant que cela passe mieux ainsi. Je grimace ensuite puis regarde Jales qui ne semble plus vraiment savoir quoi faire pour m'éviter ce qui, de toute manière, est en train de m'arriver : la ridiculisation et je baisse la tête, honteuse.

Seulement alors que je m'attendais à entendre les mouches voler, bien que je me doute qu'il n'y en a pas dans un tel restaurant, un rire me fait relever la tête. Rachel, une serviette devant la bouche, tente de retenir ses éclats de rire.

— Oh Annabelle, vous êtes d'une fraîcheur ! s'exclame-t-elle, attirant quelques regards à notre table, pourtant mise à l'écart par la lumière tamisée.

Je pars dans un rire nerveux, incapable de contrôler le mouvement de mes épaules qui tressautent infernalement. Richard quant à lui, donne un coup d'œil à son fils, se demandant sûrement si une folie infectieuse ne touchant que les femmes ne s'est pas abattue sur notre table. Même le serveur ne semble pas savoir comment réagir. Alors Jales prend la parole :

— Tagliolini à la truffe blanche, aiguillette de homard au vin de Jura et...

— Nous avons déjà choisi le dessert, le coupe son père.

Ce dernier énonce à son tour sa commande et je m'empresse de dire que je prendrai comme Jales. Ouf, au moins un point sur lequel je suis sauvée !

— Les menus ne sont pas un peu étranges ? demandé-je à ce dernier alors que je pense que ses parents sont trop occupés à choisir quelle bouteille de vin ils souhaitent pour m'entendre.

— C'est de la gastronomie française, m'informe Rachel, me faisant sursauter au passage.

Elle sourit à son fils avant de tendre la main vers moi.

— Bien, je vais me repoudrer le nez. Accepteriez-vous de m'accompagner Annabelle ?

Je me fige et la main de Jales descend dans mon dos pour m'encourager à me lever alors que Rachel a déjà quitté sa chaise.

Je me lève à mon tour, chancelante à cause des émotions et de mes talons puis prends le chemin que madame Holfender a pris deux secondes plus tôt. J'ai l'impression d'être la nuisance incarnée en passant parmi les clients du restaurant. J'arrive devant le comptoir d'accueil et tourne sur ma gauche. Aussitôt, je donne des coups d'œils partout.

Oh non, il ne manquait plus que ça ! Où est-elle passée ? Voilà maintenant que je me perds, incapable de trouver de fichues toilettes.

Je tourne sur moi-même, sentant mon angoisse gravir un nouvel échelon dans mon cerveau et me tords légèrement la cheville. J'étouffe un « aïe » avant de passer une main dans mes cheveux pour rattraper le coup en voyant que des clients me regardent. Je leur souris le plus gracieusement possible puis me mords les lèvres en donnant un nouveau coup d'œil autour de moi.

Autant dire que je me sens vraiment honteuse lorsque Rachel pousse une porte et remue la main pour que je la localise. Alors que j'avance vers elle, priant pour ne pas me tordre une nouvelle fois la cheville, j'aperçois le panneau au-dessus de la porte indiquant les toilettes pour femmes.

Comment ai-je fait pour ne le voir ? Je l'ignore !

— Est-ce que tout va bien Annabelle ? demande-t-elle une fois que je suis à sa hauteur.

Elle est si grande que même avec mes talons jaunes, je ne lui arrive qu'au menton. Son chignon tiré lui donne un petit air de femme d'affaires et je déglutis en réalisant qu'elle me regarde toujours, attendant ma réponse. Je fais un signe affirmatif de la tête et Rachel me sourit, dévoilant une dentition parfaite. Son rouge à lèvre coquelicot lui donne un petit air strict qui s'allie à la perfection avec ses yeux chocolats. Ai-je déjà dit qu'elle a les mêmes que Jales ? Enfin, que Jales a les mêmes qu'elle plutôt...