Je serre la mâchoire. Je sais bien que j'ai dit à Alexie que Cassandra voulait qu'on devienne un vrai couple et que c'est pour ça que j'ai voulu arrêter de la voir. Mais c'était un prétexte pour ne pas lui dire la vérité.

Le truc, c'est que, depuis la nuit de Noël, j'arrive pas à penser à autre chose, qu'à elle. C'était peut-être même déjà le cas avant. J'arrive pas à penser à autre chose, je ne sais pas pourquoi. Même quand Cassandra était là, plus belle que jamais, en train de me parler... Je ne pouvais pas m'empêcher de la regarder. Quand elle parlait avec Yassine ou avec Léo, je pensais à elle et je la regardais.

Je ne peux pas m'empêcher de la regarder depuis qu'on s'est rencontrés, en fait. Elle me trouble. Et savoir tant de choses sur son histoire m'intrigue encore plus.

Mais je ne peux pas avouer ça à Yassine. Je suis déjà quasiment incapable d'avouer ça à moi-même. J'ai juste une constante envie d'être là pour elle, de prendre soin d'elle, de la protéger... Et c'est pareil pour Samia ou Olivia, parce qu'elles sont mes amies. Mais avec Alexie, il y a autre chose.

— C'est bon, déclare-t-elle en passant sa tête dans l'embrasure de la porte.

Je souris et jette un coup d'oeil vers Yassine, l'air inquiet avant qu'on ne s'en aille pour la clinique.

***

Je pousse sur la porte en verre et laisse Alexie passer devant moi.

Nous nous approchons du bureau derrière lequel est installée une secrétaire différente de la dernière fois. Elle a les cheveux blonds platines avec des racines qui tirent vers le gris et des lunettes qui lui glissent sur le nez.

— Bonjour, j'ai rendez-vous avec le docteur Vedel, déclare-t-elle.

La femme lève les yeux vers elle puis vers son ordinateur.

— Pour une IVG* ? (*Interruption Volontaire de Grossesse)

Alexie hoche la tête et tente de sourire, sans grande réponse de la part de la dame en face de nous. Stressée, elle se tripote les doigts et respire bruyamment.

— Et vous êtes le père ? demande-t-elle en me regardant.

— C'est ça, affirmé-je.

Elle lève les yeux au ciel et se met à chercher dans ses dossiers.

— Encore des jeunes qui ne savent ni se protéger, ni acheter de pilule et qui viennent avorter tous les week-ends, marmonne-t-elle dans sa barbe.

Alexie fronce les sourcils alors que, moi, je sens les battements de mon coeur s'accélérer et la colère flamber.

— Pardon ? dit Alexie.

Je vois ses petits poings se serrer et sa mâchoire se tendre. Elle prend une profonde inspiration pour tenter de se calmer mais le rouge lui monte aux joues, tout comme son agacement.

Elle se met à respirer de plus en plus rapidement et ses mains deviennent blanches tellement elle les sert.

La secrétaire aux cheveux mal colorés hausse un sourcil et soupire.

— Si vous appreniez à utiliser des contraceptions, vous n'auriez pas besoin de venir ici, réplique-t-elle.

La respiration d'Alexie se fait de plus en plus courte. Son calme s'évapore en quelques instants. Son poing frappe le rebord du bureau bien plus fort que je n'aurais pu le soupçonner.

— Fermez-la, murmure-t-elle en fermant les yeux, comme pour contenir sa colère.

Pas vraiment impressionnée, la dame hausse à nouveau les sourcils. La lèvre inférieur d'Alexie tremble et ses mains suivent. Elle en pose une sur son ventre et prend une profonde inspiration en tentant de se calmer.

loving can hurt | tome unOù les histoires vivent. Découvrez maintenant