4.La cuisine

Depuis le début
                                    

- Pourquoi se souci-t-il de ce que je mange ? insista Hermione, toujours dubitative de la sollicitude du « maitre » de la maison.
- Mon Maitre traite bien ses esclaves, il est le meilleur Maitre au monde !
- Alors, dis-moi ce qui est arrivé à l'esclave qui me précédait..., demanda la lionne, toujours aussi curieuse à ce sujet.

Le visage déjà peu gracieux de l'elfe se ferma aussitôt, mais Hermione ne comptait pas lâcher aussi rapidement cette-fois.

- Allez Saku... Je ne dirai rien à personne, je te le promets !

Saku sembla réfléchir et murmura tout doucement, au point qu'Hermione se pencha vers elle et tendit l'oreille.

- L'ancienne esclave était tombée amoureuse du Maitre, mais ce n'était rien qu'une esclave, elle espérait beaucoup trop... Quand la maitresse l'a su, elle l'a puni...
- Comment l'a-t-elle punie ?
- Saku ne dira rien de plus à ce sujet ! On a dit à Saku que c'était de l'histoire ancienne et qu'il fallait l'oublier, alors Saku l'a oublié ! tonna l'elfe d'une voix forte en se redressant.

Hermione n'insista pas, de toute façon à quoi bon savoir comment on avait puni l'esclave, ça ne ferait que l'effrayer davantage.

Manquerais-tu d'empathie Hermione ? Toi qui militais pour la liberté des elfes de maison, tu ne veux même pas compatir au sort réservé à celle que tu remplaces ? raille la Peur.

Non, elle ne compatissait plus, sa générosité et son souci de l'autre avaient disparu, englouti par la Cage. Désormais, Hermione ne vivait que dans la peur, constante, nauséeuse, pernicieuse. Quand elle était à Poudlard et même pendant la guerre et ses années de captivité en prison, elle avait toujours su garder son courage et sa hardiesse, et de ça elle en avait été fière. Puis un jour, alors qu'elle avait enfin réussi à s'échapper de la prison dans laquelle elle croupissait, dans une cellule sale et puante, collée aux autres détenus, torturée et tabassée, elle s'était faite prendre par cet élevage, bien qu'elle ne savait pas encore que s'en était un à l'époque de sa capture.

Et là, le véritable cauchemar avait commencé. Point de Doloris, de coups de fouet, de brûlures, de cellules surpeuplées... Non, c'était bien pire, au point qu'elle avait regretté ses anciens sévices. Là elle était seule, dans une petite Cage de trois ou quatre mètres, sans lumière, sans pouvoir se lever, sans aucun bruit et sans savoir si un jour elle allait en sortir. Oui, c'était bien ça le pire, être incapable de dire si un jour ou l'autre elle sortirait vivante de la Cage, même la mort lui semblait plus douce que cette putain de Cage.

Alors oui, maintenant Hermione connaissait la peur, la vraie, celle qui est viscérale et encrée dans l'âme. Non pas la peur de mourir, mais celle de retourner un jour dans la Cage, sans même avoir le temps de se suicider avant. La Gryffondor n'avait pas honte de le dire, oui, aujourd'hui, elle ne pensait qu'à sa propre survie. S'inquiéter pour autrui était un luxe qu'elle ne pouvait plus se permettre à présent. Il fallait absolument qu'elle sorte de ce manoir, qu'elle vole une baguette et peut-être qu'après, elle pourrait redevenir un peu la Hermione qu'elle avait toujours été, téméraire et charitable.

Epuisée psychologiquement d'avoir encore tenu le rôle du meuble toute la journée et éreintée physiquement d'avoir dû travailler dans ces immondes chaussures qui meurtrissaient ses pieds, Hermione se laissa tomber sur son matelas poussiéreux et s'endormit aussitôt d'un sommeil sans rêves.

Une nouvelle journée qui commence, l'elfe qui tape à la porte pour la réveiller, elle qui se lave transie de froid, qui se coiffe, qui s'habille, qui retire les journaux roulés en boule dans ses chaussures dans le but de les agrandir, qui les enfile et qui descend, la mine basse. Un salut bref pour Saku, quelques directives rapidement échangées et Hemione qui gravit les escaliers en direction de la chambre de ce salopard de « maitre ». Sans même réfléchir et par habitude, la jeune femme pénétra dans la chambre sans frapper, prête à extraire du lit ce pénible Serpantard, quand ce qu'elle vit la figea. La richissime conne, à quatre pattes, complètement nue, le visage enfoncé dans l'oreiller en train de gémir, et lui, derrière elle, son caleçon sur les chevilles, lui maintenant le dos d'une main tandis que de l'autre il agrippe ses fesses. Le souffle de l'homme est régulier, malgré ses va et vient rapides et ses cheveux décoiffés qui lui tombent devant les yeux.

Entre ces murs [Histoire ancienne - Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant