- Mr James Windsor, êtes-vous d'accord avec l'accusation de Mr Jantory ? questionna le directeur, suivant le protocole.
- Ouais...
- Donc, vous assumez avoir dévissé ledit lustre quand Mr Jantory passait en dessous dans le but de le tuer...
- « Non, Dobby ne voulait pas tuer ! Blesser très gravement, mutiler... Mais pas tuer ! », fit James avec une petite voix couinante et dans une parfaite imitation de l'elfe préféré de Harry Potter. Il ricana à nouveau, mais un peu plus fort, cette fois, déclenchant soupirs et grognements parmi l'assemblée. Le quatrième prince savait bien ce qu'ils pensaient tous : « Encore à faire ses enfantillages ; il nous prend vraiment pour des cons, celui-là ». Mais, une fois de plus, rien à faire. Et, même, pour être franc, il les prenait pour des cons...
- James, sérieusement... soupira le directeur en rajustant ses lunettes, l'air agacé.
Un oxymore, bravo.
Il avait appris ce terme en cours de littérature pendant l'une des seules fois où il avait daigné écouter l'un de ses professeurs. Ainsi, cette figure de style consistait à placer deux mots de significations opposées côte-à-côte. Et apparemment, tout le monde savait ça... C'était ce qu'ils appelaient tous « la culture » ... Mais ce qu'ils n'avaient pas l'air de savoir, dans cette salle, étaient que les mots « James, sérieusement », auraient pu gagner le prix du meilleur oxymore de tous les temps... Pourtant, James pensait qu'ils auraient fini par comprendre...
- Quoi, c'est la vérité ! se défendit-il, prenant un air détaché et un petit sourire. J'ai jamais voulu le tuer, je suis pas un psychopathe, non plus ! Il est juste passé au mauvais endroit, au mauvais moment – c'est-à-dire quand je dévissais le lustre – et c'est pas ma faute ! En plus, je tiens à dire que les lustres ne sont pas aux normes : en principe, ils ne devraient pas se dévisser aussi facilement quand on essaie... de les dévisser... Après, j'dis ça, j'dis rien...
Une fois de plus, aucun rire ; le directeur soupira à nouveau.
Hé, oh ! C'était de l'humour ! De l'humour ! Il était maintenant presque aussi agacé que tous les autres dans la pièce. Pourquoi donc personne n'avait noté le ton ironique et narquois de sa phrase, s'il vous plait ? Ce n'était pourtant pas dur à comprendre ! Deux de tension, sérieusement... Sauf que la tension de la salle, elle, était beaucoup plus élevée, presque palpable...
- James, tu n'as pas l'air de bien comprendre... commença patiemment le directeur.
- Si, j'ai parfaitement compris. Vous allez me virer. J'ai raison ? coupa-t-il sèchement. Il ne plaisantait pas cette fois. De toute façon, personne ne voulait rire à ses blagues, donc il n'allait pas faire d'effort à en trouver d'autres et encore moins à rester une minute de plus dans cette maudite salle de ce collège de nuls. Et surtout : il ne supporterait pas qu'on lui fasse la morale, c'était fini, ça...
- James, nous n'avons pas encore donné notre verdict, répliqua pour la première fois le directeur-adjoint. Apparemment, le véritable directeur était trop exaspéré par le prince pour répondre.
- Oh, bien sûr, mais c'est ce qu'il va se passer, hein. Vous êtes pas obligés de faire genre, de toute façon, je m'en tape complètement d'être viré de cette stupide école... Surtout que les lustres sont même pas aux normes...
Non, on avait dit plus de blague ! Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Ah... C'était trop tentant... Et l'habitude de lancer ce que tout le monde appelait des « punchlines »...
Son père lui lança à nouveau un regard perçant. C'est vrai qu'à lui, cela lui importait que James reste dans cette école ou non... Et qu'il se tienne bien ou non, aussi, pour le prestige et l'honneur de la famille royale.
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Yeux verts, yeux de vipère
Mystery / Thriller"Yeux verts, yeux de vipère". Un proverbe, certes, peut-être une vérité... La vérité, c'est ce que recherche James Windsor, quinze ans, quatrième prince d'Angleterre, cheveux bruns, yeux émeraude, depuis cet incident... Celui-là même qui a fait de l...
Chapitre 1 : Le Renvoi du prince
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