Prologue

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Le soir, à la tombée de la nuit, car il est bien connu que toutes les affaires importantes et mystérieuses se passent la nuit, deux hommes se rencontraient. Chacun tenait une petite valise noire, ils attendaient. Lair épais et lourd, les entourait dans un étau froid et glacial et une légère bruine trempaient leur pardessus. Si un passant non averti était passé par cette petite rue calme, il aurait certainement été surpris par le duo atypique que formait ces deux hommes. Lun était grand et mince, il semblait prêt à s'envoler et surplombait la rue de toute sa hauteur filandreuse. L'autre était petit et rond. Il semblait nerveux et sursautait au moindre son, mal à l'aise. Pourtant il semblait quun lien fatidique les reliait, immuable. Finalement, un des hommes se décida à briser le silence.

« Jai tué. »

La voix du petit homme à l'embonpoint se brisa sur le dernier mot. Lhomme en noir resta silencieux, immobile. Le silence de la nuit seulement brisée par des sanglots irréguliers. Finalement, le géant savança timidement et, saisissant le petit homme de la main gauche, il lenlaça, le front de son ami reposant sur son torse.

« Archibald, je suis désolé. murmura lhomme en noir. »

Seul un vague grognement rempli de larmes salées, de morves et de terreur lui répondit. Lhomme en noir ferma les yeux, les paupières si fermement plissé que sa peau se tira formant de petites rides sur son front. Comme si fermer les yeux sur ce quils avaient dû faire, sur ce quils faisaient changerait quoique soit. Lhomme en noir en aurait presque ri si son ami ne seffondrait pas ainsi. Çaurait dû être lui. Lui qui aurait dû enfoncer la lame froide et glaciale, lui qui aurait dû appuyer sur la gâchette, lui qui aurait dû silencieusement sintroduire chez eux et étouffer en silence les enfants dans leur sommeil.

Mais elle savait mieux que personne comment leur faire du mal. Et le seul moyen de détruire Archibald était de le forcer à tuer, et lui ne pouvait que regarder, impuissant, son ami perdre espoir.

Lhomme en noir leva la tête vers le ciel, et une des étoiles brilla plus fort, un instant, et disparut aussi vite dans la noirceur de la nuit. Archibald sétait détourné. Quand il refit face, son visage ne portait plus aucune trace de ses pleurs et affichait un sourire radieux.

« Je crois que nous avons perdu, mais nous avons perdu ensemble. »

Les deux hommes cessèrent de parler, laissant un lourd silence les envelopper. Une troisième silhouette se décrocha dans la faible lumière des réverbères.

« Archi ! Apo ! »

Un troisième homme les rejoignit, vêtu dun vieux costume négligé. Il sourit et dun geste fraternel, accola ses deux amis. Le trio était finalement réuni. Une dernière fois. Une amitié forte et profonde fois les liait, et peu importe la distance, elle resterai immuable.

En retard comme dhabitude ? »

Ari, sourit paresseusement et saccroupit contre le mur, Archibald sassit sur un banc humide et Apollinaire, resta debout, dos au lampadaire. Ils attendaient.

Une petite fille apparut bientôt à lhorizon, vêtue dune robe dune ancienne époque, en dentelle noire et rouge et de jupons blanc bouffants, elle courrait. Quand elle arriva à hauteur des trois hommes, elle tenta de reprendre son souffle affolé. Elle leva la tête au bout de quelques secondes, le message était clair, elle arrivait et il ny avait pas beaucoup de temps. Ari inspira une seconde, se concentra et quelques instants plus tard sortit de sa valise un petit pendentif. La petite fille sen saisit tandis que le petit homme récitait une étrange litanie. Quand il eut fini la petite fille avait disparue, un pendentif brillant sous le rayon dune Lune trop curieuse et dans les bras, elle tenait fermement un cur encore battant.

Quand lombre eut complètement disparu de leur champ de vision, lhomme en noir sourit. A son doigt brilla une petite bague dobsidienne noire. Relevant sa manche, Archibald révéla sa propre bague doré, et Ari tendit avec paresse sa bague dun blanc neigeux.

Quelques jours plus tard on retrouva le cadavre de trois hommes dans une vieille maison, un petit homme, un grand homme vêtu dun manteau noir et un homme de taille moyenne. Leur annuaire avait était coupé. Sur la scène du crime, on ne retrouva qu'une carte de visite vierge de toute inscription.

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⏰ Last updated: Oct 20, 2020 ⏰

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