PDV TAMSIN :
Donc voilà, elle est partie. Cheryl a emmené Jessy avec elle en m'indiquant qu'on ferait une garde partagée.
Je n'ai pas décrochée un seul mot après lui avoir dit que j'avais fait une bêtise en l'épousant.
Elle a fait sa valise dans le calme avec le petit. Cependant, quelques sanglots résonnaient. Elle est partie sans m'adresser un regard, tenant fermement la petite main de Jessy. Malgré tout ce qu'il avait entendu, notre fils ne pouvait se résoudre à partir sans m'embrasser une dernière fois.
Je n'ai pas bougé de place. Je suis restée en pleins milieux du salon pendant plusieurs heures en tournant mon alliance sur mon doigt.
Mon regard était dans la vide jusqu'à ce qu'il se pose sur le bar. J'hésite, me racle la gorge puis me dirige vers celui-ci. Je soupire en prenant l'enveloppe qui se trouve dessus.
« Positif. »
Les larmes me coulent sans interruption jusqu'à ce que je m'endorme sur le canapé.
FLASHBACK
Je sors du bureau de Shepherd après avoir entendu ma femme accepter à ma place une intervention. Je suis tout autant énervée que terrifiée.
Je n'avais pas constatée que mon médecin m'avait suivis jusqu'a ce qu'il s'assoit près de moi.
- Vous avez peur, je le sais et le comprends mais mettez-vous à la place de votre femme. Vous n'êtes pas la seule à être effrayée Tamsin.
- Connaissez-vous un gynécologue aussi compétent que ma femme croit en vous ?
- Vous avez des problèmes ?
- J'ai promis à ma femme qu'on aurait un second enfant. Notre dernier essaie n'était pas concluant et ça l'a dévasté. Je suis un cauchemar pour elle donc si votre intervention ne fonctionne pas, j'aimerais lui donner un second enfant avant de m'en aller. Vous savez, comme ça elle ne retiendra pas que le pire de moi et elle sera entourée. Cheryl mérite d'être entouré. Dis-je dans un sourire sincère.
- Je connais plusieurs bons spécialistes mais je vais appeler la meilleure pour vous.
- J'ai fait transférer nos embryons dans cet hôpital lorsque Cheryl m'a dit que vous acceptiez de me voir.
- Ce qui veut dire que vous êtes au courant depuis le début ? Demande le docteur en me regardant.
- J'ai mauvais caractère, je ne suis pas bête.
Mon chirurgien rigole plusieurs secondes.
- Vous allez faire ça pour moi ?
- Oui, nous vous ferons l'insémination après votre dernier IRM. Je vous le promets.
FIN DU FLASHBACK
Je me réveille ce matin avec un mal de tête et des maux de ventre atroce. Suite aux résultats de la prise de sang et mon état, je contacte la clinique la plus proche. J'obtiens un rendez-vous dans la journée après avoir expliqué mon dossier. J'appelle ensuite quelqu'un de confiance pour me mener à mon examen.
Le trajet en direction de la clinique se passe dans le calme. Je passe tout ce temps à jouer avec mon alliance tout en ayant les mains sur mon ventre.
Une fois arriver, je suis de suite prise en charge et mon accompagnatrice se joint à moi pour l'échographie sans savoir ce qui l'attendait.
L'examen se passe très bien malgré les douleurs.
- Voici votre « bébé ». Sourit la gynécologue. La grossesse a l'air de bien se dérouler.
- Depuis quand tu es enceinte ?!
- Eh bien votre amie est à 6 semaines d'aménorrhée, autrement dit, 1 mois. Félicitations !
- Merci... Répondais-je timidement.
- Oui félicitations Tamsin. Ajoute amèrement Toni.
- Ça va, la ramène pas toi. Dis-je en essuyant mon ventre.
Je me rhabille, écoute les conseils de la soignante puis nous reprenons le chemin du manoir. Chemin une nouvelle fois dans le silence mais je vois très clairement que Toni est en train de bouillir intérieurement.
Lorsque nous arrivons, elle m'aide à me mettre sur le canapé puis éloigne mon fauteuil pour que je ne puisse pas l'attraper.
- À quoi tu joues ?
- Je te retourne la question. Qu'est-ce que tu as fait à Cheryl ?!
- Elle s'en remettra...
- Pour le moment ta femme est loin de s'en remettre Tamsin. Qu'est-ce que tu as encore fait ?
- Je ne suis pas sûre que tu puisses encore l'appeler « ma femme » en fait. Dis-je en sortant son alliance de ma poche.
Toni me prend la bague des mains et la serre dans la sienne.
- Tu fais chier ! Putain Tamsin tu fais chier ! Tu te rends compte ?
- Ouais je sais, je suis qu'une conne...
- Tu es bien trop gentille avec toi-même !
- La tumeur me rend faible.
- Tu n'as plus de tumeur pauvre tache ! Arrête de te cacher derrière ta maladie !
- Je n'ai plus de tumeur, je n'ai plus de jambe et je n'ai même plus ma femme. J'ai une putain de vie de rêve Toni. Tu veux en faire partie ?
- Pour ta femme tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même... Ajoute Toni en s'asseyant sur le canapé.
- J'en ai conscience.
- Pourquoi tu as fait ça ?
- Je ne sais pas.
- Oui tu le sais alors assume maintenant ! Dit la jeune femme en se redressant.
- Non.
- Putain mais parles ! Dis-moi pourquoi mon amie est dans un état pitoyable ?!
- À cause de moi.
- Je te promets que si tu ne parles pas je t'en fous une !
- Vas-y alors. Promis je ne me défends pas.
Toni part se servir un verre et revient vers moi. Ses mains tremblent et son regard est rouge.
- Je fais tout foiré. J'ai demandé au chirurgien d'avoir une insémination après l'opération car j'ai promis à Cheryl qu'on aurait un second enfant. Après quelques semaines j'ai ressentie des symptômes. Je savais que cette fois ça avait fonctionné. Mais...
- Mais quoi ?!
- Mais j'étais terrifiée à l'idée d'avoir un bébé alors que je suis en fauteuil ! J'avais peur d'avoir tellement mal que je devrais prendre des médicaments fort qui me feront perdre le bébé. Je lui ai fait tellement de mal que je ne supportais pas l'idée de recommencer. Alors j'ai prétexté la jalousie pour la faire fuir au cas où le bébé ne survive pas. Je ne voulais pas que Cheryl revive la perte d'un enfant. Avouais-je en retenant mes larmes.
- Donc elle n'est pas au courant pour cette grossesse ?
- Non elle ne l'est pas.
- Et tu l'as poussé à te quitter ?!
- Oui.
- Mais tu es vraiment trop conne en fait ! Tu sais qu'elle parle de te demander le divorce ?!
- C'est une possibilité.
- La peur n'évite pas le danger Tam !
- La maladie et la douleur ont beaucoup parlés à ma place pendant un moment d'ailleurs mais ce qui s'est passé hier c'était horrible car j'avais pleinement conscience de mes propos. La peur n'évite pas le danger non mais elle pousse à faire des choses débiles.
- Tu es la débilité incarnée ! Maintenant tu te retrouves enceinte, toute seule avec ta femme qui a le cœur brisé !
- Elle sera bien plus heureuse sans moi.
- Non Tamsin, elle ne s'en remettra jamais.
- Et moi non plus.
- Tu aurais pu tout lui expliquer au lieu de la blesser pour qu'elle te quitte.
- Je ne pouvais pas me résoudre à le faire moi-même ! Tu sais ce que ça fait quand ta peur te terrifie au point que tu ne te contrôles plus et que tu ne vois que ça ?
- Tout ce que je vois c'est que mon amie est brisée par ton égoïsme.
- Et tu as parfaitement raison. Sauf que dans ma tête j'ai fait ça car je l'aime. Comme je te l'ai dit, elle sera plus heureuse sans moi.
- Tu es vraiment trop conne Tamsin.
- Tu commences à me faire chier là par contre.
- Tu choisis toujours la facilité... Dit finalement Toni.
Je m'allume une cigarette et regarde droit devant moi. Toni semble toujours autant énervée.
- Que comptes-tu faire pour le bébé ?
- Comment ça ?
- Tu vas le dire à Cheryl ?
- Non. Je ne veux pas qu'elle revienne vers moi par intérêt.
- Et si elle demande vraiment le divorce ?
- Si c'est ce qu'elle veut, je signerais sans rien dire.
- Donc tu abandonnes ?
- Je donne une chance à la femme que j'aime de ne plus être sous mauvaises influences.
- Tu es prête à renoncer à l'amour de ta vie par stupidité ?
- Je suis prête à le faire du moment qu'elle sourit et qu'elle est heureuse.
- Tu sais aussi bien que moi que tu resteras malheureuse jusqu'à la fin de ta vie.
- Je suis en paix avec moi-même là-dessus Toni. Je n'ai pas été la femme parfaite. Je n'ai pas été une bonne personne tout court. Alors je vais essayer de me rattraper en étant une bonne mère pour ce bébé s'il survit à sa mère toxique.
Des larmes montent rapidement aux yeux de Toni après mes propos.
- Je vais simplement te demander de garder cette grossesse secrète et de prendre soin de Cheryl. Ne lui parle en rien de tout ça. Je ne me fais pas passer pour une gentille mais c'est ton amie, tu l'aimes donc tu vas l'aider à aller mieux.
- C'est la dernière chose que je vais faire pour toi Tamsin. Je n'accepte pas et je n'accepterais jamais ce que tu lui as fait. Tu as brisé une femme formidable qui t'aime de tout son être.
- Tu pourras lui dire tout ce que tu penses de moi et ce sera mérité. Je vais faire profil bas ces prochains mois et pourquoi pas ces prochaines années. Fais juste en sorte qu'elle sourît.
- Pourquoi veux-tu qu'elle sourît ?
- Fais-le pour elle. Son sourire vaut tout l'or du monde Toni. Je le sais, tu le sais et tu l'as remarqué dès que tu l'as rencontré. Tu voulais ma femme Topaz...
Toni sourit à l'entente de mes derniers mots. Je pense qu'elle a saisi le message.
- Oublies pas que j'ai des yeux et des oreilles partout petit gnome. Dis-je en souriant légèrement. Referme la porte en partant. Ajoutais-je en détournant mon regard.
Mon amie prend ses affaires et se dirige vers l'entrée.
- Au revoir Tamsin. Prend soin de ce bébé et évidemment de toi.
- Au revoir Antoinette.
~ 5 mois plus tard ~
Je me prépare pour ma convocation. Je suis attendu avec mes avocats et ceux de Cheryl pour le divorce. Je ne l'ai pas revue depuis qu'elle a quitté le manoir. C'est Toni ou ma sœur qui me dépose Jessy ou le ramène chez son autre maman. Ce petit est formidable.
Je décide de mettre un tailleur noir avec une veste ample afin de cacher mon petit ventre. 6 mois de grossesse commence à se voir facilement maintenant mais j'ai bon espoir pour que personne ne le remarque. J'arrive à marcher également. Il me faut des béquilles mais j'y arrive.
J'arrive dans l'entrée du bâtiment. Je vois au loin ma femme avec les avocats. Ils me voient arriver alors ils entrent dans la salle. Visiblement ils sont pressés.
Nous nous saluons puis je prends place face à Cheryl. Je constate rapidement qu'elle a pleuré il y a peu de temps. Mon cœur se brise et je place instinctivement une de mes mains sur mon ventre.
Nous écoutons le discours des avocats en silence. Cheryl ne me demande rien et insiste pour la garde partagée concernant Jessy. Elle me laisse le manoir de Thistlehouse et moi celui de Thornhill. J'ai proposé à lui verser une pension pour Jessy du fait de la notoriété de l'entreprise mais elle refuse.
C'est maintenant le moment de signer les accords. Cheryl relit les grandes lignes pendant que je la regarde intensément.
- C'est vraiment ce que tu veux Cheryl ? Tu es sûre ? Demandais-je en touchant mon alliance.
- Oui Tamsin. C'est ce que je veux malgré que mon cœur me crie le contraire.
Des larmes menacent de couler le long de ses joues. Je saisis le stylo que me tend mon avocat et la feuille qu'elle avait sous les yeux.
- Voilà mon cœur.
Je rends le stylo que j'ai emprunté ainsi que tous les documents signés. Je me relève d'un seul coup et sort de la pièce le plus rapidement possible.
Est-ce les nausées ou le chagrin ?