— Très bien, Monsieur Ackerman, vous reconnaissez avoir eu une relation homosexuelle avec le défunt Eren Jäger ?
— Oui. Sanglote le noiraud.
— Vous reconnaissez aussi l'avoir tué parce que Monsieur Jäger voulait mettre fin à votre relation ?
— Non. Se plaignit-il. Je vous l'ai déjà dit... Il m'aimait... Jamais je ne lui aurais fait de mal !
— Il ment ! S'exclama une voix dans l'assemblée.
Livaï la reconnût aussitôt.
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Il était tard, Livaï venait de quitter son petit travail qui consistait à cirer les chaussures des clients d'un barbier. Ce n'était pas grand-chose mais ça lui permettait de manger tous les deux jours et de s'acheter des vêtements quand les siens devenaient trop déchirés.
Il sortit de sa poche un petit quignon de pain qu'il avait entamé dans la matinée et se rendit à pied dans une petite ruelle à l'abri des regards. Cependant, en y entrant, il y rencontra une personne assise par terre. Il s'approcha de plus près et fut surpris de découvrir un beau jeune homme vêtu comme les clients du barbier. Il n'avait rien à faire ici et semblait complètement essoufflé.
— Bonjour ? Tenta Livaï.
Le jeune homme leva ses prunelles vertes vers lui. Livaï arrêta de respirer quelques secondes, jamais il n'avait vu d'aussi beaux yeux.
— Je... Qui êtes-vous ? Demande l'inconnu méfiant.
— Moi ? Personne... Mais vous, vous êtes quelqu'un, votre place ne devrait pas être ici dans les quartiers pauvres de la ville. N'avez-vous donc pas de foyer ?
Le concerné baissa les yeux honteux.
— Je l'ai fui, à vrai dire.
— Voudriez-vous en parler ? Je ne suis personne, je ne risque pas de divulguer de quelconques informations.
— Vous vous exprimez bien pourtant, êtes-vous sûr de n'être personne ?
— Ma mère m'a appris à lire, voilà tout... Dit le ténébreux mélancoliquement.
Le brun réfléchit quelque seconde. Son père lui avait toujours dit de se méfier des vagabonds mais celui qu'il avait en face de lui avait l'air plus que bien attentionné. Alors il fit signe au noiraud de s'assoir à ses côtés. Lorsque le petit fut installé, il commença.
— Je suis jeune marié. À quelqu'un que je n'aime pas. C'est un mariage arrangé, mes parents avaient besoin de plus d'argent et la famille de la fille en avait. Elle m'aimait apparemment, nous nous étions déjà rencontré plusieurs fois au cinéma mais je ne l'avais jamais remarquée, elle si. Enfin bref, aujourd'hui c'est la troisième nuit que je dois passer avec elle dans notre maison mais j'ai prétexté une sortie avec des amis et j'ai fui. Je... Je dois vous paraitre ingrat à dire ça. J'ai un toit, un bon salaire, une bonne famille, une femme qui fait parfaitement les tâches ménagères mais... Je ne me sens pas libre, c'est comme si j'étais enchaîné que je voyais la clef pouvant me libérer mais que je ne pourrai jamais l'attraper.
Livaï sourit tristement, ce garçon avait tellement une vie différente de la sienne, il avait tout. Pourtant, il semblait déchiré et ça lui brisait le cœur.
— Je n'ai pas de toit, je n'ai pas de quoi me payer de si beaux vêtements ni de quoi manger à ma faim. Je rêve d'avoir une vie aisée où je ne dois pas me demander qu'est-ce que je ferai demain pour survivre. Cependant, j'ai toujours été libre de mes propres choix et jamais je n'imaginerai en être privé. Vous semblez si vide... J'aimerais vous aider mais j'avoue que mes moyens sont limités comme vous pouvez le voir...
Le jeune brun rigola.
— Commencez-moi par me dire votre nom.
— Livaï et vous ?
— Eren. Désormais Livaï, vous êtes quelqu'un pour moi.
À partir de ce jour, les deux garçons se sont revus plusieurs fois. Eren passait ses journées au travail et faisait chaque fois un détour pour voir Livaï avant de rejoindre Mikasa, sa femme, dans son foyer. Celle-ci pensait que son beau brun avait fini par tomber amoureux d'elle, elle était loin de s'imaginer que c'était une personne bien différente qui hantait constamment les pensées du plus jeune.
Ce jour-là, le jour de leur rencontre, sans que les concernés le sachent, un lien indestructible s'était formé entre leurs deux âmes.
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— Monsieur, cet homme est un vulgaire menteur. Il a corrompu mon mari. Lorsque je suis parvenue à lui faire entendre raison, Eren est parti quitter Livaï. Ce vaurien ne l'a pas supporté.
— Calmez-vous Madame Jäger.
— C'est faux ! Eren voulait qu'on parte tous les deux ! Il... Soudain ses yeux s'écarquillèrent, il regarda la noiraude présente dans l'assemblée. C'est vous qui lui avez tiré dessus ! C'est pour ça qu'il voulait partir. Vous avez appris pour nous, vous êtes arrivée avant moi à notre point de rendez-vous et vous lui avez tiré dessus.
La noiraude s'apprêtait à répondre mais le juge l'en empêcha.
— Bon, j'en ai assez entendu. Monsieur Ackerman, ça suffit ! Vous aggravez votre cas en accusant une dame de la haute société d'avoir assassiné son mari alors que c'est vous qu'on a retrouvé sur le corps de la victime, les vêtements pleins de sang et l'arme reposant à vos côtés. Vous n'étiez qu'un misérable mendiant sorti de la misère par la bonté de Monsieur Jäger que vous avez fini par corrompre. Vous pensez sincèrement que quelqu'un va croire votre version des faits ?
Le noiraud sentit ses jambes trembler. Qu'est-ce qu'il avait pensé ? Que si Mikasa avait crié aux policiers d'arrêter de le frapper c'était pour le sauver ? Quel naïf... Elle voulait simplement que son humiliation soit plus grande encore.
— Qu'est-ce qu'il m'attend ? Réussis à bredouiller le ténébreux.
— Livaï Ackerman, je vous condamne à la chaise électrique pour le meurtre volontaire d'Eren Jäger.