Menthe à l'eau

By le-mot-rose

442 93 8

Anna, victime d'harcèlement scolaire au collège, pense que sa rentrée en seconde est l'occasion de changer sa... More

Chapitre 1 : « Comme un médaillon sans maillon. »
Chapitre 2 : « A la guerre comme à la guerre, comme disait mon grand-père. »
Chapitre 3 : « Je suis ton amie»
Chapitre 4 : «Elle est vraiment Lambert»
Chapitre 5 : «Ce trou que je me suis forgé, ce trou où je me cache du monde»
Chapitre 6: «Peur d'être dans une tombe encore vivante.»
Chapitre 7 : «Il n'y a plus de fleurs, plus de soleil qui atteigne mon cœur. »
Chapitre 8 : «C'était impossible.»
Chapitre 9 : «C'est comme s'il n'y avait plus rien »
Chapitre 10 : «Ne crois jamais ce que tu vois»
Chapitre 12 : «Elle sentait l'odeur des mamans»
Chapitre 13 : «Il n'est jamais trop tard pour faire demi-tour. »
Chapitre 14 : «Rien n'est éternel»
Chapitre 15 : «D'intérieur et d'extérieur.»

Chapitre 11 : «Je l'aime autant que je le hais.»

30 6 0
By le-mot-rose

Narratrice : Salomé.

« Oh non mais ça devient grave ! dit Adèle en voyant Anna passer. Vous avez vu ce look ? Ça devrait être interdit de se déguiser en sorcière à l’école! Qu’elle retourne dans son crypte sérieusement !

Anna presse le pas afin de rapidement disparaître de notre champ de vision.

   -Tu crois qu’elle le fait exprès ? répond Blanche après un large sourire.

   -Oh bah oui ! Elle croit qu’avec ses vêtements vampiriques elle va pouvoir reconquérir Kurt ! Non mais sérieusement faudrait que quelqu’un lui explique qu’il est parti parce qu’elle craint grave !

   -Elle n’a jamais essayé de reconquérir Kurt, qu’est-ce que tu racontes ? dis-je avec un ton qui en dit long sur mon parti.

   -Et hier, quand elle est arrivée et qu’elle a dit « Euh… Kurt, je pourrais te parler ? Ce ne sera pas long », tu penses qu'elle lui a dit quoi ? Tu crois qu’elle lui a expliqué ce qu’elle a mangé au p’tit-dej ? Non mais enfin, elle est venue chialer parce qu'il voulait plus traîner avec cette suceuse… de sang !

La façon  qu’Adèle a pour imiter Anna est tout à fait horrible. D’une part, Anna ne parle pas avec ses mains et ne fait pas de mimiques exagérées. Et puis elle a une voix douce, pas une voix de pimbêche. Blanche est morte de rire devant le petit numéro.

   -Tu l’imites trop bien ! s’exclame Blanche avant de rire de plus belle.

   -Non mais sérieusement… on est à Lambert mais quand même, y’a des limites ! Attends, ça ne m’étonnerait même pas de la voir invoquer Satan dans les toilettes !

   -Tu exagères quand même…

Blanche rit toujours autant. Elle se serre les côtes. Peut-être que c’est pour s’aider à arrêter ou bien pour se chatouiller. Moi je n’ai pas du tout envie de rire. Adèle est détestable. En étant à ses côtés, je suis considérée comme une garce aussi.  

Et puis ce n’est absolument pas moche, cette façon particulière qu’elle a à s’habiller. C’est un peu trop souvent noir mais après tout ça lui va bien.

   -Adopterais-tu le côté des goth ?

L’hilarité de Blanche cesse et cela procure un certain soulagement à mes oreilles. Adèle est sur le point d’exploser. Ses sourcils haussés et son visage empourpré en sont les symptômes. Elle a souvent des crises de nerf, plus ou moins grandes qui parfois déraillent. Un rien peut l’énerver mais quand on parle d’Anna, elle est encore plus irascible que d’habitude. Pourtant elle n’a rien fait pour ça.

   -Si je l’adoptais, je n’aurais pas ces chaussures aux pieds, dis-je en jetant un coup d’œil à mes escarpins  rouges vernis pas très confortables mais que la mode exige.

   -Ouais mais bon t’es vraiment bizarre quand on parle d’elle ! Elle t’a jeté un sort dans le labo l’autre matin ou quoi ?

   - Non mais je ne comprends pas comment vous pouvez être aussi méchantes alors que vous lui avez déjà retiré son seul ami.

   - Mais putain mais s'habiller comme ça ce n’est même pas humain ! Même une poubelle à plus de classe ! 

Kurt arrive et passe ses bras autour des épaules de sa dulcinée diabolique. Il est arrivé au bon moment, celui-là. Ils s’embrassent sans lasse pendant quelques minutes. Blanche et moi n’avons rien d’autre à faire que de les regarder échanger leurs salives, partager leurs langues et savourer la chaleur d’un corps contre un autre. Ça me fait penser à Cem que je n’ai vu qu’à la défonce du matin.

   -Ça va vous vous amusez bien ? demande Kurt l’air amusé.

   -Oh euh ouais ! dit Blanche comme si on venait de la réveiller.

   -Où est Cem ?

Kurt me lance un regard coquin.

   -Oh, il doit être aux toilettes je crois ! Et Basile est aux casiers. »

Les toilettes du lycée ne sont pas très propres. Mais surtout personne ne respecte le côté réservé à son sexe. Je trouve mon petit ami en train de se laver les mains dans la partie à la base féminine. Il s’étonne un peu en me voyant arriver, comme s’il m’avait oubliée. Il est cerné. Il porte le t-shirt que je lui avais offert à son anniversaire quand on n’était pas encore ensemble. Il ne fait plus grande attention à son apparence, ces derniers temps. Le haut est rarement assorti au bas et par miracle il l’est parfois au gilet. Je n’ai pas vu sa coiffure trempée de gel depuis longtemps. Il est mal peigné et un tas de pellicules trainent sur son cuir chevelu non lavé.

« Ça va ? dis-je après une éternité passée à le dévisager.

   -Oh ouais, ça va mais je suis crevé.

   -Ça se voit.

   -C’est pour ça que je ne te téléphone plus ces derniers temps, je suis crevé.

  - Tu ne crois pas que c’est à cause de quelque chose ?

   -Bah si, évidemment. C’est parce que je ne dors pas assez.

    -Arrête.

   -Mais qu’est-ce que tu veux savoir ?

   -Rien, je sais déjà tout. »

Il ne prend pas la peine de me rattraper. C’est fou mais je l’aime autant que je le hais. Je n’arrive jamais à m’abstenir de lui parler très longtemps alors que ces derniers temps, dès que je lui adresse la parole, il me dégoute tellement que j’ai envie de le frapper. Mon affection prend toujours le dessus sur ma haine mais bon je crois que quand on tient réellement à quelqu’un, notre cœur même s’il n’est pas d’accord avec notre cerveau, il pardonne. On n’a jamais assez de temps alors quand  c’est fini on repasse tout en boucle. Et on regrette. Putain qu’est-ce que je m’en veux de ne jamais lui avoir dit à quel point je l’aimais. Mais là ça y est, mon cœur il l’a défoncé et j’ai même plus envie de faire d’efforts. Rien n’est réciproque. Lui n’a jamais pleuré toute une nuit pour moi, il ne s’est même jamais plié pour me rendre heureuse. Et on dit que c’est ça l’amour ! Ça ne valait pas le détour. Maintenant, je n’ai plus qu’à pleurer les ruines d’une relation qui a crevé : de vieux de textos, des souvenirs. Je n’ai plus que ça puisque même lui n’existe plus. Je parle l’ancien lui, celui qui avait penché sa tête contre la mienne le dernier jour de troisième.  Le nouveau, lui, il est trop présent dans mes pensées et à mes côtés. Cet été, j’estompais la chaleur de mes larmes dans la chambre noire où je n’avais envie de rien d’autre que de le voir. Je me retrouve aujourd’hui quelque peu prisonnière de cette chambre qui est pourtant à des centaines de kilomètres d’ici. Je me demande ce que j’ai fait d’un autre côté. Je ferais tout pour le regagner. Perdre dix kilos s’il le faut, parce qu’il a toujours eu un penchant pour les maigres des magazines. Tout ce que je veux, c’est le retrouver.

Mes amis et moi allons au self où je ne mange rien. Les jours sans faim arrivent trop fréquemment. Quand je suis allée voir sur Internet les effets secondaires de la drogue, j’avais halluciné devant la longueur de la liste. Temps de réaction plus long, éclats de rire, yeux rouges, dilatation des pupilles, perte de poids, dépression, trouble de sommeil, angoisses, hallucinations… la liste est longue. C’est ce qui nous ronge de jour en jour tous les six. Ça ne fait qu’une semaine et demie qu’on consomme quotidiennement. Kurt plus longtemps, évidemment. L’effet va tellement vite et pourtant le temps semble si long. J’ai l’impression que j’ai pris mon premier joint il y a des mois alors que c’était mardi dernier.

Je regarde mon plateau rempli de nourritures avec dégout. J’ai oublié ce temps où j’étais vraiment heureuse : avant l’été.

« Tu devrais manger un peu, me conseille Basile.

   -Je n’ai pas faim aujourd’hui.

   -Hier non plus.

   -Peut-être. »

J’observe la bouche de Blanche. Ses deux doux pétales de roses se plissent souvent pour faire naître un sourire de toute beauté. Chose à laquelle je suis interdite désormais. Mes lèvres asséchées trop souvent fermées ne sont  pas assez apprêtées pour mériter un quelconque baiser.

On va débarrasser nos plateaux. Je jette à la poubelle une assiette non mangée que certains auraient rêvée d’avoir.  Dans un élan que je suis sûre de regretter, je m’avance vers Cem qui discute tranquillement avec Kurt. Je me retrouve la bouche ouverte, avec l’inspiration prise et la respiration  bloquée parce que je ne sais même pas ce que je veux dire.

« Oui ? demande le premier concerné comme s’il avait attendu que je me poste devant lui avec cette mâchoire crispée.

   -Euh il faut que je te parle.

Il lance un regarde à Kurt et m’emmène un peu plus loin.

    -Tu veux me dire ?

    -Nous deux. C’est fini.

Son expression se partage entre tristesse et colère, comme s’il ne savait lui-même pas laquelle choisir. Ses yeux se plantent dans les miens comme au tout début.

    -Pourquoi tu dis ça ? Parce que tu ne m’aimes plus ou parce que t’en as marre de souffrir, de te prendre des vents par le pire des connards ?

   -Les deux.

    -Sam…dit-il en s’approchant pour me prendre dans ses bras.

   -Ne me touche pas !

    -Putain malgré les apparences, malgré la défonce du matin qui me rend fol dingo, même si je te parle même plus le soir parce que je suis trop crevé, même si j’t’ignore de trop ces derniers temps, je t’aime moi ! Pendant toute mon année de troisième, j’ai rêvé du moment où j’aurai pu t’embrasser, tu vois, j’ai voulu le faire toute l’année et ce n’est que le dernier jour que j’ai osé le faire alors que je savais pertinemment que tu m’aimais. Comment je ferais si chaque jour je devais te voir sans me dire que tu m’aimes ? Comment je pourrais ? Sam… j’ai été trop lâche, je ne t’ai jamais méritée de toute façon. Tu mérites bien mieux que moi mais je te promets que je ferai des efforts, et je te jure que tu je te rendrai heureuse. Je vais changer. Je suis fou de toi, moi ! Me laisse pas tout seul, sans toi je ne suis plus moi. C’est comme si on m’arrachait un morceau de moi. T’es bien d’accord, si l’on m’imputait d’un bras je ne pourrais jamais plus vivre normalement ? Mais là c’est pareil ! C’est même pire tu vois parce que pour toi je me couperais les deux! On vivra peut-être pas notre vie ensemble, ça je te l’accorde mais pour l’instant je ne suis pas prêt à ne plus voir ton sourire chaque jour. Il me manque même déjà.  Sam, ressaisis-toi putain ! Y’a trop de belles choses qu’on a faîtes, qu’on a créées ensemble que l’on doit continuer. On peut tout jeter à l’eau. Ecoute je m’embrouille dans mes arguments de merde. Je sais même pas si on peut appeler ça de l’argument. Je sais même pas comment te retenir mais je veux que tu restes. S’te plait, fais-le pour moi. Tu peux pas déjà m’avoir oublié en si peu de temps, y’a forcément encore quelque chose. Alors laisse-moi juste une chance et puis si je te conviens pas, laisse-moi comme une merde cette fois-là.

   -C’est trop tard Cem. »

Continue Reading

You'll Also Like

216K 4.4K 36
Salam Aleykoum les filles j'espère que vous allez bien. Cette chronique est fictive avec des passages que j'ai déjà vécu. Donc: c'est l'histoire de...
1.2M 122K 43
Lorsqu'elle découvre le visage de celui qui est sur le point de détruire sa vie, Sienna est loin de s'attendre à faire face à un homme balafré et qui...
140K 6.7K 55
On dit du manque qu'il s'estompe avec le temps, les jours qui défilent et les années qui passent. On se rassure comme on peut, on se persuade que dem...
8.3M 541K 44
Karim et nana