Sombre, glaciale, effrayante. Voilà comment l'on pouvait décrire l'atmosphère de cette grotte où les deux amis étaient entrés. Il n'y avait aucune lumière, même pas une petite lueur. C'était le noir total. Les deux mages avançaient, sans être très rassurés et suivaient un chemin en ligne droite qui semblait être le seul et l'unique pour accéder à la prairie sans nom. Leur périple leur paraissait interminable. Ils n'en voyaient pas le bout.
Quand allaient-ils retrouver la lumière ? Quand allaient-ils sortir d'ici ? Ou même, depuis combien de temps étaient-ils là-dedans ?
Ces questions, ils se les posèrent à de multiples reprises, mais sans jamais avoir de réponses.
Au bout d'un moment, fatigués, ils s'arrêtèrent pour se reposer quelques minutes. Lucy s'assit à terre, Grey fit de même.
— Je n'en peux plus. soupira la blonde. J'ai l'impression que l'on n'atteindra jamais notre destination.
— Mais si, il faut juste qu'on continue encore, on ne doit pas abandonner, surtout pas ! affirma le mage de glace.
— Oui, je sais... Mais, cet endroit est vraiment... lugubre et déprimant.
— Lucy... écoute on va y arriver, je nous fais confiance, on en est capable. On est des mages de Fairy Tail après tout ! On a vécu bien pire ! Et regarde, on est toujours là ! Et puis, on a de la chance dans notre malheur, on a l'avantage de voir dans le noir, donc c'est pas si mal après tout.
La louve sourit à son coéquipier, il avait raison. Il ne fallait pas abandonner aussi vite, ils allaient y arriver. Il fallait qu'ils y arrivent, ils n'avaient pas le choix.
Après s'être donnée une bonne claque mentale, la constellationniste se releva et posa un regard déterminé à l'horizon. Puis, tout à coup, elle crut voir une légère lueur émaner tout au bout du chemin. Elle plissa les yeux pour mieux l'apercevoir. Elle regarda ensuite Grey et s'exclama :
— Là-bas ! J'ai vu de la lumière ! Vite ! Dépêchons-nous ! On n'a pas de temps à perdre !
— Tu vois, je te l'avais dit.
C'est sur ces mots que les deux mages recommencèrent leur voyage. Lucy courut, tandis que Grey la suivit en volant rapidement pour rester à sa hauteur. En à peine quelques minutes, ils arrivèrent au lieu d'où provenait la lumière.
C'était une grande salle carrée où d'étranges inscriptions et symboles recouvraient les murs. Plusieurs torches enflammées étaient accrochées à ces mêmes murs. Le sol était couvert de dalles noires et blanches qui étaient alignées tel un jeu d'échecs, mais sans les pions. A l'opposé de là où les deux mages étaient entrés, se trouvait la sortie.
Alors que Grey voulut aller vers celle-ci, Lucy le stoppa.
— Non, n'y vas pas !
— Pourquoi ? La sortie est juste là-bas !
— Il y a quelque chose d'étrange ici... je ne sais pas quoi. Il vaudrait donc mieux que l'on reste prudent. Une sortie à l'autre bout d'une salle vide, sans obstacles à franchir, ça ne présage rien de bon. Il doit y avoir des pièges cachés, si tu veux mon avis.
Grey soupira, puis demanda :
— Qu'est-ce que tu proposes ?
La blonde réfléchit et déclara, en désignant les inscriptions aux murs :
— Je vais essayer de déchiffrer ce qu'il y a d'écrit sur les murs. Il peut y avoir des instructions à suivre, la manière dont on doit traverser.
Le mage de glace hocha la tête, puis se posa au sol.
— Okay, c'est toi l'experte de ces choses-là, je te laisse gérer.
Lucy ne répondit rien et s'avança vers le mur qui se trouvait à sa gauche. Elle l'examina de long en large. Elle passa plusieurs minutes à tenter de comprendre ce qu'il y avait d'écrit. Le mage de glace la regarda faire sans dire un mot. De toute manière, il n'y comprenait rien, donc il n'était d'aucune utilité à son amie à l'heure actuelle. Il soupira d'ennuie. Il avait hâte de sortir d'ici. Il tourna son regard vers la sortie. Il entendit un drôle de son émanant de celle-ci. C'était comme un cri, le cri d'un monstre. Etrangement, il lui paraissait familier.
Lucy lui avait dit d'attendre. Pourtant, il voulait absolument savoir ce qui provoquait ce son qu'il entendait. Non. Il ne devait pas y aller. Mais la curiosité fut trop forte pour qu'il puisse la combattre, il s'envola et alla en direction de la sortie.
•°•°•
La louve avait enfin terminé de tout déchiffrer. Comme elle s'en doutait, la grotte était remplie de salle comme celle-ci, dans lesquelles il fallait passer une épreuve pour pouvoir à la toute fin accéder à la prairie sans nom. Et actuellement, ils étaient dans l'une d'elle.
Donc, le seul moyen d'accéder à la sortie qui se trouvait à l'opposée, était de passer l'épreuve et de la réussir. Malheureusement, elle n'était pas parvenue à savoir ce qu'était le dernier mot de celle de la salle où ils étaient. Pourtant, elle connaissait ce mot, elle l'avait déjà vu dans ses nombreux livres écrit en langue ancienne. Elle soupira. Elle ne savait pas à quoi s'attendre et ça, ça ne lui plaisait pas beaucoup. Alors qu'elle s'efforçait de chercher dans sa mémoire la réponse, elle entendit un bruit de tonnerre. Elle sursauta, puis se retourna. Au loin, elle vit le mage de glace avancer vers la sortie. La blonde écarquilla les yeux en le voyant faire. Elle l'appela.
— Grey ! Reviens ! Il ne faut pas que tu avances plus !
Lorsqu'il entendit les paroles de sa coéquipière, il voulut se retourner pour faire ce qu'elle avait dit, mais se figea sur place en voyant ce qu'il y avait devant lui. Il écarquilla les yeux et commença à trembler.
Ce cri, il savait bien qu'il lui était familier. Il savait qu'il l'avait déjà entendu plusieurs fois dans son enfance. Cet horrible cri qui avait précédé et suivi la mort de ses parents, de son maître.
Le cri de ce monstre qui lui avait pris sa famille.
Déliora était devant lui, plus gigantesque encore qu'auparavant.
Comment et pourquoi était-il en vie ?
Il ne pouvait y croire. Il avait été détruit des années auparavant. Il n'était pas réel. Seulement, son cri, son souffle glacial, ses yeux d'un noir profond qui le fixaient.
Il était bien là.
Lucy en voyant le brun tétanisé, se demanda ce qu'il se passait. Elle tenta de l'appeler, mais rien n'y fit, il ne répondit pas. Elle regarda droit devant elle. Elle devait le rejoindre pour tenter de l'aider. Elle avança doucement jusqu'aux dalles, mais lorsqu'elle posa sa patte sur l'une d'elles, la moitié du sol s'effondra, la blonde vit les dalles tomber dans le vide, les unes après les autres. La peur la saisissant, elle recula rapidement jusqu'au mur. Elle porta de nouveau son regard sur son ami, toujours figé au milieu de la salle.
Elle ne comprenait pas, que pouvait-il bien voir pour avoir peur comme ça ?
Elle souffla un bon coup pour reprendre ses esprits, puis tenta de le rappeler.
— Grey ! Dis-moi, qu'est-ce que tu vois ? Qu'est-ce qui se passe ?!
Et tout à coup, le mage de glace répondit :
— Dé... Déliora. Il est là. Devant moi.
— Déliora ?
C'est à cet instant que la blonde comprit ce qu'était l'épreuve de cette salle et donc quel était le mot dont elle ne se souvenait plus. Déliora. Le sol qui s'effondre sous ses pieds, le vide. Ça ne pouvait être que ça.
Il fallait qu'ils affrontent leur plus grande peur.
En comprenant cela, elle hurla alors :
— Grey ! Ecoute-moi ! Ce n'est qu'une illusion ! Déliora n'est pas ici ! Il est mort, tu l'as vu disparaître sur Galuna ! Cette salle, elle nous teste. Elle nous fait affronter nos plus grandes peurs. Et pour toi, c'est ce monstre, mais tu l'as déjà combattu, tu peux le combattre de nouveau ! Tu es plus fort que ça ! Tu es un mage de Fairy Tail, rappelle-toi ! Alors combat cette peur ! Tu en es capable ! J'ai foi en toi !
Les paroles de la louve vinrent jusqu'aux oreilles du brun. Il secoua la tête et retrouva ses esprits. Il fixa le monstre qui était face à lui et le fusilla du regard. Lucy avait raison, il était assez fort pour combattre cette peur qui était toujours lui. Il fallait qu'il la fasse disparaître pour de bon. Déliora était bel et bien mort, il le savait. Il l'avait vu de ses propres yeux. Maintenant, il fallait qu'il meure aussi dans son esprit.
— Tu es mort. Tu es juste une illusion. Et même si tu étais vraiment ici, je te combattrais comme l'a fait mon maître jadis ! Je ne suis plus le petit garçon que j'étais, je suis un homme désormais, je suis plus fort et plus à même de te combattre. Je n'ai plus peur de toi. Si tu veux te battre, alors viens. Même en étant ce que je suis aujourd'hui, ma volonté de te voir disparaître est plus forte que jamais ! Alors, viens ! Viens ! hurla-t-il.
Le monstre s'approcha alors de lui et leva son bras droit en l'air, prêt à l'abattre sur la chauve-souris. Mais Grey ne bougea pas, il n'avait pas peur, il n'avait plus besoin d'avoir peur. Il continua de le fixer, le bras s'abattit et passa à travers lui comme un fantôme. Déliora se désintégra en fines particules de poussières. Le brun soupira de soulagement, il avait réussi à passer l'épreuve. Il se retourna alors pour prévenir la constellationniste. Mais lorsqu'il la vit, elle était exactement dans le même état que lui quelques minutes auparavant. Complètement tétanisée. Elle se tenait sur une dalle, sans bouger. Grey essaya de la rejoindre, mais une sorte de barrière invisible l'en empêcha. Il eut alors l'idée de lui parler, comme elle l'avait fait pour lui.
— Lucy ! J'ignore ce que tu es en train de voir, mais il ne faut pas que tu es peur ! Comme tu l'as si bien dit tout à l'heure, ce n'est qu'une illusion, ce n'est pas réel ! Il faut que tu affrontes ta peur, comme j'ai affronté la mienne !
— Il y a le vide en dessous de moi ! Les dalles... chaque fois que je bouge, elles tombent !
— Lucy... si moi j'ai réussi, tu réussiras ! Toi aussi tu es une mage de Fairy Tail. Tu es forte, très forte !
— Mais si j'avance, je vais tomber... Et j'ai le vertige.
— Calme-toi dans un premier temps, fais le vide dans ta tête. Ne pense à rien et avance. Je t'assure que tu ne vas pas tomber, parce que le sol est toujours bien à sa place, le vide n'est pas là, il n'est pas présent. Tu peux le faire. Je crois en toi.
— Tu en es sûr ? demanda la blonde.
— Tu me fais confiance ?
— Oui.
— Alors viens. Rejoins-moi de l'autre côté que l'on puisse trouver ces maudits ingrédients et redevenir ce qu'on était avant. Ensemble. Je ne partirai pas sans toi, ça je te le promets.
Il accompagna sa phrase d'un sourire tendre qui donna le courage à la blonde de bouger. Elle inspira, puis souffla un bon coup et se mit à avancer très doucement jusqu'à son ami. Elle se répéta en boucle dans sa tête que ce n'était pas réel, que ce n'était qu'une vulgaire illusion, qu'elle n'avait pas à avoir peur et qu'elle était assez forte pour surmonter tout ça. Grey de l'autre côté, continuait de l'encourager du mieux qu'il pouvait. Puis, au fur et à mesure qu'elle progressait, tout comme Déliora, les dalles se dissipaient dans l'air en de fines particules de poussières. Quand Lucy vit que son coéquipier n'était pas loin, elle se précipita en courant vers lui et le rejoignit. Elle soupira de soulagement et lui offrit un magnifique sourire qu'il lui rendit.
— Tu vois tu as réussi ! Je savais que tu étais plus forte que ta peur !
— Rectification. "On" a réussi !
— Oui ! On forme une belle équipe. A l'avenir, on devrait faire plus de missions ensemble. Et puis, sans Natsu, sûr qu'on empocherait les joyaux sans devoir rembourser les dégâts !
La constallationniste rit et déclara :
— Oh que oui, tu as bien raison. Quoique... la mission qu'on avait faite tous les deux sur le paquebot il y a quelques années, la récompense avait servi à rembourser la robe que j'avais porté.
— Ah oui, cette fois-là. On s'était bien amusé quand même.
— Tu parles, protéger un fichu diadème pour ne rien avoir au final, je trouve ça un peu... dommage.
Grey ricana en voyant Lucy dire ça d'un ton légèrement boudeur.
— Ne me dis pas que t'es toujours contrariée depuis ce jour ? Ça fait plus de huit ans que ça s'est passé !
— Non, pas le moins du monde ! J'ai même complétement oublié la somme qu'on devait recevoir si tu veux tout savoir. C'est du passé ! On a fait d'autres missions qui nous ont rapporté bien plus. affirma la blonde.
— Vraiment ? demanda le mage de glace en haussant un sourcil. Elle était de combien ?
— 500 000 joyaux. répondit-elle tout de go.
La chauve-souris continua de ricaner, puis déclara :
— Tu vois que tu t'en souviens.
La louve fit une mine renfrognée et avança vers la sortie, contrariée qu'il se fiche d'elle.
— Bon allez ! Il faut qu'on y aille, on ne sait pas quelle heure il est, il faut se dépêcher ! En plus, on a plein d'autres salles comme celle-ci à passer ! dit-elle pour changer de sujet.
Le brun ne dit rien de plus, un léger sourire, toujours affiché sur son visage.
Les deux mages passèrent l'entrée ouverte. Un chemin se présenta à eux, celui-ci menait à une autre salle. Ils le prirent donc et se dirigèrent vers celle-ci.