Je n'avais jamais eu de téléphone, je n'en avais jamais utilisé, j'avais juste de vague notions avec le fixe de ma tante, mais le portable d'Haytem n'y ressemblais pas du tout, il n'y avait même pas de vrai touche. Je l'observais, et vis derrière le téléphone marqué « Iphone ». J'avais déjà entendu mes cousines en demandé à mon oncle, enfin plutôt l'obliger à leur en acheté un. J'ai toucher à quelque touches sur les côtés du téléphone, sans comprendre, j'ai passé mes doigts sur l'écran et j'ai compris comment le déverrouiller. Il n'y avait pas besoin de mot de passe heureusement.
Un sourire s'imprima sur mes lèvres à la vue de son fond d'écran, et je ne pu m'empêcher de rire. C'était lui et sa maman, Khalti Nouria , il était allongé dans ses bras tel un nourrisson, imitant un bébé suçant son pousse tout en essayant de se contenir de rigoler, Khalti Nouria elle, semblait être en train d'explosé de rire. Ils étaient mignons, mais je ne pu m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie.
J'aurais voulu moi aussi avoir ma mère auprès de moi, rire avec elle, ou juste l'entendre rire.. J'aimerais sentir la chaleur de son corps, la prendre dans mes bras dans les moments de joies comme de peine, pouvoir sentir le contact de sa peau contre la mienne, être rassuré à une parole de sa part, ne plus jamais me sentir seule.. Mais elle reste dans mon cœur malgré tout, et elle y restera pour toujours.
J'ai passé mon doigt sur l'icone des messages, que des noms de garçons à première vu. Je vis une discussion avec un certain « Mister You », c'était Younes.
Si tu savais Haytem que Younes est un faux frêre, si tu savais..
Il parlait de chose que je ne comprenais pas, de gramme, de barettes, de 09, puis une partie de la discussion m'intrigua. Je restais les yeux grands ouverts, haletantes devant ses messages :
Haytem : Jsens kjvé biento tombé kho, tu te souviens de ske jtavé dis si jms Jtombé, dske tu dvé faire ?
Mister you : Oui jme souviens.. Mais dis pas ça, tu peux encore t'rangé, lache tout, arrête tout ces trucs, pense à ta daronne ptn
Haytem : Jpeux pas m'arrêter, jpeux pas, mcasse pas les couilles tu feras ske jtai dis dfaire, khlass.
Mister you : Comme tu voudras.. Jespère kan même que t'éviteras la prison en tout ka
Haytem, partir en prison ? Mon cœur était serré, les larmes m'étaient monté aux yeux. L'image d'Haytem derrière les barreaux m'étaient insupportable. L'imaginer seule, dans cet endroit glacial, sale, sans personne, sans soutien, d'imaginer cet enfant qui a grandit trop vite, emporter dans ce mouvement de mode qui séduit bien trop de personnes, des personnes qu'on côtoie, que l'on croise tout les jours.. Qu'est-ce que Younes devait faire ? J'espèrais qu'Haytem ne lui faisait pas vraiment confiance, parce que si c'était l'cas il faisait une grave erreur. Je suis allé plus bas dans les messages, vit des messages échangés avec quelques filles. Elles écrivaient toutes de manières étranges, remplis de lettres en trop, de petits visages jaune qui rougissaient, lui proposaient des choses plus sales les unes que les autres et lui acceptaient d'un simple « ok », froid, mais qui ne semblait en aucun cas refroidir ces filles. Puis je vis le nom de ma cousine.
Kahina : Elle a trooooop cherché la merde avec mws ste salope :$$ Tu mconnais chouuw Jme Laisse pas faire Qkrrrkrrr
Haytem : Tg
Kahina : Keskyaa Chouuw ? Ts faché ?
Haytem : Mparle pas zeubi pk tinsiste
Kahina : Mais Hayteemou Je t'aime, Je t'aime trop me dis pas ça:$$ Elle en vaut pas la peine, oubliis là
Il n'avait pas prit la peine de répondre. Pathétique, Kahina était pathétique.. Je m’interrogeais, je ne savais pas comment allait se passé nos « retrouvailles », si elle se sentirait mal à l'aise, si elle s'excuserait..
Je rêvais trop, Kahina ne regrettera jamais le mal qu'elle m'a fait et qu'elle continuera à me faire.. Je ressentais de la peine pour elle, pourquoi est elle devenu comme ça, pourquoi elle a si peu de respect pour elle même, c'est l'amour qu'elle porte pour Haytem qui l'aveugle ? Je ne pouvais pas croire que ce genre de filles ne se respectaient pas pour leur plaisir, il devait certainement s'être passé quelque chose, il devait sûrement y avoir une raison, elles ne pouvaient pas être heureuses de cette manière, je ne pouvais pas l'croire..
J'avais arrêter de regarder ses photos, quand j'ai eu l'envie d'aller voir ses photos. Je sentis pleins de papillons dans mon ventre. Il y avait des photos de lui, il souriait de toutes dents, ont voyait ses faussettes, il était si beau. Des photos de ses amis, de la cité, d’autres choses inutile, petits objets. Puis je sentis un sentiment de malaise à la vu de la dernière photo. Elle avait l'air ancienne, il faisait plus jeune que maintenant, il était moins musclé, avait les traits moins dur. Il affichait un grand sourire aussi, ses yeux clair brillaient, il avait l'air heureux, vraiment heureux, comme je ne l'avais encore jamais vu. Il avait ses bras autour d'une fille très jolie, aux cheveux bouclés, avec de belles lèvres pulpeuses et des yeux profond. Soraya.
J'ai directement lacher le téléphone après avoir tout fermer, l'ai remis à sa place et ais mis ma tête dans la couverture, m'imprégnant de l'odeur d'Haytem sans l'vouloir, fermant les yeux de toutes mes forces.
T'as encore trop rêver Shérazade, aucun homme ne pourra t'aimer, certainement pas lui.
Il garde sa photo, il l'aime encore, il ne l'oubliera jamais, je ne suis strictement rien pour lui, je lui fais juste pitié, je ne suis qu'une vulgaire Femme de ménage, Shérazade la petite cendrillon, celle qui ne sait faire que briller le sol et ne rien rendre beau dans sa vie.
Il fallait que je l'oublie, que je ne ressente plus cet amour pour lui, il fallait que je l'évite, que je fasse mon possible pour ne plus voir son visage.. Sur ces pensées, j'ai finis par m'endormir, le cœur lourd.
Un bruit de valise qui roule, de porte qui claque. Le soupir de Khalti Nouria. J'ouvris doucement les yeux, la lumière m'aveuglant. J'étais toujours dans cette chambre, ce n'était pas un mauvais rêve alors, tout était bien réel. Je me suis levé doucement, je me sentais déjà mieux physiquement, mais psychologiquement c'était une autre histoire. Mais je faisais avec, je tiendrais l'coup.
J'ai ouvert la porte, et vit Khalti Nouria assise dans le salon, ma valise où je rangeais mes vêtements ainsi que toute mes affaires à ses pieds. Lorsqu'elle me vit, un sourire s'imprima sur ses lèvres automatiquement, et me le donna aussi.
- Aaah Benti ti ma fait peur hier hein ! Ça va miou ?
- Oui, ça va hamdoullah Khalti, je vais beaucoup mieux merci.
Je me suis assise auprès d'elle, lui prit la main, l'embrassa et lui demanda ce que ma valise faisait ici.
- Tu vas rister à la maison poudant kilke temps, ju vu pas que t'ais oncoure di proublèmes, ta pauvre mère allah y rahmha kiskil penserait si elle itai là, non ji soui pa d'accord ti reste avic moi
- Mais non Khalti je veux pas déranger, t'inquiètes pas pour moi ça va aller, ça ira..
Je tentais de la convaincre avec un faux sourire pour lui faire croire que tout allait bien, que j'y arriverais, que je supporterais tout, mais à ses yeux j'ai compris qu'elle ne serait pas facile à tromper, qu'elle savait tout au fond d'elle.
- Ti reste avic mw, on a une autre chombre ki était à la sœur d'Haytem mi elle si marier maintenant il i plu là, tu dourmiras là bas.. perkoi ti pas contente, ti veu rester chez ta tante ?
-Non, pas du tout, J'suis contente vraiment, mais je veux pas être de trop pour Toi ..
- Eh nimpertkoi, ti coumme ma fille, et ça mu fait plizir aussi ! Et si ti veux ne pas alli au travail oujourdhui ci pas un probleme
J'avais besoin de sortir dehors, de changer d'air, de me changer les idées, j'avais pris la décision d'aller au travail. Khalti m'avait donné quelques affaires de la sœur d'Haytem de son jeune âge qui était resté à la maison, j'avais mis un pantalon, une chemise et des ballerines. Elle m'avait brosser les cheveux, comme ma mère me faisait quand j'étais petite, je me sentais bien. Je les avais garder laché, Khalti me regardait avec de grands yeux me disant que j'étais Belle. Mais dans le miroir je voyais tout autre chose, un visage fatigué, un regard triste, et la marque des coups au visage, j'avais toujours une tache sombre au niveau de mon œil. J'allais partir chez Jihane pour qu'elle m'aide à cacher ça avec du maquillage, je savais qu'elle commençait tard le lundi donc qu'elle serait chez elle. Je suis sorti, tout en réalisant qu'une vie totalement différente m'attendait. J'allais vivre chez Khalti Nouria pendant quelques temps, la voir tout les jours et surtout le voir.. Lui.. Il fallait que je fasse mon possible pour l'éviter, pour ne pas le croiser, ne pas croiser son regard.
Dehors il faisait chaud, les petits étaient tous dehors de bon matin déjà, quelques jeunes en bas. Je n'aimais pas sentir tout leur regard sur moi, je préférais quand j'avais l'impression d'être invisible où quand seulement une ou deux personnes faisaient attention à moi pour parler mal sur moi. Je gardais la tête baisser, et avança jusqu'au bloc de Jihane. Je toquais et c'est elle qui m'ouvrit. Elle sauta dans mes bras quand elle me vit et me demanda des explications sur la marque sur mon visage. On s'est posé dans sa chambre et je lui ai tout expliqué, sans pouvoir me retenir de verser quelques larmes. Elle me regardait avec de grands yeux humides, tout en passant sa main dans mes cheveux, doucement. A la fin de mon récit elle me prit dans ses bras, et me chuchotait à l'oreille qu'elle fera en sorte qu'elle ne me touche plus jamais, et que c'était une bonne chose que Khalti Nouria m’héberge. Je voyais de la colère dans ses yeux, certainement envers Kahina mais je lui avais fais promettre de ne rien lui faire si elle la croisait. Elle alla prendre le maquillage de sa sœur et m'avait mis du fond de teint, on ne voyait presque plus rien. Elle me mit du mascara et un peu de khol, et quand je me suis vu dans le miroir je vis une toute autre personne. C'était fou comme du maquillage pouvait changé quelqu’un. On s'est dit au revoir puis elle me dit qu'elle essaierait de passez venir me chercher si elle pouvait, parce qu'elle devait peut être aller voir Aboubacar, puis je suis parti en direction du grec.
J'y suis arrivé le sourire aux lèvres à la vue de Momo, ça me faisait vraiment plaisir de le voir. Il n'y avait pas grand monde encore. Il mit un temps avant de répondre à on bonjour, et me dit que ça me changeait beaucoup la façon dont j'étais venu aujourd'hui, que ça m'allait bien et que ça risquait de faire venir beaucoup de client. On rigolait ensemble quand les clients commencèrent à remplir l'magasin. Je me sentais bien dans ce travail, les clients étaient tous très gentils, je n'avais encore jamais eu de problème. J'avais pris ma pause déjeuner, Fatou était passé au magasin on est resté à parler ensemble, quand un homme très grand, matte de peau, les yeux bridés de couleur vert mais typés maghrebin, habillé d'un costume et portant une malette dans sa main entra dans le magasin. Il ressemblait à un homme d'affaire mais dès qu'il ouvrit la bouche je découvris que c'était un jeune banlieusard.
- Wesh Fatoumataaaa ! Qu'est-ce tu fous là Bagra t'étais pas décidé à faire un régime ?
Je la vis faire les gros yeux, se retourner et resté bouche bé devant lui, un morceau de sandwich dans sa bouche. Il ouvrit grand ses bras et elle sauta sur lui, le serrant fort. Il semblait avoir les larmes aux yeux et quand il vit que je les observais il desserra son étreinte de Fatou, se racla la gorge et dit :
- Hum, c'est qui elle ? Une petite nouvelle ?
Fatou me regarda, rit et fit les présentations. Il s'appelait Fahd, travaillait dans l'immobilier et habitait une résidence à côté de la cité. Il habitait avant dans la cité, mais avait toujours voulu la quitté. Il était parti en prison et était revenu il y a quelques mois, mais n’a revu presque personne, il voulait se ranger avant tout et faisait son possible pour avoir une vie meilleure, la prison lui avait donner un déclic, un bon déclic. Il semblait être devenu un bon garçon, mais était célibataire. Il dit que ce qui l'importe pour le moment c'est de rendre fière sa mère et qu'après il prendrait l'temps de se trouver une fille pour se marier.
Ils sont ensuite partis tout les deux, et Fahd m'a dit qu'il repasserait me voir dans la semaine, mais je ne pris pas ça au sérieux, ça devait juste être par politesse qu'il me disait ça.
Puis avant la fermeture, à ma grande surprise c'est Haytem qui fit son apparition. Il semblait enervé, ses sourcils encore froncé. Il serra la main de Momo et m'appela pendant que j'étais en train de rangé ce qui restait. Je serrais les dents, la photo de lui auprès de Soraya refaisant surface. J'essayais de contenir mes larmes, inspira un bon coup et me retourna vers lui. Lorsqu'il me vit son visage semblait s'être adoucit pendant quelques secondes, puis il refronça ses sourcils et me dit de le rejoindre dans sa voiture. Il sorti du magasin, puis je restais là sans bouger. Je sentais le regard de Momo posé sur moi, puis il prit la parole :
- Tu veux pas y aller ?
Je baissai la tête et la hocha de droite à gauche pour lui dire que non. Il sorti du magasin quelques minutes, puis un bruit de voiture roulant à toute allure se fit entendre. Momo rentra, et me fit un petit sourire qui se voulait rassurant. Je soupirais, je ne me sentais pas vraiment soulagé, mais c’était toujours mieux que de le voir et de ressentir cette douleur en pensant qu’il aime encore Soraya. Il était l’heure pour moi de partir, mais Jihane n’était pas passé.
Pas grave, elle allait sûrement avoir beaucoup de chose à me raconter sur son entrevue avec Aboubacar. Je suis sorti tête baissé du magasin, pensive, le cœur toujours aussi lourd que la veille. J’étais dans mes pensés que j’entendis une voix m’appelé. Une grosse voix rauque d’homme que j’avais déjà entendu. Je me suis retourné et vit un homme avec un casque de moto sur la tête, adossé à une grosse moto, de ses mains je voyais qu’il était noir mais je n’arrivais pas à voir son visage, je n’arrivais pas à le reconnaitre. Ca ne pouvait pas être Aboubacar, il était avec Jihane. Il porta ses mains à son casque, l’enleva et se mit à rire fort en voyant l’expression de mon visage remplis d’incompréhension, mes yeux plissés. C’était Soumar. Je me mis à rire à mon tour et avança à sa hauteur.
- Bah qu’est-ce que tu fais là ?
- Bonjour, ça va, oui moi aussi je vais bien, merci d’avoir demandé Shérazade.
Il me fit un clein d’œil, se remit à rire et repris.
- Enfaite Jihane m’a dit qu’elle devait venir te chercher mais qu’elle a pas pu alors Je suis venu à sa place.
- Oh c’est gentil mais fallait pas t’étais pas obligé.
- quilTraaaaaan, t’inquiètes, bon tiens
Il me tendit un deuxième casque, et je le pris dans mes mains d’un geste hésitant. Je n’étais encore jamais monté sur une moto, à vrai dire ça me faisait plutôt peur, toute cette vitesse, j’avais entendu que des gars de la cité était déjà mort dans un accident de moto il y a quelques années, allah y rahmek ..
- T’es jamais monté en moto c’est ça ?
J’acquiesçais de la tête, il se remit à rire, pris le casque me le mit, s’installa sur sa moto, et me fit signe de monter. J’avais une boule au ventre, mais j’étais en même temps excité, j’avais hâte de savoir l’effet que ça faisait. Je me suis assise derrière lui, mais il ne démarra pas tout de suite. Il se tourna la tête vers moi, et tapa de ses mains sur ses hanches pour me faire signe de le tenir. Je n’étais pas habitué à autant de contact avec un garçon, mais c’était Soumar, il n’était pas comme Younes, et c’était soit ça soit je risquais de tomber à n’importe quel moment. J’ai mis mes mains autour de sa taille, d’abord sans serrer, puis quand il démarra à toute vitesse je l’ai serrer de toute mes forces. Il faisait exprès de faire des virages inutiles pour me faire peur, d’aller extrêmement vite, je l’entendais rigoler, je rigolais à mon tour. Je me sentais bien, je me sentais loin de tout.
On est ensuite rentré dans la cité il continuait de rouler et devant les teneurs de murs il faisait quelques figures, moi je criais de peur et lui se mettait à rire. Il s’arrêta en bas de mon batiment, on est descendu, j’avais plus l’impression d’avoir les pieds sur terre, ma tête tournait un peu mais je me sentais bien, j’étais heureuse. Il enleva son casque et je pu revoir son beau visage bien dessiner. Mais je ne ressentais rien pour lui, c’était comme un frère pour moi, rien de plus. On resta un peu à parler en bas puis je suis monter chez Khalti Nouria. Je l’ai aider à faire à manger, j’ai laver un peu malgré qu’elle me criait de ne rien faire. On attendait Haytem pour venir manger mais il tardait à venir. Je voyais que Khalti était contrarié, elle devait être mal en pensant à la situation de son fils, elle devait sûrement être au courant, une mère sait tout. On mangea sans lui, ressentant toute les deux un grand vide en nous. Le repas fut silencieux, puis je partis dans la chambre que j’allais occupé. Je m’étais allongée, repensant à tout ce qui m’était arrivé. Cette année avait vraiment été mouvementé.. Qu’est-ce que le Mektoub allait bien me reservé ?
Sur ses pensées je me suis endormi, mais je fut réveillé au beau milieu de la nuit par une interruption inattendu dans ma chambre, je n’aurais jamais cru le voir un jour comme ça, le voir montré ses sentiments, lire la tristesse dans ses yeux, y voir des larmes.. J’aurais préféré ne jamais avoir eu à le voir dans cet état.