« Salut, Citrus du passé. Ça va ? Ok, c'est nul comme début de lettre. Je l'avoue.
Écrire à mon « moi du passé », c'est étrange mais d'après le psychanalyste, ça m'aide à voir tout ce que j'ai accompli en quelques années de thérapie. Genre, mettre le point final pour montrer que je suis complètement guéri de mon trouble de l'identité.
Alors, qu'est-ce qu'il se passe dans ma vie actuellement et comment te montrer qu'à 25 ans, tu as bien changé ? Voyons voir...
La commission mondiale est en train de débattre de l'interdiction du clonage. Eh oui, les révélations de Citrus Lime ont eu un effet ! La communauté scientifique et tous les autres ont pris conscience de tout ce qu'impliquait le clonage des jelly belly.
La transmission de talent se perdant à chaque génération mais aussi le fait qu'on puisse en faire germer des nouveaux. Pleins de questions d'éthiques et autres qui font perdre peu à peu l'importance des êtres comme nous mais surtout des Jelly Beans dans notre société.
Savoir que je ne vais pas être cloné me rassure. J'aime mon existence unique.
En parlant de Citrus Lime, le premier... j'ai commencé à lui envoyer des lettres.
Depuis que je suis allé le voir et que je lui ai dit tout ce qui me pesait sur le cœur, nous avons enfin commencé à avoir une vraie discussion. Ça a pris du temps, plusieurs années, mais depuis quelques mois, nous nous écrivons.
Nous parlons de ces décisions, de l'importance de ces aveux et de son histoire. Il songe à écrire sa version des faits dans la mort de Red Apple. Leur histoire. Il dit qu'il a le temps de le faire et que c'est nécessaire pour l'Histoire.
Je pense surtout que c'est un « geste » qu'il me fait après toutes ces années de souffrance. Il doit se dire que rétablir la vérité va nettoyer sa réputation et me permettre de ne plus être vu comme le clone d'un scientifique fou et meurtrier.
J'en ai parlé avec Roy et il est convaincu que Citrus est en train de se repentir. Je ne pourrais jamais lui pardonner mais je dois reconnaitre qu'il fait des efforts et qu'il arrive, parfois, à être moins glacial.
D'ailleurs, Roy va recevoir le Nobel. Ça lui est passé au nez il y a deux ans mais cette fois, c'est officiel. Ses travaux de recherches, tous les articles qu'il a écrits et surtout toutes ses nuits blanches ont payés.
Bon, il n'a pas encore demandé Emilie en mariage mais ça ne saurait tarder. Ils ne sont ensemble que depuis un an mais je sens qu'il en a envie. Ce n'est qu'une question de temps. Et puis je l'aime bien.
C'est grâce à elle que j'ai pu trouver ma voie. Sans cette formatrice rencontrée en sortant de l'Académie, je ne serais jamais devenu régisseur son.
Je travaille toujours pour le label des sœurs Cappuccino et je compte même faire un apprentissage auprès d'un mixeur son. Cappuccino me pousse à reprendre la guitare, d'ailleurs. Nous travaillons toujours ensemble, presque tous les jours, et tout se passe bien.
Sa « sœur » Kapu-Kapu a décidé de lancer sa marque de vêtement, allez savoir pourquoi, en parallèle de son travail avec le label. Quant à Puccino, elle est toujours sur les routes avec Wild.
Ces deux-là sont encore dans leur tour du monde à moto. Ça fait déjà quatre ans. La dernière fois que Wild m'a appelé, ils venaient d'arriver par bateau à Singapour. Je reçois toujours des cartes postales de leur road-trip infini et j'ai hâte de les revoir à leur retour.
Monsieur Minh reçoit les mêmes cartes que moi et la dernière fois que je suis passé à sa supérette, il les avait affichés près de la caisse. Ce vieux chinois est encore plus dur qu'à l'époque avec ses jeunes employés. Il m'a dit qu'il « leur apprenait la vie ». Je crois qu'il compte continuer à veiller sur les étudiants paumés mais travailleurs jusqu'au bout.
Je ne passe pas souvent à Flavor City mais à chaque fois, je ne manque pas de le saluer. De prendre un café au On the Rocks, un burger au Crazy Chicks et de jouer sur les machines du 20 Percent Cooler. J'ai nommé plusieurs des textes que j'ai écrits d'après les noms de ces endroits. Ça m'a inspiré.
Il n'y a pas longtemps, je suis retourné à l'Académie pour assister à une remise de prix. Celle de Bellini pour recevoir une des nombreuses distinctions sportives qu'il a gagnées ces dernières années. J'en ai profité pour parler très longtemps avec Pina.
Ah oui, Pina est devenu une bonne « pote ». Oui, c'est étonnant et j'en suis encore surpris.
Celle à cause de qui j'en ai bavé pendant mes premiers mois de scolarité à Flavor City, est devenue quelqu'un de « correct ». Elle s'est excusée pour tout, a tout avoué et s'est repentie le temps que l'on ait nos diplômes. Tout ça pendant l'année où elle a redoublé et s'est retrouvée comme ma voisine de classe.
Ce serait trop long à raconter mais celle devenue la femme de Bellini a bel et bien changé et ça sans l'influence de l'alcool. Ça s'explique surtout par sa rupture avec Punch qui a fait beaucoup de bruit à l'époque, mais également l'attachement qu'elle avait pour Bellini malgré la distance qui les séparait.
En tout cas, l'ancienne majorette est devenue quelqu'un de bien, contrairement à une autre majorette.
Cotton Candy ne s'est pas calmé, même après que j'ai refusé l'offre des Jelly Beans. Elle m'a tendu beaucoup de pièges pour me faire tomber dans ses bras. Elle est aussi à l'origine de nombreuses disputes et quiproquos que j'ai eus avec Red mais au final, son acharnement nous a rapproché.
Aux dernières nouvelles, elle joue dans une comédie musicale en tant que Jelly Beans et qui cartonne à Broadway. Il paraît même qu'elle va reprendre son rôle dans l'adaptation en film et série. Elle ne manque pas de m'envoyer des courriers avec ses accomplissements, surement pour tenter de provoquer des regrets pourtant inexistants chez moi.
Red prend un malin plaisir à toutes les brûler. »
« Citrus ! Tu fais quoi ? »
Je lève mon stylo et l'agite devant les yeux de Popcorn qui pousse un soupir et fini par me sourire.
— Tu es obligé de faire ça maintenant ?
— Je revois le psy une dernière fois demain matin.
— Et tu ne peux pas faire ça ce soir ?
— On risque de rentrer très tard... ou tôt. Red compte même faire une nuit blanche pour nous conduire à l'aéroport après ma consultation. Mais même s'il veut conduire, je compte commander un taxi. Il dit qu'avoir quatre heures d'avance, c'est s'assurer de ne pas rater notre vol. Cette fois-ci, en tout cas.
— Vous avez bien retenu la leçon ! Ne t'inquiète pas, je veillerais sur votre nouvel appartement le temps de votre voyage.
Je baisse les yeux vers son ventre rebondi alors qu'elle saisit ma main pour la poser sur ce dernier.
Mes paupières se ferment pendant que mes doigts caressent le tissu de sa robe fleuris lorsque je sursaute en sentant un petit coup provenant de l'intérieur.
— Tu veilleras aussi sur lui, ou elle. S'il te plait.
— Je suis attentivement suivi par l'autre Popcorn et son mari donc tu n'as vraiment aucun souci à te faire sur ta progéniture. On veille au grain. En attendant, profitez de votre court voyage en France, toi et ton grand rouge !
— On y va pour signer un contrat et faire des photos promotionnelles, ce n'est pas des vacances !
— Ce n'est pas ce que la valise de Red dit.
Nous tournons la tête vers le canapé alors que cette dernière est grande ouverte. Des guides sur la ville lumière sont étalés sur de nombreux vêtements d'été, trop nombreux alors que nous ne partons que cinq jours.
Je pousse un soupir en roulant des yeux lorsque j'entends le propriétaire de la valise m'appeler depuis l'entrée de l'appartement.
« Je file me laver et on bouge ! Je n'ai pas envie d'arriver en retard pour la cérémonie ! » s'écrie mon homme avant de lâcher un juron et d'ajouter : « Dis à Pop de ranger ses chaussures dans le meuble quand elle débarque ! J'en ai ras le cul de marcher dessus ! J'te jure que si elle n'était pas enceinte de notre gosse, je l'aurais tabassé pour moins que ça ! »
Je hausse les épaules en regardant ma meilleure amie, lui chuchotant que même sans ça, il n'aurait jamais levé la main sur elle.
Pop est convaincu de l'inverse et nous savons tous les deux qu'elle a raison car, par le passé, Red nous a montré qu'il n'était clairement pas sexiste lorsqu'il s'agissait de se battre contre quelqu'un l'ayant énervé.
— Je finis d'écrire ça. Tu peux déjà installer tes affaires dans la chambre.
— En évitant de croiser Red, c'est noté !
— Et en rangeant tes chaussures aussi, s'il te plait. Histoire de ne pas le foutre en rogne. Il est déjà tellement stressé pour ce soir qu'il a passé la journée à faire du jumpstyle avec sa bande malgré la chaleur.
— Ah ouais je sens déjà l'odeur de sa transpiration d'ici ! Pouaaaah !
Je rigole face à sa réaction avant de reprendre l'écriture de ma lettre.
« Popcorn est devenue ingénieure, après de longues études. Mais au lieu de se mettre à travailler, elle a décidé de prendre une année sabbatique... Et de nous aider.
Lorsque nous lui avons parlé de notre projet de fonder une famille, elle s'est tout de suite proposée pour porter dans son ventre notre enfant. « Un mélange de vos gènes avec mon bidon servant de cocotte-minute, c'est tellement intéressant comme expérience sociale ! » avait-elle dit toute joyeuse.
Red était réticent mais le mari de la précédente Popcorn, qui est gynécologue, a réussi à le rassurer. Ça a été compliqué avec notre situation mais l'ancien statut de Jelly Beans de Red nous a ouvert les bonnes portes.
En parlant de mon grand rouge... Eh bien, il n'a pas trop changé. Enfin si, il s'est assagi. Quand il est en colère, il se défoule en allant danser. Quand c'est contre moi, il arrive à transformer son agressivité en amour. Enfin, en caresses plutôt.
Malgré son sang chaud, il est très câlin. Il m'a toujours donné beaucoup d'affection et avec le temps, ça ne diminue pas. Au contraire.
Il m'a beaucoup aidé avec mes problèmes d'identité, mes troubles et tout ce qui me prenait la tête il y a quelques années.
Ça lui est arrivé de perdre patience et qu'on ne se voit plus pendant deux semaines. Je m'en souviens encore, j'étais dévasté. J'ai cru qu'il m'avait quitté, mais non. Il était parti en stage de danse pour se calmer et est revenu vers moi avec la tête la plus dépressive que j'ai vue. Je crois que les jours après son retour, c'était le moment où j'ai reçu le plus d'amour de ma vie.
Des disputes, çà et là, mais énormément de moments heureux ensemble. De découvertes, de voyages et de musique. J'écris, Cappuccino compose et il chante.
Sa voix est toujours aussi... magique. Il dit toujours en interview que ce sans mes paroles, il ne serait rien, mais je trouve qu'il exagère. Nous n'avons pas arrêté de créer depuis que nous sommes ensemble et ce soir, Red Apple est nominé pour la catégorie « Meilleur chanteur de l'année » à une grande cérémonie.
Il n'arrête pas de dire qu'il ne va pas gagner car il n'y a que des Jelly Beans contre lui, qu'il est le seul indépendant participant à cette cérémonie, mais vu les retours que l'on a eus et son succès, nous avons une chance.
Et en plus de ça, on va signer un contrat d'exploitation pour que sa musique soit utilisée dans la bande originale d'un film français ! Bref, on a un peu galéré mais on a réussi à s'en sortir.
Sans les Jelly Beans. »
Je mets un point final à ma lettre, la pliant soigneusement avant de la mettre dans l'enveloppe destinée à mon psychanalyste et de la ranger dans ma sacoche.
« Alors ? On n'est pas prêt ? »
De grands bras m'encerclent et je sens des gouttelettes d'eau tomber dans mon cou. Je bascule la tête en arrière et découvre le visage de Red mouillé à cause de ses cheveux bordeaux mal séché.
— Ce n'est pas parce que tu as les cheveux courts que tu ne dois pas les passer sous le sèche-cheveux ! Tu fous de l'eau partout et tu risques de tomber malade !
— Oh ça va, cœur ! Tu dis ça juste parce que tu les aimes plus longs. Ça te donne l'impression de sortir avec une meuf, c'est ça ?
— Tu sais bien que je m'en fous. Tu cherches le conflit parce que t'es stressé ?
Red ne dit rien mais son étreinte me le confirme. Je lui embrasse la joue et me lève pour poursuivre le câlin mais il en décide autrement et m'embrasse passionnément. Me faisant fermer les yeux et tenter d'imaginer un quotidien sans lui.
Un avenir sans lui...
Si je ne m'étais pas retrouvé à côté de lui. Si nous n'avions pas été voisins de casier et de dortoir. Si deux personnes avant nous, ne s'étaient pas aimées.
— Je t'aime, murmuré-je.
— Tu sais qu'on n'a pas le temps pour une pipe.
— Hein ? C'est comme ça que tu prends mon amour spontané ?!
— Je rigole, abruti.
— T'es qu'un con. Une pomme stupide et pas assez sucrée.
— Moi aussi je t'aime, mon amoureux naïf et aussi acide qu'un citron.
Je fais la grimace avant que son rire ne m'emporte avec lui et que ses bras ne me ramènent contre son corps et, par extension, ses lèvres.
Red Apple est mon moteur. On se soutient mutuellement. On a des hauts, des bas, mais on est toujours là l'un pour l'autre.
On considère le passé, on vit le présent et on prépare l'avenir. Ensemble.
Sans les Jelly Beans.
C'est ironique, parce que sans les Jelly Beans, nous n'aurions pas été ensemble !
Et cette fin... C'est d'un cliché !
À en gerber, comme dirait l'homme dans mes bras !
C'est comme ça que se termine ma romance d'adolescent ?
Bah...
Finalement...
Ce n'est que le début d'une histoire d'amour bien plus grande.
The Jelly Beans
FIN
LE MOT DE LA FIN
Cela fait presque un an. Presque un an que vous suivez le développement de Citrus et de ses amours/amitiés. Autant de temps voire plus que j'écris cette histoire !
C'est la première fois que j'écris une romance pour adolescent et je vais être honnête : ce sera surement la dernière 😆 J'ai été motivé par le travail de lilylubie et Hell_97 de base mais la conclusion de cet exercice d'écrire dans plusieurs genre est que le style "romance pour ados" n'est pas mon point fort.
Peut-être que l'exercice est réussit pour vous mais je vous avoue et vous avez dû le voir à la fin mais j'ai patiné. J'aime développer les relations amoureuses mais le cadre de l'école, ses relations sociales et les problématiques des personnages m'intéressent moins que les adultes et jeunes adultes. Peut-être parce que l'époque du lycée s'éloigne de plus en plus de mon présent ? Meh. 🤔
Dans tous les cas, j'ai tout de même énormément aimé développer la relation Citrus/Red. C'était ce que je voulais faire de base tout en traitant des relations homosexuelles et de la transidentité. Que l'on peut être et aimer sans toujours s'attacher à l'importance du genre.
On aime des êtres humains, avant tout. On doit plus s'attacher au fait qu'ils soient bons ou mauvais pour nous avant de juger leur genre/sexe/couleur/ etc... Bref, vous êtes intelligent.e.s et aviez compris le propos en lisant l'histoire 😉 J'en ai aussi profiter pour montrer du point de vue de Citrus que oui, même si l'on est un homme, on peut subir du harcèlement/agression sexuelle de la part d'une femme. La toxicité n'est pas réservé à un genre.
J'ai aimé le Citred, votre passion pour eux mais aussi pour les autres. Que vous vous attachiez aux personnages secondaires, que vous compreniez que les ados sont complexes à travers des personnages comme Cotton, Pina mais aussi Punch ou encore Bellini (que j'aurais voulu vous montrer bien plus). Que le popcorn, c'est juste le kiff 😎
Merci à Lily d'avoir lu les premiers jets de l'écriture de cette histoire. Sans ça, je ne sais pas si je l'aurais publié si tôt. Merci à Elvie pour son fangirlisme encourageant mais surtout son aide sur la réecriture du résumé. Encore plus de merci aux irréductibles toujours présents pour me laisser à chaque chapitre des commentaires m'encourageant à continuer !❤️
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Le mot de la fin étant déjà bien trop long, je vous laisse retourner à vos vies pendant que je vous prépare la sortie d'une nouvelle chicklit, Video Game Lover suite de Food Porn Lover, avec le retour d'un certain Andréa Simon... 😏🤫 (vous pouvez déjà l'ajouter dans votre bibliothèque !)
Des bisous sucrés et citronnés,
— Anthéa Viki
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Début de publication le 11 juin 2020. Fin de publication le 22 avril 2021.
Couverture : ES Desigraphy