Après cinq jours de prison, la princesse me rend visite, ou plutôt elle vient m'annoncer que je suis libre. Vu la tête que je dois faire quand elle me dit ça, elle prend la peine de m'expliquer.
Philippe et Adrien sont les rois, la guerre contre Floréal s'est arrêtée il y a quelques jours. Et ils ont décider de te gracier. Tu es libre.
Merci. Dis-je en sautant dans ses bras.
Si j'avais du passer ces trois années en prison, je l'aurais fait, mais puisque je suis libre, je ne vais pas m'en plaindre.
Je rentre au château accompagnée de Lilith. Ça me fait bizarre de retourner ici. Ce sont les nouveaux rois qui m'accueillent et ils ont l'air plutôt heureux de me voir.
C'est dommage que tu n'ai pas pu assister au couronnement, ces deux là étaient vraiment beau. Dit Lilith en bousculant Adrien de l'épaule.
Désolé de pas avoir pu te faire sortir avant. Dit Philippe.
Vous pouvez un peu arrêter de vous excuser pour des choses inutiles s'il vous plaît. C'est déjà assez sympa d'avoir voulu me gracier pour que je me plaigne. Répondis-je.
Ils m'expliquent les changements qu'ils ont déjà fait, sont en train de faire ou prévoient de faire. En quelques jours seulement, ils ont réussi à arrêter plusieurs membres du réseau de traficans.
On va arrêter encore du monde dans les jours qui viennent, mais on sait que plus on met de temps, plus ce sera difficile de les retrouver puisque ils sauront qu'on les cherchent. Dit Adrien.
Tous ne sont pas mauvais, je veux dire, oui la plupart le sont, mais certaines personnes qui achetaient ces enfants voyaient plutôt ça comme une adoption. Il ne faut pas simplement enfermer tous les gens qui sont sur cette liste.
Ils me regardent tous les trois en se demandant certainement ce qui me prend. Je prend ma défense en continuant.
Je n'ai pas eu cette chance, mais j'avais une amie qui a trouvé une famille aimante et avec les moyens de la nourire. Et je pense qu'il y en a d'autres comme cette famille. Vous savez, les orphelinats à Kaichi, c'est plutôt des prisons pour enfants innocents. Ça où le manoir Sarazi, il n'y a pas de grande différence, à part qu'au manoir on était nourri correctement. Plus j'y pense et plus je me dit qu'il pensait peut-être bien faire. A part ses punition les plus tordues.
Je me tait quand je me rend compte que je m'enfonce. C'est vrai, mon opinion de ces gens a changé, mais j'ai eu pas mal de temps ces cinq derniers jours pour réfléchir.
Il vous a fait du mal. Et les gens sur cette liste ont continué à vous faire du mal. On fera la part entre ceux qui faisaient ça pour eux, et ceux qui faisaient ça pour ces enfants. Conclue Lilith.
Elle a raison, comme souvent, mais je n'arrive pas à m'empêcher de me sentir mal pour ces gens. Certains noms sur cet liste datent d'il y a plusieurs dizaines d'années. Ils ont pu changer entre temps. Ils ont peut-être culpabiliser. Peut-être que c'est parceque je suis de nouveau passée de l'autre côté, que j'éprouve de l'empathie pour ceux qui me ressemblent plus que je veux l'admettre.
Vas te reposer, tu en as bien besoin. Dit Adrien.
J'obéis et monte pour me coucher, mais quand je m'apprête à monter au deuxième, Lilith me retient.
C'est bon, tu peux dormir avec moi tu sais. Presque tout le monde est au courant.
Oui c'est vrai, presque tout le monde est au courant. Et personne n'a l'air de mal le prendre. Je vais donc faire une petite sieste dans les bras de Lilith.
Tu es vraiment magnifique quand tu dors. Dit-elle quand j'ouvre les yeux.
Arrête un peu de me complimenter je vais finir par te croire. Répondis-je en rigolant.
Les semaines qui suivirent se passent au rythme des arrestations. Plusieurs dizaines d'hommes et de femmes se retrouvent jugés et condamnés. Je n'ai participé à aucune de ces arrestation, mes souvenirs me font encore souffrir.
Ineba. M'appelle Philippe. C'est un peu délicat... Tu veux participer à l'arrestation des personnes qui t'ont... acheté? On est tombé sur ton nom et je pense que tu devais le savoir qu'on y arriverai à un moment. Alors si tu préfères rester à l'écart, je comprends...
Non, pas cette fois. Oui ça me touche beaucoup, comment ça ne pourrait pas après tout. Mais cette fois je veux y participer, pour pouvoir définitivement tirer un trait sur mon passé.
Il acquiesce et me donne les informations pour cette arrestation. Ça sera la dernière fois où je retournerais à Kaichi. Mais cette fois-ci, je pourrais enfin tourner la page ou même la déchirer.
Et c'est comme ça que je me retrouve à nouveau devant la porte de la maison de la famille Sapila. Est-ce que j'ai peur? Non, pas cette fois puisque je sais qu'ils vont payer. Je pense qu'ils étaient pire que monsieur Sarazi. J'ai été leur esclave pendant cinq ans, jusqu'à ce que je m'enfuis pour de bon et que je quitte Kaichi par la même occasion.
Monsieur et madame Sapila, vous êtes en état d'arrestation pour collaboration au trafic d'enfants. Dit le chef de l'expédition.
Quand ils passent devant moi, menotés, je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire vainqueur. Vu le regard que me lance le couple, eux aussi m'ont reconnue, mais il fait dire que cette fois, ça me fait du bien. C'est terminé, ils ne hanteront plus mes nuits et ne me tiendront plus éveillée jusqu'au petit matin. J'ai gagné, ils ont perdu.
Je retourne à Théol, victorieuse. Tout n'est pas fini, mais c'est sur la bonne voie.