Durant la semaine qui suivit, les filles s'efforcèrent de réconforter Dorcas du mieux qu'elles pouvaient. La jeune fille avait raconté les raisons de sa séparation à Lily, qui était la seule des filles à être au courant du "petit problème de fourrure" de Remus, mais elle avait eut beau parler au maraudeur, celui-ci n'en démordait pas. C'était la première fois que son ami se montrait aussi catégorique et la jolie rousse sut bien vite qu'elle ne le ferait pas changer d'avis. Heureusement, les deux Gryffondors avaient conservé une relation amicale et cela n'entravait pas l'ambiance du groupe. Marlène, elle, avait fini par avouer à ses amies qu'elle avait des vues sur Sirius depuis le bal de Noël mais le fait que le jeune homme ne veuille plus leur adresser la parole compliquait les choses.
Les vacances de Noël n'étaient terminées que depuis deux semaines, mais pour les septièmes années, l'ambiance festive n'était plus qu'un souvenir. Ils étaient enterrés sous une masse toujours grandissante de devoirs et seuls Lily et Remus s'en sortaient sans se coucher à pas d'heures le soir. Mais un soir, alors que Lily et Dorcas finissaient un devoir de potions particulièrement long pour le professeur Slughorn, un hibou vint taper contre le carreau, tirant la jolie rousse de son livre. James, qui était occupé à faire son devoir de métamorphose en compagnie de Remus, à l'autre bout de la grande table de l'appartement des préfets, reconnut aussitôt la chouette des neiges de son père et alla ouvrir. L'oiseau vint se poser sur la table et tendit obligeamment la patte vers le jeune homme qui entreprit de récupérer la lettre qui y était accrochée. Lily se leva à son tour et se pencha par-dessus l'épaule de son petit ami pour lire en même temps que lui. Il n'y avait que quelques lignes, écrite à la hâte, à en juger par l'écriture précipité et presque illisible de Fleamont.
James, j'ai reçu l'autorisation de te parler via la cheminée de l'appartement des préfets. Je serais là à 21h.
"C'est mon père, annonça le jeune homme à ses amis. Il veut me parler dans la cheminée.
-C'est dans 5 minutes, l'informa la jolie rousse.
-Tu veux qu'on s'en aille? demanda Remus à James.
-Non, t'inquiète. Il faut toujours qu'on finisse ce fichu devoir!"
Les quatre jeunes sorciers s'approchèrent de la cheminée pour attendre Mr Potter. 5 minutes plus tard, un toussotement retint leur attention et le visage du père de James apparu dans les flammes.
"Papa! s'exclama le jeune Potter.
-Bonjour James, répondit-il, mais Lily ne put s'empêcher de remarquer que sa voix était légèrement tremblante et échangea un regard inquiet avec Remus. Qui est avec toi?
-Ce sont simplement mes amis. Remus, Dorcas et Lily.
-Ah, très bien."
Fleamont sembla hésiter.
"Qu'est-ce que tu voulais me dire? le questionna son fils.
-James je... Ta mère a fait une rechute. Ce matin."
Sa voix tremblait et il semblait à Lily que des larmes perlaient au coin de ses yeux, même si c'était difficile à dire car il apparaissait dans les flammes de la cheminée. Elle attrapa la main de James.
"Elle a été transférée à Ste Mangouste mais son état était critique et..."
Sa voix se brisa. James le regardait d'un air effaré, sans savoir quoi dire. Son père se racla la gorge, au bord des larmes, puis reprit.
"Je... Ils n'ont pas pu la sauver.
-Non! s'exclama le jeune homme en tombant à genou, immédiatement enlacé par sa petite amie qui laissa également échapper quelques larmes, tandis que Remus et Dorcas, horrifiés, n'osaient esquisser le moindre geste. Ce n'est pas possible!
-Je suis désolé James. Le professeur McGonagall va organiser ton départ. Elle m'a aussi indiqué que Lily pouvait t'accompagner et je pense qu'il faudrait prévenir Sirius pour qu'il vienne également."
Fleamont semblait se raccrocher désespérément aux détails d'ordre pratique, mais son désespoir était presque palpable.
"Je m'en charge, assura alors Remus.
-Merci, répondit James, qui sanglotait toujours dans les bras de sa petite amie.
-Les autres pourront assister à l'enterrement, poursuivit son père. Je crois que c'est à peu près tout. Je vais vous laisser, il y a encore des choses à régler.
Il se tut, sembla hésiter un instant, puis reprit la parole.
"James... je suis vraiment désolé."
-Ce n'est pas de ta faute, répliqua son fils en levant les yeux vers lui, des larmes coulant toujours sur ses joues. Nous n'y pouvons absolument rien. Mais ça fait mal.
-Je sais. Nous nous reverrons demain, vous prendrez la poudre de cheminette.
-Très bien, répondit Lily, qui semblait elle aussi anéantie par la nouvelle. Merci Mr Potter."
Le père de James lui adressa un petit signe de tête puis disparut de la cheminée. Remus annonça qu'il allait parler à Sirius et Dorcas décida de l'accompagner. Lily et James se retrouvèrent donc seuls, assis sur le tapis du salon. Le jeune homme sanglotait toujours mais la jolie rousse savait qu'à ce moment précis, la meilleure chose à faire était de le laisser pleurer. Elle-même repensait à la conversation qu'elle avait eu avec Euphémia, la première fois qu'il savaient été la voir à Sainte Mangouste. Quoi qu'il arrive, elle honorerait sa promesse. Jusqu'au bout.
Au bout de quelques temps, quelqu'un toqua à la porte. James essuya ses larmes d'un revers de manche tandis que Lily allait voir qui c'était, décidée à renvoyer tout visiteur indésirable. En entrebâillant la porte, elle fut surprise de trouver Sirius, qui avait les yeux rougis et semblait ébranlé. Il avait perdu l'air dur qu'il arborait depuis quelques semaines, anéanti par le décès d'Euphémia.
"Il faut que je parle à James, annonça-t-il.
-Entre." répondit l'intéressé avant que Lily ait eut le temps de répondre.
La jeune fille se retourna et vit que son copain s'était levé et qu'il se tenait au milieu du salon, les dents serrés. Il ne pleurait plus mais avait les yeux encore rougis par les larmes. Sirius s'avança dans le salon et Lily referma la porte derrière lui avant de disparaitre dans sa chambre pour les laisser parler entre eux. Les deux garçons, qui ne se parlaient plus depuis des semaines, restèrent longtemps debout, aux deux extrémités de la pièce, à se regarder sans rien dire, peut-être même sans savoir quoi faire. Puis, Sirius traversa d'un coup la distance qui les séparait et fit un geste qui paraitrait complètement inhabituel à quiconque le connaissait un tant soit peu. Il prit son meilleur ami dans ses bras. Surpris, James lui rendit maladroitement son étreinte puis ils se séparèrent, un peu embarrassés.
"Je suis désolé, dit alors Sirius.
-Merci.
-Pas uniquement pour ce qui est arrivé à ta mère. Pour tout le reste, toutes les fois où je ne t'ai pas compris, où je me suis montré injuste avec toi. J'ai mal agi, je m'en suis rendu compte.
-Tu n'es pas le seul, répliqua James d'une petite voix. Moi aussi, j'ai mal agi. Je savais que tu considérais ma mère comme ta propre mère et je n'aurais pas dû te cacher sa maladie. J'ai été idiot. Complètement idiot.
-Non, ta réaction était parfaitement compréhensible.
-La tienne aussi.
-Crois-moi, j'ai plus tort que toi dans cette histoire. C'est moi l'idiot.
-Non, après coup, j'ai compris ta réaction. C'est à moi qu'il faut en vouloir.
-Non, je t'assure."
Ils se regardèrent un instant en chien de faïence puis James esquissa un semblant de sourire.
"On devrait arrêter de se jeter des fleurs tu ne crois pas?
-Oui, si je reçois trop de compliments de ta part en moins d'une minute, je risque de faire une overdose, s'amusa Sirius.
-Parle pour toi, répliqua son meilleur ami. Perso, je ne dis pas non. Surtout si tu commences à te traiter d'idiot."
Ils échangèrent un sourire complice puis éclatèrent de rire. Ils étaient heureux de s'être retrouvés, même dans ces circonstances.
"Je devrais peut-être m'excuser auprès de Lily, avança Sirius, de nouveau sérieux. Je n'ai pas été très correct avec elle.
-Tu ferais mieux, oui. Sinon, elle va t'en vouloir jusqu'à la fin de ta vie.
-Oh, ça va hein!"
James lui tira la langue puis alla toquer à la porte de la chambre de sa petite amie.
"Oui? répondit-elle.
-Lily-Jolie, tu peux venir s'il-te-plait? Sirius a quelque chose à te dire.
-J'arrive."
Elle les rejoignit dans le salon et son regard passa de l'un à l'autre, étonnée par leurs sourires.
"Lily, commença aussitôt Sirius. Je voulais m'excuser. Je n'ai pas été très correct avec toi ces dernières semaines.
-C'est déjà oublié, lui assura la jeune fille. Le fait que vous vous soyez réconciliés me suffit. Même si ça marque le retour des blagues douteuses des Maraudeurs.
-Nous, faire des blagues douteuses? s'étonna James. Jamais!
-Ça ne m'aurait jamais traversé l'esprit." ajouta Sirius.
Les deux amis éclatèrent à nouveau de rire, sous le regard mi amusé mi réprobateur de Lily. La jeune fille ne put s'empêcher de remarquer que, dans ces circonstances, Sirius était parvenu à faire ce qu'elle même n'avait pas réussi. Il avait refait de James un maraudeur à part entière, alors même qu'il venait de perdre sa mère et qu'il aurait dû être anéanti. C'était une fois de plus la preuve que l'amitié qui les liait était incroyable et la jeune fille su à cet instant précis que, malgré tout l'amour qu'elle avait pour son petit ami, jamais elle ne pourrait faire ce que Sirius réussissait à faire.