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Ça faisait déjà une heure que j'avais croisé ce gars attaché, Bryan. Il était totalement con et se prenait pour un dieu, mais il était totalement perdu.
— Pourquoi tu me suis ? lui demandais-je.
Depuis que je l'ai détaché, il ne m'a pas lâché d'une semelle.
— Je ne te suis pas !
— Comme ton ancienne petite amie est morte maintenant, tu te rabats sur moi ? Désolée, mais t'es pas mon genre !
— Ferme la ! Je te suis pas on va juste dans la même direction !
— Ah bon ? Eh bien à partir de maintenant, je vais aller par là ! dis-je et faisant demi-tour.
Il attendit quelques secondes avant d'en faire de même.
— Je croyais que tu allais de l'autre côté ! Tu vois tu me suis !
— La ferme ! Je te suis pas, je me suis juste trompé aussi !
J'ai de nouveau fait demi-tour, il en fit de même après un court instant.
— Tu t'es encore trompé ? dis-je d'un ton malicieux.
— Bordel t'en fais exprès espèce de... ouais, j'me suis gouré. Mais pense bien ce que tu veux de toute façon je m'en fous.
— Et tu crois que je vais gober ça ?
— Mais tais-toi et avance ! On va juste au même endroit, ça te pose un problème ?
— Non non, aucun.
Bon, c'était sûr qu'il me suivait, il projetait certainement de me tuer ! Mais je n'avais aucune inquiétude à avoir venant de lui !
— Hé, tu vas m'expliquer c'était qui ces mecs qui m'ont ligoté ? Ils avaient l'air de te connaître.
— Pourquoi tu veux en savoir plus sur ces gars ?
— Si tu les as mis en rogne, ils vont finir par nous retomber dessus, alors vas-y explique.
— Leur « patron », c'est mon ancien binôme, on se connaissait et se détestait déjà, mais bref, ce n'est pas le plus important. Ce salopard a comme don d'asservir les personnes qu'il arrive à vaincre. Il a trois esclaves sous ses ordres qui ne le quittent jamais, et cinq autres étaient ce qu'il appelait ses « recruteurs », ils étaient censés capturer de nouveaux esclaves. Ce sont eux qui t'ont capturé. J'ai buté les cinq recruteurs, on ne peut pas laisser un gars avoir une telle armée.
— Tu comptes tuer leur chef ?
— Ouais, et on n'a même pas besoin de venir à lui ! Crois-moi, c'est lui qui viendra à nous.
J'ai continué ma route, toujours suivie de ce gars, vers un endroit où passer la nuit. Nous avons fini par trouver une petite cabane, c'était là que j'avais tué deux des esclaves de mon ancien binôme. L'un d'eux était capable de construire ces petites maisonnettes en bois. On devrait pouvoir s'installer ici en attendant bien sagement qu'on vienne à nous.
— Quoi ? Tu comptes rester ici ?
— Ouais, c'est le dernier endroit où il s'attend que je sois !
— Tu te fous de ma gueule ? Il n'y a pas plus cramé comme planque !
— Oh, tu crois ça ? Si tu as une meilleure idée, vas-y, dis-moi tout.
Il ne me donna aucune réponse.
— Tu m'as posé un tas de questions, c'est à mon tour maintenant, imposa Bryan.
— Hum, et si je n'en ai pas envie ?
— Je ne te laisse pas le choix sale garce !
— Tu sais quoi, vas-y pose tes questions.
— C'est quoi ton don ?
Je ne répondis pas à sa question, il s'impatienta au bout de quelques secondes. Un vrai plaisir de le voir rager !
— Bordel, mais réponds-moi !
— Hein ? J'en ai pas envie.
— Tu m'as dit de poser mes questions !
— Ouais, mais celle-là j'ai pas envie d'y répondre, allez suivant !
Il sortit un couteau de sa poche et le dirigea vers moi.
— Tu vas répondre à ma question connasse ! s'enragea-t-il.
— Ah ouais ? Et pourquoi je ferai ça au juste ?
— Si tu le fais pas, tu crèves !
— Ah ouais ? J'aimerais bien voir ça !
Il s'approcha de moi, sans le moindre effort, j'ai esquivé son coup et lui ai tordu le bras lui faisant lâcher son couteau.
— Espèce de...
— Confisqué ! dis-je moqueuse en ramassant le couteau.
— Espèce de... connasse ! Énorme connasse !
Je ne pensais pas croiser ce genre de mec ici. Enfin, je pensais en croiser, mais pas de cette façon. J'ai côtoyé suffisamment de connards dans ma vie, je n'ai fait que ça. Des crapules de la pire espèce. Certains n'étaient que d'immondes enfoirés par pur plaisir, certains avaient été totalement brisés. Enfin, leur vie ne me regardait pas vraiment. Au fur et à mesure, j'ai pu voir l'évolution de certaines personnes, passant de mecs paumés à véritables enculés. Bref, c'est la voie que prend ce gars, Bryan. Il prend la voie d'un enfoiré. Il a été affecté par la mort de sa partenaire, il cherche sûrement quelqu'un à qui se raccrocher. Pas de bol, c'est tombé sur moi.
— Tu me suis pour pouvoir me tuer c'est ça ? demandai-je.
— Tsss... bien sûr espèce de connasse, pourquoi je te suivrais sinon !
— Il pourrait y avoir plein de raisons ! Je ressemble peut-être à ton ex...
— Ferme-la bordel ! Arrête de parler d'elle !
— Pourquoi ?
— J'ai aucune envie d'en parler ! Et c'est à moi de poser des questions !
— OK, alors vas-y, pose-moi ta question.
Il y eut un long blanc. Super, il voulait poser des questions, mais il ne savait même pas quoi dire ! Après une bonne trentaine de secondes, il finit par demander :
— Tu l'as eu ou ton flingue ?
— Je l'ai sur moi depuis le début, ce flingue ne me quittera jamais.
— Le mage noir te l'a pas retiré ?
— Bah non, pourquoi il aurait fait ça ?
— Mais c'est dégueulasse ! D'où tu commences avec un avantage si grand ! Moi, ils m'ont tout pris ! Mon portable, mes écouteurs, mon sac, tout ce que j'avais sur moi !
— C'est la vie, t'avais qu'à avoir un flingue sur toi quand ils t'ont ramené ici !
Enfin, ouais j'avais un flingue et c'était super, mais le nombre de balles à l'intérieur lui était limité ! J'avais que cinq balles, et j'ai déjà dû en utiliser trois.
— J'ai une dernière question, déclara Bryan de son habituel ton agressif.
— Ah oui, laquelle ?
— Ton binôme, parle-moi de lui.
— Non, je n'en ai pas la moindre envie.
— Pourquoi ? C'est ton petit ami ?
— Bhahaha ! Sérieusement gamin ? T'essayes de me refaire le même coup que moi ? Et bah désolée pour toi, mais c'est raté ! C'est juste un gros con qui aimait tremper le biscuit de temps en temps ! Je suis pas vraiment sûre qu'on puisse parler de « petit ami » ! Tu pensais quoi ? Que t'allais me déstabiliser comme ça ? Je te raconte mon passé tragique et t'en profite pour me buter ? Ou tu te venges de quand tu étais attaché ? J'y crois pas t'es vraiment trop con comme gars !
— Ferme-la !
— Ferme-la par-ci, ferme-la par là tu sais dire que ça ma parole !
Un énorme bruit se fit entendre à l'extérieur de la cabane.
— Bryan, tiens-toi prêt. On dirait que nos chers amis sont arrivés.
— Pourquoi je t'aiderai ?
— Pour ne pas crever abruti. Sauf si tu veux être asservi par ce gars.
Un homme défonça la porte de la cabane.
— Salut, Risa.