Aventure d'une olympienne

By Cailin-Uisce

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Cayline Péseithéos, dernier fille d'Araxes et de Cassandre - descendant de prestigieux olympiens - décide de... More

Prologue
Chapitre 01
Chapitre 02
Chapitre 03
Chapitre 04
Chapitre 05
Chapitre 07

Chapitre 06 [En réécriture]

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By Cailin-Uisce

Ces derniers jours écoulés n'avaient pas été de tout repos pour Miiko. Non seulement, elle avait dû gérer le problème que posait la présence de l'humaine au sein de la garde, mais il avait fallu également qu'elle et les chefs de garde mettent en place les épreuves sélectives à venir pour les nouvelles recrues. Les premières arriveraient de Balenvia, de Lund'Mulhingar et d'Aeruisce. S'ensuivrait deux jours ininterrompus de nouvelles arrivées. Il n'y avait pas eu de temps à perdre. La garde étincelante avait passé des nuits courtes et de longues heures à débattre et à se mettre d'accord sur les procédures à suivre pour les épreuves. Ils ne réussirent qu'à se mettre entièrement d'accord quelques minutes avant l'arrivée des premières recrues.

Aussitôt la chose conclut, ils avaient dû se hâter vers les portes d'Eel afin d'accueillir les voyageurs. À peine furent-ils arrivés que déjà les gardes s'apprêtaient à ouvrir. Tranquillement, à mesure que les portes s'écartaient, les voyageurs pénétraient à l'intérieur de l'enceinte précédé par les gardiens-messagers. Chacun d'eux étaient monté sur un type de monture différente. Des Shokobow pour les uns, des Dalafas pour les autres. Et si Hratt se distinguait déjà bien de ses congénères, il n'était rien en comparaison avec la majesté des Morvac'h d'Aeruisce. Légèrement plus haut sur pattes, tous d'une robe noire au reflet bleuté et d'une longue crinière tout aussi sombre et majestueuse. Leurs sabots, couverts de fanon, semblaient laisser derrière eux une marque imposante dans l'allée. Mais ce qui fascina plus encore Miiko, ce fut le bleu de leurs yeux et la détermination qu'elle pouvait y lire. Une réaction ébahie la tira de sa contemplation. À côté d'elle, Ezarel, chef de la garde absynthe, admirait également les somptueuses créatures. Et après un rapide coup d'œil autour d'elle, la cheffe de garde constata qu'il n'était pas le seul.

C'était la première fois que tous pouvaient admirer des Morvac'h. Ces créatures n'étaient visibles que dans les forêts d'Aeruisce et la cité n'était pas des plus touristiques. De plus, la domestication des Morvac'h relevait d'une appartenance à la noblesse ou à l'importante garde de la cité. Un signe social distinctif qui permit rapidement à Miiko de deviner qui était Cayline. L'olympienne était montée sur le plus majestueux des trois équidés. Sa démarche, pourtant, dénotait en comparaison avec les autres. Il claudiquait légèrement. Le voyage l'avait peut-être épuisé.

Le comité d'accueil sortit enfin de son émerveillement lorsque tous les voyageurs descendirent de leurs montures. Miiko s'avança, alors, pour les saluer :

-Je vous souhaite, à tous, la bienvenue et un bon retour parmi nous pour nos trois messagers. J'espère que vous avez fait bon voyage.

Tous hochèrent silencieusement de la tête, attendant que Miiko continue. Parallèlement, les chefs de garde rejoignirent leurs gardiens. Du coin de l'œil, Cayline vit le dunmer échanger une chaleureuse et virile poignée de main aux plus imposants des trois chefs de garde. Elle se souvint alors que son ami était de la garde obsidienne et supposa que celui qui le saluait en était le chef. Vêtu d'une armure, mais aussi doté de muscles bien dessinés, il était assez beau garçon à son goût. Elle dut rapidement s'imposer une claque mentale afin de ne pas divaguer vers les plaisirs de la chair et quelques malencontreux fantasmes. Elle n'était pas ici pour prendre du bon temps et Belruil le lui avait suffisamment expliqué en chemin. Elle dévia donc son regard vers celle qu'elle devina comme la cheffe de la garde d'Eel et l'écouta attentivement.

-Nous sommes ravies que vous vous soyez porté volontaire pour la garde d'Eel et espérons que votre séjour et, peut-être, cette nouvelle vie qui vous attend, vous plaira. Je vous invite à nous suivre jusqu'à la salle de cristal afin que nous parlions un peu plus de ce qui va vous attendre et afin que je puisse répondre à vos questions, si vous en avez. Je vous invite à confier vos montures à vos guides. Ils se chargeront de leur trouver un box et de quoi les reposer.

D'un simple geste de main, Miiko invita ses subalternes à exécuter cette nouvelle tâche. Si la plupart confièrent l'aveuglement la bride de leur monture aux gardiens, Cayline eut cependant quelques réserves. Non pas parce qu'elle n'avait pas confiance en Belruil. C'était tout le contraire. Mais parce qu'Achille bénéficiait jusqu'ici de certains privilèges qui ne lui serait sans doute pas attribué ici, à moins qu'elle en fasse la demande. Devinant ses pensées, le dunmer commença à ouvrir de grands yeux ronds de désapprobation mais pas assez rapidement.

-Achille aurait besoin d'un box bien à lui, déclara-t-elle d'une voix déterminée à l'égard de Miiko.

-Nous soulèverons ce point plus tard, mais il n'existe aucun privilège particulier, peu importe votre rang social, répliqua sèchement Miiko à l'égard de la jeune femme.

Cette dernière se sentit légèrement rougir de honte en sentant l'entièreté des personnes présentes poser ses yeux sur elle. Pourtant, elle garda la tête haute et continua, malgré la main de Belruil sur son épaule qui l'invitait à cesser.

-J'insiste. Il est important pour lui de bénéficier de toute la place d'un box.

-Le Morvac'h souffre d'une jambe atrophiée, Miiko, ajouta rapidement Belruil avant que cette dernière ne puisse répliquer. La demande de sa propriétaire n'est en rien une excentricité de son rang social, mais un besoin de santé.

La kitsune regarda, tour à tour, Belruil puis Cayline. L'agacement pouvait se lire sur son visage. Peut-être l'olympienne aurait-elle dû commencer par ce fait plutôt que d'imposer un choix sans rien justifier de sa demande. Quoiqu'il en soit, elle finit par approuver dans un bref soupir avant de se retourner sans rien dire.

-Et bien, ça commence bien.

Vivement, Cayline se tourna vers l'elfe qui passait à côté d'elle. Un chef de garde, également, aux longs cheveux bleus et aux yeux d'un vert d'eau. Sa voix, sa démarche, son visage était marqué par un caractère hautain que l'olympienne n'eut aucun mal à déceler. Elle lutta difficilement contre l'envie de répliquer un mot cinglant, quelque chose pour le blesser, mais elle s'en abstint et préféra suivre Galaad et Cynon en compagnie de Paulh sans rien dire, tandis que le dunmer s'éloignait avec son Rawist et les Morvac'hs.

Ils traversèrent toute la cité, serpentant entre les modestes habitations et la cohue incessante d'un marché abondant. Tout au long du chemin, l'olympienne s'extasia silencieusement sur ce nouvel environnement. La beauté du lieu était bien différente de celle d'Aeruisce, mais en demeurait, pour autant, charmante. Si certains de ses futurs collègues semblaient y être impassibles, Cayline se rassurait en constatant du coin de l'œil qu'elle n'était pas seule à se perdre l'admiration ébahie du lieu. C'était notamment le cas pour Galaad et Cynon qui se tenait maintenant juste à côté d'elle. Paulh, de son côté, caressait le lieu d'un regard curieux, mais ne montra aucun signe particulier d'émerveillement. Le satyre avait, autrefois, voyagé. Il en avait vu bien plus que les trois membres d'Aeruisce. Ils arrivèrent, enfin, en face d'un pont menant à l'entrée de l'imposant bâtiment que constituait le Q.G. Ils le traversèrent, sans prendre le temps de s'arrêter. Les membres de la garde étincelante qui les guidaient ne laissaient pas le temps aux nouveaux venus de s'émerveiller. Ils avançaient sans se soucier de ce qui pouvait bien se passer derrière. Aussi, Cayline n'eut pas vraiment le temps d'inspecter le hall d'entrée où se dessinaient de nombreuses portes. Elle eut à peine le temps de s'interroger sur ce qui pouvait bien se trouver derrière. Ils gravirent enfin les marches en direction d'une salle à l'entrée d'un couloir circulaire pour déboucher, enfin, sur une pièce lumineuse dont les murs étaient constituaient de plaques de verre reliées entre elles par des arches de fer forgé. Parfaitement, au centre, se trouvait le cristal sur son imposant écrin. De lui, irradiait une légère lumière bleu apaisante. Cette fois, les chefs d'Eel laissèrent les nouveaux arrivants s'extasier. Il n'était pas donné à tout le monde d'admirer un aussi beau spectacle. Il s'écoula quelques minutes où chaque candidat se permettait d'admirer l'artefact sacré sous tous ses angles avant que Miiko ne les invite à l'écouter.

-Tout d'abord, je souhaitais me présenter officiellement. Je suis Miiko, la cheffe actuelle de la garde d'Eel et voici Leiftan, mon bras droit.

Un jeune homme s'avança et saluer la petite assemblée d'un geste de main. C'était un homme grand et mince dont la chevelure blonde était marquée par une mèche noire. Son visage était avenant, bien plus que celui de sa supérieure. Pourtant, Cayline ressentit une sorte de malaise inexplicable en posant ses yeux ambrés sur lui. Aussi, détourna-t-elle rapidement son regard pour le poser à nouveau sur la kitsune.

-Nos messagers vous l'ont peut-être expliqué, mais nous avons récemment subit une attaque à l'encontre du cristal. Il a donc été tout à fait naturel que nous mettions en place une campagne de recrutement. Encore une fois, je vous remercie de vous être portés volontaire. Cependant, vous pouvez deviner qu'intégrer le garde ne repose pas uniquement sur votre bon vouloir. Notre mission, outre de protéger le cristal, est de protéger le monde dans lequel nous vivons. Pour cela, nous avons besoin de membres ayant un minimum de talent.

Elle laissa s'écouler quelques minutes de silence lourd de sous-entendus. Cayline ne pouvait le jurer, mais elle était presque certaine que cette phrase lui était particulièrement adressée. Elle avait beau se questionner, elle ne trouvait pas encore un quelconque talent pouvant la conforter dans sa place au sein d'Eel.

-C'est la raison pour laquelle les chefs de garde et moi-même avons mis en place quelques épreuves propres à chaque garde. Mais avant cela, vous serez invité à passer un test de formalité avec Keroshane ou Ykhar ici présents.

Une brownie aux oreilles de lapin et un homme à l'allure licornesque s'avancèrent afin de se présenter. Tous deux affichaient un sourire serein et amical à l'assemblée. Puis, ils se retirèrent pour laisser à nouveau la kitsune s'exprimer.

-Ce test nous permettra d'évaluer votre potentiel dans une garde particulière. Si l'épreuve de la garde potentielle s'avère être un échec, nous vous laisserons la possibilité de repasser une seconde fois le test. Si une autre garde se dégage de celui-ci, nous vous autoriserons à repasser une épreuve. Dans le cas inverse, malheureusement pour vous, vous serez invité à repartir.

Un nouveau silence. Cette fois, l'angoisse et le doute avaient gagné l'ensemble des candidats. Cayline se demanda si ce n'avait pas été l'effet escompté, car au cours de ce silence, la cheffe de garde caressa doucement les potentielles recrues d'un regard consciencieux. Elle se racla enfin la gorge pour reprendre de plus belle.

-Vous êtes les premiers candidats à arriver à Eel. Vous passerez donc le test aujourd'hui, mais vos épreuves commenceront lorsque tous nos candidats ou une grande partie, seront arrivés. D'après les dernières missives envoyées par nos gardiens, vous serez, théoriquement, au complet d'ici deux jours. Nous vous conseillons vivement de vous reposer et de vous familiariser avec le lieu de votre, peut-être, nouvelle vie. Les chefs de garde et moi-même nous tiendrons à votre disposition si jamais vous avez quelques questions au cours de votre séjour. Pour le moment, je me dois de vous informer de quelques règles à respecter.

« Tout d'abord, sachez que votre rang social importe peu au sein des murs d'Eel. Peu importe que vous êtes un membre de la noblesse ou issus d'une famille moins aisé. Nous traitons nos gardiens sur un pied d'égalité. Votre mérite sera à la hauteur de vos actes et non de votre fortune.

« Vous ne disposerez que de votre propre chambre une fois votre intégration dans la garde validée. D'ici là, vous dormirez dans des dortoirs séparés suivant votre sexe. Les règles de groupe sont de rigueur. Nous mettons particulièrement l'accent sur le respect d'autrui. Dites vous que ces nuits dans vos dortoirs seront, en quelques sortes, une première et facile mis à l'épreuve.

« Les repas sont servis dans la cantine. Nous vous demanderons, pour le moment d'y rester. Vous serez libre de prendre vos repas où vous le souhaitez si vous faîtes partie des nôtres. Notre chef cuisinier ouvre la cantine de sept heures trente jusque neuf heures trente, de onze heures trente à treize heures trente le midi et de dix-neuf heures à vingt-et-une heures le soir. En dehors de ces horaires, nous ne pourrons plus vous garantir de repas.

« Étants considérés pour le moment comme des invités, les frais d'hébergement et de repas vous seront offert. Mais dès l'instant où vous ferez partie de la garde tout ceci sera à vos frais. Si vous avez quelques pièces en votre possession, nous vous conseillons vivement de les mettre de côté pour le moment. Mais ce n'est qu'un conseil, bien entendu, vous êtes libre de gérer votre argent comme bon vous semble. Rappelez-vous, cependant, que vous en êtes responsable.

Au fur et à mesure, Cayline commença à ne plus vraiment écouter. La première règle l'avait déjà quelque peu froissée. C'était ridicule, car, en soit, Miiko s'adressait à tout le monde et pas uniquement à elle. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir visée. Son petit esclandre avec le box d'Achille l'avait fait remarquer et elle ne pouvait s'empêcher de sentir quelques regards moqueurs ou réprobateurs derrière elle. Elle s'efforça de ne pas se retourner ou de chercher du regard ce qui pouvait bien lui provoquer cette étrange sensation. Elle fixa Miiko, se concentrant uniquement sur son faciès et le son de sa voix, même si elle ne comprenait plus vraiment le sens de ses mots.

-Avez-vous des questions ?, conclut la kitsune, soulagée d'avoir terminé son laïus.

-Oui, s'il vous plaît ?

Le son de cette voix si proche de l'olympienne l'horrifia. Tendue et étonnée, elle se tourna vers le calme Paulh. Ce n'était pas vraiment le moment de se faire encore remarquer. Mais déjà, Miiko invitait le satyre à s'exprimer. Il se racla la gorge, ignorant volontairement le regard réprobateur de sa maîtresse et s'avança d'un pas.

-Je vous remercie pour votre accueil chaleureux et je prends en compte les règles que vous venez d'évoquer. Cependant, je ne suis pas ici en tant que candidat à la garde. J'ai été chargé par mon maître de m'assurer de la bonne installation de sa fille au sein d'Eel. De ce fait, je souhaitais savoir, de ce fait, ce qu'il advenait de moi.

Des chuchotements se firent entendre et l'olympienne pouvait clairement voir l'agacement et la lassitude dans le regard de la cheffe de garde, sans compter sur le dédain de l'elfe aux cheveux bleus et le sourire moqueur d'un de ses compères. Elle aurait donné n'importe quoi, pour peu que tout cela cesse. Cependant, elle resta digne et se contenta d'un regard en coin à l'égard de Paulh. Ce dernier la regardait également discrètement et semblait bien désolé, quoiqu'obligé d'intervenir. Il aurait été fâcheux que le satyre soit admis dans la garde alors qu'il ne le souhaitait pas.

-Nous vous confierons une chambre le temps de votre séjour, répondit le bras droit de Miiko avant que cette dernière n'émette une réponse. Vous profiterez également de la gratuité que nous offrons à nos candidats. Cependant, au vu de la première règle évoquée, il vous serez demandé de ne pas agir en tant que serviteur à l'égard de madame.

-Je vous en remercie cependant, pardonnez-moi d'insister, mais...

-Ça suffit suffit Paulh, coupa finalement Cayline d'un ton plus sec qu'elle ne l'avait espéré.

-Mais votre père..., voulut répliquer le satyre d'une voix hésitante.

-N'était certainement pas au fait des lois qui régissent cette garde. Les privilèges sociaux n'ont pas leur place ici. Si j'intègre la garde, alors je devrais m'adapter.

Elle regarda tour à tour le satyre désarçonné, l'ensemble de ses futurs camarades puis les membres de la garde étincelante s'attardant un peu plus sur la cheffe qui approuva silencieusement ses dires dans un discret hochement de tête. Paulh, n'ayant plus rien à redire, recula. Doucement, Galaad posa une main sur son épaule, lui chuchotant qu'il n'avait pas à s'en faire. Cayline saurait se débrouiller. Une phrase bien trop infondée au goût du serviteur, et même de sa maîtresse. Mais l'heure n'était pas à débattre sur quelques menus détails.

Personne d'autre n'ayant de question, Miiko invita les candidats à suivre Ykhar et Keroshane jusqu'à leur dortoir – ou chambre dans le cas de Paulh – respectifs. Leur bagage avait été amené entre temps en face de la salle de cristal et chacun put reprendre ses affaires sereinement. Par réflexe, Paulh voulut prendre celle de l'olympienne, mais cette dernière le stoppa et tenta, tant bien que mal, de prendre le nombre important de ses valises d'une traite. Malheureusement, Cayline n'eut pas d'autre choix qu'elle avait besoin d'aide. Dans un élan de solidarité et peut-être en souvenir de la loyauté qu'il lui devait encore quelques jours avant le jeune Cynon lui prit une paire de bagages, les portant sans mal à bout de bras avec les siens. L'olympienne avait voulu, un court instant, protesté, mais s'était finalement rebiffé en voyant le sourire de compassion de l'ancien garde d'Aeruisce. Paulh voulut en profiter pour revenir à la charge, mais cette fois, ce fut Cayline, mais aussi Galaad qui le lui interdirent. La jeune femme remercia silencieusement ce dernier avant qu'ils rattrapent le reste de la troupe déjà quelque peu avancée.

Ils partirent au bon moment, car les chefs de garde et leur supérieure sortirent quelques secondes plus tard. Il aurait été désagréable pour Cayline de leur offrir un ridicule spectacle de fille de noble et bonne à rien. Presque soulagée, la jeune femme avança en compagnie de ses compagnons jusqu'au dortoir des femmes.

C'était une pièce vaste, éclairée par deux hautes fenêtres donnant côté sud-est. De part et d'autre des hauts murs, étaient posés une vingtaine de lits. Tous étaient séparés par un joli petit chevet de bois sculpté agrémenté d'une composition florale, toujours fraîche grâce à un procédé alchimique dont le chef de la garde absynthe avait le secret – au dire de la brownie Ykhar. De part et d'autre des hautes fenêtres, se trouvaient des armoires de bois sculptées du même bois que les chevets. C'était ici que les candidates avaient la possibilité de déposer leurs affaires. Le dortoir n'étant utilisé que provisoirement, il n'y avait pas véritablement de quoi s'installer sur du long terme. Avant de repartir et de guider les candidats jusqu'à leur dortoir, Ykhar rappela également les horaires pour la salle de bain commune ainsi que l'emplacement de celle-ci – un rappel des plus bienvenu pour Cayline qui n'avait pas retenue cette information.

Cynon accompagna Cayline jusqu'au lit que la jeune femme choisit –juste à côté d'une elfe de haute stature au visage avenant – pour y déposer, ses bagages puis reparti, l'invitant, au passage, à un petit repas entre habitant d'Aeruisce si cela lui convenait. La jeune femme en fut flattée. Au cours de leur périple jusqu'à Eel, l'olympienne et les deux gardes n'avaient pas vraiment eu l'occasion d'échanger quelques mots, sauf peut-être ceux que la courtoisie obligeait à dire. Ses principales discussions s'étaient essentiellement passées en compagnie de Belruil et de Paulh.

Une fois le reste du cortège parti, il y eut un léger flottement dans le dortoir. Chacune des candidates s'affairait à défaire ses valises. Certaines étaient venues avec peu de choses au contraire de Cayline qui réfléchissait à quelle valise elle devait prioritairement défaire.

-Tu devrais défaire celle-ci, suggéra sa voisine de chambre en désignant le plus petit bagage. Nous commencerons les épreuves d'ici deux jours. Lorsque ce sera fait, soit tu devras repartir, soit déménager dans une chambre. Alors ne déballe pas trop d'affaires.

-C'est vrai, mais ce sac ne contient pas vraiment de choses nécessaires. Mes affaires de toilettes sont dans cette valise et je ne sais vraiment pas quoi sortir comme vêtement.

-De quoi t'entraîner, peut-être, suggéra la seconde voisine de lit de l'elfe avenante. Des habits confortables, dans lesquels tu te sentirais bien.

En réponse, l'olympienne sourit poliment. Le conseil était avisé, mais que pouvait-elle mettre qui soit suffisamment approprié pour un entraînement ? Elle continua à regarder ses nombreux bagages, regrettant d'en avoir pris autant. Mais c'était Paulh qui avait insisté...

-Ah ! Les gosses de riche ! Permets-moi de t'aider !

Une jeune naine au nez retroussé traversa rapidement – au grand étonnement de Cayline – la distance qui la séparait du lit de l'olympienne. Cette dernière sentit la honte l'envahir et le désarroi. À Aeruisce, Paulh aurait défait lui-même les bagages nécessaires de sa maîtresse. Il aurait su exactement quoi prendre et où les trouver. Passivement, la jeune femme s'éloigna d'un pas de son lit, laissant la naine ouvrir ses bagages sans vergogne. La honte la submergea plus encore quand elle émit un petit sifflement face aux nombres importants de vêtements.

-Et bien ! Ça en fait du tissu pour une dame si menue ! Regardez-moi donc ses robes, dit-elle en sortant le pan d'une robe de mousseline bleutée. Bon, déjà, ce n'est pas avec ça que tu vas t'entraîner. C'est joli à regarder, mais ce n'est pas très utile à mon avis. Tu as un pantalon, là-dedans?

Cayline resta muette, sa voix coincée par une boule de tristesse et de confusion. Son confort avait définitivement disparu et elle aurait donné cher pour que son satyre soit à ses côtés. Elle n'avait que très peu participer à faire ses valises. Alors, elle ne savait pas vraiment. La gêne qui l'envahissait finit, sans doute, par se faire remarquer, car sa voisine de lit s'était avancée vers elle et vers la naine qui continuait à farfouiller, à défaut d'obtenir une réponse.

-Il ne faut pas t'en faire, dit-elle en posant une main compatissante sur ton épaule. Je suis certaine que tes serviteurs ont tout prévu.

L'olympienne regarda l'elfe, comme perdue. Son visage devait être rougi de honte. Cependant, elle trouva un peu de réconfort dans les yeux noisette de la jeune femme qui tentait un peu de la consoler.

-Je m'appelle Indis, je suis la fille d'un drapier de Lund'Mulhingar.

-Cayline, répondit timidement l'olympienne, je suis la fille d'Araxes, seigneur d'Aeruisce.

-Ceci explique cela, intervint la naine en se retournant avec un petit sourire narquois vers la jeune femme. Moi, c'est Leba. Je viens de Balenvia. Ma mère et moi étions au service d'une famille aisée là-bas. Du coup, j'ai un peu l'habitude de faire la nounou des aristos. Tiens ! J'ai trouvé des habits adéquats, je pense.

Mêlant les gestes à la parole, la dite Leba tendit une pile de vêtements soigneusement replié à Cayline. Cette dernière les accueillit dans ses bras un peu gauchement, mais remercia la jeune femme pour son aide.

-Y'a vraiment pas de quoi ! Par contre, c'est la dernière fois que je fais un truc comme ça à ta place. T'as entendu la grande cheffe. Pas de traitement particulier pour les hauts rangs ! Si on continue à te dorloter, tu ne vas pas vraiment t'habituer.

L'olympienne hocha la tête pour approuver. Son mal-être persistait encore, mais la naine semblait bien plus sympathique qu'elle l'avait cru. C'était simplement une personne qui s'exprimait sans ambages. Du moins, à première vue. Tandis que cette dernière repartait en direction de son lit – tout prêt de l'entrée – Cayline se dirigea en direction d'une armoire avec son linge suivit d'Indis qui venait également de trouver quoi porter.

-Ça doit te faire bizarre d'être ici, non ? Tu t'es portée volontaire ou est-ce ta famille qui a exigé que tu y ailles ? demanda l'elfe alors qu'elle ouvrait une porte du meuble.

-Je me suis portée volontaire. Je n'avais pas grand-chose à faire à Aeruisce. Alors je me suis dit que je pouvais toujours tenter autre chose, ailleurs.

-C'est très courageux de ta part, je trouve. J'aurais été à ta place, je serais sans doute resté chez moi.

Cayline sourit, mais ne répondit rien. Elle n'avait pas vraiment envie de justifier plus encore sa réponse, confier une partie de sa vie à une inconnue. Au lieu de ça, elle préféra s'informer à son tour de la raison pour laquelle l'elfe avait candidaté.

-Mes parents pensaient que ce serait une bonne chose que je vois un peu de pays et que je serve une cause. Bien entendu, j'ai eu aussi mon mot à dire, mais je ne voyais pas de raison de refuser. Lund'Mulhingar est une ville très sympathique et souvent en effervescence, mais on finit par vite s'ennuyer. Et puis protéger le cristal et servit Eldarya sont deux objectifs assez sympathiques quoiqu'ambitieux. Ne trouves-tu pas ?

L'olympienne approuva d'un sourire et d'un hochement de tête. Elle posa à son tour ses vêtements avant que les deux jeunes femmes ne reviennent jusqu'à leurs lits en discutant. Sur leurs chevets, elles déposèrent leurs affaires de toilettes. Encore une fois, Cayline rougit de honte en constatant qu'elle avait bien plus de produits de toilette que les autres : des parfums, du maquillage, des savons de différentes senteurs, des soins et lotion pour ses cheveux à base de fleurs et d'herbes particulièrement rare dans les contrées alentours. Sa voisine d'en face, une certaine Diane de Balenvia lui en fit la remarque, admirative d'apprendre l'existence de ses produits raffinés. Petit à petit, le groupe de discussion s'agrandit. Bientôt, les sept candidates se regroupèrent autour des lits d'Indis et Cayline. Chacune se présenta. Diane – une lamie– venait de Balenvia et était venue en compagnie de Leba et d'Alice – une dryade. Gwen et Maeve étaient les deux elfes qui avaient accompagné Indis. Chacune d'elle venait d'un milieu social plus modeste que Cayline. Cette dernière était, pour l'heure, l'unique noble à concourir. Cependant, les différences sociales s'estompèrent à mesure des discussions et l'olympienne se ressentit, bientôt, plus ou moins à l'aise.

Ensemble, elles parlèrent de ce qui pourrait bien les attendre, des différentes options qui pourraient bien s'offrir à elles. Une majorité de ces dames doutaient de leur capacité à l'instar de Cayline. Peu d'entre elles avaient eu besoin de manier une arme, se confronter à des ennemis ou accomplir des tâches aussi importantes que celles que pouvaient être les tâches des gardiens d'Eel. Mais alors qu'elles tentaient toute de se rassurer, la porte grinça, stoppant net leur discussion. Sur le pas de la porte, une jeune femme aux cheveux châtains et aux yeux violets les regardait.

Cayline remarqua alors qu'un lit était déjà occupé mais vide. Il s'agissait, peut-être du sien. Cependant, elle n'avait pas le souvenir que les membres de l'Etincelantes les aient informées d'une quelconque autre candidate. Sans doute consciente du léger malaise qu'elle provoquait, la jeune femme salua brièvement ses colocataires, baissa la tête et s'allongea dans son lit, évitant volontairement les regards posés sur elle. Les sept candidates se regardèrent, étonnées et gênées par la situation. Ce fut Leba qui cassa la glace en interpellant la nouvelle venue.

-Hey ! Dis-donc, on ne mange personne, tu sais. Diane fait peut-être peur, mais elle est végétarienne ! Elle n'a encore jamais mangé personne.

La lamie répliqua par un son de reproche, mais n'en dit pas plus, préférant rire de cette gentille blague.

-Tu t'appelle comment ? demanda la naine en s'avança gentiment vers l'inconnue.

Cette dernière se releva de son lit et regarda les nouvelles arrivées d'un regard triste et timide malgré un petit sourire sur son visage.

-Je m'appelle Erika.

-Enchantée Erika, continua la jeune femme, je m'appelle Leba. Et voici Diane, Alice, Indis, Gwen, Maeve et princesse Cayline ! Tu viens d'où ?

L'olympienne haussa un sourcil tout en abordant un sourire en coin lorsque Leba la qualifia de princesse. Elle venait de la noblesse, mais tout de même ! Cependant, le qualificatif était affectif et prêtait à un petit rire collectif.

-Je viens de Terre.

Les sourires tombèrent tous pour faire place à un étonnement général. Aucune d'entre elle n'avait eu affaire à une humaine jusqu'ici. Pour beaucoup, les humains étaient presque devenus des êtres imaginaires habitant des histoires farfelues pour enfant. Le silence régna quelques instants dans le dortoir puis, presque comme une seule personne, les six jeunes femmes qui étaient restées à leurs places rejoignirent Leba et l'humaine Erika. Elles s'assirent sur son lit, autour d'elle et s'intéressèrent à cet être venu d'ailleurs. Sans le savoir, elles apportèrent un peu de baume au cœur à l'humaine qui n'avait pas parlé à grand monde depuis son installation dans le dortoir. Tout était nouveau et effrayant pour elle. 

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