Jeffrey me dépose d'abord chez les grands-parents où je peux poser mes affaires. Il n'y a que Johannes, leur grand-père à la maison. Il m'y attend pour ensuite nous amener à l'hôpital. Je repense à l'été dernier où Tobias m'avait avoué qui il était, je souris brièvement et reviens rapidement à la réalité. La situation est grave. Johannes - comme il veut que je l'appelle - me prend dans ses bras. Je suis gênée mais lui rends son étreinte.
-Ma chère Élisa, j'espère que tu vas redonner le sourire à mes petits-enfants.
-Oh, je vais essayer. Ce... Merci de m'accueillir pour mes études.
-Mais c'est normal, dit-il. Avec Abigail, ma femme, on voulait vraiment s'excuser pour tous les événements. Nous sommes navrés.
-Est-ce nous pouvons éviter d'en parler? S'il vous plait, demandai-je.
-Oui, pardon.
-On peut aller voir Pauline?
-Oui, tu rangeras ta valise plus tard.
Je n'aime pas les hôpitaux, ces longs couloirs blancs et sans aucune âme, ça me rend nerveuse. Les infirmiers et médecins qui marchent d'un pas rapide et les patients qui déambulent pour se détendre les jambes. Une atmosphère stressante dans laquelle je ne veux pas rester trop longtemps. Johannes m'indique une chambre. Je toque doucement et y entre. Abigail, Tobias et Pauline sont assis et discutent. Leur visage sont fermés, je m'inquiète. Instantanément, mon copain se lève et me serre dans ses bras. C'est tellement agréable de pouvoir le toucher à nouveau. Je souris malgré le contexte. Il pose un délicat baiser sur mes lèvres.
-Mon amour, me chuchota-t-il. Merci.
-Je me sens revivre avec toi juste en face de moi, lui murmurai-je.
Je salue sa grand-mère et serre Pauline dans mes bras. Je la sens tellement affaiblie, ce n'est pas la jeune fille bout en train que je connais. Ça me brise le coeur. Tobias me prend par le bras et nous nous dirigons à la cafétéria de l'hôpital.
-Tiens, dit-il me tendant un thé.
Assise en face de lui, je ressens son stress immense, ses mains tremblent et son pied tapote le sol avec intensité. Je ne sais pas par où commencer, quels mots employés ou comment agir avec lui.
-Ça va ma chérie? me demanda-t-il.
-C'est à toi de demander ça.
-Arrête Élisa. Je parle de toi là.
-Ça va, dis-je. Je suis contente d'être avec vous. Tes grands-parents sont extraordinaires.
-Ils t'apprécient beaucoup. Ils m'ont beaucoup parlé que toi et ils t'attendaient de pied ferme.
-Toutes ces attentions me gênent tellement. Je suis une quasi inconnue et ils m'hébergent pour l'Université, c'est trop gentil.
-Élisa... Ils sont d'accord. Arrête de te faire du soucis pour ça.
-Et Pauline? Ça en est où?
-On n'a pas encore les résultats, mais normalement je devrais être compatible. Je vais lui donner un rein et tout ça sera fini.
-Tu es sûre que ça ira? demandai-je.
-Oui. J'en ai déjà parlé avec les médecins, je vais devoir arrêter la danse pendant quelques temps mais ça ira. Je te le promets.
-Si tu le dis, souriais-je.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Je n'ai pas le droit d'avoir peur?
-Si, bien sur, mais rien ne se passera Élisa.
-Hum...
-Lily. S'il te plait.
-Une distance s'est crééee entre nous, non?
Il baisse le regard. À mon tour, je baisse la tête, j'ai dit la phrase de trop, mais c'est la vérité. N'importe qui, qui nous connait un peu, peut le voir. Il attrape une de mes mains et la caresse avec beaucoup de tendresse.
-C'est un passage non? dit-il.
-Tu crois?
-Tout ne peut pas être tout rose. On est un couple, il y a des hauts et des bas.
-Mais non, tout allait si bien entre nous deux. Enfin, tout le monde nous enviait! m'écriai-je
-Hé, calme-toi. Oui, tout allait à merveille mais tu as vécu des cho...
-Arrête! hurlai-je. Arrête de me le rappeler! Je souffre assez! Arrête.
Tout le monde à la cafétéria, nous dévisage, j'ai peut-être parler un peu trop fort. Des larmes commencent à dégouliner sur mes joues. Putain! J'en ai marre de pleurer sans cesse. Je regarde Tobias dans les yeux, ils brillent, il se retient de pleurer. Change Élisa, change si tu veux le garder.
-On ne devrait pas pleurer pour ça.
-Comment ça? demanda-t-il.
-La situation de ta soeur est plus grave.
-Chaque situation a sa gravité Élisa.
-Tu crois que notre couple est en danger alors, lui dis-je.
Il soupire. Il me regarde se frottant les cheveux, hésitant, perdu.
-Oui, il l'est.
Je veux dire quelque chose mais je réalise qu'il m'a dit sa réponse. Alors il le pense? Notre couple est réellement en danger? Il pense que nous pouvons nous briser? Mes larmes repartent de plus belle.
-Quoi? Ce n'est pas la réponse que tu attendais? dit-il. Si tu me l'as posé, c'est qu'au fond tu le savais, hein? Arrête de faire la petite fille innocente, tu es grande, tu es consciente de tes actes et paroles. Tout ce que tu fais, la manière dont tu agis, tout ça, tu en es consciente Élisa Johnson!
-Où veux-tu en venir? dis-je.
-Ton foutu caractère, tes paroles blessantes, ton refus que je te touche, et...
-Quoi? m'écriai-je.
-Rien! Ça fait mal hein? Ça te fait souffrir? Tu as vu comme ça fait mal de t'aimer? dit-il se levant et sortant de la cafétéria.
Il me laisse seule, effondrée sur ma table. Pourquoi il ne m'a pas déjà quitté, tout serait plus simple. Je quitterais la villa McCallister, me trouverais un studio sûrement miteux, et il serait bien plus heureux. Je sors de l'hôpital, et pris un bus pour me rendre à Eloy. Je fais quelques centaines de mètres pour arriver à la villa. Je prends mes affaires en pleurs et marche sur le bord de la route. Mes yeux sont embués, je vois tout juste ce qu'il se passe devant moi. J'ai reçu quelques appels de Tobias et je devine qu'il m'a laissé des messages vocaux et sûrement aussi écrits.
Je trouve un parc pour enfant et m'y réfugis. Il fait encore chaud, je pose ma lourde valise dans un coin et m'assois dessus. Je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer.
Demain, je te partirais pour Phoenix et j'essaierai d'avoir une chambre à l'université. Il est sûrement trop tard, mais je dois tenter, c'est mieux pour notre couple ou ce qu'il en reste.
La nuit tombe et je commence à m'endormir. J'ai fini par éteindre mon portable, ayant trop marre des appels incessants de Tobias. J'essaie de lutter contre le sommeil, j'ai beaucoup trop peur qu'on vole mes affaires.
-Élisa! Crie une voix lointaine. Élisa!
Voilà qu'ils me cherchent maintenant. Je ne réponds pas mais j'entends cette voix se rapprocher. Je me meys en boule, espérant qu'il ne me voit pas. J'y crois peu. Quelques minutes plus tard, j'entends quelqu'un pousser le portail du parc de jeux. La personne soupire de soulagement mais ne s'approche pas de moi. J'ai toujours la tête baissée.
-Allô Tob'? Elle est au parc en face du terrain vague. Je t'y attends.
Je reconnais la voix de Jeffrey. Peu de temps après, une autre personne arrive, Tobias, je devine. Ils chuchotent et Jeffrey s'en va. J'entends les pas se rapprocher de moi et Tobias se poser devant moi.
-Lève-toi s'il te plait.
Je m'exécute.
-C'est ta façon d'agir alors? Fuguer !?
-Je n'ai pas fugué, je suis majeure, je fais ce que je veux, répondis-je.
-Oh oui et après une dispute, tu m'appelles pas ça une fugue toi?
-Non.
-C'est vraiment petit d'agir ainsi Élisa. Je pensais que tu avais plus de jugeote. Le nombre de fois où tu m'as remballé et que je suis resté... Je n'ai jamais fui devant toi!
-Tu m'as fait mal, marmonnai-je.
-Pardon? Et moi, je ne souffre pas peut-être ? s'exclama-t-il.
-Si. Bien sûr.
-Mais je ne fuis pas! Non je reste car je t'aime. Je suis resté fort pendant des semaines et des mois!
-Je sais mais rien ne va plus entre nous deux! criai-je. Qu'est-ce qu'il y a ? Quelqu'un te tourne la tête, quelque chose s'est passé ? J'ai fait quoi?
-Tu t'es juste envoyée en l'air avec mon frère deux fois! hurla-t-il.
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Ce chapitre 1 se finit sur une note explosive. Tobias ne pouvait pas ne pas réagir face à ça. Vous en pensez quoi? N'hésitez pas à me donner votre avis. Je suis libre même en mp.
Pour la suite du tome, je pensais intervertir les points de vue entre Élisa et Tobias. Ça vous semble bien?
xoxo, Maty-