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En pénétrant dans l'espace, l'odeur de la peinture fraîche me prend aux narines. L'endroit était tout neuf, esthétique et agréable, à cela près qu'il accueillait les criminels faits prisonnier.
- Toc-toc-toc.
Mes premiers mots ont déjà l'air de taper sur le système de Sasuke.
- Qu'est-ce que tu veux encore ? Grogne-t-il.
Mon sourire ne désemplit pas et je me plante devant ses barreaux en continuant à l'arborer, même après avoir vu son visage renfrogné.
- Je viens voir si tout se passe bien dans la cellule dans laquelle tu t'es auto-enfermé.
Il souffle.
Je n'évitais plus Sasuke.
En fait, cela faisait presque deux jours que j'essayais par tous les moyens de le faire sortir, ne serait-ce rien que pour qu'il me torde le cou. J'ai essayé plusieurs méthodes, mais l'humour Tobi semble être celui qui me permet le plus d'interaction avec lui.
- On dit que la première impression est toujours la bonne, tu es vraiment un clown, tu le sais ça ? S'emporte-t-il.
- Tu es le seul à en avoir douté, répliqué-je, d'un ton joueur.
Finalement, il me fait dos et après plusieurs tentatives infructueuses à échanger, je me décide à laisser tomber. Noyer le poisson ne marchera pas avec lui, Sasuke semblait avoir besoin d'une vraie discussion.
- Très bien, vu que tout le monde a l'air de préférer mon côté moralisateur, je vois pas pourquoi m'en priver, proclamé-je, alors je te le demande : qu'est-ce que tu fous, Sasuke ?
Le silence m'accueille une énième fois et je commence à perdre patience, car j'ai l'impression d'être devenue la maman d'un adolescent en pleine crise identitaire et même si je n'ai pas signé pour arriver dans ce monde, je pensais à minima pouvoir m'épargner ça pendant un temps.
- Dis-nous au moins pourquoi tu restes là parce qu'on va pas s'amuser à deviner tes états d'âme à chaque fois, m'agacé-je.
Son absence de réponse me triture l'estomac.
- Bon sang...
Je reluque l'un des gardes à l'entrée et me saisis de la clef de la cellule en l'arrachant de la taille de l'un de ceux qui sont en poste, puis, la tourne dans la serrure tandis qu'ils me dévisagent un peu bêtes, ne sachant plus trop s'ils devaient me laisser faire ou non.
- Madame, c'est danger-... finit par marmonner l'un d'eux.
Je fais volte-face pour les scruter.
- Sasuke a eu l'occasion de me tuer tellement de fois que tous nos doigts réunis ne seraient pas suffisants pour les compter, donc je vois vraiment pas pourquoi il s'embêterait à le faire maintenant. Maintenant, circulez s'il vous plaît, je dois lui parler.
Mon ton est suffisamment ferme pour qu'en se concertant du regard, ils finissent par quitter la pièce.
Je lâche un soupir de soulagement.
Évidemment, je n'ai pas tout à coup obtenu le pouvoir d'ordonner les ninjas de Konoha. Je n'étais pas gradé, ni même shinobi et même si certains avaient fini par apprendre le petit rôle que j'avais joué dans la guerre, j'étais un peu devenue une civile particulière, mais une civile quand même. Surtout que Tsunade avait réussi à étouffer l'affaire de mon petit côté "prédiction fiable à 100%".
En fait, je répondais précisément aux exigences de la Hokage, car personne jusqu'ici n'était parvenu à faire sortir Sasuke de son isolement.
- Vous avez essayé Naruto ?
Tsunade avait claqué sa langue dans sa mâchoire avant de me considérer.
- Il n'est pas la réponse à tout et tu le sais... Sasuke a besoin de quelqu'un avec plus de recul et qui connaît bien sa situation.
- Et Sakura ?
L'Hokage avait secoué la tête.
- On dirait qu'il a besoin d'un coup de fouet et tu es la seule capable de mener les choses à bien. On m'a dit que tu avais sauvé Kakashi et Obito en rendant Kaguya hors d'elle, tu pourrais peut-être le refaire pour Sasuke...
J'avais grimacé.
- ...C'est à ce point là ? L'avais-je interrogé.
Tsunade avait détourné les yeux, je savais qu'elle n'aimait pas voir les choses lui échapper, mais il est vrai que la situation de Sasuke était particulière et que dans ce cas de figure, faire venir Naruto allait sûrement le braquer encore plus.
- Je ne le connais moi-même pas assez pour l'aider.
J'avais pris le temps de réfléchir, mais Tsunade ne m'en avait pas vraiment laissé, pressentant sans doute que j'allais lui dire non.
- C'est Obito qui m'a conseillé de faire appel à toi, avait-elle clarifié.
Je m'étais mordu la lèvre en me sentant pris au piège.
J'avais du mal à comprendre pourquoi il me croyait capable de régler tous les conflits du monde, alors que tout ce que je faisais, c'était me mêler des affaires des autres en prêchant ma bonne parole.
J'avais voulu dire à Tsunade qu'Obito m'accordait trop de crédit et que j'avais déjà fait tout ce que je pouvais pour Sasuke, mais en élaborant en parallèle les raisons possibles de son état, il m'était venu une idée que je n'arrivais plus à me sortir de la tête. Alors, j'avais dit à Tsunade que j'essaierais, mais à une seule condition.
Elle avait reposé ses avant-bras sur son bureau, les traits à la fois soulagés et légèrement tendus en apprenant que cela avait un prix.
- Laquelle ? M'avait-elle demandé, sur ses gardes.
J'avais ravalé un sourire en me retenant de lui demander le poste de Hokage ou mon visage sculpté dans la pierre pour la blague, mais l'heure n'était malheureusement plus à la plaisanterie.
- Que vous me laissiez seule avec lui.
Si elle s'était attendue à bien pire, elle n'avait pas non plus été fan de l'idée.
Que Sasuke ait été gracié par le Raikage et ne sois plus considéré comme un déserteur était une chose, mais depuis son retour au village, on avait vu plus stable et je comprenais donc les inquiétudes de Tsunade.
Cependant, les faits étaient là, Sasuke était rentré à Konoha et il n'avait encore tué personne, même si par le passé, ce n'étaient pas les tentatives qui avaient manqué... En tout cas, il n'avait plus personne à éliminer aujourd'hui et je ne voyais pas pourquoi il voudrait recommencer alors qu'il en avait largement eu l'opportunité.
Je m'approche et le détaille de dos avant de me caler sur son lit, à ses côtés.
Je savais que le faire quitter sa cellule ne serait pas suffisant, il fallait qu'il se sorte les doigts du cul et qu'il arrête de s'apitoyer, car malheureusement si l'en avait les raisons et l'âge, il n'en avait pas le luxe.
- C'est quoi ? Un problème de légitimité ? Orochimaru profite du grand air et il a fait pire que toi, tu sais ? Lancé-je à son intention.
Il reste immobile, le regard tourné vers le mur en m'ignorant si royalement que j'ai l'impression qu'il a fait en sorte de se percer les tympans pour ne plus jamais avoir à m'entendre.
Vraie discussion, me rappelé-je.
- Sasuke... Je vais pas faire comme si je te connaissais pour de vrai. La première fois qu'on s'est vraiment parlé, c'était à la fin de la guerre. Je ne suis pas Naruto non plus, donc je ne te comprends pas aussi bien, mais si tu as besoin de temps pour savoir ce que tu vas faire de ta vie, dis-le. Ne réquisitionne pas une cellule pour y réfléchir en inquiétant tout le monde au point qu'on fasse appel à moi.
Il se redresse un peu en prenant une voix moqueuse forcée :
- Alors même les étrangers reçoivent des ordres de l'Hokage, maintenant ?
Je fixe sa nuque blanche, ses cheveux noirs parfaits, la chatouillant doucement à chacun de ses mouvements.
- On ne m'y a pas obligé, je m'inquiète pour toi, c'est tout, lui assuré-je.
Il ricane.
- Ne me fais pas rire, tu m'as dit toi-même que tu me détestais.
Je lâche un soupir avant de lier mes mains l'une dans l'autre.
Je ne savais pas comment lui annoncer, je ne savais même pas si c'était une bonne idée, mais si je pouvais régler cette situation, je devais m'efforcer de le faire une dernière fois. Enfin, dans le cas où ça ne marchait pas, j'étais prête à m'étaler sur le sol en moulinant des mains et des pieds pour faire mon propre caprice, parce que moi aussi j'en avais besoin et que Sasuke, à défaut d'être attentif resterait silencieux même si je lui racontais à quel point ma vie avait été compliquée jusqu'ici. Nos passés étaient incomparables et je savais que c'était dur pour lui, mais resté dans son coin, sans même prendre la peine de dire ce dont on a besoin, même si c'est d'être seul ! Ça commençait à me gaver.
- Tu as raison, je ne t'aime pas Sasuke, mais pour le coup, c'est toi le responsable parce que depuis qu'on s'est rencontré dans la grotte d'Obito, tu ne t'es jamais montré une seule fois gentil avec moi.
Il ne répond rien, mais je commence à m'habituer à faire la conversation solo.
- C'est pas parce qu'on t'a couru après jusqu'ici qu'on va tout te laisser passer. Sakura est gentille, mais peut-être qu'elle aussi va finir par en avoir assez que ton meilleur compliment la concernant soit qu'elle soit lourde... Sasuke, tu as des amis qui tiennent à toi et qui t'aiment. Tu as eu un sensei qui a fait de son mieux pour t'aider et même si tu ne connais pas très bien Obito, tu n'es plus le seul Uchiha du coin. Tu as vécu des choses horribles, t'es fait entraîner, voire éduquer par un être qui a de sérieux problèmes d'empathie, mais ces excuses ne fonctionneront pas pour toujours. Cesse de traiter les autres comme des outils et accepte de montrer que tu tiens à eux.
J'enferme mes lèvres dans ma mâchoire, car le tournant que prenait ce monologue me déplaisait et que je ne voulais pas simplement m'acharner sur sa façon de gérer ses émotions. Même lui méritait mieux. Alors, je me tais un moment, puis reprends, la voix plus douce :
- Laisse-moi te raconter l'un de mes secrets.
Il ne dit rien et je prends ça pour un oui.
- Il y a quelques années, commencé-je, j'ai rencontré un homme qui te ressemblait : beau, la trentaine, il se promenait avec son disciple pour une mission très spéciale à Konoha. Personne ne se souvient de tout ça, mais durant toute la durée de son séjour, il est venu squatter chez moi. Il avait vécu des choses très difficiles comme toi et comme il n'avait pas su se pardonner ni ne pensait avoir sa place dans le village qu'il avait déserté à un moment donné, il a décidé d'y veiller depuis l'extérieur. La femme qui l'aimait se désespérait qu'il rentre un jour au bercail et elle l'a rejoint sur le chemin quelque temps jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte. Elle est ensuite revenue au village où elle a élevé sa fille seule pendant douze années. Pendant tout ce temps, il n'est pas revenu à son village jusqu'à ce que sa fille quitte l'académie pour devenir genin. Lorsqu'il s'est enfin laissé convaincre de rentrer et d'y rester par son ami Kage, la relation avec sa fille n'était pas aboutie et il avait beaucoup de mal à savoir être un père aimant, parce qu'il n'avait pas eu de modèle autour de lui, mais tu sais quoi ? Malgré tout ça, quand moi je lui ai demandé s'il était papa, il m'a souri et il a sorti la photo de sa fille qu'il gardait bien au chaud sous sa cape. Il me l'a montrée avec fierté et même s'il n'avait pas été là avant, même si ça a mis du temps, il a fini par rentrer chez lui pour essayer de construire quelque chose avec sa famille... Et tu vois, cette personne là, c'était toi, Sasuke.
Cette fois, je l'y sens réagir, mais n'en espère pas trop, car il aurait fallu qu'il me croie vraiment pour que ça ait un véritable effet sur lui.
- Je vais pas te forcer à avaler ça parce que ça a l'air totalement farfelu comme histoire, mais je sais que tu peux faire mieux et que ça ne tient vraiment qu'à toi. Alors, non, je ne sais toujours pas ce qui se passe dans ta tête, mais je peux te dire que tu t'en sortiras, parce que tu es un garçon intelligent, doué et que tes sentiments te rendent tellement plus génial et précieux... Tu peux faire le choix de ne pas devenir ce père-là, mais tu peux devenir celui que tu souhaites vraiment, car le destin n'existe pas. S'il y en avait eu un, on ne serait pas là à en discuter parce qu'Obito serait mort, que tu te serais battu en duel avec Naruto en perdant un bras et dès que tu aurais suffisamment cicatrisé, tu te serais barré pour devenir ton fameux gardien de village extra-muros.
Je m'arrête tout d'un coup de parler et lorsque le silence habite de nouveau la cellule, Sasuke bouge un peu plus en prenant une inspiration caractéristique d'un début de phrase :
- Tu peux me laisser ?
Je me paralyse. Le ton est plus doux, dénué de colère, il ressemble presque à celui de mon ami, le Sasuke de trente ans. Mais si le plus marquant est son ton, ce qui l'est d'autant plus est la tournure de sa phrase. Elle est dénuée de formule de politesse, mais elle est respectueuse et correcte. Alors, je n'insiste pas plus et dès qu'il prononce s'il te plaît, me redresse pour le quitter.
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Une fois les derniers préparatifs réglés, Kakashi est devenu le sixième Hokage.
La passation et l'investiture ont demandé pas mal d'organisation, mais Tsunade a trouvé le temps de préparer ce qu'elle avait appelé un enterrement de vie de Hokage et j'avais été convié à un bar-restaurant qui venait à peine d'inaugurer pour fêter le fait qu'elle puisse "enfin refiler le sale boulot à Kakashi" comme elle aimait s'en vanter. La plupart des kunoichis proches d'elle y avaient été invitées, dont moi (l'exception civile), Ino et Sakura.
On savait toutes que c'était une excuse pour boire, mais personnellement j'avais l'âge et je n'avais pas touché à un seul verre depuis un moment, j'en avais bien besoin.
On a passé la soirée à discuter, à jouer aux cartes et Shizune a même chanté une chanson paillarde qu'elle avait entendu edans un lointain village. Elle avait enfin l'air de se détendre un peu et m'avait même adressé un sourire alors qu'elle s'était toujours méfiée de moi.
Ino et Sakura n'ont pas arrêté de parler de garçons et je les écoutais d'une oreille distraite, la joue confortablement appuyée sur l'une de mes paumes. Apparemment, Saï s'était sacrément amélioré sur le plan humain, pour ce qui était de Sasuke, les choses étaient encore un peu tendues et compliquées. Il était enfin sorti de sa cellule et avait accepté la grâce qu'on lui avait accordée pour ses actes héroïques durant la dernière guerre. Seulement, il avait encore besoin de temps et préférait le passer seul.
Sakura ne le montrait pas, mais elle s'inquiétait énormément et Ino avait préféré réorienter la discussion sur le fait qu'Obito et lui semblaient être devenus plus proches à présent.
Au départ, je ne savais pas trop si ça allait marcher, mais le fait qu'Obito soit là aidait en fait beaucoup Sasuke. Peut-être parce qu'il était de son clan, qu'il avait bien connu son frère ou qu'ils avaient tous les deux des choses à se reprocher, ils semblaient bien s'entendre. Ils ne faisaient que discuter, mais même Obito avait l'air content d'avoir quelqu'un comme Sasuke à ses côtés.
Lui parler de son lui futur semblait avoir eu un certain effet, mais je ne pouvais pas être sûre que cela ait été déterminant lors de sa sortie de cellule, car je ne lui avais pas vraiment adressé la parole depuis.
- Et toi ? Ça se passe bien avec Kakashi ?
Ino s'était tournée vers moi et je repose mon verre vide sur la table en bois.
- Ça va.
Inutile de préciser que ça se passait en fait un peu trop bien. Tsunade m'avait enfin autorisé à reprendre des activités... bref et Kakashi s'était donné pour mission personnelle de tester à quel point j'avais guéri, mais inutile d'en parler à table.
- Apparemment, Hinata l'a vu aller dans une bijouterie.
- Ino ! S'exclame Sakura en lui couvrant la bouche avec sa main.
La blonde hausse les épaules.
- Oh ça va, je suis sûre qu'Hina s'en doute maintenant...
Je grimace.
En fait, oui. Kakashi était un bon acteur, mais il était encore un peu gauche sur ce qui avait trait aux sentiments, et ce, sur des points totalement aléatoires, tels que me cacher qu'il voulait m'offrir une bague. Je jouais le jeu de celle qui n'avait rien remarqué, mais je pense qu'aucun de nous n'était dupe et qu'il savait très bien que je finirais de toute façon par le savoir, car personne dans ce village ne savait garder les secrets.
- J'exige d'être demoiselle d'honneur, m'indique Ino.
Sakura, exaspérée par son toupet, la fusille du regard.
- Et pourquoi ce serait toi la demoiselle d'honneur ? Kakashi était le sensei de mon équipe.
- Parce que c'est moi la plus proche d'Hina et que sans les rumeurs que j'ai lancées, on en serait encore à regarder ton sensei la dévorer des yeux pendant qu'elle le fixerait d'un air torturé.
L'embarras me gagne, mais ça n'est rien comparé à l'intervention de Tsunade.
- Ne dites pas ça, c'était drôle de voir Kakashi tout émoustillé quand je lui ai annoncé qu'elle allait vivre avec lui, se moque-t-elle en rejoignant notre table.
Elle se fait une place à côté de Sakura et pose une bouteille de saké en s'en servant un verre avant de le boire cul sec sous nos yeux. Ses joues étaient déjà roses et ses mots un peu mâchés.
- Et dire que ça a duré plus de deux ans, reprit-elle en secouant la tête comme si elle se remémorait avec désespoir le moindre évènement.
- Allez-y, continuez, faites-vous plaisir à juger ma vie amoureuse comme ça... M'agacé-je.
J'harponne la bouteille de Tsunade et m'en sers un verre avant de le porter à la hauteur de mes lèvres. Si elles comptaient continuer dans cette voie, j'allais devoir consommer davantage de saké.
- Je vous signale que y'a cinq ans, je croyais que vous existiez pas, me défendé-je.
Tsunade balaye ma dernière remarque du revers de sa main en me reprenant la bouteille des mains.
- Et moi je croyais que Kakashi allait finir vieux garçon, comme quoi, l'univers est rempli de mystères... Mais dis-moi plutôt... quand est-ce que t'es tombée sous le charme de ce gamin ?
Sakura et Ino rient aux éclats avant de se rapprocher pour entendre ma réponse, je les fais mariner un peu en avalant ma boisson.
- Depuis toujours, lâché-je en déglutissant l'alcool qui me brûlait la gorge.
- Je le savais ! S'écrie Ino.
- Oui bon ça va, c'est Kakashi, on parle quand même du plus beau ninja de Konoha, c'est pas comme si c'était dur à deviner.
- C'est vrai qu'il a l'air beau, mais on a jamais vu son visage, me fait remarquer Sakura en appuyant le sien sur ses deux avant-bras d'un air pensif.
- Oui mais moi je l'ai vu son visage et je peux vous dire que...
- Il est plus beau que Saï ? Me coupe Ino.
Je prends le temps d'y réfléchir, mais c'est difficile de comparer un ado de dix-sept ans et un mec proche de la trentaine, même s'il s'agit uniquement d'esthétique.
- Il est plus beau que Saï, déterminé-je en me servant un autre verre.
- Et qu'Obito ? Reprend-elle.
Je la dévisage pendant qu'elle me sourit de toutes ses dents.
Quelle fouteuse de merde celle-là...
- C'est le plus bel homme que la terre n'est jamais portée, clarifié-je, sans tomber dans le panneau.
- Pff, t'es juste amoureuse, se plaint-elle, c'est impossible qu'il soit si beau que ça, sinon il se cacherait pas derrière son masque.
L'alcool aidant, je prends sa dernière remarque personnellement avec la hargne d'une fan défendant son idole.
- Il enlève son masque, tu saignes du nez, je riposte.
- Je crois qu'à ce que je vois, renchérit la blonde en se rapprochant de mon visage.
- Kakashi ressemble à son père, tranche Tsunade.
Ino se tourne vers elle et toute la table se tait en attendant davantage de précision.
Je n'avais jamais vu de photo de Sakumo, mais j'en avais eu un aperçu dans l'anime et même si je préférais largement Kakashi à son père, je ne pouvais clairement pas nier que la génétique avait joué.
- Il est définitivement bel homme, reprend Tsunade en avalant un autre verre.
- Ça veut rien dire ça ! S'offusque Ino.
Je suis avec amusement la discussion avant qu'un souvenir crucial ne me revienne.
- Sakura et Naruto ont déjà vu son visage, leur fais-je remarquer.
Ino se tourne vers Sakura, les yeux écarquillés. Elle a l'air de se sentir si trahie que même en n'ayant aucun souvenir de la chose, Sakura n'est pas capable d'aligner un mot pour plaider sa cause.
- Et tu ne m'as rien dit ? S'étrangle-t-elle.
La kunoichi la considère avant de se tourner pour me scruter de ses grands yeux verts.
Sakura n'était pas majeure, par conséquent, elle n'avait pas bu la moindre goutte d'alcool, mais elle était si épuisée qu'elle n'avait même pas la force de s'énerver.
- C'est vrai qu'on a souvent essayé de voir derrière son masque avec Naruto et Sasuke, mais on n'a jamais réussi... Songe-t-elle.
Je secoue doucement la tête.
L'épisode où l'on découvrait le visage de Kakashi ne suivait pas vraiment la trame, mais j'étais certaine qu'il avait eu lieu et pour une raison simple : Kakashi m'en avait parlé.
- Vous l'avez rencontré sous une autre identité, mais il est hors de question que je...
- Tu étais donc en train de révéler tous mes secrets, lâche une voix masculine derrière mon dos.
Nous nous redressons toutes et en penchant la tête en arrière, je croise l'œil noir de Kakashi me scruter, l'air faussement énervé.
- Quand on parle du loup... Marmonne Tsunade en finissant la bouteille, tu es venu chercher mon invitée ?
L'ancienne Hokage appuie sur ses derniers mots, lui faisant bien comprendre qu'il interrompait sa fête à laquelle il n'avait (bien sûr) pas été convié.
- Je viens tout juste de terminer la paperasse de la journée, se justifie-t-il.
Je m'efforce de regarder l'heure sur le cadran et malgré ma vision trouble, parviens à distinguer qu'on est proche des quatre heures du matin.
- Déjà ? L'interrogé-je.
Kakashi se contente de hausser les épaules.
Il m'avait dit qu'il allait faire une nuit blanche de travail parce qu'il en avait assez de ne pas pouvoir passer au moins une journée complète hors de son bureau et de (je cite), devoir profiter de moi uniquement la nuit.
Je le lui avais déconseillé. Après tout ce qu'on avait vécu, j'aurais été prête à réincarner son âme avec Edotensei, s'il mourait de surmenage.
La tête de nouveau penchée en arrière pour le regarder, je descends progressivement mes iris vers Tsunade qui me dévisage d'un air ronchon.
- Va, elle m'ordonne, je vais pas vous empêcher de profiter encore un peu de votre jeunesse.
Je la remercie et m'empresse de dire au revoir à tout le monde avant de m'éclipser au bras de Kakashi sous le sourire narquois de Ino.
- Tu as bu ? Il me demande en sortant.
- Un peu.
Il s'accroupit devant moi et je m'accroche à son cou tandis qu'il me hisse sur son dos. Je laisse aussitôt mon visage retomber contre sa nuque.
- Tu n'es pas trop fatigué pour ça ? Énoncé-je contre lui.
- Pour toi, j'ai toujours de l'énergie.
Je glousse en constatant à quel point cette phrase peut être mal interprétée. Kakashi ne me laisse cependant pas le temps d'éloigner mes idées osées de mon imagination, en m'indiquant que c'était exactement ce qu'il entendait par là.
Je resserre instinctivement mes jambes contre ses hanches.
- Ça fait beaucoup de fois là, Kakashi.
- Je ne t'oblige pas.
J'inspire son odeur contre son col. Elle suffisait tellement à stimuler mes pensées obscènes que je commençais à me demander s'il n'existait pas un sexologue pour en parler.
Est-ce que c'était vraiment normal d'être aussi... actif tout le temps ? Kakashi était hors norme, mais moi je me surprenais.
Malheureusement, il n'existait pas de telle profession dans ce monde et je commençais à me dire que ça ne devait pas être si grave et que ça passerait sûrement avec le temps...
- Ça ne me dérange pas, avoué-je les lèvres pincées.
Kakashi se raidit un peu plus, j'ignore si c'est l'effet de l'alcool, mais j'ai l'impression que son corps est devenu bien plus chaud qu'il y a quelques minutes encore.
Désinhibée par l'alcool, je laisse libre cours à mes pensées en constatant avec effroi que ma résistance aux plus intrusives avait largement diminué. En conséquence, je réponds à l'exigence de l'une d'entre elles et mordille l'oreille de Kakashi qui étouffe aussitôt un cri de surprise qui me fait aussitôt rougir d'embarras.
- Hina... Gémit-il.
- Je voulais savoir ce que ça faisait, je prétends, en essayant d'oublier la température de nos corps en ébullition.
Il soupire douloureusement pendant que je me love un peu plus contre lui en respirant son odeur à pleins poumons.
- Je veux rester comme ça pour toujours, indiqué-je très sérieusement.
De légers tremblements de rire agitent son dos.
- Ça ne devrait pas être compliqué à mettre en place... je serai le premier Hokage à carapace humaine, tu assureras mes arrières.
Je pouffe et en ne m'agrippant plus que d'une seule main, dégage son col contre sa nuque avant d'y déposer un baiser. Il frissonne et je me reblottie contre lui, particulièrement fière de mon effet.
Si quelqu'un m'avait dit il y a quelques années que Kakashi Hatake partagerait un jour ma vie, je lui aurais sûrement dit : "trop bien, mais arrête de fumer".
Après toutes ses années à évoluer parmi ce que je ne considérais au début que des personnages de fictions, j'étais enfin parvenu à admettre la vérité.
Ils étaient tous tellement plus que ça.
Je m'étais attachée, je faisais partie de leur monde et de leur vie, j'étais devenue leur amie et j'avais combattu à leurs côtés au point de sauver, grâce aux connaissances de mon ancien monde, une personne qui aurait dû se sacrifier.
J'avais changé d'avis sur bien des points et je m'étais même mise à apprécier Sasuke en dépit de son caractère de chien.
À présent, je voulais prendre soin de ceux que je chérissais et faire en sorte qu'il ne leur arrive que des choses bien, mais malheureusement, un certain problème se posait :
- Maintenant, je ne sais pratiquement plus rien de l'avenir, murmuré-je.
Kakashi ne dit rien pendant un moment.
- Ça te gêne ?
J'inspire encore contre ses cheveux et son parfum me rassure malgré l'arrivée nouvelle de l'angoisse.
- J'en sais juste assez pour savoir que ce n'est pas la fin et ça me stresse. Si ça avait été tout ou rien, peut-être que je ne me sentirais pas impuissante à ce point, mais là...
Il me rehausse sur son dos.
- Tu as sauvé Obito et Sasuke est encore au village, on s'est déjà éloigné de la fin initiale, il me fait remarquer.
Je laisse le silence retomber entre nous.
Je sais qu'il a raison et que je dois arrêter de faire une fixette dessus, mais il y a une menace qui ne change pas, peu importe les modifications apportées à Konoha.
- Tu te souviens de ce que j'ai dit à Kaguya ?
Kakashi prend le temps d'y réfléchir.
J'avais parlé à la déesse de son histoire, de sa trahison et des raisons qui l'avaient poussée à acquérir plus de pouvoirs.
- Elle n'était pas seule, déduit Kakashi d'un ton plus grave.
Il ne semble pas surpris, peut-être qu'il y avait même déjà réfléchi lorsque j'avais parlé à Kaguya de ses semblables et de son urgence à recréer l'arbre-monde.
- Non, il y en a d'autres, lui confirmé-je d'un ton sans appel.
Kakashi me dépose devant notre habitation et se tourne face à moi en passant ses mains autour de ma taille et en inspirant doucement.
En cette période de fin d'année, la nuit était fraîche et humide. Nous n'avions croisé personne sur le chemin et pour cause, la plupart des villageois, loin du centre, étaient profondément endormis.
Il n'y avait que Tsunade pour organiser des beuveries jusqu'au petit matin.
- Peu importe ce qui nous attendra... nous ferons face, m'assure-t-il.
Les mots de Kakashi me font tout drôle, car il était rare de voir une telle lueur dans son regard.
- Maintenant, je suis Hokage et en attendant de passer le flambeau à Naruto, Obito et moi ne laisserons pas une autre guerre arriver. Si les Otsutsuki parviennent un jour sur cette terre, nous nous unirons et nous les combattrons à nouveau.
Le ton de Kakashi était sans appel et même si je savais qu'il prononçait essentiellement ces mots pour me rassurer, savoir que je n'étais pas seule à devoir affronter cette peur me soulageait.
En fin de compte, peut-être que le pire n'était pas derrière nous, mais il y avait une chose dont je pouvais bien être certaine, c'est que je n'avais plus rien à cacher et que ce monde dans lequel je vivais, j'en étais devenue une habitante à part entière.
Jiraya se trompait peut-être lorsqu'il avait dit qu'un jour, je serais enfin libérée de mes connaissances, peut-être ne le serais-je jamais vraiment, mais j'allais me servir de ce savoir pour aider Konoha et les générations à venir. Et cette fois, je ferai tout ce que j'ai à mon pouvoir pour protéger ceux auxquels je tiens.
Encore immergée de mes pensées, je ne sens pas Kakashi m'attraper brusquement par les jambes jusqu'à me retrouver la figure contre son dos tandis qu'il nous fait franchir la distance nous séparant de l'entrée. J'en ai eu le souffle tellement coupé que je n'ai même pas osé crier.
Il me laisse retomber sur le lit et je respire à nouveau en le regardant s'éloigner tout en retirant son haut avant de marcher en direction de la salle de bain.
- Et maintenant, j'espère que tu vas vite décuver parce que je veux que tu sois à cent pour cent consciente de ce qui va t'arriver.
Après avoir passé la journée entière rythmée par le plaisir de ses doigts contre ma peau et de nos sons respectifs, je devais avouer ne plus être en mesure de renier la réalité.
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