Des menteurs.
Les hommes étaient des menteurs.
Des menteurs qui ne tenaient pas leur parole.
Comment avait-il pu lui faire ça ?
Ne lui avait-il pas fait une promesse ?
Amélia était dans un état second. Impuissante, elle avait regardé Livaï injecter le liquide cérébro-spinal à Armin.
Pourquoi avait-il fait cela ?
Elle se dirigea vers le toit où se trouvait le corps. Son corps. Elle fut vite suivie par Hansi, Frock et son escouade.
Il était là et ne voulait pas la regarder.
Elle cherchait une explication sur son visage mais ne trouvait rien.
Elle voulait comprendre.
Comment avait-il osé ?
Amélia se laissa tomber à côté du cadavre. Elle l'observait sans rien dire.
Car après tout, que pouvait-elle dire ?
Que pouvait-elle faire ?
Jane lui serra faiblement l'épaule. Elle comprenait les sentiments qui l'animaient. Et elle la soutenait.
De quelle façon devait-elle réagir ?
Quelle émotion devait-elle laisser prendre le dessus ?
- Pourquoi ce revirement ? demanda Frock.
Livaï Ackerman, qui était assis de l'autre côté du corps, à côté d'Hansi, baissa la tête.
- Parce que...autant lui épargner ça, non ? répondit-il.
- Que voulez-vous dire, caporal ? fit Jane.
Elle jeta un regard inquiet à Amélia. Elle avait peur que sa cheffe ne tienne pas le coup.
- S'il est devenu un démon, c'est juste parce qu'il n'a pas eu le choix : c'est ce que nous attendions tous de lui, expliqua-t-il. Alors, puisqu'il vient enfin d'échapper à cet enfer...ne l'y rappelons pas. Tu comprends ? dit-il pour Frock Foster.
- Un démon, répéta Amélia à voix basse.
- Lieutenante ? lança doucement Elyn.
Amélia se leva. Elle marcha lentement jusqu'au bord du toit et regarda le sol. L'herbe était foulée. On pouvait très clairement voir où les deux titans avaient posés les pieds.
Ce collier m'étouffe.
J'ai l'impression de brûler avec.
Elle le retira violemment et le jeta par terre, au loin.
Tournant le dos au autres, personne ne comprit ce qu'elle avait fait.
- Tout va bien...Amélia ?
Elle se retourna.
Comment pouvait-il lui parler ainsi, s'inquiéter pour elle et prononcer son prénom comme si ne rien n'était ?
- Amélia, insista Livaï. Dis quelque chose.
Le tuer.
Elle devait le tuer.
C'était le seul moyen de faire honneur à la mémoire de son cousin.
Amélia s'élança vers celui qui avait été autrefois l'homme qu'elle aimait plus que tout et s'apprêta à lui couper la gorge.
Littéralement.
Il eut le réflexe de vouloir se défendre mais il se ravisa avec un air triste. Au dernier moment, il attrapa de justesse la lame avec ses deux mains. Amélia le poussa et le plaqua au sol, la lame contre sa gorge, comme elle l'avait fait pour le porteur du titan Bestial.
- Amélia arrête ! s'écria Hansi en faisant un pas vers eux.
- Recule Hansi, l'arrêta Livaï. Laisse la.
Étonnée, c'est pourtant ce qu'elle fit.
- Amélia, je comprends ce que tu ressens. Mais si j'ai fait ça, c'est dans l'intérêt d'Erwin.
- Tu me l'as juré, cria-t-elle. Tu m'as promis que tu le ramènerais !
- Je suis désolé.
Cela l'énerva encore plus.
- Tu mérites de mourir, annonça-t-elle à voix basse. Mourir et souffrir. Encore et encore. Toujours et à jamais. Jusqu'à la fin de ta vie. Jusqu'à ta mort.
Il fronça les sourcils.
- Amélia. Contrôle tes émotions.
- Mes émotions, hein ? dit-elle entre ses dents.
Livaï fut frappé par sa beauté en cet instant. Il savait qu'Amélia était belle, mais à ce point ? Il n'avait jamais compris la chance qu'il avait de l'avoir jusqu'à maintenant.
- Tu es très belle, chuchota-il. Beaucoup trop même.
Ce fut à son tour de froncer les sourcils.
- À quoi tu joues ? Ne changes pas de sujet. Tu as tué Erwin.
- Non. C'est cet enfoiré de Bestial qui l'a tué.
- Sauf que tu ne l'as pas sauvé ! s'écria-t-elle. Tu en avais l'occasion et tu ne l'as pas fait !
Il ne répondit pas. Au bout de quelques temps, il l'appela par son prénom.
- Tu pleures, lui fit-il remarquer.
Il retira une de ses mains de la lame et voulut essuyer les larmes d'Amélia. Le contact de sa main sur sa joue la fit frissonner et elle recula de plusieurs pas.
- Ne me touches pas !
Ne comprenait-il pas que son geste avait détruit une famille entière ?
À cause de lui, elle ne verrait plus jamais Erwin.
Elle ne put retenir ses pleurs. Elle vit du coin de l'œil qu'Elyn et Jane voulaient venir vers elle, Kévin restant en retrait. Elle les arrêta d'un simple geste de la main.
Est-ce que vivre en valait vraiment la peine ?
« Pouvons-nous considérer que la vie est dépourvue de sens ? Êtes-vous prêts à admettre que votre séjour en ce monde n'a jamais eu la moindre signification ? »
Amélia se boucha les oreilles.
Erwin était mort.
Alors pourquoi ces mots la touchaient encore plus maintenant ?
« Ces héros, victimes d'une fin tragique, c'est à nous les vivants de reprendre leur flambeau ! Comme le feront nos successeurs une fois que nous seront morts nous aussi ! »
Il avait raison.
Amélia regarda brièvement Frock. Même si elle mourrait, lui n'abandonnerait pas Erwin. Il ne lâchera pas Livaï.
Il reprendra son flambeau.
La lieutenante-colonelle tenait fermement la lame qu'elle avait dans ses mains.
Son devoir s'achevait maintenant.
Elle pointa le métal qui allait mettre fin à ses jours vers son cœur. Elle soupira une dernière fois et ferma les yeux.
« C'est le seul moyen de se rebeller contre ce monde impitoyable ! »
Je vais bientôt te rejoindre Erwin.
La lame s'approchait de plus en plus d'elle.
Ça y est, elle allait mourrir. Le moment était venu
J'arrive, mère.
Ses souffrances prendront enfin fin.
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- TU ES FOLLE ?
Elle voulut se dégager mais il ne la lâchait pas.
Ses sourcils étaient froncés par la colère et ses yeux lançaient des éclairs mais on y lisait une certaine forme d'inquiétude.
- As-tu conscience de ce que tu voulais faire ? cracha-t-il. Bordel, qu'est-ce que tu pensais faire ?!
Au dernier moment, Livaï s'était jeté sur elle. Ils avaient fait des roulé-boulés et la lame était tombée loin d'eux. Amélia était allongée au sol et Livaï était au-dessus d'elle. Il lui tenait les poignets avec force.
Sentant ses larmes couler sur ses joues, Amélia ferma les yeux.
- Laisse-moi partir.
- Non.
- Laisse-moi...
Elle lui fit un coup de pied plein dans le ventre. Elle profita de sa surprise pour se dégager de son emprise.
Elle n'accorda pas même un regard au groupe et courut vers le corps d'Erwin. Rapidement, elle le prit dans ses bras et partit, avec son équipement tridimensionnel.
- Amélia ! crièrent Hansi et Jane.
- Merde ! jura Livaï.
Il voulut la rattraper mais c'était trop tard.
Personne ne savait où elle était allée, et pour combien de temps.
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- Moi aussi j'étais d'avis de sauver Erwin, confia Hansi à un Armin complètement perdu qui venait de se réveiller. Mais c'est à Livaï qu'il avait confié la seringue, et c'est toi qu'il a choisi. Je n'avais donc pas mon mot à dire.
Jane était assise et avait enfouit sa tête sur ses bras.
- Amélia est celle qui a le plus insisté pour sauver le major. Et lorsqu'elle a découvert son corps, elle a perdu les pédales.
- Où est-elle ? demanda Armin.
- Partie, répondit Livaï. On ne sait pas où. Ça fait quelques heures qu'on la cherche dans le périmètre mais on a rien trouvé.
- J'aurais dû la retenir, murmura Jane. Elle m'aurait écoutée.
Kévin lui releva la tête.
- Vu ton état, tu ne serais pas partie bien loin. Et puis, elle est plutôt du genre têtue...n'est-ce pas, caporal ?
Les deux hommes se fixèrent et Livaï se raidit.
- Oui, dit-il avec une certaine mélancolie. C'est vrai.
Il regarda en bas du mur Maria, sur lequel ils étaient.
Pourquoi fallait-il qu'il perde toutes les personnes à qui il tenait ?
Armin leur dit qu'il était d'accord avec elle et qu'il n'était clairement pas à la hauteur. Jamais il ne prendrait la place du major.
- Rassure-toi, lança Livaï, tu ne remplaceras jamais Erwin. Mais il est évident que tu possèdes certaines qualités hors du commun. Aussi, fais en sorte qu'on ait pas de regrets.
Il posa ses mains sur les têtes de Mikasa et Eren.
- Ni moi, ni eux. Ni personne d'autre. Ni toi-même bien sûr; ta mission est de ne pas nous décevoir.
- Attends-toi à ce que la lieutenante Amélia soit différente avec toi.
Tout le monde se tourna vers Elyn.
- Le major était important pour elle, et elle doit être complètement bouleversée. Je la comprends hein, j'ai eu le même truc quand Orens est mort.
- Comment réagira-t-elle en voyant Armin ? demanda Eren.
- Aucune idée (Elyn haussa les épaules). Je la connais depuis moins de temps que Jane, elle saura vous répondre.
Cette dernière détourna le regard.
- Je suppose qu'elle ne le lâchera pas et qu'elle lui lancera des piques...Je ne sais pas le reste, tout dépendra d'elle.
Kévin posa sa main sur son épaule et elle lui fit un sourire triste. Jane avait eu des soins, elle allait mieux. Mais elle avait vu sa meilleure amie partir on ne sait où, emmenant avec elle la dépouille de son cousin.
- Elle est peut-être rentrée chez-elle, réfléchit Hansi. Dans le mur Rose. Elle s'y était rendue avec Erwin il y a quelques temps.
- Très bien, annonça Livaï. Je m'y rendrais le plus rapidement possible.
- Non, contra-t-elle. Elle risque de ne pas vouloir te voir...elle considère que tu es responsable de la mort d'Erwin.
- Mais j'ai besoin de la voir ! insista le caporal. Je dois lui parler.
-B...bouclez la un peu.
Conny échangea un regard terrifié avec Jean. C'était Sasha qui avait parlé, elle venait de se réveiller.
Hansi éclata d'un petit rire.
- Sacrée Sasha.
Son seul œil, car l'autre était caché par un bandeau, se posa sur Armin.
- Ce que tu vas traverser va être compliqué, tu as d'énormes responsabilités sur tes épaules. Moi, je succède à Erwin à la tête du bataillon, ce qui me place un peu dans la même situation que toi...Nous n'avons pas le choix, donnons le meilleur de nous-mêmes.
- Oui...soupira-t-il.
Le groupe décida ensuite d'envoyer Livaï, Hansi, Mikasa et Eren voir ce qu'il se trouvait dans la cave du docteur Jäger.
Ils descendirent les escaliers et trouvèrent une porte avec un cadenas. La clé n'était pas adaptée à la serrure ! Le caporal cassa donc la porte et ils entrèrent dans un bureau de médecin, avec de livres et des remèdes. Mikasa découvrit un tiroir avec un double fond. On y aperçu deux livres.
Eren ouvrit la première page de l'un d'eux. Un bout de papier était collé.
- Qu'est-ce que c'est ? Un portait ?
- Non, je n'ai jamais rien vu d'aussi précis et minutieux.
Derrière ce papier, il y avait une note manuscrite :
« Cᴇᴛᴛᴇ ɪᴍᴀɢᴇ ɴ'ᴇsᴛ ᴘᴀs ᴜɴ ᴅᴇssɪɴ. Eʟʟᴇ ᴀ ᴇ́ᴛᴇ́ ᴏʙᴛᴇɴᴜᴇ ᴀ̀ ʟ'ᴀɪᴅᴇ ᴅ'ᴜɴ ᴘʀᴏᴄᴇ́ᴅᴇ́ ɴᴏᴍᴍᴇ́ ʟᴀ ᴘʜᴏᴛᴏɢʀᴀᴘʜɪᴇ, qᴜɪ ᴘᴇʀᴍᴇᴛ ᴅᴇ sᴀɪsɪʀ ʟ'ᴀᴄᴛɪᴏɴ ᴅᴇ ʟᴀ ʟᴜᴍɪᴇ̀ʀᴇ sᴜʀ ʟᴇ sᴜᴊᴇᴛ ᴘᴏᴜʀ ʟᴇ fɪɢᴇʀ sᴜʀ ʟᴇ ᴘᴀᴘɪᴇʀ »
Mais c'est surtout une phrase, qui changea tout.
Ils réalisèrent que ce qu'ils prenaient acquis n'était en réalité que mensonge. Tout fut remis en question après la lecture de ces simples mots :
« Jᴇ ᴠɪᴇɴs ᴅᴇ ʟ'ᴇxᴛᴇ́ʀɪᴇᴜʀ ᴅᴇs ᴍᴜʀs, ᴏᴜ̀ ʟ'Hᴜᴍᴀɴɪᴛᴇ́, ʟᴏɪɴ ᴅ'ᴀᴠᴏɪʀ ᴇ́ᴛᴇ́ ᴇ́ʀᴀᴅɪqᴜᴇ́ᴇ, ᴄᴏɴᴛɪɴᴜᴇ ᴀ̀ ᴘʀᴏsᴘᴇ́ʀᴇʀ »
Qu'est-ce que cela voulait-il dire ?
Livaï mit ses mains dans ses poches. Dans l'une d'elle, il y sentit un petit bout de métal qu'il serra fort.
C'était tout ce qu'il lui restait de sa bien-aimée : son collier.
Quelques heures plus tôt...
- Merde ! hurla le caporal.
Livaï voulut rejoindre Amélia mais il n'avait pas de gaz, Eren ne lui avait pas donné le sien.
- Que celui qui a le plus de gaz me passe le sien !
C'était Frock. Il le lui donna donc, tant bien que mal et Livaï partit.
Trop tard ! Elle s'était enfuie. Il chercha un peu partout mais ne trouva rien...
Alors qu'il retournait près du lieu de rendez-vous (en haut du mur Maria), il vit quelque chose scintiller par terre. Il atterrit donc au sol et il écarquilla ses yeux.
C'était le collier qu'il avait offert à Amélia !
Elle l'avait donc jeté...
Livaï eut un pincement au cœur.
« Je l'ai perdue » se dit-il. « C'est terminé »
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Bonsoir.
Maintenant je sais dire « Livaï » en langage binaire :
01101100 01101001 01110110 01100001 11000011 10101111
Je vais pouvoir briller en société grâce à ça et je vous partage mon savoir dans mon immense bonté 🛐
Je connais également ses anagrammes : Ilvia, Ivail, Ivali, Ivila, Livia, Lívia, Vilia 😎
Vous savez que de base l'histoire devait se terminer sur le moment où Amélia voulait se suicider ?
Vous m'êtes à jamais redevable d'avoir continué.