Cupidon ne doit plus avoir de...

By Mikkite

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Héloïse, 14 ans, a fugué pour éviter de subir plus de sévices de la part de sa mère et vit désormais dans la... More

Avant-propos
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Épilogue
Le mot de la fin

Chapitre 6

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By Mikkite

Kayleigh


Le tintement de la clochette me fait relever la tête alors que je lance en même temps un « Bonjour » joyeux avant de frissonner sous le courant d'air froid qui entre dans la boutique. Le client qui entre ne répond pas, me fixant de ses yeux vert foncé, bonnet noir enfoncé sur la tête jusqu'aux sourcils, manteau épais sur le dos. Impossible de savoir s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille.

« Je peux vous proposer un café ou un chocolat, pour vous réchauffer ? C'est gratuit. »

Je vois le client sursauter.

« Un chocolat, oui. Il est bon. »

Cette voix.

« C'est toi, tu es... Je suis repassée hier soir, mais tu n'étais pas là.

— Je n'habite pas ici » fait-elle d'une voix dure.

« Je sais. Je me suis juste inquiété.

— Faut pas. Je ne suis personne, je ne suis rien. »

Je la regarde, ne sachant pas comment la prendre, elle est constamment braquée, refuse toute aide, tout contact.

« Tiens, ton chocolat », dis-je en lui tendant un grand gobelet. « Tu peux t'asseoir et le boire ici, au chaud.

— Non, c'est bon. Je suis sale et je pue. C'est combien ? » demande-t-elle en posant quelques pièces sur le comptoir.

« C'est gratuit, je te dis. Garde ton argent.

— Pourquoi ce serait gratuit ? Rien n'est gratuit dans la vie.

— Parce que j'offre le café à tous les commerçants du quartier, c'est comme ça.

— Je ne suis pas un commerçant.

— Tu es nouvelle dans le quartier, c'est un cadeau de bienvenue alors. »

Je remarque un léger sourire filtrer sur son masque et s'effacer aussitôt.

« As-tu trouvé un endroit sécuritaire et au chaud hier ?

— Je suis vivante, non ?

— Excuse-moi, je suis trop curieuse parfois. »

Elle me regarde fixement, sans rien dire. Elle semble si jeune et déjà la rue commence à prendre le dessus sur sa personnalité que j'ai entr'aperçu brièvement. Cela m'ennuie de la laisser dehors, elle n'a rien à faire seule, à dormir dans la rue.

« Est-ce que tu veux que je te conduise à l'association ? Ils vont te trouver un endroit où dormir au chaud, en sécurité. Tu pourras manger, te laver.

— Je n'ai besoin de l'aide de personne pour survivre » répond-elle en fronçant son nez.

Survivre.

Elle est passée du stade où elle devait vivre quelque part, dans un foyer avec sa famille, à survivre dans la rue. Je me demande ce qu'il lui est arrivé et surtout quand est-ce arrivé, depuis combien de temps est-elle dans la rue ?

« J'ai rendez-vous, je dois y aller » dit-elle en me sortant de mes pensées.

« Prends soin de toi ! », lançais-je alors qu'elle avait la main sur la poignée de la porte.

Elle se raidit instantanément.

« C'était très bon... tes sandwichs et le gâteau. Merci Kelly » dit-elle, d'une voix douce, avant de disparaître rapidement dans la rue. Le temps que j'aille à la porte pour voir où elle allait, qu'elle avait disparu.

Je me suis remise au travail, discutant avec mes quelques rares clients, saluant mes voisins quand ils me font signe en passant. Pour Halloween, le lendemain, j'ai préparé une cargaison de mini cookies pour offrir, à condition d'être déguisé. J'ai hâte d'avoir un enfant pour traîner dans le quartier, costumée, et me gaver de sucrerie. Aaron va être mis à contribution, les enfants allant s'arrêter sur le chemin de l'école. Je me taperais le gros du travail, avec le retour de l'école et surtout avec la tournée. Ayant fini d'emballer les biscuits, des chocolats pour le lendemain, je vide mes comptoirs quand un toquement à la vitre me fait sursauter. Dans le faible éclairage du lampadaire, je ne distingue que les yeux et le nez de la personne devant la vitrine, le reste du visage caché derrière une écharpe. Débarrant la porte, deux yeux verts me regardent.

« Kelly ? »

C'est un début, elle m'adresse la parole.

« Ne reste pas dehors, entre. As-tu mangé aujourd'hui ? », demandais-je d'une voix douce.

« Non... pas encore », renifle-t-elle, restant toujours à l'extérieur.

« Viens », dis-je en tendant la main. « Allez, viens, n'aie pas peur. Viens te mettre au chaud et manger quelque chose. S'il te plaît, pour moi. »

Ma main est toujours tendue, j'attends patiemment, comprenant son inquiétude. Vivre dans la rue, faire confiance à une inconnue, même si elle est gentille comme moi, ce n'est pas facile.

« Comment t'appelles-tu ? Moi, c'est Kayleigh, Kay Ley », prononçais-je. « Ce n'est pas commun, je sais, mes parents viennent d'Écosse.

— C'est joli », répond-elle, n'entrant toujours pas.

« Merci. Et toi ? Tu veux bien me dire ton prénom ?

— Héloïse.

— C'est joli aussi, Héloïse. Ravie de te rencontrer. Alors, dis-moi, Héloïse, est-ce que tu veux que je prenne froid et que je sois malade ?

— Non.

— Alors, viens au chaud, s'il te plaît. J'ai froid en restant dans l'encadrement de la porte. Viens, je t'offre à manger et un bon café ou un chocolat chaud.

— Pourquoi ? », répond la voix, toujours à l'extérieur.

« Sinon, je vais aller porter toute ma nourriture à l'association pour les sans-abri un peu plus haut dans la rue, et il n'y aura plus rien pour toi. Parce que j'ai envie de boire un chocolat chaud moi aussi, parce que j'ai froid... et j'ai envie d'aller aux toilettes.

— Je peux aller aux toilettes ? », demande la voix en s'approchant.

« Bien sûr, Héloïse. Allez, viens. Prends ma main, ne crains rien, je ne suis pas de la police, je ne vais pas te faire de mal. »

Une fois qu'elle est entrée, je verrouille la porte et indique à Héloïse où se trouvent les toilettes. Elle y entre rapidement avec son sac à dos, pendant que je vais fouiller dans mon vestiaire pour sortir un tee-shirt et un pull. Je les renifle rapidement, vérifiant qu'ils ne sentent pas trop la transpiration. Ce ne serait pas pire que ce qu'elle porte déjà sur le dos, mais ce n'est pas une raison pour la rabaisser dans sa misère. J'entends l'eau couler, devinant qu'elle doit se laver. J'imagine déjà la couleur de l'eau, les éventuels dégâts que je devrais nettoyer plus tard, mais ce soir, je fais une bonne action, alors je m'en fiche.

« Tu préfères du café ou un chocolat ? », demandé-je derrière la porte.

« Chocolat, s'il vous plaît. Merci, Kayleigh. »

Cela me réchauffe le cœur, en plus elle est polie. Je prépare la boisson avant de préparer une assiette avec de la salade, un sandwich, une mini quiche qu'il me reste et un gâteau. Je place le tout sur une table, avec des ustensiles. Une fois le chocolat prêt, j'en verse deux tasses, en pose une à table, tandis que je m'installe un peu plus loin, ne voulant pas la déranger pendant qu'elle mange. Ce sera bien assez gênant comme ça pour elle. Je redresse la tête quand j'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir. Héloïse s'est débarbouillée. Je devine qu'elle en a profité pour se faire une petite toilette intime et s'est changée, me rejoignant en marchant en chaussettes.

« Désolée, ça ne sent pas très bon dans la salle de bain. Mes vêtements sont sales.

— Ce n'est rien, Héloïse, je t'assure. »

Aaron va se demander si un rat mort est coincé dans la tuyauterie quand il arrivera au milieu de la nuit, c'est tout.

« Tiens », dis-je en tendant mon tee-shirt et mon pull. « Si tu veux, je te les donne. Ce n'est pas propre d'aujourd'hui, mais c'est d'hier. Je n'ai rien d'autre par contre. Allez, assieds-toi et mange. J'en ai encore, si tu veux.

— Vous êtes gentille, Kayleigh. Pourquoi ?

— J'apporte toujours les restes à l'association pour les sans-abri, c'est mieux que de jeter la nourriture, non ?

— Oui, mais pourquoi m'avez-vous ouvert votre porte ? Vous ne me connaissez pas. »

Je ne sais pas vraiment quoi faire pour qu'elle se sente à l'aise. J'ai l'impression que malgré les quelques sourires que j'arrive à lui arracher, elle souffre intérieurement et se braque constamment. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi et ça me frustre.

« Tu veux bien me tutoyer, s'il te plaît ?

— D'accord », répond-elle en engloutissant son sandwich avant de s'attaquer à la salade avec la rapidité d'une nuée de moustiques sur mes bras en été.

« Je n'allais pas t'ignorer non plus. Tu veux un autre sandwich, Héloïse ?

— Non, ça va, merci. »

Je la regarde manger avec appétit, lui en ressert un autre, voyant qu'elle en voulait un. Elle me remercie d'un signe de tête. Je la laisse manger en paix. Ça m'ennuie de la laisser retourner dans la rue. Je prends mon téléphone, elle me regarde, les yeux plissés, suivant chacun de mes mouvements avant de laisser échapper un soupire d'extase en dégustant mon gâteau au chocolat et caramel salé.

« Est-ce que tu veux que j'appelle l'association ? Ils pourraient t'aider.

— Non, merci, Kayleigh. Je me débrouille. C'est mon problème. Merci pour le repas, c'était très bon. »

Je la regarde se lever, empiler la vaisselle et regarder autour d'elle.

« Laisse, Héloïse, je vais faire la vaisselle. »

Je lave les assiettes et les tasses avant de les essuyer et de les ranger. Elle me regarde, sans rien dire.

« Est-ce que ça vous embête si je reste dans la ruelle en arrière ? »

— Oui, Héloïse, ça m'embête, mais je comprends. Tu ne veux pas aller à l'association, j'accepte ton choix. Dis-moi, quel âge as-tu ?

— Dix-huit ans. »

Je ne réponds pas à son mensonge. Je la détaille sans le vouloir, elle semble avoir à peine quinze ou seize ans. Je me demande pourquoi elle est dans la rue si jeune, imaginant tous les scénarios possibles, mais aucun d'entre eux n'est heureux.

« D'accord. Je... Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider, Héloïse ?

— Rien. Enfin, peut-être... Me laisser utiliser les toilettes de temps en temps quand je suis dans le quartier ?

— Bien sûr. Je comprends que tu ne fasses pas confiance aux gens, tu dois avoir tes raisons pour être dans la rue. Je veux juste que tu me promettes de prendre soin de toi. Si tu as un problème, si tu es malade, si ça ne va pas et que le magasin est ouvert, viens me voir, d'accord ? Tu as un peu confiance en moi, au moins ?

— Oui, c'est promis, Kayleigh.

— Bon, je vais fermer et aller déposer tout ça, mais avant, tiens, prends ça », dis-je en lui tendant un sac où j'ai glissé des sandwichs et des morceaux de gâteau au chocolat. « Ils seront encore bons pour deux jours, après tu les jettes si tu ne les as pas mangés. »

Avant de partir, je passe par la salle de bain. Si effectivement il y a une légère odeur de pieds, la salle de bain est propre, tout a été nettoyé et essuyé. Sous le lavabo, je sors une bouteille de désodorisant et en vaporise un peu avant de refermer la porte. Je sors les sacs avec les restes, enclenche l'alarme et je regarde Héloïse rentrer dans son carton, un pincement au cœur. J'en parlerai aux gens de l'association afin qu'ils passent la voir, s'assurer que tout va bien, lui parler, la conseiller, l'aider.

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