Euphoria

By kim-yoon-jin

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He is the cause of my Euphoria. More

CHAPITRE 1: la lune et les étoiles
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15.
CHAPITRE 16
CHAPITE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE ALTERNATIF 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE FINAL 26

CHAPITRE 10

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By kim-yoon-jin

Le lendemain matin, la sonnerie de mon réveil fut inutile. La nuit avait été longue et je n'avais réussi à dormir qu'une paire d'heures. Le brouillard qui m'avait enveloppé la veille au soir ne m'avait pas quitté, et semblait au contraire s'être épaissi.

Je quittai mon lit lentement, comme inconscient que mes pas me portaient hors de mon confort, et gagnai la cuisine en silence. Je sortis ensuite du frigo le tupperware de riz que j'avais cuisiné la veille et le mis à cuire dans une casserole. Je m'activai alors au découpage du filet de poulet, que je mis à frire après l'avoir baigné dans un bol d'épices.

J'avais dans l'idée d'aller réveiller Jungkook doucement une fois la cuisson du petit déjeuner finie, et cette idée m'enjouait tellement que lorsque je le vis entrer dans la pièce et s'installer à table avec nonchalance, mon coeur se serra un peu sous la déception.

_ Tiens, tu es déjà levé ? Dis-je.

Il leva la tête vers moi et un immense sourire fendit son visage.

_ J'avais mis un réveil, m'informa t-il. Je ne voulais pas manquer notre rendez-vous.

Quelque chose chatouilla mon estomac.
"Notre rendez-vous".

_ Je serais venu te réveiller, confessai-je.

Je me retins de toutes mes forces d'ajouter à quel point j'aurais préféré qu'il se réveille au son de ma voix et non au son du réveil.

Je rassemblai la nourriture dans un plat et le déposai à table en face de mon jeune ami. Je pris ensuite deux assiettes et deux paires de baguettes dans les placards au-dessus de la plaque de cuisson et les disposai en face de Jungkook et a la place que j'avais choisi d'occuper.
Je déposai un peu de riz et de viande dans nos assiettes, et voyant que mon ami grimaçait, je dis :

_ Oui, je sais, c'est le riz de hier, mais je n'aime pas gaspiller...

_ Ce n'est pas ça, souffla t-il. Je n'ai pas faim.

Zut. Sa présence m'avait tellement déstabilisé que j'en avais oublié son manque d'appétit.

_ Manges ce que tu peux, ordonnai-je. La répétition d'aujourd'hui sera plus rude que toutes les précédentes, je préfère que tu aies quelque chose dans l'estomac. Ce sera plus facile pour toi.

Pour la première fois, il acquiesça sans protester. Une pointe d'inquiétude remonta le long de mon œsophage.

_ Tu vas bien ? Risquai-je.

Il me devisagea quelques secondes sans rien dire, puis répondit doucement :

_ A vrai dire, oui, je vais bien. Mieux que d'habitude.

Sa réponse eut pour effet de faire fondre mon tourment, laissant place à la curiosité.

_ Vraiment ?

Mon ahurissement était total.
Il secoua la tête de haut en bas, rougissant jusqu'au cuir chevelu.
Je n'en fus que plus curieux.

_ Puis-je te demander la raison de ce soudain presque-bonheur ?

Il marqua un temps de réflexion avant de répondre, d'un ton tout à fait désinvolte :

_ Je te dirai plus tard.

Cette promesse me parut lourde de sens. S'il s'était agi d'un fait banal, comme voulait le faire entendre le ton de sa voix, il me l'aurait confié directement.
Ma curiosité gonfla encore, prenant une place considérable dans mon abdomen.

_ Mange, m'ordonna t-il en voyant que je n'avais toujours pas commencé mon petit déjeuner.

J'obéis, réfléchissant à ce qui pouvait bien le faire sourire ainsi.

~°~

_ Tu es prêt ? Demandai-je à mon ami depuis le seuil de sa porte.

Il était sept heures trente et j'avais déjà enfilé mes baskets, réuni les éléments qui constituaient notre déjeuner dans mon sac à dos ainsi que nos bouteilles d'eau, et étais prêt à partir.
Il ouvrit la porte avec force, et je sursautai violemment.

_ Oui, nous pouvons y aller, déclara t-il, ignorant la réaction que son arrivée venait de me causer.

Je repris doucement mon souffle et suivis mon ami en dehors de la maison.

_ Je conduis ! Décida Jungkook.

Ravi par son soudain accès de bonne humeur, je le laissai faire. Ainsi, il nous conduisit aux locaux de l'agence sans se départir de son sourire.
Nous montâmes jusqu'à la salle de danse d'un pas guilleret et commençâmes rapidement l'échauffement, bien décidés à ne pas perdre plus de temps que nous en avions déjà perdu. Jungkook et moi étions tellement impliqués dans ces rattrapages qu'aucun de nous n'entendit monsieur Sejin entrer.

_ Jungkook, Taehyung, que faites-vous ici un dimanche ? Demanda le manager, nous prenant par surprise.

Je coupai le son de la baffle, et avant que j'aie eu le temps de dire quoi que ce soit, mon ami prit les devants.

_ J'ai pris trop de retard, expliqua t-il froidement. Je suis tombé malade à cause du surmenage et de la pression que vous m'avez mise. Je suis venu pour rattraper cela, et Taehyung s'est porté volontaire pour m'aider. Est-ce mal ?

Je fus sonné par tant d'arrogance. Le Jungkook habituel semblait avoir en partie refait surface. A cette idée, je sentis mon estomac se réchauffer et mon cœur accéléra la cadence.

Il avait enfin osé lui cracher ce qui l'avait rongé, même s'il aurait sûrement eu besoin de le crier pendant un quart d'heure.

_ Euh... non, je... il n'y a pas de mal, marmonna un Sejin à présent tassé sur lui-même et honteux.

C'était visiblement la première fois que le Maknae osait lui parler de cette manière, et cela semblait l'étonner tout autant que moi. Il tourna les talons et quitta la pièce, un soupçon d'embarras obscurcissant ses traits.

J'éclatai de rire, ne pouvant me retenir plus longtemps de laisser la satisfaction de voir celui qui avait entraîné une bonne partie du malheur de mon ami mordre enfin la poussière s'emparer de moi.

_ Qu'y a-t-il ? Demanda mon protégé, interdit.

_ Tu as été génial, déclarai-je. Bravo, Jk.

Il me sourit largement et une pointe de rose teinta ses joues pâles.

_ On s'y remet ? Proposa t-il.

Je soupçonnai la gêne d'être à l'origine de cette tentative de détourner mon attention.
Je lui accordai ce congé et nous nous remimes au travail.

Je lui détaillai la chorégraphie pas par pas, mais cela sembla s'avérer inutile : il était toujours autant en retard.
Une idée me vint alors.

_ Vas t'asseoir contre le mur et regarde moi, dis-je. Je vais te refaire la chorégraphie de A à Z. Observe bien, d'accord ?

Il acquiesça, une ombre de curiosité dans le regard.

Il se plaça pile en face de moi et se laissa glisser contre le mur jusqu'à atterrir sur les fesses. Je démarrai la musique à distance avec mon téléphone et commençai à danser.
J'articulai bien chaque geste, appuyai chaque pas, hyperbolisant presque mes mouvements pour les rendre plus compréhensibles. Cela me fatigua plus vite, mais semblait nécessaire.
Son regard posé sur moi était comme une force supplémentaire me tirant vers le haut, comme si des ailes commençaient à me pousser. C'était un fait totalement inexplicable, comme si ses yeux avaient un pouvoir de manipulation lorsqu'ils croisaient mon être. Sa présence activait une concentration et une application des plus ferventes, me poussant à donner le meilleur de moi-même.

La musique se finit et j'achevai la chorégraphie parfaitement en même temps. Mon ami applaudit et mes entrailles se mirent à bouillir.

_ C'était magique, dit-il. Je regrette presque que nous devions nous joindre à toi pour le M.V.

Tout le sang de mon corps me monta au visage, j'en eus presque le souffle coupé.

_ A toi, maintenant, balbutiai-je pour fuir son regard.

Il se leva et se plaça à l'endroit que je venais de quitter pour prendre sa place contre le mur. Je lançai la musique et il commença sa danse.
Au début, il était parfaitement synchronisé avec notre chanson, mais plus le temps avançait, plus il prenait de retard.
Quel dommage. La qualité de ses mouvements n'avait d'égal que Jimin, à mes yeux, et il était si gracieux qu'il aurait pu faire pleurer une danseuse étoile.
Un détail attira mon attention. Les mouvements qu'il venait d'enchaîner étaient mauvais. Il semblait être resté sur la première version de notre chorégraphie, et avait retenu les pas que Hoseok nous avait fait remplacer.

Je coupai le son sans réfléchir.

_ Tu n'as pas la bonne chorégraphie, lançai-je en réponse à son regard interrogateur.

Je me levai et vins me placer à sa droite.

_ Comment ça, "pas la bonne chorégraphie" ? Ce n'est pas celle que J-Hope nous a apprise ?

_ Si, rigolai-je. Mais c'est la première version. Celle qu'il a changée juste après, tu te souviens ? Le jour où...

Je m'interrompis, sachant très bien que ni lui ni moi ne souhaitions nous remémorer cette journée difficile.

_ Je me souviens, trancha t-il.

Parfait. Je n'avais pas à tout réexpliquer.

_ Voilà. Eh bien toi, tu es resté sur cette première version, sans doute parce que, comme tu l'as dit ce jour là, tu avais mis du temps à la retenir mais tu y étais finalement arrivé.

_ Oui, sûrement.

Son ton s'était tout à coup départi de toute énergie. J'eus alors de la peine pour lui.

_ Ne t'en fais pas, tentai-je de le rassurer. Nous allons y remédier rapidement. Regarde.

Je me mis dans la position dans laquelle nous arrivions juste avant le passage à corriger.

_ C'est à partir de ces pas là qu'il faut tout modifier. J-Hope a remplacé ce pas -j'appuyai mes explications par un mouvement de danse- par celui-ci -je lui fis démonstration du nouveau pas.

Il m'observa attentivement, imprimant mentalement mes gestes. Lorsque j'eus fini, il se remit en position et suivit mes indications. Sa version de la chorégraphie changea peu à peu tandis qu'il validait les nouveaux mouvements de manière définitive.
Je restai à côté de lui pour l'aiguiller en cas d'oubli puis dès que je fus sûr qu'il n'avait plus besoin de "modèle", je retournai m'asseoir contre le mur en face de lui.

Je remis la musique depuis le début, le forçant à inclure la nouvelle partie de chorégraphie au reste de la danse.
Il débuta correctement, en synchronisation parfaite avec le tempo, et lorsque vint le moment où il prenait habituellement du retard, il s'efforça de mettre en pratique ce que nous venions d'apprendre pour rester dans les temps. Cela eut pour résultat de presque fonctionner. Il recommença à accumuler du retard après avoir raté un saut pour lequel il n'était pas dans la bonne position.
La musique prit fin.

_ Bien, dis-je. Bien mieux. Mais tu es toujours en retard.

Il soupira.

_ Pourquoi ça, cette fois-ci ?

_ Lorsqu'arrive le saut, tu n'es pas bien positionné, et donc tu peines à le réaliser. Tu mets plus de temps à y parvenir et accumules du retard.

Voyant qu'il commençait à désespérer, j'ajoutai :

_ Mais ne t'en fais pas, tu peux le rattraper facilement. Il te suffit juste de changer de position.

Jungkook leva les yeux au ciel.

_ Allez, l'encourageai-je doucement. Tu vas y arriver, Kookie.

Il planta ses yeux droit dans les miens, et quelque chose que je ne connaissais pas passa dans son regard. Quelque chose qui semblait à mi-chemin entre la reconnaissance et le désespoir.

Il se replaça et m'ordonna de remettre FAKE LOVE, ce que je fis. Il répéta les mouvements de la chorégraphie, les enchaînant avec de plus en plus de grâce et de technique.
Son talent avait le don de me couper le souffle. A mes yeux, il venait en deuxième juste après Jimin dans le classement des meilleurs danseurs de Corée-du-Sud.

"Il est parfait, pensai-je alors. Un visage sans défauts, un corps sculpté à la perfection, une voix angélique et une technique de danse qui frise l'impossible".

Puis, il rata de nouveau son saut.
Je coupai net la musique, ne lui laissant pas le temps de finir.
Il leva vers moi un regard désemparé.

_ C'est toujours pas ça ? Demanda t-il. J'ai fait de mon mieux pour me corriger...

Je me levai et me replaçai à sa droite.

_ Regarde. Tu dois mettre ton pied gauche comme ça, vers l'arrière, et le pied droit devant, expliquai-je en accompagnant mes indications par les mouvements qui allaient avec.

Il hocha lentement la tête et se positionna comme moi.

_ Parfait, continuai-je. Comme ça, tu seras mieux positionné pour sauter.

Il manqua de perdre l'équilibre, et se rattrapa à mon avant bras. Mon ami se redressa immédiatement et me lâcha, comme brûlé par mon contact. Il se répandit en excuses.
Je retournai m'asseoir près du mur et remis la musique depuis le début.
Il dansa presque sans erreurs, mais une fois arrivé au fameux saut, il se repositionna de la mauvaise manière et atterrit, après le saut, en retard.
Je coupai le son. Il leva les yeux vers moi et son regard affichait une irritation non dissimulée.

_ Quoi ? Dit-il sèchement. Je n'y suis toujours pas ?

Je niai d'un hochement de tête.

Il laissa mollement retomber ses bras le long de son corps et une ombre s'installa dans son regard. Ses instants de sourire avaient été de bien courte durée...

Pris de panique face à sa visible baisse de moral, je me levai rapidement et me dirigeai vers lui, mes jambes guidant mon corps presque sans l'accord de mon cerveau.

_ Remets-toi dans la position de juste avant le saut, ordonnai-je.

Il s'exécuta en soupirant, marmonnant quelque chose qui envoyait au diable J-Hope et sa chorégraphie.

_ Tu vois ? Tu es encore mal placé, continuai-je.

_ Je n'ai pas retenu ce que tu m'as dit tout à l'heure, avoua Jungkook d'une voix atone.

_ Je vais te montrer.

Ainsi, je tirai sa jambe droite de ma main droite et remis son pied gauche dans la bonne direction, avant de placer mes deux mains sur ses hanches et de le tirer délicatement vers moi.
Ses fesses frôlèrent mon corps et des frissons partirent de l'endroit de ce contact pour aller courir sur le moindre centimètre carré de ma peau.
J'attrapai ensuite ses poignets et les fixai dans l'air à la hauteur où la chorégraphie voulait qu'ils se trouvent, et mes pulsations cardiaques accélérèrent.
Je repensai à la veille au soir, lorsque le désir fou de l'embrasser m'avait pris et s'était insinué en moi jusqu'à ce que je quitte la pièce à grands pas.

Ce fut mon tour de le lâcher comme si sa peau avait brûlé la mienne.

_ Je... voilà, bafouillai-je.

Un regard au reflet de mon ami sur le miroir m'apprit qu'il avait rougi jusqu'aux oreilles et, étant donné la chaleur qui émanait de mon visage, il me parut évident que j'avais fait de même.
Je retournai m'asseoir le long du mur et remis la musique d'un geste maladroit.
Mon ami se remit en mouvement, et plus la chanson avançait, plus ses gestes se faisaient gracieux. Ses changements de positions ponctuant parfaitement la musique et je n'eus même pas à couper FAKE LOVE pour une quelconque erreur, pas même lors du saut. Mon intervention, aussi gênante fut elle pour lui, lui avait été utile.
Un élan de bonheur inexplicable entoura mon cœur qui battit plus vite encore. J'avais envie de me lever et d'entourer mon ami de mes bras, de le serrer contre moi jusqu'à ce que la nuit ne tombe. J'avais envie qu'il entende mon cœur battre, qu'il puisse le sentir contre son corps sublime, et je rêvais de toucher le sien.

_ C'était bien ?

Je sursautai. Lorsque je levai les yeux vers mon jeune ami, je me rendis compte que la musique s'était arrêtée. Et je m'étais tellement perdu dans mes pensées que j'étais incapable de répondre à sa question.
Quel idiot.

_ Euh, oui, c'était mieux, répondis-je d'un ton qui se voulait convaincant.

Il sourit, découvrant ses belles dents blanches et parfaites, et mon cœur rata une mesure.
Une seule pensée me vint.
"Il est parfait".

Jungkook avait répété sa danse toute la matinée et il était plus de treize heures lorsque nous mangeâmes enfin. Mon estomac accueillit la nourriture avec gratitude, cessant enfin ses grognements d'ours enragé.

_ C'est super bon, me complimenta Jungkook.

_ Oh, ce n'est rien, tu sais, dis-je malgré les rougeurs qui apparurent sur mon visage.

_ Oui, mais c'est bon quand même. Je n'ai jamais vu des onigiris aussi réussis.

La remarque me flatta, mais je lui répondis, l'air de rien :

_ Tu abuses, Jk. Les onigiris de Seokjin valent le détour.

_ Je préfère les tiens.

Mon estomac se réchauffa. Il préférait ma cuisine à celle de Seokjin, bien que celle-ci batte des records.

Je baissai la tête, me concentrant sur mon onigiri au thon.

_ Et il n'y a pas que tes onigiris que je préfère, continua mon ami.

Parlait-il toujours de cuisine ? Je préférais ne pas me faire d'idées, mais son affirmation prêtait assez à confusion.

_ Qu'as-tu pris pour le dessert ?

Je secouai la tête, désarçonné par ce vif changement de sujet.

_ Euh... des pommes, répondis-je en relevant la tête vers lui. Tu en veux une ?

Il secoua positivement la tête, et je remarquai qu'une mèche de cheveux rebelle se détachait des autres pour venir danser devant ses yeux.
J'eus une soudaine et furieuse envie de la remettre en place, mais je me retins. J'avais assez perturbé son espace vital pour aujourd'hui. Je me contentai de fouiller dans le sac et d'en sortir la pomme que je lui tendis. Il me remercia d'un ton chantant et mordit dedans avec entrain.
Lorsque je pris la mienne au fond du sac à dos, il avait déjà fini la sienne et se relevait pour s'échauffer de nouveau.

Mais qu'avait-il bien pu faire du trognon ?

_ Tu lances la musique ?

Je m'exécutai tout en mordant dans mon dessert.
La mèche rebelle était toujours là.
Et mon envie de la remettre en place également.

Il continua de danser, de mieux en mieux, sous l'emprise d'une grâce et d'un talent indéfinissables. Plus il recommençait la chorégraphie, plus Jimin avait de souci à se faire s'il voulait conserver son titre de meilleur danseur à mes yeux.
Une minute. Il y a deux semaines de cela, il était indétrônable et personne ne pouvait le remplacer. Il y a deux semaines, je m'en serais voulu d'avoir pensé cela.
Pourquoi avait-ce changé ainsi, sans même que Jimin ne fasse quoi que ce soit pour forcer mes choix ?
Pourquoi étais-je autant obnubilé par mon ami cadet ?
Sa grâce. C'était ce qui m'égarait à chaque fois. Peut-être était-ce une sorte de magie, un quelconque sortilège ?
Il en donnait fermement l'impression. C'était comme si lorsqu'il dansait, tout autour se faisait nuit et lui seul brillait, comme une étoile au milieu de la pénombre.
Une étoile. Cette comparaison ne me parut pas anodine. J'aimais regarder les étoiles. Et mon cerveau m'envoyait clairement des messages codés. Seulement j'étais un peu trop stupide pour les déchiffrer.

Une fois de plus, la musique se termina.
Sans que mon cerveau ne puisse anticiper quoi que ce soit, j'applaudis. Il le méritait amplement.
Il effectua un bref salut comme s'il saluait un public et sourit de nouveau.
Ouah.

_ C'était parfait, déclarai-je. Je n'ai rien à dire.

Il me gratifia d'un nouveau sourire, plus large encore, qui eut pour principal effet d'accélérer mes pulsations cardiaques.
Décidément, il savait comment s'y prendre pour contrôler des choses en moi que mon cerveau ne pouvait stopper...

_ Je vais m'entraîner encore, décida Jungkook. Je veux être le plus proche possible de la perfection.

L'imbécile. Ne savait-il pas à quel point il la côtoyait déjà ? Était-il aveugle à ce point ?

Je soupirai.

_ Lance la musique, s'il te plaît.

J'obéis.

~°~

_ C'est fini ! S'exclama Jungkook. On peut tout remballer et partir, je suis enfin prêt !

Il venait de terminer sa dernière interprétation de la chorégraphie, et il la maîtrisait tellement qu'on aurait pu croire qu'il en était l'authentique créateur. Il se l'était appropriée, l'avait adoptée, même dominée. Il la connaissait mieux que personne et en donnait une version que même Jimin ne pouvait fournir.
Il en était le maître. Et honnêtement, voir un être aussi sublime interpréter une danse aussi difficile donnait presque les larmes aux yeux.

"Sublime", encore une fois.
Pourquoi diable ce mot était-il le seul qui me traversait l'esprit lorsqu'il était question de Jungkook ? Après tout ce temps, il me semblait que toutes les réponses à mes questions s'étalaient devant mes yeux, mais j'étais trop aveugle pour les voir.
Peut-être n'importe qui aurait su pourquoi mon cœur accélérait la cadence en la présence de mon ami et doublait de volume lorsqu'il n'allait pas bien ?
Peut-être n'importe qui aurait pu m'expliquer pourquoi des frissons me parcouraient lorsqu'un contact s'opérait entre nous, et pourquoi mes pensées s'égaraient rapidement lorsque je le regardais ?
Peut-être tout le monde aurait trouvé normal qu'il puisse contrôler mes paroles et actions sans que j'aie de droits là-dessus ?

Une pensée remonta alors en moi comme un serpent rampant hors de son trou.

"Le cœur qui s'accélère"
"Des difficultés à se concentrer et à s'exprimer"
"Une envie continue de contact avec cette personne"
"Des frissons lors d'un contact avec cette personne, des réactions étranges provoquées par son rire, son sourire ou ses larmes"

"Certaines personnes affirment même que la personne dont on est amoureux maîtrise nos pensées, choix et émotions"

Non. Impossible.

Les affirmations tournaient en boucle dans ma tête. Cela ne pouvait être plausible.

_ Tout va bien ? Demanda Jungkook en se penchant vers moi.

Je n'avais effectivement pas encore pris la peine de me lever du sol, trop absorbé par mes pensées.

_ Euh, oui, je vais bien, désolé. J'étais dans mes pensées.

_ Tu n'as pas à t'excuser, dit-il en me tendant une main, que j'attrapai avant de me relever.

La mèche folle dansait encore devant son visage. Il semblait ne pas l'avoir remarquée. Mais l'idée qu'elle puisse le gêner à un moment où à un autre me dérangeait.
Ainsi, je ne pus m'empêcher de la lui recaler derrière l'oreille une fois arrivé à sa hauteur. Malgré les efforts et la transpiration, ses cheveux étaient d'une douceur à tomber.

Jungkook s'immobilisa devant moi, riva ses yeux aux miens l'espace de quelques secondes, puis fondit dans mes bras, enroulant les siens autour de ma taille.

Mon cœur s'emballa et tout le sang de mon corps monta à mon visage, si bien que mes jambes à présent fébriles menaçaient de se dérober sous mon propre poids.
Je me pris à souhaiter que cette étreinte ne se termine jamais.
Puis, sans crier gare, il lâcha d'une voix fébrile, comme s'il pleurait :

_ Merci, Taetae.

Je compris qu'il ne parlait pas de la mèche que je venais de replacer. Ce "merci" couvrait bien d'autres actions que j'avais commises pour lui depuis le début.

Une ribambelle d'images de tous ces moments passés avec lui me passa dans la tête à la vitesse de l'éclair, et c'est là que je réalisai ce qui m'avait poussé à l'aider à ce point.

J'étais indéniablement tombé amoureux de mon ami.

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