"Bienvenue en enfer".
Il tenait fermement mes poignets derrière mon dos et me faisait entrer dans une sorte de souterrain flippant bondé de monde.
J'ai fait de nombreuses soirées, je me suis bourrée la gueule de nombreuses fois, mais je n'ai jamais vu autant de monde dans une seule pièce.
Ils semblaient être heureux.
La musique faisait bourdonner mes pauvres oreilles tant elle était forte.
Chaque fois que Kyle croisait une fille qu'il connaissait elle lui souriait de toutes ses dents pendant qu'il passait sa main dans son froc.
Ça me dégoutait.
"On va aller discuter tranquillement." Me glisse t'il à l'oreille.
Je frémis et me débat légèrement pour exprimer mon mécontentement.
Il me pousse jusqu'au fond de la salle, non sans mal, et me fait entrer dans un couloir mal isolé et humide.
Il me fait traverser celui-ci sur quelques mètres et ouvre enfin une porte.
Ça donnait sur un autre couloir avec un ascenseur. Il appuie sur le bouton pour l'appeler et on attend quelques minutes.
J'étais en train de m'imaginer milles façons horribles de me faire violer par lui.
Je n'y connaissais rien. Enfin... J'avais déjà fait les préliminaires de nombreuses fois avec Jarvis mais c'était tout.
Et puis ce n'est pas ça le pire, le pire c'est qu'il allait me toucher sans mon consentement et ça ne me plaisait pas du tout.
Les larmes commencent à me monter.
Il me pousse dans la cabine et je manque de tomber.
"Bonne à rien en plus.
-Je t'emmerde sincèrement. Grognais-je.
-Si c'est sincère tant mieux".
Il esquisse un sourire moqueur et appuie sur le bouton -3.
Putain mais où est ce que je suis?
Qu'est ce qu'il va m'arriver?
Quand je ne servirai plus à rien il va vraiment me tuer?
Je retiens mes larmes car si je pleure ça lui donnera une raison de me faire encore plus de mal.
Le tilt de l'ascenseur retentit et on descend.
Je me fige sur place, on était dans la rue.
Comment est ce possible?
"Mais... Tu as appuyé sur le -3? Bredouillais-je.
-Chérie. Je te l'ai dit, personne ne viendra te chercher ici".
Il me tire en avant mais je refuse de quitter cet ascenseur, je ne veux pas aller dans cet endroit morbide.
"Non...
-Arrête de faire chier et bouge ton petit cul de là!
-Non!"
Il m'envoie une gifle mémorable.
Je suis bien obligée d'avancer même si je n'en ai pas envie.
On traverse donc plusieurs rues sombres, mal éclairées et il tourne au bout de quelques mètres dans une avenue plus dégagée.
Il me pousse à l'intérieur d'un jardin après avoir ouvert le portail.
"Bienvenue chez moi".
Je me débat violemment pour l'empêcher de m'emmener à l'intérieur mais il finit par me soulever sur son épaule et me porter jusqu'à la porte en râlant.
"Connard. Lâche moi. Quand mon père te retrouvera il va te crever les yeux.
-Je m'en fous".
Il me balance au milieu du hall et je retombe lourdement sur le sol dur en laissant échapper un cri de douleur.
Il se moque de moi tout en refermant la porte d'entrée.
J'observe autour de moi et remarque que l'espace était immense.
La porte devait faire dix mètres de haut et était arquée. Le hall était tapissé en rouge et le reste était noir, les meubles, le carrelage ainsi que les portes.
C'était carrément glauque.
Il me tire par les cheveux et je me débat pour qu'il les lâche.
"Lève toi". Ordonne t'il.
J'essayais tant bien que mal mais sa prise m'en empêchait et il me traînait à travers la maison.
"Mais arrêtez bordel de merde! Jurais-je.
-C'est toi qui va arrêter de te plaindre".
Il me lâche enfin et je me relève lentement en tenant mon cuir chevelu avec douleur.
"Bon. Maintenant que t'es là je vais te montrer ton petit nid douillet". Dit-il la voix emplie d'ironie.
Je hausse un sourcil et croise les bras.
"Je peux savoir quel genre de problème vous avez? Non mais sérieusement qui enlève une adolescente pour la ramener chez lui? Hein? Et pour quoi faire? Espèce de taré.
-Eh bien moi. Comme tu as pu le constater. Et ce n'est pas un enlèvement, je t'emprunte juste pendant quelques mois.
-QUELQUES MOIS? M'exclamais-je.
-Bah quoi? Tu veux rester plus?"
Je secoue la tête et il me tire brusquement par le bras.
"Vous m'emmenez où encore? Me plaignis-je.
-Non mais ferme la. Tu t'es crue où? T'es chez moi ici".
Il ouvre une porte qui donnait sur des escaliers conduisant à ce qui me paraissait être la cave.
Je recule et renonce à descendre.
"Je n'irais jamais là-dedans.
-Si, si. C'est ta nouvelle chambre princesse Cassidy. Estime toi heureuse de ne pas dormir dehors.
-Je préfèrerais.
-Justement. T'es pas ici pour te la couler douce. C'est moi qui décide".
Il me pousse en avant et je me retiens à la rambarde de justesse.
Un peu plus et je m'ouvrais le crâne sur une marche.
"Dépêche avance!"
L'obscurité m'empêchait de voir où je mettais les pieds et je grimace quand une odeur nauséabonde atteint mes narines.
"C'est quoi cette odeur horrible?
-Hmm... Je sais pas..."
J'entend un léger cliquetis et la lumière s'allume.
Mon cœur s'arrête de battre.
"Ah oui c'est vrai! C'est la dernière gosse de riche que j'ai pas encore enterrée".
Je fixe le cadavre d'une jeune fille d'environ mon âge qui gisait sur le sol.
Elle était pleine de bleus et de plaies, sa peau blême et ses yeux grands ouverts me terrifiaient.
"Elle a essayé de s'échapper alors..."
Il y avait un trou pile entre ses deux yeux et je comprends assez vite ce qui m'attend si je désobéis.
"M.. Mai.. Mais... Je peux... Je peux pas... Do.. Dormir ici... Bégayais-je.
-Pourquoi pas? Regarde il y a un matelas là-bas." Indique t'il.
Je remarque que le matelas se trouve à quelques centimètres du corps sans vie.
Je secoue la tête.
"N.. Non... Vous êtes taré c'est horrible! Vous avez tué cette fille vous êtes...
-Un assassin oui je sais merci je ne suis pas stupide tout de même. T'inquiète je l'enlèverai demain".
Je ne sais même plus quoi répondre à ça.
Cet homme est inhumain, il a tué cette fille et ce n'est sûrement pas la première.
Je me met à trembler inconsciemment, ce n'est clairement pas mon genre mais il y avait un cadavre à quelques mètres de moi donc pardonnez moi mais comment vous réagiriez à ma place, hein?
On dirait qu'il n'en a clairement rien à foutre et je pense que c'est ce qui me fait le plus froid dans le dos.
"Bon. Maintenant que t'as fini de te plaindre tu ferais mieux de dormir.
-Vous rigolez là ? C'est une pure blague? Comment voulez-vous que je reste ici?
-Je t'en pose des questions cons? Non. Alors ferme la et arrête de me les briser".
Il commence à remonter mais je le suis à la trace, ne souhaitant pas passer la nuit dans cet endroit morbide.
Il me claque la porte au nez et je commence à tambouriner dessus en hurlant des insultes.
Au bout de quelques minutes il rouvre la porte plutôt violemment.
"Je t'ai dit de la fermer salope!"
J'allais répliquer mais il place ses bras devant lui et me pousse avec une force qui me propulse en arrière.
Je dévale les escaliers sans comprendre quoi que ce soit.
Ma tête cogne violemment contre l'une des marches et quand j'eus fini de rouler jusqu'en bas je ne sentais plus aucun de mes membres.
Ce fut le noir total.
Je suis réveillée par le grincement d'une porte plusieurs heures plus tard.
Je n'arrivais pas à bouger un seul de mes muscles, même pas mon visage, et ma tête bourdonnait.
J'ouvre très lentement mes paupières et la faible lumière s'allume au même moment.
Ma tête tournait et j'avais le sentiment que la moitié de mon corps était brisé en mille morceaux.
J'avais du mal à respirer, mes poumons étaient comme comprimés.
"Bien le bonjour mademoiselle la blondasse".
Je n'arrivais pas à faire un seul mouvement mais je le voyais arriver avec un sac poubelle.
Je commence à flipper en me disant qu'il allait en finir avec moi, mais il me dépasse et s'en va mettre le cadavre étendu plus loin à l'intérieur.
"Comme promis. Je te nettoie ça princesse. Mais n'exige plus rien de ma part à l'avenir. Je suis pas ta bonniche et tu le feras toi même..."
Il fait mine de réfléchir.
"Ah non pardon... J'avais oublié que la prochaine ce serait toi." Rigole t'il.
Je voulais serrer les poings mais impossible.
"Bon. Je vais m'occuper de ça et je reviens. Sois sage". Dit-il en remontant.
Il referme la porte et je me met à tousser brusquement.
C'était horrible, comme si mes poumons se déchiraient.
Au bout de cinq minutes je retrouve l'usage des muscles de mon visage et de mes bras.
J'amène donc mes mains à mon visage et me masse les tempes lentement.
Sérieusement... Qu'est ce que je fous là?
Comment ma vie a t'elle pu basculer aussi vite et aussi bizarrement, hein?
Qu'est ce que j'ai pu faire au seigneur pour mériter ça ?
Il est vrai que je suis la pire fille au monde mais personne ne mérite ça.
Même pas moi.
Je me met à sangloter comme la petite fille capricieuse que je suis et je sens mon corps se remettre à trembler quand la porte s'ouvre de nouveau.
"BON! Je t'ai pas autorisé à faire la grasse mat' donc lève toi. Tu t'es crue dans un hôtel ou quoi? Non mais sérieux..."
J'aimerais lui obéir mais je suis incapable de bouger mon corps. Il est collé au sol.
"T'es sourde? DEBOUT!"
Je m'efforce à me relever mais une atroce douleur m'en empêchait encore et je sentais que ça l'énervait fortement.
"M'oblige pas à descendre parce que je te jure que tu vas le regretter".
Il attend quelques secondes et je l'entend enfin descendre les marches en béton.
Il arrive devant moi et me donne de légers coups de pieds comme si je portais une maladie grave et qu'il ne souhaitait pas me toucher.
"Je ne... Peux... Pas me... Lever..." Murmurais-je.
Il souffle bruyamment et croise les bras.
"Tu fais vraiment chier. Il faut que tu me casses les couilles dès le premier jour?"
Il commence à me tirer par les bras sèchement mais je pousse un cri strident.
"Je... Vous signale... Que... C'est de.. Votre faute...
-De ma faute? Pour qui tu te prends toi? Connasse".
Il me donne un coup de pied, plus fort cette fois et je relâche quelques larmes en me retenant de crier.
Il allait en donner un deuxième mais je place mes bras devant ma tête pour me protéger.
Il se stoppe en soupirant.
"Vous... Vous.. Vous m'avez poussé dans... Les escaliers...
-Pfff... Sérieux... T'es faite en mousse ou quoi? Tu me fais pitié".
Il s'agenouille à côté de moi et attrape mes épaules.
Lentement, il redresse mon dos, et malgré quelques picotements désagréables, il parvient à me mettre assise sans que je ne me mette à crier.
"Même moi j'y arrive. T'es vraiment une bonne à rien".
J'ignore ses remarques et souffle doucement pour m'habituer à la souffrance dans mon dos.
"Debout maintenant.
-Non.. Mais c'est une plaisanterie là?
-Bah non. On a des choses à faire. Alors bouge ton cul.
-Quelles choses ? M'étonnais-je.
-Oh tu verras..."
Il esquisse un sourire en coin et je me recule du mieux que je peux.
Il faisait carrément flipper.
"Je veux rentrer chez moi.
-Comme je te l'ai déjà dit, tu rentreras si t'es sage et si tu fais ce que je te dis. Ok?"
Je hoche la tête.
"T'as pas besoin de t'inquiéter si tu obéis. Par contre, si tu commences à te rebeller, je t'expliquerai à ma manière qui commande ici?"
Il me tend sa main et je la fixe sans bouger pendant plusieurs secondes.
Je finis par l'interroger du regard.
"On va faire un deal miss parfaite. Tant que tu te montres docile, je te frappe pas et je ne me montre pas violent envers toi ok?"
Je n'avais pas envie de me montrer docile mais je n'avais pas non plus envie de me prendre des coups.
À choisir, je préfère garder mon corps et ma silhouette intacts, au moins il restera quelque chose d'entier en moi.
Je remonte faiblement ma main et la lui serre à contre cœur.
Il arbore un sourire satisfait.
"Très bien. Maintenant tu vas aller te laver, parce que franchement, tu sens pas la rose et tu ressembles plus à rien".