LE CHÂTIMENT D'ER - LUCIFÉRIE...

By LeenFeuerwisp

4.3K 669 649

Vingt-et-un ans avant la naissance de Zymerion, soit quarante-trois ans avant l'avènement d'Ark, Faust est no... More

Œuvre protégée
Les différents mondes
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Annonce
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
ANNONCE

Chapitre 14

88 16 10
By LeenFeuerwisp


Archiduc/Azazel


Une tasse brûlante fut posée sur la petite table face à moi. Rue travaillait d'arrache-pied sur ses devoirs et je trouvais cela particulièrement admirable de sa part. Elle m'avait demandé aide et conseille et j'avais pris grand plaisir à l'aider. Rue était une jeune fille très joviale et familière et je reconnaissais, dans son attitude, des similitudes avec Faust. Cela me faisait sourire. Cependant, l'absence de ce dernier m'inquiétait. Cela devait faire plusieurs heures qu'il m'avait laissé chez lui.

Bénec, opéhuei de Faust, venait de s'installer avec nous. Elle m'avait très bien accueilli, mais avait visiblement dû s'occuper d'autres choses. J'espérais pouvoir discuter avec elle et elle sembla du même avis au vu du sourire qu'elle m'offrit. Je saisis la tasse fumante et portai le contenu à mes lèvres. La chaleur réchauffa ma bouche et des frissons se hérissèrent sur mes bras. C'était bon : sucré et avec une touche d'amertume que j'appréciais tout particulièrement.

— Tu as dû connaître mieux comme accueil, n'est-ce pas ? Nous avons été particulièrement mal élevés.

Je secouai la tête. Après avoir vu Lian, mahéuei de Faust, sauter dans les bras de son fils, il avait été aisé de savoir que quelque chose n'allait pas. Et je savais malheureusement à quoi cela pouvait être lié. Ce fut le cœur lourd que je jouais l'innocence face à cette famille meurtrie par l'état de Lian.

— Je suis contente que Faust t'ait présenté à nous. On a beaucoup entendu parler de toi. Tu es brillant, au moins autant que Faust.

— J'ai eu... des années avant de devenir « brillant ». J'ai moins de mérite que Faust. Il est jeune, mais il est la preuve que la force s'acquiert dans les jeunes années, complimentai-je.

Bénec eut un sourire amusé et hocha la tête. Je crus que la conversation serait légère, mais la mine grave qu'elle prit par la suite me fit me redresser. Je posai ma main sur son genou pour l'inviter silencieusement à me parler de ce qui pouvait tant la tourmenter. Je voyais mal Lian lui parlait des doutes qu'il avait eus sur Le Rux, alors qu'est-ce qui pouvait le faire agir ainsi ?

— Je suis sincère Azazel : je suis heureuse que tu sois rentré dans la vie de mon fils. J'espérais que tu pourras l'aider à se détacher de Lian.

Je ne m'y étais pas attendu. J'étais profondément surpris par sa demande. Se « détacher » ? Que voulait-elle dire par là ?

— Je m'inquiète pour eux. Je sais que les gens trouvent que c'est une relation magnifique, mais je sais que ces deux-là peuvent se mettre dans de sacrés dangers pour l'autre. J'ai un mauvais pressentiment.

— Je ne suis pas sûr de comprendre ce que vous attendez de moi...

— « Attendre », je ne sais pas si on peut dire ça, mais je voudrais que Lian et Faust prennent des distances. Je pense à eux. C'est pour eux que je le dis, confia Bénec.

Rue comprit que les propos de son opéhuei étaient trop flou pour moi et elle décrocha de ses devoirs pour se mêler à notre conversation. Je posai une main sur son épaule pour l'encourager à son tour.

— Mahéuei et Faust sont toujours en retrait. Ils ont leur monde juste à eux, au point où opéhuei et moi n'existons plus. Ce soir encore : ils sont partis tous les deux et nous ne sommes au courant de rien !

— Je crois que la psychose de Lian en ce moment pourrait toucher Faust et je ne veux pas que ça arrive, mais je ne peux pas les séparer, soupira Bénec. Est-ce que tu vois ce que je veux dire ?

J'imaginais que Bénec devait se douter de certaines choses. Si Lian était si en proie au doute, je comprenais que son entourage remarquait certaines choses. Bénec était un parent. Il s'inquiétait simplement que la puissance du lien de Lian et Faust ne devienne un fardeau ; que Faust se mette à en souffrir également. Sa crainte était fondée, mais je ne pouvais pas rivaliser avec Lian. Il était évidemment la personne la plus précieuse à son fils.

J'appréciais que Bénec avait le recul nécessaire pour vouloir protéger les deux, mais il était plus dur d'avoir le cran de faire les choses. Il suffisait de voir que les deux s'étaient isolés pour comprendre qu'aucun de ceux présents dans cette pièce ne pouvait faire le poids face à ce lien. Pourtant, j'éprouvais de la peine pour Rue et Bénec. Ils étaient véritablement inquiets et peinés par les évènements. L'amour de cette famille était palpable absolument partout dans cette maison et leurs actes.

— Mahéuei s'isole de plus en plus et quand il dîne avec nous, il est distrait, distant. Il ne veut rien nous dire et son bureau est toujours à clé, exposa Rue. Mais Faust a eu le droit de voir et de savoir.

Peut-être était-ce aussi de la jalousie de sa part, mais elle était plus jeune que son frère. C'était le cri d'une enfant qui voulait également passer du temps avec son parent. Il n'y avait rien de répréhensible à cela.

— Je doute pouvoir faire grand chose, répondis-je. Pour être honnête, je pense qu'essayer serait une grave erreur et je ne veux pas mettre Faust en colère. Je promets cependant de le protéger.

Bénec pinça les lèvres et tapota ma tête avec un rire gêné qui m'étreignit la poitrine.

— Par les astres, mais qu'est-ce que je fais ? s'indigna-t-elle. Qu'est-ce que je demande à un enfant que je viens de rencontrer ? Pardonne-moi !

Et bien, j'étais bien loin d'être un enfant, mais ça n'était pas comme si je pouvais lui répondre cela. Elle se releva, caressa la joue de Rue qui se força à se taire, et, dans un élan de joie peut-être simulé, s'exclama :

— Allez, j'ai préparé un repas digne de ce nom pour notre première rencontre !

— Et Faust et mahéuei ? s'enquit Rue.

Bénec tapota son oreille et sa fille tendit la sienne. Le ronronnement du moteur de Faust résonna dans toute la pièce, signe qu'ils étaient de retour. Je me levai, prêt à leur souhaiter un bon retour. Ils revinrent plus souriants que je ne l'aurais pensé. Faust avait visiblement réussi à chasser la brume dans l'esprit de Lian. Ce dernier souriait comme si la tourmente qui torturait son âme n'était plus. Peut-être que ces deux-là estimaient ne pouvoir compter que l'un sur l'autre, mais je ne pouvais trouver cela que magnifique.

Leurs sourires illuminaient la pièce et réchauffaient mon être. Lorsque Faust s'approcha de moi et que ses lèvres se posèrent sur les miennes pour s'excuser de son absence, mon cœur retrouva un rythme paisible. Je fermai les yeux, car rien du monde extérieur ne pouvait être aussi bon et doux que lui ; que ses lèvres sur les miennes ; que son palpitant contre le mien. Je savais que l'amour que nous portions tous à nos mères, à nos mahéueis, était l'amour le plus puissant de la terre démoniaque et celle-ci.

Je ne voulais pas m'immiscer entre eux. Empêcher deux êtres de s'aimer, qu'importe comment l'amour se manifester, était un crime et je trouvais ce dernier plus horrible que n'importe quel autre. Faust était prêt à se battre pour Lian, alors qui avait-il de mal à cela si lui-même le décidait ? Je comprenais la crainte de Bénec, la jalousie de Rue, mais plus encore : je comprenais Faust. Moi aussi j'étais prêt à bien des choses pour les miens.

— Tu as dû attendre longtemps. Désolé bébé, murmura Faust contre mes lèvres.

J'ouvris les yeux et lui souris. Ses iris sombres étaient d'une tendresse inimaginable.

— J'ai aidé Rue avec ses devoirs et Bénec m'a très bien accueilli, rassurai-je.

Faust picora mes lèvres encore quelquefois et se tourna vers Rue pour la taquiner. Celle-ci retrouva le sourire. Faust la traina dans la pièce adjacente avec Bénec, me laissant seul avec Lian. Il était un hermaphrodite vraiment beau, dont la tendresse semblait transparaître sur son visage. Il ressemblait à Faust, mais ses traits étaient moins rudes. Quand bien même son visage transmettait sa délicatesse, son corps n'en demeurait pas moins fort. Face à lui, personne ne pouvait oublier qu'il s'agissait d'un légionnaire distingué.

— Alors, tu es Azazel. Désolé d'avoir sauté sur mon fils plutôt que me réjouir de ta venue.

— Ce n'est rien. Je donnerais beaucoup moi-même pour recevoir l'étreinte de ma mère.

Son visage devint plus empathique encore et j'en admirais les traits. Il ne faisait pas semblant. Lian était véritablement attentif à autrui. Je comprenais ce qu'avait ressenti Redra, ce que nous avions ressenti en apportant à Lian les informations nécessaires à ses déductions. Nous lui faisions du mal, à lui, à un être qui ne semblait pas condamnable si ce n'est pour sa magnanimité. J'étais cruel, moi et mon autre part. C'était un acte presque odieux.

— Ta mère et toi avez de mauvaises relations... ?

— Non. Ma mère est morte il y a de nombreuses années.

— Tu devais être un enfant, déduisit-il. Je suis désolé pour ça.

Un enfant ? Et bien, je l'étais bien plus qu'aujourd'hui. Je le remerciai pour sa compassion. Je ne savais pas quoi dire d'autre face à cela. Puis, il inspira profondément, ses yeux se fermant sous cette action, et lorsqu'il les rouvrit, ils brillaient comme ceux d'un enfant surexcité. Il prit ma main, guidant ainsi mes pas.

— Bénec a dû préparé un repas digne d'un Prena ! s'amusa Lian.

Nous rejoignîmes Faust, Rue et Bénec à table. Les odeurs devinrent plus fortes et pour cause : la table était garnie. Faust m'invita à m'asseoir à ses côtés et je n'hésitais pas avant de prendre place. J'avais vu une famille divisée par l'inquiétude en arrivant, mais ce fut si différent durant ce repas. Rien de ce que j'avais pu voir n'avait d'importance à cet instant. Je pensais presque avoir tout imaginé ! Je découvris une cohésion qui anima chaudement ma poitrine.

Je vis l'amour entre Lian et Bénec, un amour sain qui faisait vibrer mon âme. Leurs rires, adressés l'un à l'autre, étaient des sons qui ravissaient mes oreilles. L'énergie de Rue passait dans ses gestes et ses mots vifs, presque incompréhensibles, mais dont le ton joyeux et surexcité suffisait à comprendre ce qu'elle voulait nous dire. Faust n'avait de cesse de sourire. Je ne l'avais jamais vu aussi rayonnant, avec une mine si ensoleillée.

— Tu dois goûter les poitrines de farya qu'opéhuei cuisine !

Les faryas étaient l'une des nourritures les plus prisées sur terre. La chair tendre de ses orthoptères géants était la plus fondante que l'on pouvait trouver dans la faune. Alors, j'y gouttais volontiers et crus en mourir tant cela était bon. Ça l'était déjà à l'origine, mais Bénec l'avait si merveilleusement cuisiné ! Je n'avais même jamais goûté quelque chose d'aussi bon ! Faust en rigola et mordilla ma joue pleine tandis que je félicitais sans relâche la cuisinière.

— Faust en mangeait sans cesse petit. Si nous ne l'avions pas forcé à manger autre chose, il aurait fini par se transformer en farya ! s'esclaffa Bénec.

Lian acquiesça vigoureusement en accompagnant le rire de sa moitié. Faust ne tenta pas de réfuter cette affirmation. Pour toute réponse, il engouffra un morceau dans sa bouche et le savoura avec des mimiques pour le moins exagéré. Nous l'accompagnâmes dans son appétit, dégustant les plats de bon cœur. Mes papilles étaient enchantées par un tel traitement ! Ils s'étaient tous excusés pour leur accueil, mais je ne me souvenais pas avoir un jour était reçu avec tant de bienveillance.

Cela me ramenait si loin dans mes souvenirs, lorsque le ciel était encore blanc et peint par les Rux. Cela ne dura que quelques secondes, mais leurs visages furent remplacés par les miens. Je vis mes frères et ma sœur, savourant un repas soigneusement préparé. Parmi eux, ceux nés du même ventre que moi me regardèrent. Mon cœur gonfla de mélancolie et d'amour et tous deux, d'un même geste de leurs têtes qui s'inclinèrent, me sourirent.

Faust me ramena au temps présent. Sa main sur ma cuisse me caressa tendrement et je relevai la tête vers lui. Surpris, il vint effacer une de mes larmes. Le silence s'était fait à table.

— Bébé, qu'est-ce qui ne va pas ?

— Tu as besoin de quelque chose ? Tu as mal ou... ? s'inquiéta Lian.

Je secouai la tête et posai ma main sur celle de Faust.

— Non, non. Tout va très bien. C'est juste... votre foyer est magnifique.

Ils formaient une merveilleuse et chaleureuse famille.




Continue Reading

You'll Also Like

191K 13.5K 94
Léandros Alastair , Alpha suprême de la meute d'arcadys est un loup-garou froid et effrayant qui voue une haine féroce envers la gente féminine. Lor...
111K 13.9K 68
Tome 2. La lecture préalable du tome 1 est indispensable. Après les événements de la Tour Eiffel, Vivien fait sa rentrée à l'Institut, plus stressé q...
4.7K 275 17
"عندما تنتهي الحرب يا ڤالين سنتزوج و سنرزق بأطفال و سأزرع ازهار جميلة مثلك و ستكون قصة حبنا الاشهر على الاطلاق" رسالة وجدت في جيب جندي ميت في الحرب...
34K 8.4K 198
/!\ ATTENTION : Ceci est le tome 2 du violon de cristal. Il est fortement déconseillé de lire le synopsis sans avoir lu le tome 1 au préalable. Après...