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46 ☆ ZÉLIE
Ma vie sans Rio...
☆☆☆☆
Nous sommes mercredi. Jour où Rio aurait dû revenir de son stage. Jour où l'on aurait dû se retrouver à l'appartement pour fêter comme il se doit son retour après une semaine d'absence.
Mais ça n'arrivera pas, parce que depuis dimanche que je lui ai envoyé mon message de rupture, je n'ai plus de nouvelles de Rio. Je comprends qu'il ait mal pris ma décision de le quitter. Surtout par texto. Je me suis montrée lâche sur ce coup-là. Mais, il y avait urgence. Et si, comme je le crois, les menaces viennent bien de Sienna, je devais agir au plus vite.
Par contre, je pensais qu'il allait se battre. Pas qu'il accepterait sans rien répondre. Sans tenter de me faire changer d'avis, sans essayer de me récupérer en me rassurant en trouvant une solution, comme il l'a déjà accompli... Je m'étais imaginé que j'allais devoir fournir une bonne raison ou que j'aurais fini par lui dire la vérité sur les messages du corbeau...
Enfin, bref, rien de tout ce que j'avais envisagé ne s'est produit. Je dois me faire une raison, notre relation n'avait peut-être pas autant d'importance que ça pour lui. Ai-je été qu'une passade ?
Ça fait mal de l'envisager, surtout quand je repense à notre complicité, à nos discussions, nos fous rires, cette alchimie, qui s'est mise en place tout de suite. Cette tension sexuelle, qui nous attirait l'un vers l'autre, à nos moments au lit...
Alors je tente de me convaincre que ça vaut mieux sans doute.
Notre relation est devenue aussi belle qu'impossible. Cattiva...
J'arrive dans la salle des professeurs et Jonas me propose un café après m'avoir saluée. Il enseigne la musique et se trouve en pleine discussion avec une de nos collègues, Valentine, qui elle, les initie au théâtre et l'improvisation. Ils mettent au point le spectacle de fin d'année et apparemment ils ont un souci.
— Il nous faut trouver quelqu'un pour diriger la chorale. Je ne peux pas me consacrer aux musicos et en même temps m'occuper des chanteurs.
— Dans mon ancien lycée, j'avais en charge la partie musicale du spectacle si je peux vous aider.
Je vais avoir du temps libre, alors autant m'occuper. Et puis c'est un moment important de l'année. Il signe la fin des cours.
Ça me donne surtout une excuse pour ne pas trop penser à Rio. Car c'est dur. Terriblement dur. Il me manque à un point que je n'aurais même pas imaginé. La moindre seconde de libre, je la lui consacre. Mes nuits sont peuplées de rêves où nous sommes ensemble, heureux. Mais au réveil, la réalité me gifle. Les larmes coulent et entraînent avec elles toute ma détresse. Son oreiller perd petit à petit son odeur...
— Zélie, tu es notre sauveuse.
Je sursaute alors que Valentine m'encercle de ses bras tandis que Jonas m'explique ce qu'ils ont choisi comme œuvre, ce sera Roméo et Juliette.
Un poignard se plante dans mon cœur meurtri.
Je ravale les larmes qui tentent de s'échapper. Je ne dois pas craquer devant mes collègues. Je l'ai assez fait dimanche avec mes parents. Je ne voulais pas rester toute seule. Paloma a dû remplacer au pied levé une collègue avant de partir en randonnée pendant trois jours. C'était prévu de longue date et elle n'a pas pu annuler sous peine de perdre la somme du voyage.
J'ai profité de mon mal-être et de ma tristesse pour annoncer à mes parents que j'étais séparée de Paul et que je demandais le divorce. Ils ont pensé que les larmes que je versais témoignaient de la fin de mon mariage, alors qu'elles exprimaient celle de ma relation avec Rio. J'avais peur de leur réaction, et notamment celle de mon père. Et au contraire, c'est le soulagement que j'ai lu sur leurs visages.
En fait, ils n'étaient pas dupes et avaient bien compris que ça n'allait plus entre nous. Leur soutien m'a fait du bien, mais une fois rentré chez moi, je me suis effondrée.
Mes collègues continuent de détailler l'œuvre de William Shakespeare sans se rendre compte que je suis loin de leurs préoccupations.
— C'est un classique qu'on a envie d'interpréter en se basant sur la version avec DiCaprio.
— Ça sera plus actuel et plus intéressant pour nos étudiants, précise mon collègue.
— Vous comptez faire des tableaux dansés aussi ? Je propose du bout des lèvres pour donner l'illusion que je suis la conversation.
— C'est une super idée, Zélie. Par contre, je ne suis pas assez douée pour mettre ça en place.
— Je pourrai essayer si l'on m'aide, annonce Jonas.
— En plus du chant, tu penses que tu peux aussi gérer la danse, Zélie ?
— J'ai quelques connaissances, j'ai fait plusieurs années de classique et ensuite de modern jazz et un peu de... Contemporain.
— Cette année, je sens que ça va être top ! s'enthousiasme Valentine. À ce soir !
Valentine est une trentenaire brune et pétillante qui illumine votre journée quand on la croise.
— Pourquoi, à ce soir ? J'interroge Jonas.
— C'est la première réunion pour le spectacle. C'est à 19 h 00 dans l'amphithéâtre principal. C'est bon pour toi ?
— Oh. Heu... Oui. Pas de soucis.
J'ai failli dire que j'avais du temps à revendre, mais je me suis retenue in extremis.
— Ravi que tu fasses partie de l'aventure, Zélie.
Et moi donc...
Leur enthousiasme et leur sympathie sont les bienvenus. Je finis les photocopies dont je vais avoir besoin pour le prochain cours avant de me rendre à la cafétéria.
Lucie m'accueille avec un grand sourire et l'on discute de tout et de rien le temps qu'elle me serve mon plat. Un gratin de choux-fleurs au jambon.
— Mon petit chouchou rentre bientôt de son stage ?
— Il me semble qu'ils devaient revenir hier soir.
C'est normalement ce qui était prévu. Cette nuit aurait dû être la nôtre. Celle de nos retrouvailles. Pourtant, j'ai regardé à plusieurs reprises vers sa chambre, mais aucun signe de mon Apollon. Alors s'il est revenu comme c'était prévu, Rio a choisi de ne pas réintégrer le bâtiment universitaire.
Il a peut-être décidé de vivre avec ses potes ? Ou bien a-t-il fini dans les bras d'une autre ? Je ne dois pas l'en blâmer ni m'en montrer jalouse. C'est moi qui ai rompu, contrainte et forcée, mais ça, je dois l'endosser.
Je dois assumer mon choix et m'y tenir.
La voix de Lucie revient à mes oreilles et je renoue avec les mots de cette femme adorable.
— Il va nous en raconter des choses.
— Sans aucun doute. Bonne journée, Lucie.
Manger à cette table me rappelle tant de souvenirs. Nos échanges, nos révisions, ces moments passés juste à partager le repas l'un en face de l'autre. C'est dur d'y repenser, mais ça le saura d'autant plus quand il sera de retour et que je vais devoir agir comme si le voir avec ses potes ne me faisait rien.
— Tu ne veux pas te joindre à nous ?
— C'est gentil, Jonas, mais j'en profite pour...
— Il faut savoir s'arrêter un peu. Allez ! Viens. Tu ne vois pas ton étudiant pour l'aider aujourd'hui ?
— Non, il n'est pas revenu de son stage.
Il attrape mon plateau et je suis bien obligée de le suivre.
Aussitôt, Valentine et deux autres collègues me font de la place pour que je puisse m'installer avec eux.
— Enfin, tu acceptes de venir te mélanger avec nous, me sourit Clara. Ce n'est pas faute de te l'avoir demandé à plusieurs reprises.
— Tu n'as pas su trouver les bons mots.
— Contrairement à toi, Jonas !
Je m'assois à la seule place qu'il reste et je me retrouve à côté de Valentine et en face de Jonas et de Marco, le professeur d'arts plastiques.
— Ton petit protégé ne mange plus avec toi ?
— Alors, ce n'est pas mon « petit protégé », mimé-je les guillemets avec mes doigts, mais un étudiant en difficulté sur ma matière que j'aide au moment où son planning sportif le lui permet.
Apparemment, mon ton s'est avéré plus dur que je ne l'aurais voulu. Mais surtout, je me rends compte que notre façon d'agir avec Rio n'est vraiment pas passée inaperçue.
— On ne voulait pas te froisser. C'est juste que ce n'est pas habituel comme technique.
— Vous ne faites jamais de leçons de rattrapages ?
— Tu sais, je n'enseigne pas une matière qui rapporte des points. Alors c'est plutôt rare, m'indique Valentine.
— C'est pareil pour moi et puis je me vois mal donner un cours de flûte ou de guitare dans la cafétéria, ajoute Jonas.
— Quant à moi, c'est de l'art ! Déclare Sylvain en prenant un air hautain pour nous faire rire.
Et c'est dans la bonne humeur que nous terminons le repas. Une parenthèse que je m'accorde pour tenter de moins souffrir. Puis chacun part vers sa salle de cours.
C'est en sortant de la cafétéria que je tombe sur le groupe de basketteurs. Ils font une drôle de tête et je me demande ce qui leur arrive.
— Ça va, les jeunes ?
Ils me regardent tous comme si je venais de dire une connerie. C'est Sohan qui me répond, lui, si solaire d'habitude, là ses traits sont tendus et le ton qu'il emploie me surprend.
— Je pensais que Rio comptait pour vous.
— Laisse tomber ! Réagis, Sienna. Qu'elle reste de son côté avec les profs ! Ça ne la concerne pas.
Elle lui crochète le bras et l'entraîne à la suivre. Bilal leur emboîte le pas, mais je l'arrête et lui demande ce qu'il se passe avec Rio.
En voyant ses traits durs et son regard noir, je comprends qu'il y a un vrai souci avec Rio. Est-ce qu'il vivrait mal notre séparation contrairement à ce que je pensais ? Est-ce qu'il...
— Allez voir les réseaux sociaux et vous saurez. Je dois me rendre en cours.
Pourquoi ai-je le sentiment qu'un truc important s'est produit ? Rio est concerné et visiblement ils m'en veulent. Je ne pensais pas que Rio irait leur balancer notre relation. Où alors a-t-il trop bu ? Et il en aurait parlé sans s'en rendre compte ?
Je presse le pas et me dirige vers ma salle de cours pour pouvoir trouver des informations sans qu'on me repère.
Dans le dernier couloir, je croise le petit groupe de pom-pom girls qui traînent tout le temps avec Sienna et leur façon de me regarder me fait froid dans le dos.
Je pousse enfin la porte, je ne tiens plus. Je dois savoir ce qu'il se passe. Une boule d'angoisse me noue la gorge et c'est tremblante que je déverrouille mon téléphone. Je vais directement sur Instagram, car c'est le réseau social qu'emploie le plus Rio avec Tik Tok.
Ces derniers jours, je m'étais défendu de m'y rendre pour ne pas être tenté d'ouvrir son compte pour ne pas me faire plus de mal, mais là je n'ai pas le choix. Je clique sur son profil et regarde son fil. Rien de nouveau. Je jette un œil sur le logo des stories, il n'y en a aucune, donc ça fait au moins 24 heures qu'il n'en a pas posté. Pourtant, il aime balancer plusieurs fois par jour du contenu avec ses paniers réussis pendant les entraînements. Ou bien les parties intensives de jeux vidéo qu'il fait avec Joao ou Caroll.
Je file sur le profil de ce son meilleur ami pour voir s'il a posté l'information que je recherche. Rien. Je clique sur ses stories et là c'est la douche froide. Il a publié le communiqué de la FFBB qui date de ce matin, où il parle de l'état de santé de Rio.
Je clique aussitôt pour avoir accès au post initial et tout le poids de la terre tombe sur mes épaules. Ma respiration se bloque. Je vois trouble. La tête me tourne. Les larmes commencent à couler sans que je puisse les contrôler. Pas plus que mes tremblements. Je retiens ce cri qui veut quitter le plus profond de mes entrailles.
Rio se trouve à l'hôpital depuis dimanche.
L'information reste bloquée dans mon esprit et tourne en boucle.
Je tente de lire au travers de ce rideau humide, qui rend ma vue floue. Il a fait une mauvaise chute pendant l'entraînement du matin.
Voilà pourquoi je n'ai pas reçu de réponse à mon texto de rupture. Je sais juste qu'il l'a lu puisque Instagram a marqué un « vu » sur le message.
Est-ce que je suis responsable de sa perte d'équilibre ? De cette seconde d'inattention, qui aurait pu trahir sa vigilance ?
La porte s'ouvre et plusieurs étudiants entrent en me laissant avec toutes ces questions dans ma tête. Je dois me ressaisir et ne pas exposer mon état. Mais c'est trop tard visiblement.
— Vous allez bien, Madame ?
— Oui, je vais prendre deux minutes pour aller me rafraîchir. Demander à vos camarades de s'installer. J'arrive.
Je sors en trombe de la salle pour me rendre aux toilettes de celle des professeurs. Et forcément, le sort s'acharne quand je croise le groupe de pom-pom girls accompagné de Sienna. Cette dernière me foudroie du regard, mais, ceux qui m'interpellent le plus, ce sont ceux de Bilal et Sohan. Ils oscillent entre peine et incompréhension. Ils doivent être déroutés de me voir avec les yeux larmoyants.
— Madame, on pensait que vous étiez au courant pour Rio et que vous vous en foutiez.
— Non, Sohan. Je ne savais pas qu'il avait été blessé et transporté à l'hôpital. Je ne passe pas ma vie sur les réseaux sociaux comme le fait votre génération.
— Il va mieux, m'informe rapidement Bilal.
— Ils doivent le rapatrier de Paris demain.
— Son stage...
— Terminé ! me répond Bilal peiné.
— Ses blessures sont graves ?
— Vous n'avez pas vu le post de la FFBB ?
— Des étudiants sont entrés et je n'ai pas pu le lire en entier.
Bilal me détaille les différentes contusions dont Rio souffre. Il commence par l'épaule, la cheville, les ligaments, le plâtre et termine par le traumatisme crânien et les 48 heures de veille forcée que les médecins ont pratiqués pour que son corps se rétablisse plus vite. Il m'explique que la FFBB a gardé le silence pendant trois jours pour voir comment s'en sortait Rio. Drew et Jordan ont été mis à pied en attendant un possible renvoi au vu de leurs attitudes envers Rio. Ils ont eu peur des gros titres et de la mauvaise presse que ça allait engendrer.
Je m'en fous royalement des états d'âme de la fédération. Le coach détient sa part de responsabilité s'il s'avère que ces adversaires se retrouvent coupables de l'hospitalisation de Rio.
— Il va pouvoir reprendre à temps pour le draft ?
Rio touche du doigt son rêve et il ne s'en remettra pas s'il n'est pas rétabli d'ici là.
— C'est compromis, me répond Sohan. Surtout qu'il a des soucis de mémoire.
— Comment ça ?
— Il est resté bloqué en mars et à notre retour à l'Université après les vacances d'hiver.
— Vous voulez dire qu'il a zappé tout le mois qui vient de s'écouler ?
— Oui, Madame.
La deuxième sonnerie annonce le dernier rappel pour se rendre en cours.
— Dépêchez-vous d'y aller, je leur conseille expressément.
Je ne sais pas où je pioche la force de me diriger vers les toilettes. Mais je me déplace aussi vite que je le peux pour ne pas m'effondrer devant les étudiants se trouvant encore dans le couloir.
— Tu vas bien ? me demande Jonas, alors que j'entre en trombe dans la salle des profs.
Je ne lui réponds pas et file directement m'enfermer dans les sanitaires. Il tape deux coups à la porte et réitère sa question.
— Tu peux aller surveiller ma classe, je fais au plus vite.
J'attends qu'il parte pour évacuer toute la tristesse que je ressens. Rio a perdu la mémoire. Il ne se souvient plus de nous... De moi... De notre relation...
Ça devrait me rassurer, car ainsi le corbeau ne pourra plus rien contre lui ou moi.
Alors pourquoi suis-je à ce point ravagée ?
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➥ Zélie est embarquée dans la mise en place du spectacle de fin d'année où elle va gérer le côté chant et danse. Ça devrait être simple pour elle, non ?
➥ Jonas arrive à la faire venir à la table des professeurs et se montre sympa avec elle, ainsi que Valentine. De futurs amis ?
➥ Bilal et Sohan lui donnent plus d'informations sur l'état de santé de Rio et l'on apprend qu'il va être rapatrié de Paris. C'est une bonne chose ?
➥ Zélie a du mal à assimiler que Rio a perdu la mémoire et qu'il ne se souvient plus d'elle. Elle est dévastée et pourtant, ça arrange les choses face aux menaces du corbeau, non ?
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📍 Dans le chapitre de mardi, on retrouvera RIO :
😱 Mon Coquelicot, ma Déesse... Et puis quoi ?
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🥰 Bonne journée mes ZÉLIO Love, gros bisous 💋
🏀 Kty.Edcall.Autrice 📚