Je tapai sur l'écran de mon téléphone, afin de vérifier l'heure, vingt heures, affichait mon téléphone. Je devais être aux courses dans une heure et demie. Je ne tardai pas à me préparer, perdue dans mes pensées, j'entrai sous la douche. J'allais devoir faire face à Dean après la mystérieuse dispute d'hier soir, qui m'avait énormément troublée. Nos deux corps si proches l'un de l'autre, je ne pouvais pas bouger, je n'en avais pas la force. Il avait l'air si imposant face à moi, son air mesquin, son regard, son corps lui donnaient cette allure intimidante qu'il avait eu sur moi hier soir, tel un prédateur prêt à sauter sur sa proie. Et puis ses paroles, je n'avais pas su parler, pas su rétorquer.
"Mais dis moi que je te dégoûte, dis moi que ton corps rejette le mien."
Je le détestais, j'en étais sûre, je haïssais ce garçon de toute mon âme, mais est ce qu'il me dégoûtait ? Je ne le savais pas. Ma tête priait tous les dieux pour que ce soit le cas, or mon corps parfois donnait une réponse différente et je me détestais pour cela.
Je sortis de la douche après une dizaine de minutes, et me préparai en vitesse. J'enfilais un pantalon en cuir et un top tube rouge, ainsi que des bottines noires. J'emportais avec moi une veste en cuir, car la nuit s'annonçait longue et fraîche. Je ne pris pas plus de temps et partis de chez moi, inventant une nouvelle excuse pour que ma mère ne se doute de rien, comme à chaque fois. Celle-ci était bien trop occupée pour faire attention à moi.
Le trafic fut assez calme, ce qui me permettait d'accélérer le pas avec ma moto, pour arriver plus vite à l'endroit de rendez-vous. Une fois là-bas, la musique comme à chaque course se faisait terriblement forte, m'indiquant parfaitement où je devais me rendre.
Je retrouvai mon groupe composé d'Aless, Lorenzo et Dean. Je saluai les deux garçons avec un grand sourire, quant à Dean une simple poignée de mains fit l'affaire, je ne voulais pas lui parler, pas après ce qu'il s'était passé hier.
L'organisateur appela tous les participants à un endroit précis, nous laissions alors nos motos afin de nous avancer. Il fit un bref discours rappelant les règles, les droits, les interdits, le gain pour les gagnants et toutes les banalités qui se trouvaient dans ce genre de discours. Je ne prêtai pas attention à celui-ci, je connaissais le plus important sur le bout des doigts. Lorsque le discours prit fin, nous nous dirigeâmes pour voir qui passerait en premier et à ma grande surprise j'étais la première. J'avais si hâte de montrer à ces petits branleurs contre qui ils allaient concourir.
J'abandonnai les garçons afin d'aller chercher ma moto pour me placer sur la ligne de départ, enfin c'est ce que je pensais jusqu'à ce que je découvre avec horreur que mes pneus de moto étaient crevés. La panique monta alors en moi, coulant à présent dans mes veines. Je passais dans moins de cinq minutes et ma moto était morte. Il fallait que je trouve une solution pendant les minutes restantes sinon j'allais être éliminée et mon équipe pénalisée. Je me dirigeai vers la première personne qui se trouvait le plus proche de moi, qui s'apparentait être personne d'autre que Dean Rutherford.
-Dean ! Ma voix cassée par la panique, mes mains tremblaient, je n'arrivais pas à me calmer. Mes pneus sont crevés, un connard à crever les pneus. Il me regarda un instant, perdu dans mes yeux bleus, avant de plonger sa main dans sa poche. Il y sortit un trousseau de clés, il prit ma main et il plaça dans la paume de celle-ci les clés.
-Prends ma moto, mais ne te loupe pas, parce que c'est mon honneur que tu emportes avec toi, princesse.
-Merci Dean. Je fermai ma main et partis en direction de sa moto, déterminée à défoncer un par un ces putains de tricheurs.
Sur la ligne de départ, une femme presque nue, vint se placer devant nous et fit retentir le coup de feu, les moteurs se mirent ainsi à vrombir plus fort que la musique. Je regardai une dernière fois l'enculer qui se trouvait à côté de moi et démarrai.
La première course fut un jeu d'enfant, j'avais mis une raclée à un des potentiels tricheurs qui avaient saboté ma moto. Fière de moi, je retournais voir les garçons, tendant les clés à leur propriétaire.
-Essaye de faire mieux maintenant Rutherford.
-J'y compte bien, princesse. Dean me fit un clin d'œil et se rendit sur la ligne de départ accompagné de sa moto.
J'observais Dean tout le long de son tour, mais alors qu'il se préparait à gagner, une sirène retentit, les flics. Aless et Lorenzo partaient en direction de leur véhicule, je restai planté en plein milieu de la foule en panique. Je ne savais pas quoi faire, je n'avais pas de moto, ni de voiture. Je me mis alors à courir, m'engouffrant dans l'immense circuit. Chaque respiration était une brûlure dans ma trachée, mes poumons en cendre par la vitesse à laquelle je courais et mon souffle ne suivait plus.
-Lilith ! Monte ! Une moto et une voix que je connaissais apparurent derrière moi, je me retournais et courais vers celui-ci, qui pour ce soir, serait mon ange gardien, Dean.
Je montai sur sa moto, sans prendre la peine de mettre mon casque.
-Démarre, ils vont nous rattraper. Criai-je, en passant mes bras autour de sa taille. Nous roulions alors à une vitesse folle dans les ruelles de cette petite ville désafectée. La sirène de la police retentissait toujours derrière nous, Dean n'arrivait pas à les semer.
-A droite Dean. Je resserrai notre étreinte. Maintenant ! Nous nous retrouvions dans un tout petit chemin, dans lequel il était impossible de passer à deux véhicules.
-Comment tu connais cette route ? Cria-t-il au-dessus du moteur et des sirènes de police.
-Pose pas de question de Rutherford et accélère, je ne veux pas qu'ils nous buttent !
-Mais on va droit au suicide, Lilith, je ne peux pas continuer à rouler si vite. Dit-il, d'un ton incertain.
-Tu vas m'écouter maintenant Rutherford ! J'hurlai à mon tour. Depuis trois putain de semaines, tu refuses de faire ce que je te dis, mais ce soir tu vas le faire et tu fermes ta putain de gueule. Je refuse qu'on crève à cause des flics, alors je t'en supplie Dean, accélère bordel ! Fais moi confiance. Mes mains s'accrochaient au torse de Dean lorsqu'il décida d'accélérer une nouvelle fois. L'adrénaline coulait en nous, comme le sang dans nos veines, nos respirations saccadées embaumaient l'air qui nous entourait. Dans ce chaos, il n'y avait plus que lui et moi. L'univers n'était qu'un simple bruit de fond devant tout le vacarme provoqué par nos âmes.
Je regardai après une dizaine de minutes si nous étions toujours suivis, et à mon plus grand soulagement nous avions fini par semer la police. J'informai Dean et celui-ci s'arrêta en plein milieu d'une aire d'autoroute vide. Il n'y avait pas une âme, pas un chat, rien sauf lui et moi. Nous descendîmes tous les deux de la moto, nos regards plongés l'un dans l'autre, aucun de nous deux n'osait parler, peut-être que cette fois-ci il fallait laisser nos âmes le faire à notre place.
-Pourquoi tu as fait ça ? Dean me regardait sans répondre, ne comprenant pas le sens de ma question. Pourquoi es-tu venu me rechercher ? Pourquoi n'es-tu pas parti comme tous les autres ? Cette question me brûla les lèvres à sa sortie, je regrettai instantanément celle-ci. Dean ne dit rien pendant un long moment, comme-ci il cherchait ses mots. Il paraissait si peu sûr de lui, ce qui n'était jamais arrivé depuis que je le connaissais.
-Parce que, Lilith. Commença-t-il, sa voix n'était pas la même, bien plus rauque que d'habitude, il s'avançait vers moi. J'ai beau te haïr de toute mon âme, il est impensable pour moi de te laisser à un autre homme. Tu comprends ça ? Il ne se trouvait à présent qu'à quelques centimètres de moi. Les mecs qui se trouvaient là-bas ce soir sont des putains de mercenaires avec aucune pitié ni valeur. Je ne pouvais pas te laisser à un de ces tarés, princesse. J'acquiesçai de la tête, n'arrivant même pas à parler. Son corps presque collé au mien, j'étais à présent adossée contre sa moto, prise dans le piège de Dean, telle une petite sourire. Ses yeux verts étaient plus foncés, pleins de désir et d'adrénaline.
Est-ce que tu as compris ça, Lilith ? Utilise tes mots, princesse.
-Je te déteste Dean. Soufflai-je et ses lèvres se scellèrent aux miennes. Ses mains s'accrochaient à ma peau alors que les miennes tiraient sur la racine de ses cheveux noirs. Un son étouffé par nos baisers s'échappa de ses lèvres lorsque nos bassins se rencontrèrent, je sentis l'érection naissante de Dean contre moi.
-Qu'est-ce que tu disais hier déjà ? "Une gamine dans ton genre ne me fera jamais bander, j'aime les femmes pas les fillettes insolentes et capricieuses." Dis-je contre ses lèvres en l'imitant, lui rappelant le discours
qu'il avait tenu il y a à peine vingt quatre heures. Un sourire apparut sur ses lèvres et il recula.
-Je crois qu'il est temps qu'on rentre, princesse, je ne veux pas commencer à trouver ta compagnie agréable.