Perfect Addiction

By Emerziane

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Une rencontre inattendue, un regard d'une seconde et un amour passionné et obsessionnel sans limite. Deux pe... More

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Épilogue

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By Emerziane

Des pneus boueux franchirent un portail en grille rouillée, surmonté d'un panneau qui pendait lamentablement, son lettrage érodé par le temps. Le mot « GARAGE » s'étalait en lettres déformées, le « E » menaçant de se détacher définitivement, comme si la rouille allait bientôt emporter ce dernier vestige d'identité.

La barrière était flanquée de panneaux circulaires rouges, vigiles sentinelles qui interdisaient l'entrée avec une fermeté sans équivoque. Les avertissements y étaient inscrits en lettres noires, sévères, destinés à décourager les aventuriers imprudents qui oseraient braver l'interdiction.

Un homme massif, à la carrure imposante, montait la garde. Son style délabré contrastait avec l'assurance avec laquelle il tenait sa mitraillette, un objet dont l'histoire était gravée dans les éraflures et les rayures qui le couvraient. Le nombre de fois où elle avait servi restait un secret, mais l'air de familiarité avec lequel il la manipulait laissait deviner une longue expérience.

Ils freinèrent brusquement sur la terre battue rendue molle par la pluie. La SUV noire suintante se gara une seconde après, alors que le ciel chargé de nuages gris quelques heures plus tôt déversait les eaux, commençait à se dégager, laissant place à un soleil magnifique qui trônait dans un ciel maintenant bleu, animé par la mélodie orchestrale des chants des oiseaux, annonçant le retour du beau temps. Rien ne laissait penser que quelques minutes plus tôt, c'était l'averse.

La portière s'ouvrit, et un pied chaussé d'une botte en cuir noire s'enfonça dans le gravier près de la route en terre. Une ombre massive se dressa dans le paysage, sous une volée de corbeaux aux plumages noirs que son âme, une manière de rendre hommage à ce dieu qui représentait les ténèbres. Vêtu de sa couleur fétiche, le noir de la tête aux pieds, des lunettes de soleil pour renforcer ce sentiment de suspense qui l'entourait, il avançait imposant, foulée après foulée, sa présence sombre ne laissant rien présager de bon, un porteur de mauvaises nouvelles. Un mauvais présage pour celui qu’il allait rencontrer.

Avec sa lenteur délibérée qui faisait monter la tension déjà tendue, il gomma la distance qui le séparait de ce qui ressemblait à un hangar abandonné trônant au milieu d'une touffe d'herbes.

Les longs murs en briques rouges, érodés et crasseux, témoignaient d'un passé révolu, leurs surfaces ravinées par le temps et la négligence. Des tags aux couleurs flashy, comme des cicatrices de rébellion, zébraient les murs, tandis que la mousse verdâtre, nourrie par l'humidité, envahissait les interstices, recouvrant les briques d'un voile de verdure qui semblait vouloir les faire disparaître. Les grandes fenêtres, aux vitres brisées et rideaux déchirés, pendaient mollement, comme des larmes de tissu, leurs jaunâtres lambeaux de passé flottant au gré du vent. La moisissure, qui s'était emparée des rideaux, ajoutait une odeur de pourriture à l'atmosphère déjà lourde de désolation. L'ensemble formait un tableau de désolation et d'abandon, qui décourageait toute visite.

L'immeuble était en piteux état, un endroit parfait où établir les enfers. Devant le bâtiment délabré, l'attendaient trois hommes l'air grave qui inclinèrent leurs têtes pour le saluer avant de le suivre.

— Alors ?

— Il t'attend dans la salle d'interrogatoire. Il y avait une fille avec lui qui l'attendait dans la voiture. Je l'ai aussi amenée, on ne sait jamais, elle peut être complice, dit Giorgio, les mains croisées en bas du dos, alors que Joachim ouvrait la grande porte en fer.

Après la descente chez Damon, Matteo avait chargé quelques-uns de ses hommes de surveiller sa villa, et c'est ainsi qu'ils avaient pu mettre la main sur l'un de ses complices venu récupérer des documents compromettants. Aucune information ne devait lui permettre de remonter jusqu'à leur cartel. Mais il ne savait pas que le diable avait déjà pris les devants et maintenant il se retrouvait dans l'une de ses cellules.

Matteo ne lui adressa aucun regard, juste un hochement de la tête pour lui signifier qu'il avait noté ses informations.

L'intérieur révélait une grande pièce sombre et nue, où les graffitis colorés sur les murs semblaient être les seuls à avoir résisté à l'abandon. Les coins étaient auréolés de toiles d'araignée, comme des couronnes de décrépitude. Au centre, une table et trois chaises, isolées et solitaires, trônaient sur un sol poussiéreux. Des caisses entreposées dans les coins ajoutaient à l'impression de désolation. La lumière, rare et précieuse, filtrait à travers les trous des rideaux en lambeaux, projetant des rais de soleil étirés et pâles sur les carreaux poussiéreux des fenêtres. Ces derniers, opaques de l'extérieur, laissaient échapper une lumière terne et morose, comme un souffle de vie épuisé.

Leurs pas claquèrent froidement sur le béton lissé et glacial. Joachim se baissa et introduisit une clé dans un cadenas qui scellait une plaque métallique au sol. Il enleva le cadenas et tira sur la plaque, qui s'ouvrit sur une ouverture assez large. Des escaliers usés par le temps y menaient, plongeant dans ses profondeurs.

Un sous-sol...

L'odeur ?

Du métal...le sang

Chaude...de la transpiration

Humide...de l'eau

Le souffre...les balles

La vue

Noir, que du noir, rien que du noir.

Des barres fluorescentes zébrant le mur, aux lumières jaunes et rouges criardes, plongeaient toutefois la pièce dans une atmosphère sinistre et lugubre, évoquant une morgue abandonnée. Le long du couloir glacial, onze cellules exigües s'alignaient, chacune close par des barreaux en fer rugueux qui les transformaient en cages. Les quatre premières cellules étaient vides, offrant à peine un espace nu et froid, un tombeau de béton pour accueillir leurs occupants malheureux.

Les six cellules suivantes offraient une illusion de confort, avec des lits décrépits qui semblaient avoir connu des jours meilleurs. Mais une seule cellule, à gauche, se démarquait de ce décor de misère. Son lit, relativement préservé, était accompagné d'un oreiller usé, un luxe minimal dans cet univers carcéral.

Le plus troublant était cependant, le conteneur condamné à droite. À quoi pouvait-il servir ? Ils n'allèrent pas jusqu'à là ; ils s'arrêtèrent devant la troisième cellule, le prisonnier n'étant pas très important.

Une fois la porte ouverte, on le laissa seul. Un homme mal en point, vêtu d'une chemise qui était sûrement blanche avant de tomber entre les mains de ses bourreaux, mais qui était maintenant mouillée de sang , cette odeur qui imprégnait les lieux occupait l'endroit glauque. Ses bras étaient retenus par des chaînes en fer fixées sur le mur ; il semblait fatigué et endormi. Il se réveilla d'un coup quand il entendit percer un sifflement, suivi du grincement de la chaise rouillée par l'hémoglobine et l'humidité, tirée sur le sol dur qui l'éloignait de la table, elle aussi dans le même état.

Sans crier gare, le bruit s'arrêta, mais pas les sifflements. Un corps s'enfonça dans la chaise placée face au prisonnier, et c'est seulement à ce moment-là qu'il leva la tête.

Des bleus... une bonne raclée, ça devait faire mal.

Il avait l'œil gauche boursouflé, la joue enflée et violette, le nez cassé et la lèvre fendue, qui laissait échapper un filet de sang. Il puisait dans ses dernières ressources pour garder ce contact visuel, mais qui fut de courte durée ; son bourreau dégageait un tel aura qu'il en eut des sueurs froides, malgré l'air humide.

Le nouveau venu ne dit rien ; il continua à siffler, le buste légèrement penché en avant, les jambes écartées encadrant le détenu. Ses coudes étaient appuyés sur ses cuisses, et ses mains croisées en avant. L'homme enchaîné inspira et releva à nouveau les yeux, mais son geôlier était impassible, aussi froid qu'un iceberg.

— Pourquoi ne pas en finir tout de suite ? demanda-t-il pour mettre fin à cette scène morbide.

Un rire, un rire diabolique, déchira le silence lourd, accompagné d'un sourire sadique sur ses lèvres.

— J'aime les préliminaires ; je trouve que c'est ça qui rend excitant les choses, argua-t-il d'une voix joueuse, comme un chat qui joue avec une souris.

— Je ne vous dirai rien, est-ce que vous m'entendez, rien ! cria-t-il malgré sa gorge asséchée par manque d'eau.

— C'est ton dernier mot ?

— Assoiffez-moi, affamez-moi, battez-moi... je ne dirai rien. Vous ne me faites pas peur, monsieur le « Diable ».

— Pourtant, crois-moi, tu devrais.

Il sortit son inséparable paquet de cigarettes, ainsi que son briquet, et s'en alluma une. Une, cinq, quinze minutes passèrent dans un silence de plomb, pendant lesquelles il avait profité pour tirer à petite bouffée sur sa tige coincée entre ses lèvres, toujours dessinées d'un sourire satanique.

— C'est pour faire pression sur moi ?

— Non... non, Pedro, ho molto meglio (j'ai beaucoup mieux).

Il avisa une de ses plaies ouvertes sur sa jambe et enfonça son mégot fumant dessus, lui arrachant un cri de douleur, une douce mélodie pour ses oreilles.

— Je n'avais pas de cendrier sous la main, désolé, s'excusa-t-il faussement, presque moqueur.

Il avait quitté la chaise et maintenant il était devant une armoire en fer qu'il ouvrit. Armes à feu et armes blanches s'offraient à sa vue : sabre, poignard, épée, tronçonneuse, club de golf, seringue, anesthésiant, poison, scalpel... tout l'attirail pour briser physiquement et psychologiquement un homme, quel qu'en soit son mental.

Matteo se débarrassa de son long manteau et revêtit une blouse blanche, pareille à celle des médecins. Il couvrit ses cheveux, porta des gants blancs et un masque bleu ciel.

— Nous jouons au docteur maintenant ? le nargua Pedro.

— Je trouve que tu es en mauvais état, il faut te rafistoler pour que tu sois présentable quand tu rencontreras notre seigneur, dit-il d'une voix basse qui annonçait le mal qui coulait dans ses veines noires.

Dans sa main, il tenait une aiguille chirurgicale de forme concave et un fil bleu ressemblant à un cordon très fin, qu'il déposa sur un plateau.

— Désolé, je n'ai malheureusement plus d'anesthésiant. On fera comme ça.

Qu'est-ce que vous allez me faire ? demanda Pedro, les yeux écarquillés par la panique qui commençait à le gagner petit à petit. Mais dans ses yeux et ses gestes, le parrain pouvait lire qu'il était toujours décidé à rester muet.

Le plateau posé sur la table, Matteo le rejoignit avec une nonchalance voulue pour faire grimper la pression. Plus il avançait, plus Pedro reculait, mais peine perdue : il était pris au piège.

— Ne m'approchez pas !

Il lui défit de ses chaînes, et l'homme en profita pour essayer de fuir. Mais fuir où ? On ne fuit pas le diable, Pedro...

Un coup de poing sous le menton, et il s'écroula sur le sol, incapable d'absorber son sang s'échappant de ses nouvelles blessures, des anciennes recouvertes, de son nez fracassé et de sa bouche.

— Matelot navigue sur les flots, ohé, ohé...
Matelot navigue sur les flots, au bout de cinq à six semaines...
Les vivres vin, vin, vinrent à manquer...
On tira z'à la courte paille...
Pour savoir qui, qui, qui serait mangé...
Ohé, ohé...
Le sort tomba sur le plus jeune..., chantait gaiement Matteo.

Pedro se réveilla difficilement avec un atroce mal de tête, et cette voix rauque qui chantait une comptine ne l'apaisa nullement. La vision floue, il cligna des yeux pour réparer sa vue, et sa respiration, jusque-là lente, s'accéléra à la vitesse grand V.

Ses mains et ses pieds étaient retenus dans des sangles, son dos était posé sur quelque chose de droit et de froid, et il était légèrement en hauteur. Tout lui revint... La table...

— Enfin réveillé, j'ai cru qu'on allait y passer la nuit, dit Matteo. Ce n'est pas pour te blesser, mais j'ai d'autres patients plus excitants.

— Comment pouvez-vous chanter une comptine alors que vous vous apprêtez à donner la mort ? demanda Pedro.

— De toi à moi, cette comptine fait un peu froid dans le dos, répondit Matteo. Elle parle carrément de cannibalisme, et le plus effrayant, c'est que des parents apprennent ça à leurs mômes, et ils sont tous contents. Et ils sont étonnés que certains d'entre eux deviennent des psychopathes par la suite.

— Pourquoi cette comptine ? l'interrogea Pedro à mi-voix.

— Parce que tu es comme ce petit garçon dans le chant, répondit Matteo. Vu que moi et mes hommes, nous n'avons rien à nous mettre sous la dent, c'est toi que l'on va bouffer. Mais contrairement à lui, il n'y aura pas un petit poisson pour venir te sauver de mes mains, mon cher Pedro.

— Vous êtes un vrai malade, gronda Pedro en essayant de se défaire de ses liens qui le clouaient tel un mouton sur l'autel prêt à être sacrifié.

— Un petit remake d'Abraham et Isaac, dit Matteo. Mais sois sans crainte, je ne te tuerai pas... enfin, pas pour le moment.

Matteo reporta son masque à son nez, se saisit de l'aiguille enfilée et s'approcha de la peau de son patient, qui se liquefiait sous ses yeux. L'aiguille entra dans sa chair sensible et ressortit de l'autre côté de la déchirure, entraînant avec elle le fil qui se glissa dans le petit trou qu'elle avait laissé et qui était devenu violette au contact de son sang. Les hurlements de douleur de Pedro étaient la meilleure des comptines pour son tortionnaire.

— Je vous en supplie, arrêtez... pardon...

— T'en as encore plein, s'exaspéra Matteo en parlant de ses blessures.

La douleur était un véritable supplice qui lui martyrisait la peau, faisant céder son corps en mauvais état. Des larmes en rafales humidifiaient son visage déformé par la peur et la douleur lancinante. Il criait en se déchirant les cordes vocales, et ses cris se perdaient dans ces lieux froids et inhospitaliers comme une tombe.

— Je vais... je vais... parler... furent ses derniers mots avant qu'il ne se pisse dessus et tombe à nouveau dans les pommes.

— Dommage, je m'amusais bien, se plaignit Matteo en accédant à sa requête. Il restait tout de même un homme de parole.

Il allait en profiter pour nettoyer ses armes pendant que Giorgio et les autres s'occupaient de la fille. Il fixa l'homme et souffla d'agacement : quelle tapette !

                         ***

— Il vaudrait mieux pour toi de causer avec moi qu'avec le diable, piccola puttana (petite pute), la mit en garde Giorgio après l'avoir crachée dessus.

— Un po' di galanteria, Giorgio, non ti hanno insegnato come si trattano le signore ? (Un peu de galanterie, Giorgio, ne t'a-t-on pas appris comment traiter les dames ?), intervint un grand aux cheveux blonds décolorés, une montagne de muscle géante tout comme Matteo et Giorgio. Mais il avait les cheveux longs, tressés sur le côté et retenus en une queue de cheval qui retombait sur sa nuque.

Il portait un t-shirt moulant noir qui relevait le haut de sa sculpture et dessinait finement ses pectoraux galbés et ses abdos bien bâtis. Son côté dangereux était surelevé par un holster d'épaule en cuir marron qui portait ses armes, deux Glock 17.

— Je me demande bien ce qu'on fout là avec cette idiota au lieu d'aller sur le terrain. Je m'ennuie, geignit le blond en chargeant et en déchargeant une de ses armes.

— On ne discute pas les ordres ! Tonna Giorgio.

— Mais je m'ennuie grave dans cet endroit isolé, j'aime la vie, les couleurs... et... et...

Il répéta ce mot pour souligner l'importance de ce qu'il s'apprêtait à dire.

— Et j'adore les grandes armes. C'est vrai qu'un Glock 17, c'est un bel tesoro, mais moi, je préfère les mitrailleuses, les carabines, les fusils de chasse...

— Ferme ta gueule, Lorenzo ! Ordonna Joachim qui était resté dans un coin de la pièce pour observer la scène et qui venait de mettre ainsi fin à son mutisme légendaire.

— Monsieur le muet nous fait enfin grâce d'entendre sa voix, quel honneur, se moqua Lorenzo en esquissant une petite révérence, alors que Giorgio se retenait pour ne pas éclater de rire, un poing devant sa bouche.

— Mais sérieusement, on sait que l'autre sbalzo va parler, pourquoi perdre notre temps avec cette piccola ragazza ?

— Le Viking a raison ! S'exclama la jeune femme menottée et ensanglantée.

Lorenzo reporta son attention sur elle et, sans qu'elle ne sache comment, elle se retrouva la tête en arrière, soulagée de trois dents qu'il lui avait arrachées par son coup de poing.

— Finissons-en tout de suite avec cette histoire de merda !

Il attrapa dans son poing les longs cheveux de la femme, la faisant gémir de douleur, et appuya fortement sur ses joues avec ses mains. À présent, leurs deux visages étaient proches l'un de l'autre. Cette posture lui fit perdre son assurance. Elle tremblait de peur ; l'heure n'était plus à la rigolade.

— Tu vas piailler comme un petit oiseau en plein printemps, ma piccola tesoro, et tu peux me faire confiance.

— Je ne sais rien.

Il arqua un sourcil amusé.

— On verra ça ! Il poussa sa tête et elle s'éclata bruyamment sur le mur en pierre, ce qui la fit saigner.

Joachim traversa la pièce et se défit pour la deuxième fois de son mutisme caractériel. Il monta les marches pour sortir de cet endroit, suivi de Giorgio.

— Tu ferais mieux de suivre tes amis, couillon !

— Tu plairais bien au diable, il aime s'occuper des cas comme le tien.

— Non voglio il suo vecchio cazzetto. (Je ne veux pas de sa vieille bite).

— Lui non plus ne veut pas de ton cul de pute aussi large que la mer méditerranée, Taís...

Elle déglutit difficilement, les yeux fixés dans les siens.

— Cosa direbbe tua madre se tornassi da lei a pezzettini e tuo figlio, chi si prenderebbe cura di lui ? Pensa a lui, pensa a tuo figlio, Taís... (Que dirait ta mère si tu lui revenais en morceaux et ton fils, qui s'occuperait de lui ? Pense à lui, pense à ton fils, Taís...)

— È solo un peso per me, mi renderai un tale servizio... questo moccioso mi sta rovinando la vita ! (Il n'est qu'un fardeau pour moi, tu me rendras un tel service... ce gamin me gâche la vie !)

Ces mots furent comme des petits couteaux enfoncés dans son cœur ; il lui donna une gifle et, lui aussi, il lui cracha dessus.

— Quindi muori (meurs donc), souffla-t-il avant de partir.

Cela ne servait à rien de parler avec cette coquille vide ; elle lui faisait pitié. Comment pouvait-on parler de son enfant ainsi ? La chair de sa chair ? Un enfant qu'elle avait porté neuf mois dans son ventre ? Un enfant pour qui elle avait subi les douleurs de l'accouchement ? Un enfant dont elle avait failli mourir pour le mettre au monde ?

C'était ça aussi leur monde : perdre son âme, son humanité, devenir vide, une loque pour ne pas devenir un pion faible, une proie et sombrer entre les mains de l'ennemi. Mais le prix de cette loyauté à un individu qui n'avait pour seule préoccupation que ses affaires et sa personne, n'était-il pas un peu trop élevé ?

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