Elle est faite de la même mat...

By Ade_Mcln

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À vingt-deux ans, Emy vit à Bâton-Rouge ville rivale de Saint-Georges. Sa vie bascule à la suite de la maladi... More

Chapitre 1 : Bienvenue à Bâton-Rouge
Chapitre 2 : La nouvelle
Chapitre 3 : La Binôme
Chapitre 4 : Le Grinch qui veut détruire Nöel
Chapitre 5 : Capitaine Crochet
Chapitre 7 : Ce pronom qui change tout
Chapitre 8 : Elle flirte avec moi, là ?
Chapitre 9 : Troublée
Chapitre 10 : La proposition
Chapitre 11 : La nationaliste bleue
Chapitre 12 : L'hiver frappe
Chapitre 13 : Cette fille va me tuer
Chapitre 14 : Confession
Chapitre 15 : Emily Dickinson
Chapitre 16 : L'allumeur de réverbères
Chapitre 17 : L'anniversaire
Chapitre 18 : Roméo et Juliette
Chapitre 19 : Je peux survivre à une danse
Chapitre 20 : Un joli rêve
Chapitre 21 : Le Temple Batteur
Chapitre 22 : Montaigu et Capulet, bordel de merde...
Chapitre 23 : Règles d'or
Chapitre 24 : Vertige
Chapitre 25 : Elle ne devrait pas être ici
Chapitre 26 : Je t'attendais
Chapitre 27 : Les pancakes
Chapitre 28 : Visite de courtoisie
Chapitre 29 : Les torchons et les serviettes
Chapitre 30 : La photo
Chapitre 31 : Faute grave
Chapitre 32 : Le silence
Chapitre 33 : Joyeux anniversaire
Chapitre 34 : Le désespoir sait nager
Chapitre 35 : Gueule de bois
Chapitre 36 : 1724
Chapitre 37 : Toujours à l'heure (ou presque)

Chapitre 6 : Elle me dit que je suis belle

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By Ade_Mcln


La semaine s'achevait enfin. Le samedi était sans nul doute le jour le plus difficile de la semaine, mais il annonçait également la fin des hostilités et était accueilli avec soulagement par les équipes. Andréa trouvait doucement ses marques. Elle appréhendait les personnalités et les habitudes de chacun. Elle ne se perdait plus aussi longtemps dans les réserves et arrivait à apprivoiser les clientes aux demandes les plus complexes. Elle gagnait pas à pas le respect de l'équipe sans les brusquer pour autant. Elle calquait son attitude sur celle de sa binôme afin de gagner leur confiance en douceur. En l'observant, Emy avait pu remarquer qu'elle n'avait rien en commun avec ces pimbêches de Saint-Georges ou ces binômes bancals qu'on lui avait envoyé jusqu'ici. Elle était compétente, tenace et sa douceur s'était avérée être un atout auprès des vendeurs comme des clients. Après une semaine de formation, Emy et Andréa allaient recevoir des horaires différents, se complétant la majeure partie du temps. Assise sur la table de la salle de pause, Emy étudiait le planning de la semaine à venir.

— Y'a des chaises, tu sais ?

— Salut tata, répondit-elle en se levant pour rejoindre une assise ordinaire.

— Tu vas retrouver ta tranquillité, reprit Mona en pointant du doigt le planning. Sam a fait en sorte de vous différencier le plus possible pour qu'Andréa se fasse sa place.

— J'ai vu.

La réponse courte et sèche de sa collègue rendit Mona perplexe.

— Tu fais la tête ?

— Non, non.

— Quoi alors ?

— Comment ça quoi ?

— Tu fais la tronche, ne me prends pas pour une andouille. Qu'est-ce qui te tracasse ?

— Rien, c'est juste... Je me suis habituée à ma « non-tranquillité ».

— Je vois, et par « non-tranquillité » tu veux dire Andréa ?

Emy se retourna subitement vers Mona en grimaçant de surprise. Sa directrice adjointe prit une moue d'indifférence qu'elle ne connaissait que trop bien.

— Je n'ai pas dit ça ! s'offusqua-t-elle.

— Pourquoi tu t'énerves, alors ?

­— Je ne m'énerve pas, reprit Emy en s'efforçant de baisser un ton.

— Avoue que tu l'aimes bien, continua Mona sans ménagement. Ça reste entre nous, promis !

— Je n'avouerais rien du tout, car il n'y a rien à avouer.

— C'est ça, reste dans ton déni !

— Tu me fatigues, tata !

— Je te connais, et je sais quand quelqu'un trouve grâce à tes yeux.

— N'importe quoi, je ne la connais même pas, souffla Emy agacée. Elle est très belle, même incroyablement belle, je te l'accorde, mais je ne connais rien d'elle et la beauté ça ne suffit pas.

— Je parlais de travail, s'amusa Mona. Mais puisque tu abordes le sujet... Elle qui pensait qu'elle n'était pas à ton goût, elle serait sûrement ravie de ta réponse !

— Quoi, qu'est-ce que...

L'ouverture de la porte stoppa les interrogations de la jeune femme. Andréa entra dans la salle de repos avec élégance. Lors des échanges de politesse d'usage, Emy ne put s'empêcher de laisser courir son regard sur les longues jambes d'Andréa. Elle semblait sortir d'un film des années mille neuf cent cinquante. Elle portait une longue robe bleu marine à pois blanc fendue à l'avant, cintrée par une large ceinture de cuir caramel. Elle masquait partiellement ses courbes d'un long manteau en laine noir. Afin de faire distraction et faire disparaître son trouble par la même occasion, Emy commença à la charrier.

— Tu as remis tes échasses, Clochette. Sais-tu qu'on est samedi aujourd'hui ?

— Je sais quel jour on est, merci ! Et figure-toi que j'ai des baskets dans mon sac, dit-elle en arborant un grand sourire.

— Une fée maline, murmura Emy en répondant à son sourire.

Mona assista à la scène en retenant son rire. Elle n'avait rien loupé, les regards, les sourires. Elles minaudent sous ses yeux et ne s'en rendent même pas compte ! Quelle tristesse !

— Vous êtes prête pour votre dernier jour ensemble ? lança la directrice adjointe.

— Comment ça dernier ? questionna Andréa. On ne va plus travailler ensemble ?

— Beaucoup moins, répondit sa binôme. On va plus souvent se croiser pour les transmissions qu'être réellement ensemble.

— Oh, je pensais...

La phrase d'Andréa s'évanouit dans un murmure. Emy crut sentir une pointe d'amertume dans sa voix ou peut-être qu'elle aurait aimé l'entendre et se l'était imaginé. Elle secoua la tête pour évacuer cette idée saugrenue de son esprit. Mona, toujours spectatrice, surenchérit.

— Vous devriez échanger vos numéros de téléphone.

Andréa et Emy braquèrent en chœur leur regard sur Mona.

— Pour les transmissions, expliqua-t-elle. On a toujours besoin d'échanger entre nous. Nous on a vos numéros avec Sam, mais vous avez besoin d'échanger entre vous aussi. C'est important pour que la machine tourne correctement. Comme ça, vous êtes sûre de ne rien zapper.

— Oh, oui c'est vrai, acquiesça Emy avec plus d'entrain qu'elle ne l'aurait voulu. Donne-moi ton téléphone.

Andréa s'exécuta sans rechigner. Une fois le contact enregistré, Emy s'appela avec son téléphone pour avoir le numéro de la jeune femme avant de lui rendre. Andréa lui sourit discrètement avant de se diriger vers les vestiaires pour se changer. Une fois seule, elle ouvrit son téléphone et découvrit le dernier appel émis vers « Le Capitaine Crochet qui veut détruire Noël ». Ce nom arracha un rire incontrôlable à la jeune femme. Elle ouvrit une conversation et tapa un message à l'intéressée :

Andréa : Tu aurais pu trouver encore plus long comme nom de contact !

La réponse se fit instantanément :

Emy : J'ai hésité avec « La plus charmante des binômes de la planète », mais je me suis dit que ce serait légèrement présomptueux de ma part sachant que je ne connais pas le visage de mes prédécesseurs 🤔.

Andréa poursuivit sans relever l'intervention d'Emy.

Andréa : Et quel nom m'as-tu donné ?

Emy : Juste Andréa Cartier, simple, efficace, banal.

Andréa : Menteuse.

Emy : Présomption d'innocence jusqu'à preuve de ma culpabilité, Votre Altesse.

Andréa : Tu es impossible ! 😡

Emy : Et tu vas être en retard.

Emy disait vrai. Elle rit de bon cœur lorsqu'elle entendit un « merde » s'échapper des vestiaires avec des bruits de chocs métalliques semblant venir de l'ouverture soudaine d'un casier. Elle rangea son téléphone sous le regard inquisiteur de Mona et parti affronter l'effervescence de ce début de journée sans répondre à sa demande silencieuse. Toute la journée, les vendeurs durent courir dans tous les sens. Emy ne compta même pas le nombre de fois où elle dut monter et descendre les marches entre les deux niveaux de la boutique pour accéder aux requêtes incessantes des clientes. Durant la première partie de sa journée de travail, elle n'échangea que très peu avec Andréa, du moins, verbalement. Lorsqu'elles se croisaient, un simple regard suffisait pour qu'elles se comprennent. C'était étrange et quelque peu grisant. Cette soudaine complicité laissait Emy pantoise. Elle avait l'impression de la connaître depuis longtemps, d'anticiper ses réactions, ses gestes et ses demandes avant même qu'elle ne les verbalise. Cette sensation lui procura à plusieurs reprises des salves de frissons incontrôlables dans la nuque. Elles finissaient les phrases l'une de l'autre comme deux amies de longue date. Elle était troublée, mais ne souhaitait pas pour autant rompre cet équilibre fraîchement installé. Absorbée par fil de ses pensées, Emy n'entendit pas Andréa héler son nom dans son dos. Elle continuait de plier sa pile de polos dans un carré parfait tel un petit robot bien programmé. Elle sursauta lorsqu'elle sentit une main se poser doucement sur sa nuque. Andréa surprise de sa réaction tressaillit à son tour avant de se mettre à rire.

— Tu es drôlement sensible ! s'amusa-t-elle.

— En même temps, tu arrives comme ça sans prévenir, c'est normal que je sursaute !

— Ça fait cinq fois que je t'appelle, Miss Crochet ! Qui occupe tes pensées à ce point pour que tu ne m'entendes même pas ?

— Personne, déclara Emy en grimaçant.

Elle sentit son teint s'empourprer légèrement et toussota en rectifiant le pli du dernier polo dans sa pile de vêtements.

— Il faut qu'on aille manger, ordre de Sam.

— Fallait le dire plus tôt ! Je meurs de faim ! s'exclama Emy en bousculant gentiment sa collègue.

Elles se dirigèrent vers la salle de pause afin d'échapper au chaos ambiant.

— Je suppose que tu vas encore chercher ta malbouffe ? questionna Andréa en prenant son repas dans le frigo.

Emy avait disparu dans les vestiaires et fouillait dans son casier.

— Malbouffe, tout de suite, les grands mots.

— Du gras sur du gras, tu appelles ça comment ?

— Ce que tu peux exagérer ! Tu as déjà goûté au moins ?

— Non merci !

— Tu as tors, Clochette ! répondit Emy en réapparaissant dans la pièce. Je suppose que je ne te ramène rien ? Un café peut-être ?

— Tu m'énerves bien assez, je n'en ai pas besoin.

Emy se mordit la langue, en riant.

— Quoi ? questionna sa collègue en fronçant les sourcils.

— Rien c'est juste...

Elle hésita un instant puis se lança.

— La caféine est un excitant, pas un acteur d'énervement. Mais je serais ravie de remplacer la caféine pour toi, Clochette !

Elle fit un clin d'œil à son interlocutrice qui l'observait bouche bée, les yeux ronds de surprise, puis s'échappa de la salle de pause à grandes enjambées, fière de son effet. Elle se pressa pour chercher son repas, plus impatiente que d'ordinaire. Lorsqu'elle observa sa montre pour la septième fois en cinq minutes, elle secoua la tête en se sermonnant mentalement de son comportement. « Calme-toi, c'est pas une fille pour toi, tu t'emballes Devillier. » Malgré ses remontrances internes, elle revenue presque en courant jusqu'à la salle de pause. Son sourire s'évanouit lorsqu'elle vit Zakari installé à sa place, en face d'Andréa, en train de dévorer un tacos tout en l'assommant de paroles certainement inutiles. Emy sentit une pointe de colère s'immiscer au creux de son abdomen. Faute de place, elle allait en créer une. Elle posa son sac entre ses deux collègues et s'arma d'une chaise pliante pour s'installer en bout de table. Zakari souffla bruyamment.

— Un problème ? questionna Emy en ôtant un de ses écouteurs.

— T'avais de la place de l'autre côté, pourquoi tu viens te coller là ?

— Simplement parce que j'avais envie. Ça te va comme réponse ?

Zakari grogna en croquant de nouveau dans son tacos dégoulinant de sauce. Andréa retint un rire en détournant le regard vers Emy qui déballait avec précaution son repas. De la musique s'échappait de l'écouteur orphelin qu'elle avait posé sur la table. Andréa s'en saisit et l'approcha de son oreille. La jeune femme l'étudia discrètement du coin de l'œil pour mesurer sa réaction. Un léger sourire se dessinait sur le visage de sa collègue lorsque l'air de piano accompagna le refrain de la musique qui ronronnait au travers des écouteurs.

— Te moque pas, murmura Emy en se concentrant sur l'ouverture de sa barquette de condiment.

— En même temps avec tes musiques du Moyen-Âge ! s'esclaffa Zakari la bouche pleine.

— Chut ! le sermonna Andréa les sourcils froncés.

Elle semblait écouter avec attention tout en mélangeant sa salade avec sa vinaigrette. Patricia Kaas fredonnait son mythique « Il me dit que je suis belle » aux creux de leurs oreilles. Emy sentit le poids d'un regard sur elle et leva la tête. Elle découvrit Andréa qui la dévisageait en silence, la tête maintenue par ses mains. Son regard paraissait différent, plus doux qu'à l'accoutumée. Elle avait tellement pris l'habitude de lui faire lever les yeux au ciel qu'elle n'avait jamais perçu réellement leur couleur chocolat si puissante. Elle avait l'impression de se noyer dans un torrent de fèves de cacao.

— Je n'aime pas la musique actuelle, se défendit machinalement Emy. Tout est si...

— Superficiel, déclarèrent en chœur les deux jeunes femmes.

Elles se dévisagèrent de nouveau, prenant en considération chaque battement de cil.

— Je préfère largement les musiques du XXème ou XXIème siècle.

­— Pourquoi ? interrogea doucement Andréa.

— Je ne sais pas. Peut-être parce qu'elles ont plus de sens pour moi.

— Pour qu'il te dise que tu es belle ? s'amusa la jeune femme pour la faire réagir.

— Qu'elle, rectifia Emy en souriant. Et qu'elle n'attendait que moi.

Elles se sourirent sous le regard désabusé de Zakari qui ne comprenait pas la référence.

— Mouais, balança-t-il mollement. Faut vivre avec son temps, moi je dis. C'est à cause de gens comme toi que le monde n'évolue pas.

— À cause de gens comme moi, tiens donc. Et tu peux développer ? Je suis curieuse de connaître le fond de ta pensée.

— Tu te pavanes avec un look des années 1920.

— 1980, rectifia-t-elle. Revu en 2050, également.

— C'est pareil, on est en 2174, faut changer de disque ! Tu roules encore à l'essence avec ta vieille moto.

— À l'éthanol et c'est une Harley-Davidson Street bob que l'on pourrait confondre avec une neuve. Je la bichonne si bien qu'elle pollue moins que les milliers de centrales qui fournissent l'énergie magnétique et électrique dont tu as besoin pour te brosser les dents le matin et faire fonctionner ta PlayStation. Et je te rappelle qu'il y a eu près de deux cents morts dans les différents attentats de piratage chez Tesla. Ma Harley ne se pirate pas, elle.

— Tu refuses d'admettre que le monde a besoin de la technologie.

— La moitié de la population est devenue stérile en moins de cinquante ans à cause des radiations émises par Starlink. Je ne dis pas que la technologie n'est pas utile, mais elle a des conséquences. Il n'y a même plus d'animaux sauvages sur la planète !

— C'est des conneries.

— Il y a plein de conséquences sociales aussi, continua Emy. Les gens se rencontrent virtuellement via des salons en réalité augmentée au lieu d'aller à de vrais rencards. Les gens ne savent plus séduire ni aimer, tu en es la preuve concrète ! s'agaça-t-elle en pointant le jeune homme du doigt.

— Je tombe plus de meufs que toi sur le Métavers, j'ai pas besoin de cours de séduction, s'esclaffa-t-il en bombant le torse.

— Je préfère les relations concrètes et physiques. Tu devrais essayer, t'aurais sans doute moins mal au poignet, déclara-t-elle en mimant un geste de va et viens avec sa main plutôt explicite.

Andréa pouffa de rire, ce qui accentua le sourire d'Emy qui défiait Zakari du regard. Il avait les oreilles rouges de colère. Avant même qu'il ne puisse répondre, Sam entra dans la salle de repos et se rua sur lui.

— Ah tu es là toi ! À quel moment tu comptes revenir ?

— À la fin de ma pause, répondit-il en buvant une gorgée de soda comme si de rien n'était.

— Ta pause est terminée depuis presque dix minutes Einstein. Donc à moins que tu ne saches toujours pas lire l'heure à vingt ans, tu n'as aucune excuse. Lève-toi et retourne en surface, tes collègues t'attendent !

Les deux jeunes femmes s'échangèrent un regard complice. Emy aurait rêvé hurler un « bien fait connard ! », mais malheureusement en tant que responsable, elle devait se contenir, même en étant en pause. Elle se contenta d'un petit sourire en coin et d'un haussement de sourcils significatif. Lorsque la porte fut fermée et que Zakari et Sam disparurent de la pièce, Andréa se retourna vers sa collègue.

— Je comprends mieux le personnage !

— Ah ! s'exclama-t-elle. Je ne t'avais pas menti ! Ce gars on entend que ses biceps quand il parle.

Andréa éclata de rire à cette remarque. C'était la première fois qu'Emy l'entendait rire de cette façon. Elle n'avait pas envie que cela s'arrête et aurait pris plaisir à l'entendre rire toute la journée. Un rire clair et élégant. On n'en attendait pas moins d'une fée de ce pedigree ! Elle se rendit compte à cet instant qu'elle lui plaisait réellement, malgré tout ce qu'elle pouvait dire ou laisser penser. Elle la trouvait de plus en plus belle chaque minute, comme si elle poussait enfin le voile qui couvrait ses yeux depuis leur rencontre.

— Un franc pour tes pensées ?

Emy secoua la tête et concentra son attention sur Andréa qui lui souriait tendrement.

— Pardon ? l'interrogea-t-elle en sortant de ses songes.

— Je donnerais cher pour savoir ce qui occupe tes pensées, reformula Andréa.

Emy souffla du nez en secouant la tête.

— Rien d'intéressant.

— Ça n'en a pas l'air.

— Curieuse ? demanda prudemment Emy.

— Dans certains contextes, assez, oui, je l'admets.

— Et quels contextes ?

— Qui est la plus curieuse maintenant ? s'amusa-t-elle.

Emy leva les mains pour admettre sa culpabilité. Leur pause se termina sur un ton léger. Elles reprirent leur poste, se confiant mutuellement des tâches pour réduire l'épuisement de leur équipe.

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