(Notes de début : j'avais prévenu...)
Jason.
J'ai menti à Elizabeth. Je lui ai dit que j'allais bosser, mais ce n'est pas vrai. Je suis devant la porte du chalet que mes parents ont récupéré après mon déménagement pour parler à ma mère. Je ne lui ai pas dit la vérité parce que je ne voulais pas qu'elle m'accompagne. Et la connaissant elle aurait eu envie de le faire. Seulement, j'aurais été incapable de le faire. Parce que sa présence est plus rassurante. Mais je devais le faire seul. Cette discussion ne concerne que moi et ma mère.
Personne d'autre.
Pourtant, maintenant que je me retrouve les mains dans les poches à fixer la poignée, je ne suis plus aussi sûr de moi.
Était-ce vraiment une bonne idée ?
Les choses vont forcément mal finir.
Ça ne peut pas bien se passer...
C'est ma mère.
Ai-je un jour eu une discussion sans cri avec elle ?
Non.
Malgré moi, ma main frappe à la porte et mon corps s'enracine dans le sol.
Mes sens sont en alerte au moindre bruit.
La poignée tourne, mais je ne bouge pas. Mon père apparaît en robe de chambre. Ses cheveux ont repoussé depuis la dernière fois que je l'ai vu et il a pris du poids, mais ce n'est toujours pas comme avant.
— Que fais-tu ici Jason ?
— Je viens parler à Maman.
Mon ton est calme, mais sûr de moi. C'est le moment.
Je lis la surprise dans les yeux de mon père, mais il fait un pas sur le côté pour me laisser entrer.
— Elle est à l'étage.
Je le remercie d'un signe de la tête et me dépêche de gravir les marches avant que le courage ne quitte mon corps.
J'inspire un coup et pousse la porte de la chambre.
— Maman ?
La masse de son corps est dos à moi, ses épaules sont courbées, elle regarde fixement le sol, assise au bord du lit. J'ai l'impression de voir dans un miroir la personne que j'étais il y a à peine plus d'un an.
Je ressens ses émotions à la seconde où je fais un pas dans sa direction.
Ne laisse pas sa colère t'emporter...
Ma génitrice tourne enfin la tête vers moi et un rire sec s'échappe de sa gorge.
— Regarde-toi ! Avec tes vêtements de guignol ! Tu oses patiner après tout ça... Tu me fais honte, Jason. Tu m'as toujours fait honte.
J'encaisse ses paroles sans un mot. Elle vient de réduire à néant l'espoir de changement que je nourrissais. Je devrais partir, dès maintenant, parce que les choses ne vont pas s'arranger, mais j'en suis incapable.
— Dégage Jason. C'est ton frère que j'aimerais voir, pas toi...
— Tais-toi, je la coupe sèchement en sentant mon sang bouillir.
— Parce que tu me donnes des ordres maintenant ? Pauvre crétin.
Elle se lève et fait un pas vers moi.
— Va-t-en sale monstre.
Je ne bouge pas d'un millimètre. Notre discussion n'est pas terminée.
— Ça n'a jamais été quelqu'un d'autre que toi le monstre, Maman. Tu m'as traité comme de la merde pendant des années, tout ça pourquoi ? Parce que je suis comme toi. Tu te bouffais déjà toi-même et quand tu as compris que ton gosse était pareil, tu...
— Tais toi, crie-t-elle.
— Je n'ai pas terminé ! Ne me coupe pas la parole, je hausse le ton.
Je ne veux pas que les choses dérapent, mais je ne lui laisserais pas avoir un rapport de force inégale.
— Je sais que tu te détestes à cause de ton hypersensibilité.
— Tu racontes n'importe quoi, ricane-t-elle sèchement. Tu n'étais juste qu'une pauvre merde, un pleurnichard. Faible. Qui ne me causait que des problèmes. Un bon à rien ! Alors que ton frère, lui...
— Tais-toi !
Cette fois c'est moi qui la coupe en sentant la rage pulser mes veines.
— J'ai sacrifié ma vie pour toi Jason !
Cette fois, c'en est trop. J'éclate d'un rire froid.
— Alors, tu aurais mieux fait de rien faire.
— Tu n'es qu'un petit garçon capricieux. De toute façon, j'ai toujours su que tu finirais comme ça, à cause de ton père... siffle-t-elle.
— Je t'interdis de parler de lui comme ça !
— Il t'as tout pardonné, ta naissance, ton hypersensibilité et maintenant même un meurtre.
— Parce que tu penses que j'ai choisi de naître dans cette famille ? je hurle.
— Ce qui est sûr, c'est que je ne t'ai pas choisi.
Elle se met à faire des allers retours de la fenêtre à son lit, alors que je reste planté sur le pas de la porte.
— Tu sais, tu n'es pas la seule à souffrir de sa mort, je lui dis. C'était mon petit frère...
— Et moi, mon enfant ! Celui que je désirais.
Elle se tourne d'un coup sec vers moi et marche d'un pas ferme dans ma direction.
— Tu n'es plus mon fils. Mon vrai fils, lui, tu l'as tué avec ton sport débile et...
Elle plaque ses deux mains sur mon torse et me pousse en dehors de la chambre, avant de claquer la porte sur moi.
— NE REVIENS JAMAIS JASON ! hurle-t-elle à plein poumons.
—- Va te faire foutre ! je crie de l'autre côté de la cloison en tentant d'ouvrir la porte, mais elle l'a fermé à clef.
J'entends ses pas s'éloigner, alors je me tourne et crie par-dessus mon épaule, rien que pour la briser :
— Lui non plus ne te voulait pas comme mère.
Ma remarque ne met pas longtemps à faire son effet, elle ouvre la porte comme une furie et me rattrape dans le salon.
Je n'ai le temps de rien faire que sa main atterrit dans ma figure et mon sang se glace.
Elle ne m'avait jamais encore frappé, pas comme ça.
Mes pupilles se dilatent, mon ventre se noue. Je ne comprends plus rien à ce qu'il est en train de se passer.
Pourquoi, oh diable, a-t-il fallu que je revienne ici ?
— Je, je, pardon Jason.
Son visage est rongé par le remord. Peu importe, le mal est fait.
Je place ma main entre nous et recule.
— Ne t'approche pas de moi.
Notre père, qui a assisté à toute la scène, fusille ma mère du regard – et encore le mot est faible.
— Suis-moi, Jason.
Je ne me fais pas prier et suis mon père en jetant un dernier coup d'œil à ma génitrice, où toute trace de regret a disparu de son visage pour laisser place à son habituelle colère.
— C'est ça ! Dégagez ! s'énerve-t-elle.
Je ne réagis pas et m'arrête seulement une fois à l'extérieur de la maison. Là, mon père me prend dans ses bras et me serre en me répétant à quel point il est désolé. Je lui dis que ce n'est rien, mais il secoue la tête et continue de m'inonder d'excuses.
— Ce n'est pas de ta faute, Papa, dis-je en appuyant ma main sur son épaule. Ni pour ça, ni pour Sander. Tu n'y es pour rien.
Un sourire se dessine sur son visage, et une larme roule le long de sa joue.
— Tu es loin d'être ce que ta mère dit de toi. Tu as toujours été un garçon généreux, patient, aimant, et attendrissant. Je t'aime Jason. Et même si je ne t'ai pas choisi, si j'avais eu à le faire, c'est vers toi que mon choix se serait tourné.
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Et bonjour, j'espère que vous allez bien !
Je sais que vous voulez la suite et ça tombe bien je la poste juste après ;)
Pour le défi des deux derniers jours, qui vaudra donc 3 points : je vous mets au défi d'écrire un court texte en vous adressant à l'un des personnages, vous pouvez lui dire ce que vous souhaitez et même le repartagez sur les réseaux (j'ai plus de chance de le lire que par mail étant donné que je suis noyée 🥲)
All my love is for you my tulips <3