Amour chronique [J'écoute enc...

By prose_elite

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[Complète] C'est un soir qu'il est parti. Sans un mot. Sans un bruit. Le lendemain de son départ, Hadda trouv... More

[Prologue]
À vos cahiers
Venu marquer mon temps malgré mon teint
Fêtes galantes
Fenêtre sur rue
Nenni ya becha
En chantier
Ensemble au sommet
Destinée
La vie est belle
Ecouter le chant des étoiles
Clair de lune
Bâtiment 3
Dernière danse
Regarde-moi
Je ne reviendrai pas
Chambre 567
Juste un signe
Le début de la fin
Arrêt Triolo
Jamais tranquille
L'heure de l'atay
Jeux d'enfants
Plus jamais remonter
Ghetto love
Premier baiser
Suspendus
Du rêve au cauchemar
Colloque sentimental
Zéro pointé
Dieu aime les endurants
Action sociale
La poudre
Tout ce que je ne te dirai jamais
Meilleur voeux
Nouvelle vie
Bad bitch era
Revenir à Toi
Parler
Le lit 29
Savoir
Lotus et bouche cousue
Prendre l'escalier
Démasqué
Colère
Viser la tête
Briser le silence des pères
Bavure au coeur
Sans toi
Se retrouver
Le socle sur lequel rebâtir mon existence
Un voile de tristesse
Le choix
Mes premières fois
Aller de l'avant
La guerre
Le grand oral
Jour de fête
Amour Chronique

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By prose_elite

La première fois que j'suis sorti de chez moi, depuis ce fameux jour, c'est pour retourner au commissariat. Cette fois-ci, ils voulaient m'interroger mais « dans les règles », alors j'y suis allé. J'ai tout raconté, cette fois-ci sans rien omettre. J'ai même raconté la fois où TJ m'a défoncé dans la cave. Apparemment, je devrais être protégé. Il y a eu détournement de mineur. Monsieur Ndiaye a promis de tout faire pour que mon dossier soit allégé, pour qu'on ne me poursuive pas. Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, que si l'on décidait de me faire un procès, qu'il connaît un bon avocat pour défendre les mineurs dans ce genre de situation. Je l'aime bien, Monsieur Ndiaye. J'aurais bien aimé avoir un père comme lui. C'est ça que ça fait, de se sentir en sécurité.

En attendant, j'ai khouf pour ma demande d'émancipation. Après le commissariat, je suis parti direct au tribunal. Je voulais savoir comment ça allait se passer. J'suis arrivé, j'ai fait un speech de mec deter à la juge. Elle n'a pas voulu discuter avec moi, elle m'a dit que mon dossier sera traité comme pour tout le monde, et que je recevrai bientôt un courrier. Moi, ça m'inquiète parce que je n'ai toujours rien reçu et apparemment, ils ne mettent jamais autant de temps à répondre. Pour une fois que quelque chose faisait vraiment avancer ma vie... J'ai appelé Monsieur Ndiaye pour lui raconter et il m'a dit que, pour l'instant, valait mieux attendre la fin de l'enquête. Ça serait plus risqué pour moi d'avoir un statut de majeur plutôt que de mineur. Il a raison. Faut pas que je force.

Mon téléphone fait vibrer le tissu de ma poche. C'est Camille qui m'appelle. J'ai pas trop envie de répondre mais meskina, je lui donne plus trop de nouvelles en ce moment. J'lui ai dit que j'étais malade et que j'pourrai pas venir au lycée cette semaine. J'ai pas envie de lui raconter toute l'histoire, elle va me faire chier avec ça et j'ai pas envie qu'elle s'en mêle. Par respect, je lui réponds quand même.

- Allô ma biche

- Coucou, ça va ?

- Un peu mieux et toi ?

- Ça va. Pourquoi on dirait que t'es dehors ? J'entends des voitures. Tu devais pas rester chez toi ?

- Si mais j'avais un rendez-vous chez le médecin.

- Ah d'accord... Tu me manques. Tu penses qu'on peut se voir aujourd'hui ? J'ai fini les cours là.

- Hmm, j'sais pas trop... J'me sens pas trop de sortir en vrai.

- Bah viens chez moi, mes parents ne sont pas là, on sera tranquilles.

- Vas-y, si tu veux. T'es déjà chez toi là ?

- Bientôt, j'y arrive.

- Vas-y bah je me mets en route.

*

Ça se passe toujours de la même manière quand on se capte. On taille chez elle, on parle un peu, puis on fait notre affaire. À part des échanges charnels, j'ai l'impression qu'on ne partage pas grand-chose ensemble. Au moins, c'est pas prise de tête. Mais parfois c'est trop. J'ai pas envie. Mais elle veut toujours. Alors bon. Ça arrive qu'elle se lance sans trop me consulter. Mais je laisse faire, parce que bon.

Allongée à moitié sur moi, Camille caresse mes bleus. Les yeux fermés, je fais mine de ne pas comprendre les interrogations que je lis sur les plis de son visage et me laisse bercer par ses doigts délicats.

- Hedi ?

- Hmm, je lui murmure à moitié endormi.

- Il t'est arrivé quoi ?

- Rien, j'me suis embrouille avec un pote et ça a dérapé.

- Tu sais, tu peux me parler si t'as des problèmes.

- T'inquiète, y'a R.

Dubitative, Camille continue de panser mes blessures avant de poser sa tête dans le creux de ma nuque pour m'enlacer. Plus on passe de temps ensemble, plus je lui découvre une douceur insoupçonnée jusque-là. Finalement, même si j'ai encore Hadda en tête, j'suis content d'être avec Camille. J'ai l'impression qu'on a encore plein de trucs à découvrir ensemble. J'avais besoin de ça, une petite histoire tranquille avec une meuf qui tient à moi. Rien de plus. J'préfère préserver cette petite bulle et ne pas lui parler des sujets sensibles, encore moins de Hadda. Elle n'a pas non plus envie d'en parler, je crois. Elles sont copines depuis un bail et Camille devait bien se rendre compte qu'il se passait quelque chose entre Hadda et moi. Et pourtant... Moi aussi, de toute façon, je savais qu'elles étaient copines. J'peux pas faire la victime.

Alors que Camille s'endort, je scrolle les photos de la galerie de mon téléphone. Je retombe sur les photos avec Hadda. Les supprimer ou pas ? J'suis pas encore prêt pour ça. Je pose mes yeux sur le visage endormi de Camille. Je décide de ne pas les supprimer et de les masquer dans un album secret. Heureusement que ça existe ce truc. Hadda, ça restera mon secret. À tout jamais. Je pense que, elle comme moi, on a compris qu'il fallait tourner la page. Fermer le livre et ne plus jamais l'ouvrir, mais le ranger précieusement dans un coin au cas où, un jour, on voudrait s'en souvenir.

Même quand je suis sincère chaque fois tu t'méfies

Et quand je suis moi tu me fuis, bon

Bon c'est vrai qu'c'est récurrent mais me met pas sous pression

Fuyons cette atmosphère écœurante l'amour n'est pas une prison

En t'attendant j'observe les liens que les passants nouent

Il fut un temps où la beauté du ciel venait pas sans nous

Les autres femmes manquent de sel je ne croque pas un bout de ces repas sans goût

À l'esprit j'ai des images de tes cheveux qui repassent en boucle

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