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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑
𝑐ℎ𝑎𝑖𝑠𝑒 𝑣𝑖𝑑𝑒
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"WHO ARE YOU REALLY?
AND WHERE ARE YOU GOING?
I HAVE NOTHING LEFT TO PROVE
CAUSE I HAVE NOTHING LEFT TO LOSE
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𝕴𝖑 𝖞 𝖆𝖛𝖆𝖎𝖙 quelque chose de tristement amusant dans la façon dont Phineas Black animait ses discours. Peut-être que cela résidait dans son incapacité absolue à éprouver la moindre once d'empathie, en particulier face à ses élèves. Toujours était-il que chacune de ses prises de paroles donnaient l'impression qu'il brassait de l'air dans un enchaînement de minutes interminables. On criait d'ailleurs au miracle lorsque le Professeur Weasley ne se trouvait pas dans l'obligation de prendre le relais pour combler le vide. Même les élèves de Serpentard auraient eut du mal à lui trouver une quelconque qualité, c'était dire.
Ominis Gaunt ne faisait pas exception à la règle. S'il pouvait y avoir une famille qu'il haïssait encore plus que la sienne, ce serait certainement celle des Black avec laquelle les Gaunt entretenaient évidemment des rapports très étroits. Aucun mot n'aurait été en mesure de retranscrire le dédain profond que le discours de rentrée du directeur lui inspirait, rythmé de ses « hum » et de ses « eh » intempestifs.
— Si à titre personnel, il me semblait parfaitement superflu de revenir sur les événements survenus l'année dernière, le Professeur Weasley a souhaité que quelques mots à ce sujet soient prononcés, alors...
Pour ne rien arranger, le directeur soupira nonchalamment avant de reprendre. L'ironie de la chose était que de part son milieu, il ne pouvait être que de nature à se soucier un tant soit peu de son image. En dépit de ça, cela ne semblait pas le déranger de passer publiquement pour un être humain de la pire espèce. Certainement que les conceptions d'une image propre devaient varier selon les personnes ; la sienne était simplement plus que douteuse. Cet homme ne brillait pas par sa bonté d'esprit, ni même par grand chose. De son côté, Ominis aurait préféré qu'il en vienne aux faits, afin que ce banquet puisse enfin prendre fin et qu'ils puissent tous rejoindre leur salle commune.
— Alors tâchons d'honorer la mémoire d'Eleazar Fig, votre ancien professeur de théorie magique, articula-t-il sans conviction, comme s'il récitait une phrase apprise par cœur.
Comme pour joindre le geste à la parole, il leva sa coupe et fut suivit par les autres professeurs et des centaines d'élèves. Personne ne releva à quel point son intention puait l'hypocrisie. De toute façon, ce n'était pas non plus comme s'il avait tenté de le cacher d'une quelconque manière.
Les quelques hommages au goût de réchauffés et complètement dénués de sincérité prirent fin, et le discours bifurqua vers des sujets que l'héritier de Serpentard n'avait pas été impatient d'entendre. Pendant tout l'été, il était parvenu à faire abstraction de ce que tous les autres élèves s'apprêtaient à apprendre. Sûrement que ces mêmes élèves ne prêteront pas plus d'attention à la révélation, plus que banale dans la vie de tout étudiant. Or, pour Ominis, le changement était de taille, et entendre le directeur l'officialiser risquait d'y ajouter un peu trop de réalité.
— Comme vous le remarquerez, la place de votre regretté professeur n'aura pas à rester vacante plus longtemps puisqu'en effet, j'ai l'honneur de vous présenter votre tout nouveau professeur de théorie magique. Un très vieil ami à moi... y alla-t-il de son petit commentaire.
Sebastian ne faisait que mine d'écouter, n'assimilant à peu près qu'un mot sur deux. En vérité, depuis que la cérémonie de répartition avait pris fin, il n'avait fait que scruter la table des Serpentards de long en large. Hélas en vain, la tresse blonde de son ancienne coéquipière n'était pas dans le lot. S'il y avait bien une chaise de vide ce soir-là, c'était la sienne.
— Applaudissez bien fort Elvis Gaunt ! s'écria-t-il en cédant la place à son « très vieil ami ». »
Sebastian faillit s'étouffer avec son jus de citrouille. Ces mots-là, il les avait bien assimilés.
— Qu'est-ce que ton père vient faire ici ? demanda-t-il à Ominis après s'être remis de sa quinte de toux.
— Tu n'as pas entendu ? C'est notre nouveau Professeur de théorie magique ! répondit ce dernier en feignant l'enthousiasme au milieu des applaudissements des autres élèves.
— Tu le sais depuis longtemps ? Et ça ne t'aurais pas effleurer l'esprit de me le dire dès que tu l'as appris ?
— Si, mais voir ta réaction sur le vif était plus drôle.
Le brun grimaça. Dire qu'il connaissait bien Elvis Gaunt aurait été mentir, mais le portrait qu'en avait toujours dressé Ominis s'était avéré suffisant. Fidèle à la réputation de sa famille, c'était un homme intransigeant qui ne dérogeait pas à l'idéologie des sang-purs qui caractérisait son nom. Sebastian n'était d'ailleurs pas certain que réunir un Black et un Gaunt sur le devant de la scène de Poudlard ait été très judicieux de la part du Ministère.
— Même à Poudlard, il ne va pas te lâcher celui-là.
— Tu ne crois pas si bien dire, acquiesça son interlocuteur avec amertume.
Il y avait deux types de personnes dans ce monde : celles qui considéraient leur figure paternelle comme un héros, et puis les autres. Ominis appartenait à la mauvaise catégorie. Celle qui aurait préféré un père mort au leur.
— Vous voulez bien vous taire ? pesta Imelda Reyes. Il commence enfin à dire des choses intéressantes.
Sebastian autant qu'Ominis auraient été bien étonné que Black puisse dire quoi que ce soit de pertinent, mais ils prirent toutefois le risque d'écouter.
— Avant de vous laisser vaquer à vos petits commérages d'adolescents dénués d'intérêts, je dois également vous faire part de la décision qui a été prise concernant... hum... le Quidditch.
L'enthousiasme dont il avait fait preuve en présentant Elvis Gaunt s'était manifestement évanoui. Pour une raison incompréhensible, le Quidditch avait été son combat de toute une année. Après tout, pourquoi gaspiller ses forces contre une révolte de gobelins ou une expansion du braconnage lorsque les cognards existaient.
— Le Département des jeux et sports magique du Ministère a, à la suite de quelques requêtes, décidé de revenir sur la suspension du Tournoi de Quidditch.
Un regard sur le Professeure Kogawa aurait prêté à rire tant ses efforts pour tenir en place crevaient les yeux. Mais ça n'aurait jamais été aussi risible que voir Professeur Black arborer sa mou d'enfant contrarié.
— Il faudra vous entretenir auprès du Professeure Kogawa pour tout ce qui aurait attrait à la constitution des équipes. Un seul problème et je peux vous assurer que...
— Phineas, je pense que ça ira comme ça... tempéra le Professeure Weasley.
— Par Merlin, je crois que je vais m'évanouir ! trésaillit Imelda après que Black soit retourné à sa place. Je serai la capitaine de l'équipe, c'est évident... poursuivit-elle à l'adresse de qui voulait bien l'entendre. Et toi, Sebastian, il faut absolument que tu sois poursuiveur !
Ce dernier ne s'attendant pas à être mentionné dans la conversation, ce fut cette fois-ci un morceau de dinde qui passa de travers.
— Bon sang, vous allez finir par me tuer... siffla-t-il avant de se servir à boire et ainsi éviter l'étouffement.
— Allez ! T'étais le deuxième meilleur poursuiveur en Quatrième année, on a besoin de toi ! insista-t-elle en le secouant par l'épaule comme si cela allait lui remettre quelques idées en place.
Par ailleurs, personne ne releva le fait qu'elle s'était implicitement attribuée la place de meilleure poursuiveuse de Serpentard, si ce n'était même de l'école. On pouvait dire beaucoup de choses d'Imelda, mais ce n'était en tout cas pas la modestie qui l'étouffait.
— Impressionnant, ta capacité à complimenter quelqu'un tout en t'envoyant des fleurs, railla Ominis.
— Très marrant, ça. Tu m'en voudras pas de ne pas te proposer une place, j'aurai peur que les cognards te tombent dessus avant que tu n'ais pu mettre la main sur le Vif d'or. Quoique encore, avec Papa dans les parages, ça ne serait pas très difficile pour toi d'accéder à l'équipe.
— C'est pour le privilège de ne pas avoir à m'infliger la vision des gens comme toi que je bénis le ciel tous les jours de m'avoir fait naître aveugle.
A court de répartie, Imelda roula des yeux et redonna son attention à Sebastian.
— Et ta copine de l'année dernière ! Jade... ou Jane, peu importe. Même si ça me fait mal de l'admettre, elle ferai une superbe attrapeuse ! s'extasia-t-elle. Où est-ce qu'elle est, d'ailleurs ?
Alors qu'elle scrutait avidement les alentours, Sebastian la stoppa net dans son élan.
— J'ai pas le temps de faire partie de ta petite équipe, Imelda, l'interrompit-il en retirant accessoirement sa main de son épaule. Et je ne crois pas me tromper en affirmant que Jane, avec un « n », n'en n'aura pas plus.
— Quoi ? Non, Seb, tu peux pas dire ça ! Si on veut gagner cette année, il faut que tu joues ! intervint un autre élève.
A son plus grand désespoir, cela sembla en motiver d'autres à le supplier d'accepter, pendant qu'Ominis semblait bien s'amuser de la situation.
Il avait beau aimer le Quidditch, il ne s'imaginait pas deux minutes à éviter les cognards alors qu'Anne évitait la mort. Elle était et serait jusqu'alors sa seule et unique priorité, il n'avait certainement pas le temps de s'éparpiller. Et Jane, elle, et bien elle n'était de toute façon toujours pas là. Le banquet touchait à sa fin, et avec lui disparaissait tout espoir de la voir débarquer subitement.
Finalement, quoi que lui préparait cette nouvelle année, il avait le sentiment qu'il n'allait pas avoir le temps de s'ennuyer.