Un Point Commun

By EliseDeschamps

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En 2077, dans un monde technologiquement avancé, Lisa, Jules et Zoé commencent leur journée sans se connaître... More

Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29

Chapitre 1

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By EliseDeschamps

LISA

Le 20 Janvier 2077

« Bonjour Lisa, le retard affiché par rapport à ton programme est de 10 minutes. Ta douche est prête, elle n'attend plus que toi. »

« Oh non, encore cinq petites minutes je t'en supplie, je suis trop fatiguée ! » Je grogne, comme chaque matin. Je suis encore dans mon lit douillet et je n'arrive pas à en sortir. Je me dis qu'il serait peut-être mieux de renoncer à ma carrière, cela me permettrait de rester au lit tous les matins, de regarder la vie passer, comme ça, tranquillement... Et puis finalement je me demande pourquoi avoir choisi ce métier, je pense également à tous mes clients fidèles et j'arrive finalement à rejoindre la salle de bain.

Elle sait quand je me lève de mauvais poil, elle me félicite alors de ne pas perdre plus de temps sur mon programme et pour me motiver, elle m'indique que ma chanson préférée est programmée pour se mettre en route lors de mon entrée dans la douche. « Merci beaucoup pour la douche chaude ! »

J'ai l'impression que le passage du lit à la salle de bain fut une véritable épreuve. Une fois à l'intérieur, je savoure ce bon moment, l'eau coule doucement sur ma peau, la chaleur me rappelle celle de ma chaude couette. Comme promis, ma chanson préférée est diffusée dans les enceintes de la douche, de quoi me redonner un peu le sourire. Je ne veux plus en sortir à présent. Entre deux chantonnements, je lui demande la température extérieure ainsi que le temps actuel. Elle me répond succinctement « -3 degrés. Il neige. » Je me surprends à râler de nouveau. De la neige... formidable ! Je n'ai plus une minute à perdre, je sors de la douche rapidement et passe ensuite entre les parois séchantes. Je n'arrive pas à croire que tout le monde utilisait une serviette réutilisable le lendemain pour se sécher auparavant ! Un passage entre les parois séchantes et en quelques secondes toutes les parties du corps sont sèches. Plutôt pratique quand on est en retard.

Une fois prête, mes Moon boots en cuir aux pieds et ma grosse doudoune sur le dos, mon café avalé, je réfléchis et je me dis que je gagnerais du temps si je prenais ma voiture. Je demande à l'IA d'activer mon alarme avant de sortir de mon appartement et descendre à toute vitesse les escaliers de mon immeuble qui me semblent interminables. Ça glisse, j'essaie de ne pas tomber, il ne manquerait plus que je me casse une jambe ! Pourquoi avoir acheté un appartement au 5ème étage ? Je me pose la question chaque matin ! Je me mets à courir pour essayer de gagner quelques minutes et j'entends « Et bin alors Mam'zelle, on est encore à la bourre ce matin ? ». Oh, il m'agace celui-là ! « Oui Jean, toujours en retard ! Bonne journée ! » je lui crie ceci en continuant de courir comme je peux vers ma voiture garée sur le parking. Jean est un voisin qui ne trouve pas d'autre occupations que de passer la journée sur son balcon au 3ème étage à regarder les personnes de l'immeuble faire leurs vies. Je ne le comprends pas, surtout qu'il neige et qu'il fait un froid de canard ! Pourquoi il ne profite pas de sa retraite pour rester au lit ? Il pourrait pourtant le faire sans culpabiliser. J'arrive enfin sur le parking où je retrouve ma voiture. Je suis déjà épuisée c'est incroyable. J'appuie sur le bouton « Start », elle ne démarre pas. « Oh non tu ne vas pas me faire ça aujourd'hui, je t'en supplie ! ». Je tente une deuxième fois, même chanson, elle ne veut pas démarrer. Après plusieurs tentatives, je ne me fais plus d'illusions : je dois me résigner à prendre le bus et perdre davantage de temps. Oh non pitié, ne me fait pas ça, surtout pas à cette heure-là ! C'est le pire horaire pour prendre ce bus, tous les adolescents se rendent au collège et crient dans tous les sens, pendant que j'essaie tant bien que mal d'émerger. C'est d'ailleurs dans ces moments-là que je me dis que mon adolescence est loin derrière moi... Je suis agacée et préoccupée par cette Tesla de 2040, ma belle voiture de collection, qui ne veut plus démarrer. Elle n'est pas toute jeune mais ce n'est pas le jour, j'ai de nombreux clients aujourd'hui ! L'arrêt de bus n'est pas à côté, me voilà obligée de marcher quelques mètres et supporter ces enfantillages insupportables. De toute manière, je n'ai pas d'autre choix, je suis déjà en retard. Je marche le plus vite possible pour ne pas le louper mais malgré tout j'ai très froid. J'ai quand même pensé à prendre mes belles moufles que mémé a cousu uniquement pour moi quelques temps avant de mourir. Mais malheureusement j'ai encore oublié mon bonnet, ce qui permet au froid d'attaquer mes oreilles. Décidément, pourvu que les clients ne soient pas trop pénibles et que les choses se déroulent correctement ! J'arrive enfin à l'arrêt de bus, transpirante et essoufflée. Les efforts de bon matin ne me réussissent pas... Le bus n'est pas encore là.

La bande de gamins habituelle rigole de trucs débiles et ça me donne mal à la tête. J'actionne mes oreillettes intégrées pour ne plus les entendre crier mais surtout pour écouter le nouveau son de mon groupe préféré, Link. J'aime beaucoup écouter de la musique classique, ça me permet de me détendre les matins comme aujourd'hui. Quand je regarde ma montre je me rends compte que je suis encore plus en retard que prévu. Plus vingt-cinq minutes sur le programme. J'espère que les clients n'attendront pas trop longtemps. J'espère aussi que le bus ne va pas tarder, nous ressemblons tous à des glaçons ambulants ! Tous plus violets les uns que les autres. Ça me fait rire.

Après l'annonce de l'arrivée du bus par un signal lumineux, je le regarde avancer vers nous. C'est impressionnant de constater les progrès technologiques qu'il y a eu depuis ces dernières années. Ce bus est tellement stylé. Il ne fait aucun bruit et fonctionne entièrement grâce à l'eau. Ces traits et détails sont précis, son ergonomie représente bien ces progrès. Je n'arrive pas à croire que les bus roulaient sur les mêmes routes que les voitures. C'est tout de même bien plus pratique pour eux de circuler sur des voies entièrement dédiées, cela leur permet de garder une vitesse optimale tout le long du trajet et ainsi éviter les bouchons. Il n'y a plus de chauffeurs, tout est contrôlé et automatisé par d'énormes tours de contrôles ce qui limite les accidents avec les autres bus.

Le bus arrive à ma hauteur, les portes s'ouvrent devant moi et je repère directement ma place habituelle libre. Je me dépêche car je sais qu'elle est convoitée, à l'écart des mômes et à côté de la barrière anti-bruit. Une invention qui me sauve les débuts de journée comme aujourd'hui. Une fois assise je prends le temps de fermer les yeux quelques minutes puis je rêvasse en regardant à travers la vitre. C'est à ce moment que je m'aperçois qu'un homme, la quarantaine, très classe en costard-cravate me fixe avec insistance. Je sens son regard sur moi et cela me dérange. Je le regarde fixement à mon tour avant de lui balancer un « t'as un problème ? ». Oups, c'est sorti tout seul. J'avais prévenu, ce n'est pas mon jour ! Heureusement, la barrière anti-bruit m'a sauvée, il n'a pas entendu.

Il a tout de même détourné le regard et baissé les yeux avant de s'asseoir derrière moi. Il a sûrement dû lire sur mes lèvres... je m'en veux quand même un peu mais tant pis. C'est étrange j'ai l'impression qu'il y a une tension électrique entre lui et moi. Il a l'air d'être aussi perturbé que moi. Je suis vraiment fatiguée, mon café n'a pas encore fait son effet. Je ne comprends pas, j'ai fait l'effort de me coucher tôt hier soir ! Je pense avoir un souci avec le sommeil, je pourrai dormir toute une journée entière que ça n'y changerait rien. Un deuxième café au salon ne sera pas de refus ! De toute manière je pense que je ne pourrai pas faire autrement pour tenir la journée. Cet homme m'intrigue, peut-être a-t-il apprécié mes longs cheveux roux ? Non, c'est impossible Lisa, tu n'as même pas eu le temps de te les brosser ce matin, tu t'es bien regardée ?! Je cesse de me poser des questions quand je me rends compte qu'il est passé à autre chose, il est au téléphone. Je regarde où nous sommes et je m'aperçois que je m'arrête à l'arrêt suivant, j'ai failli le louper encore une fois, ça aurait été la goutte de trop.

Quelques instants plus tard, me voilà sortie du bus, il était temps ! J'aperçois déjà les clients qui m'attendent de l'autre côté de la rue. Je ne vois pas Magali qui doit être en retard elle aussi. Je me dépêche de traverser la rue et une fois arrivée devant le shop je salue les clients. Ils savent pourtant que prendre un rendez-vous avec moi si tôt le matin est risqué (mon retard et ma fatigue matinale n'enlève pas mon talent de tatoueuse pour autant). Je suis tout de même soulagée car ils ne sont que trois : un couple et une jeune femme. Le jeune couple avait pris rendez-vous la semaine dernière pour se faire tatouer chacun le même sigle : celui de l'infini. Il faut rudement s'aimer pour oser se faire tatouer quelque chose qui vous rappellera la personne tout au long de votre vie. Alors que je suis en train d'ouvrir les portes du salon, j'ai le droit à une petite remarque sympathique de la cliente suite à mon retard. Je ne lui en veux pas, elle réservera un créneau plus tard la prochaine fois qu'elle souhaitera se faire tatouer de nouveau. Je me suis fait une sacrée réputation depuis que je suis installée ici avec Magali, tout le monde sait que je suis la meilleure mais que je suis toujours en retard, c'est comme ça. A chaque fois que je rentre dans le shop, tous les jours, même si le début de journée est souvent compliqué, je retrouve le sourire. Je suis si fière d'y être arrivée, seule au début, après quelques années de galère. Il est tellement beau, si bien décoré et si bien aménagé. J'ai adoré partir de rien pour créer cet endroit désormais incontournable. J'ai racheté ce local qui n'était qu'une ruine et j'ai réussi à en faire quelque chose de vraiment sympa. J'ai créé quatre espaces bien distincts. Tout d'abord un grand espace d'accueil et de bien-être avec en exposition les piercings, certains de nos dessins puis un espace dédié à la détente avec des petits canapés confortables avec masseurs connectés intégrés. Une grande fontaine se situe juste à côté de cette espace et bien sûr, j'ai mis de jolies plantes et de jolies orchidées un peu partout parce que j'adore ça. Juste après cet espace d'accueil nous avons deux salles bien distinctes pour tatouer d'un côté et percer de l'autre. La dernière salle est bien-sûr notre petit espace privatif, notre salle de pause qui nous fait le plus grand bien entre deux prestations.

J'installe mes amoureux dans la salle de tatouage puis je demande à la jeune femme qui patiente si je peux la renseigner. Elle me dit qu'elle aimerait se faire percer le nombril, je lui indique alors que ma collègue qui s'en occupe ne devrait pas tarder à arriver. Magali est très douée pour percer, elle tatoue un peu aussi des petites pièces mais je m'occupe de la plupart des tatouages.

J'appelle Magali pour l'informer qu'une cliente l'attend déjà et elle me répond qu'elle arrive très rapidement. Je propose alors un café à la cliente qu'elle accepte avec plaisir. Je vois qu'elle est confortablement installée pour patienter alors je pars retrouver mes clients.

Je commence par tatouer la jeune femme qui apparemment ne prend pas trop de plaisir à se faire piquer par une dizaine d'aiguilles. C'est un petit tatouage alors je passe rapidement à son conjoint. Ils me racontent tous les deux qu'ils vont se marier prochainement car ils ont eu une petite fille un an auparavant. Je comprends mieux la signification du prénom « Louise » inscrit dans le signe de l'infini. Chaque tatouage que j'effectue est un véritable moment de partage. Toutes les personnes qui passent sur ma « table d'opération » se dévoilent et je trouve ça fabuleux. Je crois que c'est pour ça que j'ai choisi ce métier, en plus du fait que le dessin soit une véritable passion depuis toujours. En moins d'une heure, je connais les passages clés de leurs vies, criblés d'anecdotes plus drôles les unes que les autres. J'apprends même que leur chien Bobby est handicapé d'un œil... On en sait un peu plus chaque jour, c'est fascinant. Une fois les deux tatouages terminés et le couple heureux d'avoir partagé ce moment ensemble, je retrouve Magali qui a percé deux personnes depuis son arrivée. Je m'occupe ensuite d'un client habituel qui vient au salon pour faire son trente-deuxième tatouage, Francky. Avec le temps nous sommes devenus de bons amis. Francky me raconte qu'il a rencontré une fille l'autre soir, plutôt charmante mais étrange. Elle n'a pas voulu dévoiler son identité et de ce fait il n'a aucun moyen de la recontacter... J'adore écouter ses histoires, il est tellement drôle. Trois heures plus tard, je suis contente de savoir qu'il passe à la maison dans la semaine boire une bière. Je l'encaisse et il s'en va. Il me remonte toujours le moral, il doit vraiment avoir un don.

C'est grâce à Francky et tous les autres que je fais ce métier, ils me rappellent à quel point la vie est belle et à quel point je suis bête de râler en me levant chaque matin. J'ai beaucoup de chance de pouvoir faire le métier qui me correspond et c'est en discutant avec les clients que je m'en rends vraiment compte. Par exemple, Francky, il est boucher dans un centre commercial. Alors que petit, il voulait être peintre. Comme quoi, c'est parfois surprenant le tournant que prends nos vies. En même temps quand je regarde ses peintures je me dis qu'il a vraiment bien fait de faire autre chose.

La matinée passe à une vitesse folle et à midi, je me rends à la boulangerie juste en face du salon puis je me pointe devant la machine pour commander mon sandwich. Un « bip » m'indique que ma puce a été activée. Pas encore à découvert Lisa, pour un 20 Janvier je trouve que ce n'est vraiment pas mal. Il faut dire que le salon marche plutôt bien en ce moment. Je choisis du coup mon pain, toujours le même pain aux sésames, je choisis également d'y ajouter du beurre, du saucisson et des cornichons bien-sûr. Au bout de quelques secondes, mon sandwich est prêt, il tombe dans le bac prévu à cet effet en dessous de la machine. Je me dépêche de le récupérer puis je file rapidement au salon rejoindre Magali.

On s'installe dans notre petite salle de repos à l'arrière du salon puis on discute de choses et d'autres. Elle me raconte quelques anecdotes rigolotes sur son frère, on rigole bien, c'est agréable. Elle m'explique qu'il était toujours le premier à faire des bêtises et dans mes souvenirs c'était bel et bien le cas. Magali est un peu plus jeune que nous, son frère et moi avons le même âge. Nous étions tous les trois dans la même école et nous passions beaucoup de temps ensemble. Je suis vraiment contente d'avoir pu garder ces amitiés fortes malgré les déménagements que j'ai pu faire, je suis finalement revenue dans la ville où j'ai grandi et j'ai pu retisser des liens forts avec mes amis perdus de vue entre temps, comme Nicolas et Magali.

Une petite demi-heure de discussions et rigolades plus tard, il est temps de nous remettre au travail, j'entends mon premier client de l'après-midi arriver : c'est parti pour un après-midi bien chargé comme chaque jour en ce moment, où nous enchaînons clients après clients... Des tatouages en tous genre, des grands et des moins grands. Des rencontres formidables, des histoires de vies peu communes... C'est vraiment enrichissant de rencontrer un tas de personnes différentes, venant de milieux différents, toujours sympas et bienveillants. Bon, il nous arrive de tomber sur des cinglés mais ceux-là ne restent pas longtemps et savent qu'ils ne doivent pas revenir. J'ai réussi à faire ma place dans ce milieu et tout le monde sait qu'il ne faut pas trop me chercher.

La fin de journée se fait sentir, il est tard et je suis épuisée. Magali est partie un peu plus tôt, le tatouage de mon dernier client m'a donné du fil à retorde et j'y ai passé plus de temps que prévu. Lorsque je ferme le salon j'aperçois au loin le bus s'approcher de mon arrêt. Je me dépêche et me met à courir afin de ne pas le rater. Il est déjà tard et je n'ai pas envie d'attendre dans ce froid glacial. Je manque de tomber plusieurs fois sur la neige, je dérape puis me rattrape à tous les poteaux sur la route. De justesse j'arrive à temps ! Une fois montée à l'intérieur, l'odeur de transpiration me parcours et me donne la nausée. La différence de température est impressionnante. Les vitres sont remplies de buée. Je n'en ai que pour vingt petites minutes, je vais devoir tenir le coup. Je balaye du regard l'intérieur du bus et je remarque rapidement qu'il n'y a plus de places assises, dommage pour moi. J'espère que dans quelques arrêts une place se libérera car je n'aime vraiment pas rester debout dans les transports, j'ai rapidement le mal de mer. J'espère vraiment pouvoir utiliser ma voiture demain. Une fois mon pouls redescendu à sa cadence habituelle, je ne peux m'empêcher de regarder autour de moi. Je ne détecte aucun costard cravate à l'horizon. Peut-être était-ce un psychopathe... Une vieille dame se lève pour descendre, je l'aide à franchir la marche et j'en profite pour prendre sa place. Elle me dit un petit « oh merci ma demoiselle, vous êtes mignonne ! » je la remercie d'un sourire et d'un hochement de la tête.

La tête collée contre la vitre, je pense à un tas de choses. Je me dis que je suis bien dans cette ville, j'ai bien fais de revenir vivre ici. Je me sens vraiment chez moi et après beaucoup de déménagements je peux enfin dire que je me sens finalement de nouveau à ma place. J'ai hâte de rentrer et de me prendre un bon verre de vin dans mon bain. Après avoir passé cette épreuve du bus, je dois encore rejoindre mon cher et tendre petit chez moi. Après plusieurs longues minutes de marches – oui, on peut le dire – J'arrive enfin sur le parking de la résidence privée où je tente de démarrer à nouveau ma voiture qui comme par miracle démarre. Ouf, je suis soulagée. Je vais la rentrer dans le garage pour cette nuit, elle ne doit pas apprécier le froid glacial du moment... Ni la neige... Elle a tout de même bientôt la quarantaine ! Je suis ravie de voir que Jean n'est pas à son balcon, cela m'évite de lui tenir la conversation, je n'ai vraiment qu'une envie : rentrer au plus vite.

En rentrant dans mon petit appartement, Momo me fait la fête. Je suis heureuse de retrouver ma boule de poils préférée, même quand je vois qu'il a encore massacré le rouleau de papier toilettes et qu'il en a mis partout. C'est un chat pas comme les autres... il a quelques problèmes psychologiques je pense mais c'est pour ça que je l'aime... Nous nous sommes bien trouvés tous les deux.

Je demande à l'IA de me mettre un programme détente sur mon grand écran dans le salon, j'ai vraiment besoin de me reposer après cette journée de dingue. Elle me choisit un reportage sur les baleines, c'est parfait. Elle ne se trompe jamais ! A quoi cela servirait-il d'avoir un homme à la maison alors que ma maison dispose d'une intelligence artificielle qui répond entièrement à mes besoins ? Même pas besoin de faire à manger, je mets tous les ingrédients dans le robot et hop, c'est cuit ! Je ne sais pas comment mémé faisait à l'époque... Mais aujourd'hui tout est relativement plus simple !

Je suis tranquillement absorbée par ce reportage, caressant Momo sur mes genoux quand ma puce sonne en m'annonçant « maman ». Je décroche alors.

« - Allo ma chérie ? C'est maman !

- Bonjour maman, comment tu vas ?

- Tu as oublié l'anniversaire de ton frère une fois de plus Lisa !

- Oh... Oui, non, mais j'allais l'appeler dans quelques minutes car je viens de rentrer du travail et...

- Tu pourrais indiquer à ton IA de te le rappeler quand même... Elle sert également à ça !

- Ne t'inquiète pas, je vais lui envoyer un gâteau d'anniversaire après avoir raccroché, il sera ravi ! J'essaierai de passer vous voir en fin de semaine...

- Bon, d'accord. On espère te voir dans quelques jours alors. Et n'oublie pas ton frère !

- Bonne soirée maman ! »

On a toujours des conversations téléphoniques très rythmées, mais je l'adore. Elle m'a annoncé à l'âge de 6 ans qu'elle n'était pas ma maman biologique, qu'elle m'avait adoptée. J'ai eu du mal à l'accepter mais aujourd'hui je la considère vraiment comme ma mère. Mes vrais parents biologiques sont morts peu de temps après ma naissance dans un accident d'hélicoptère. C'est tragique mais je suis heureuse d'avoir été recueillie par des personnes formidables qui m'ont toujours soutenue dans mes projets. Je suis partie de chez moi très rapidement pour faire mes études d'art. Puis je suis ensuite revenue pour exercer ma profession et enfin ouvrir le salon que je tiens aujourd'hui. J'ai toujours été très indépendante malgré le fait que je tiens beaucoup à eux et que je ne les remercierai jamais assez pour ce qu'ils ont fait pour moi.

Je demande à l'IA d'envoyer un gâteau d'anniversaire à mon frère, elle s'exécute. J'espère qu'il le recevra dans la soirée... Ce n'est pas mon « vrai » frère mais c'est tout comme. On a toujours vécu tous les deux. J'aurais pu faire l'effort de lui apporter moi-même mais il est déjà tard et je n'ai toujours pas pris mon bain.

« - IA ? Peux-tu me servir un verre de Chardonnay dans la salle de bain et me faire couler un bain bien chaud ? »

Une fois que tout est prêt, je peux enfin savourer ce délicieux moment de bonheur. Quelle joie de se glisser dans un bain après avoir passé une journée comme celle-ci... Je prends quelques minutes pour faire quelques exercices de respiration quand Momo m'interrompe. Il me fait vraiment trop rire, il essaie de me rejoindre dans la baignoire tant bien que mal, il met ses deux pattes avant sur le rebord mais glisse à chaque fois qu'il veut sauter. Je me dis que le meilleur moyen de le dissuader de se glisser dans mon bain est de lui mettre de la mousse sur le museau. En effet, j'ai choisi la bonne méthode, il enlève ses petites pattes et s'assoit comme un roi sur le tapis de la salle de bain à côté de la baignoire. Il me tient alors compagnie et on discute en chat pendant un moment. Je ne saurais pas l'expliquer mais nous sommes vraiment fusionnels lui et moi. C'est vrai que je ne peux pas vraiment avoir de discussion avec l'IA, alors je me contente de Momo, être vivant charmant et fort agréable.

Après avoir mangé et regardé deux trois bêtises à la télévision, je vais me coucher. Il est tard, et comme d'habitude, je serai en retard demain matin. 

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