Après la soirée à l'appartement, Kal se sentait différente. Comme s'il avait fallut cette rencontre, pour se rendre compte du départ de son frère. La douleur commençait doucement à prendre place dans son corps, et a en irradier chaque recoin.
Enfin. Pendant ce long mois, elle avait crut devenir folle. Ne pas pouvoir pleurer son frère, l'avait fait se sentir honteuse. Elle se souvenait, combien les fausses larmes coulant sur ses joues, le jour de l'enterrement, ne provenaient que d'une peine factice. Qu'en réalité, elle se sentait incapable d'éprouver quoi que ce soit, à part du soulagement.
Parce que, avant la mort de son frère, il y avait eu cette nuit à l'hôpital. Si lente et blessante, elle avait été durant ce long moment, la seule source de souffrance. Pourtant, aujourd'hui, elle pleurait son frère.
Elle se rendait enfin compte de son départ, et alors, elle s'accrochait tant bien que mal aux souvenirs. Ils n'étaient plus que la seule marque de son passage sur Terre.
Petit à petit, elle mettait de l'ordre dans sa vie, et alors, ses affaires disparaissaient, tandis que les rêves qui avaient accompagnés don frère tout le long de sa vie, ne se réaliseraient jamais.
-" Est-ce que tu veux garder ça, où je peux le prendre ?"
L'heure de vider le petit appartement Niçois venait de sonner, et avec le meilleur ami de son frère, Ishiah, l'habitat perdait son âme.
Ils avaient passé tellement de bons moments ensembles. Toutes les soirées télés, jeux de sociétés, les pizzas cuites dans le petit four ; ils ne voulaient pas dire adieu à tout ses souvenirs.
Cela expliquait sûrement la pile de carton, prônant au centre de l'appartement, contentant tous les objets qu'ils voulaient garder. Presque rien ne partait à des associations, ou à la poubelle. Tout devait rester intact.
-" Ishiah, je crois que l'on garde déjà pas mal de chose."
Le brun se retourna vers la grecque. Son regard reflétait chacune de ses pensées, et il lui en voulait de ne pas partager le deuil avec lui. Elle lui semblait si distante, si peu atteinte par la mort. Si hier, pour la première fois, il l'avait vu céder aux larmes, cela ne suffisait pas, à ses yeux, pour pleurer une perte.
-" Pourquoi tu agis comme si ça t'importait peu ? Il était ton frère, tu dois le pleurer !"
Ishiah était tout comme elle, un orphelin, un enfant de la solitude. Le sentiment d'abandon, d'isolement permanent ne le quittait jamais. Et ce fardeau, avant, il le partageait avec son ancien meilleur ami. Pourtant, une fois de plus, il se retrouvait sans compagnon de voyage, et pour cela, il en voulait à la vie.
-" Je suis désolé Kal. Je n'ai pas le droit de m'énerver contre toi." Finit par soupirer le brun.
Il cherchait juste a être comprit. Juste une présence qui le soutiendrait, comme il avait besoin. Combien de fois, Kal et lui s'étaient partageaient leurs maux, pour mieux les porter. Il la connaissait comme personne, et il voulait qu'elle lui rende la pareille.
-" Tu as sûrement raison, je pense que je vais vider un peu mes cartons."
Il finit pourtant par se rasseoire sur le canapé bleu, qui grinça. Il datait de leurs années de lycée, et il avait connu chacun de leurs déboires, de leurs fêtes ou de leurs pleurs. Et Ishiah en avait conscience, mais il aurait du mal aussi à s'en séparer.
-" Il faudra jeter ce veux tas de ferraille avant qu'il ne cède."
La force se dégageait de Kal, comme une lumière irradiant la mer. Voila comment Ishiah l'avait toujours perçues, un astre solaire. Souvent, elle venait illuminer les soirées qu'ils passaient ensemble.
-" Tu viendras me voir à Paris ?"
-" Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée Ishiah, et tu le sais autant que moi."
Et Kal avait surtout, un nombre incalculable de fois, réchauffé ses draps, les soirs d'hivers. Tout comme elle rendait rassurant le réveil, alors qu'elle amenait sa douceur naturelle.
-" S'il te plaît, je ne veux pas vous perdre tous les deux."